Par Emmanuel Francq
Quelque part dans le monde, un citoyen américain se retrouve en difficultés, accusé d’espionnage ou de trahison, emprisonné à tort. Ainsi, photographe de mode, Danielle « Dani » Reynolds a-t-elle pour mission de porter secours à ses compatriotes. Pour l’épauler, Mac Harper, ex-béret vert et vétéran du Vietnam, d’une beauté digne d’un mannequin. En somme, un espion modèle ! Voilà la couverture parfaite pour mener des aventures périlleuses aux quatre coins du monde.
JON-ERIK HEXUM
Issu d’une famille modeste du New Jersey et originaire de Norvège, Jon-Erik Hexum naît à Englewood le 05 novembre 1957. Il est élevé avec son frère aîné Gunnar par sa mère Gretha. Or, cette dernière avait été abandonnée par leur père. Bien plus tard, celui-ci reprendra contact avec son fils quelques années avant sa mort. Toutefois, leurs relations resteront tendues jusqu’à la fin.
Sa mère le pousse à s’intéresser aux arts. Aussi, elle l’inscrit à des cours de piano et de trompette. La légende raconte que la maman attendait son fils, parti assister à un spectacle artistique, dans un café car elle n’avait pas assez d’argent pour eux deux. Mais, le jeune Jon-Erik se découvre également une passion pour le sport. C'est pourquoi, il joue même pour l’équipe de foot américain de l’état du Michigan. Athlétique et costaud, d'un côté, il était capable d’effectuer un salto arrière et de retomber parfaitement sur ses pieds. D'un autre côtén il pouvait aussi effectuer des sauts acrobatiques en piscine. Puis, à l’école, il devient animateur radio. Surtout, il se découvre une passion pour la comédie grâce à un professeur très inspirant. Il faut note qu'il restera en contact avec lui jusqu’à la fin de sa vie.
Premiers pas
Sa passion pour le 7ème art le conduit à déménager à New York. Là, il survit comme barman la nuit. En parallèle, il coure les auditions et trouve un travail de nettoyeur de stores. Ainsi, un jour, se rend-il au domicile d'un certain Bob LeMond pour nettoyer les fenêtres. Or, LeMond est le manager de John Travolta, Sam Jones et Gregory Harrison. Fasciné par sa beauté, LeMond fait jouer ses contacts. Finalement, il envoie Hexum à Los Angeles en 1981. Très vite, il devient la vedette de « Voyagers ! ». Une série de science-fiction pour jeunes où il a le gamin Meeno Peluce pour partenaire.
Encore novice et peu aguerri aux techniques d’acteur, Hexum ne sait pas ce qu’est un gros plan, se souvient son jeune partenaire. Mais il apprend vite. Il prend des cours intensifs de comédie en dehors du travail. Au fil des épisodes, on le sent de plus en plus à l’aise et il se bonifie. Le duo parcourt le temps au moyen d’une petite montre jaune (omni). Un gimmick qui les fait rencontrer Billy le Kid, le Président Abraham Lincoln ou encore Jack l’éventreur.
Bref, une série à vocation pédagogique pour la jeunesse, diffusée sur NBC. Cependant, elle ne rencontre pas son public. Car elle se retrouve en concurrence avec le magazine d’information « Sixty minutes ». Ce programme est une institution aux USA (voir le film « Révélations » en 1999 de Michael Mann où Al Pacino joue un journaliste du magazine). La chaîne décide de l’annuler au terme de la première saison. Cinq semaines après la fin de « Voyagers ! » en mars 1983, Hexum enchaîne avec le téléfilm dramatique « Un mannequin sur mesure ». Un énorme succès produit par Aaron Spelling (« Starsky & Hutch », « Drôles de dames », « Dynastie », « L’île fantastique », etc.). Il joue ensuite dans « The Bear ». Un film sur une légende du coaching de foot américain avec Gary Busey (futur méchant blond du premier « L’arme fatale » en 1987)
Star météorique des années 80
Fin 1983, sur ses propres deniers, Hexum lance un poster de lui torse nu, pectoraux saillants et abdos impeccables. Celui-ci s’écoule à plus de 100.000 exemplaires. Le jeune acteur devient une nouvelle sensation. Il se voit alors proposer plusieurs jobs alléchants. Pourtant, il refuse de remplacer Larry Wilcox dans « Chip's ». Refus similaire de participer à la série « Shérif fais-moi peur ». Bref, Hexum cherche sa propre voie jusqu’en mars 1984. Là, il flashe sur le scénario de « Cover Up » (littéralement : couverture / infiltration), nouvelle série d’action créée par Glen A. Larson.
Promis à un avenir brillant, le jeune acteur de 26 ans aimait se surnommer le « viking bodybuildé ». Au-delà de l’image de bellâtre qu’il fuyait, Hexum travaillait dur en coulisses pour améliorer son jeu de comédien. On voit cette évolution au fil des épisodes. Il s'y se révèle convaincant dans les scènes dramatiques alors qu’il peinait à pleurer dans le téléfilm « Un mannequin sur mesure », tourné un an avant son décès survenu le 18 octobre 1984. On se souviendra d’un acteur attachant et sympathique. Une sorte de croisement entre Lee Majors (pour la puissance) et Marc Singer (pour le côté athlétique). Que serait-il devenu s’il avait vécu ? Une superstar de la télé pour sûr.
