Acteurs Portraits en séries

Lee Majors

Par Christophe Dordain

 

Le Magazine des Séries et Le Quotidien du Cinéma poursuivent leur exploration de l'univers de la télévision. Cette fois à travers les portraits de grands comédiens du petit écran. Voici un dossier consacré à la carrière télévisuelle de l'acteur Lee Majors. Une des vedettes parmi les plus populaires du petit écran. Il aura ainsi été le héros de plusieurs séries télévisés depuis plus de cinquante ans.

S'il est donc un acteur qui ne crève pas l'écran au premier abord, et c'est bien trompeur, c'est Lee Majors. Ce colosse débonnaire, de plus d'un mètre quatre-vingt, est devenu une des vedettes majeures de la télévision. Son secret ? Sa puissance conjuguée à sa droiture. Une sorte de force tranquille qui lui vaut de la part du public international une affection largement méritée.

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Lee Majors dans L'homme qui valait trois milliards en 1973 - Copyright : Universal Television - Tous droits réservés
A LA CONQUETE D'HOLLYWOOD

Lee Majors est né le 23 avril 1939, à Wyandotte (une banlieue de Detroit). Par la suite, il grandit dans le Kentucky où, après le décès de ses parents, il est recueilli par la famille de ces derniers. Bien que James Dean soit le héros qui aura bercé son adolescence, Lee Majors n'avait nullement l'intention de devenir acteur. Cependant, au hasard d'un voyage à Los Angeles, il rencontre Dick Clayton. Chose curieuse, celui-ci est l'ancien imprésario de James Dean. Clayton le fait entrer aux cours d'art dramatique des studios de la Metro Goldwyn Mayer.

Après six mois d'études, sous la férule d'Estelle Harman, il débute à la télévision dans la série "Police des Plaines" (interprétée par James Arness, elle est diffusée de 1955 à 1975 sur le réseau CBS). Sa prestation est jugée convaincante. Elle lui permet d'être repéré par trois producteurs qui développent pour CBS un nouveau concept de série western (ils ont pour nom : Arthur Gardner, Jules Levy et Arnold Laven).

Cette série en projet s'intitule "La Grande Vallée". Elle raconte (nous sommes en 1878, à Stockton, en Californie) la saga de la famille Barkley. Cette dernière a édifié un magnifique ranch dans la vallée de San Joaquim. D'évidence, ce show a été construit pour mettre en valeur la star du cinéma Barbara Stanwick. C'est donc une série western à la structure très classique. Une série qui compte avant tout sur la qualité de sa distribution et de ses scénarios.

Pour constituer la famille, CBS, et les responsables du casting, décident d'employer les bons offices de jeunes talents promis à un bel avenir. Parmi eux Linda Evans et bien sur Lee Majors. La diffusion de "La Grande Vallée" débutera le 12 septembre 1965 et s'achèvera le 19 mai 1969 avec un total de 112 épisodes. Une