Le site officiel des fans de Jon-Erik Hexum : http://pdhexum.tripod.com
JENNIFER O’NEILL
Née le 20 février 1948 à Rio de Janeiro (Brésil), d’origine irlandaise et espagnole par son père et anglaise par sa mère, Jennifer O’Neill a eu une vie privée tumultueuse, digne d’Elizabeth Taylor. Elle connaît une adolescence difficile, souvent moquée par ses camarades de classe et tente de se suicider à 14 ans. Heureusement, sa passion des chevaux la ramène vers la vie et malgré un accident qui lui abîme le dos, elle continue de s’en occuper. A 15 ans, elle devient mannequin et rencontre un succès fulgurant, en écho à son futur personnage de Dani Reynolds dans « Espion modèle ». Elle démarre sa carrière de comédienne à 20 ans dans le film « For Love of Ivy ».
Un parcours difficile au cinéma
En 1970, elle joue aux côtés de John Wayne dans le western « Rio Lobo » d’Howard Hawks. Un an plus tard, en 1971, vient la reconnaissance internationale avec un film dramatique applaudi par les critiques : « Un été 42 » de Robert Mulligan. Elle n’y apparaît pourtant que 12 minutes et ne connaîtra plus ensuite d’ascension vers la gloire qui aurait pu en faire une star féminine de haute volée.
En 1975, elle apparaît totalement nue dans le film italien « The Flower in His Mouth » aux côtés de Franco Nero et James Mason. Elle tourne encore pour Luchino Visconti dans « L’innocente » (1976) qui lui vaut une récompense. Jennifer O’Neill joue ensuite dans l’oubliable « Des nerfs d’acier » (1979) où Lee Majors campe un ouvrier de chantier et dans le thriller horrifique « Scanners » (1981) de David Cronenberg.
Une fin de carrière prématurée
Après la fin d’ « Espion modèle », on la voit dans divers téléfilms et séries dramatiques : « Perry Mason », « Poltergeist : l’héritage », « The Cover Girl Murders » (1993) avec Adrian « Highlander » Paul et à nouveau Lee Majors. En 1997, elle joue avec Don Johnson dans un épisode de la série policière « Nash Bridges » puis enchaîne avec des productions sans grande envergure. Elle semble avoir mis un terme à sa carrière, ne tournant plus depuis 2016.
Une vie privée parfois dramatique
Aux USA, le public se souvient plus d’elle comme « Cover girl » que comme d’une grande actrice. Sa vie privée très mouvementée l’a souvent conduite aux portes de la mort et elle a dû affronter une horrible vérité : un de ses maris a quasiment dilapidé sa fortune et abusait d’Aimée, sa fille adolescente, jusqu’à ce qu’elle divorce de lui en 1983. Après avoir reconstitué sa fortune, elle continue de se marier et de divorcer, victime souvent d’hommes malhonnêtes avec elle jusqu’à trouver la stabilité auprès d’un producteur de musique. Mais un autre de ses enfants a sombré dans la drogue, elle a connu la dépression et l’alcoolisme, arrêtée par la police pour conduite en état d’ivresse.
Devenue chrétienne, elle est également porte-parole pour la ligue américaine contre le cancer, après avoir survécu à un cancer du sein et s’implique encore dans des œuvres de charité au profit de causes diverses (arthrite, femmes battues, …). Dotée d’une formidable énergie de vie, elle est parvenue à continuer d’avancer, malgré les rudes obstacles rencontrés sur son chemin qu’elle a raconté dans son autobiographie « Surviving Myself », parue en 1999 et a écrit 8 autres livres. Elle vit avec son mari et ses deux fils dans un ranch à Nashville (Tennessee) où elle élève des chevaux.
ANTONY HAMILTON
De cinq ans l’aîné de Jon-Erik Hexum, né à Liverpool (Angleterre) le 5 mai 1952, Antony Hamilton a été adopté par un couple d’australiens où le père était militaire. Il grandit dans une ferme de moutons à Adelaide.
Formation classique
Formé à la danse classique, il se produit avec le ballet australien. Par la suite, il entame une carrière de mannequin vu sa plastique avantageuse qui l’amène à voyager en Europe. Il pose pour « Vogue » et « GQ » et défile pour Gianni Versace. Il étudie l’art dramatique aux USA. Il y avait pour camarade de classe Jon-Erik Hexum qu’il sera amené à remplacer dans « Espion modèle » après le décès tragique du jeune acteur. Il hésite un moment, ne voulant pas profiter de la mort de son copain. Toutefois, il finit par accepter.
Il aurait pu être James Bond
A l’époque où les producteurs de James Bond voulaient Pierce Brosnan pour remplacer Roger Moore, la vedette de la série « Remington Steele » ne pouvait se libérer et les producteurs se tournent vers Hamilton. Ils l’envisagent pour « Tuer n'est pas jouer » (1987) avant que Timothy Dalton ne soit finalement retenu. Etant donné son homosexualité affichée qui, selon les producteurs des aventures de 007, pourrait jouer contre lui, l’acteur se voit refuser le rôle.
Qu’importe, Antony Hamilton poursuit sa carrière dans des films et séries. Il connait alors une certaine notoriété internationale avec la série « Mission impossible 20 ans après » (1988). Pourtant, il n'y campe qu'un second rôle. Il joue encore dans une autre série éphémère de Glen A. Larson : « Enquêtes à Palm Springs » en 1991. Suivi d'un thriller en 1992. Puis, il s'éteint, le 29 mars 1995, de complications liées au SIDA. Il avait 42 ans.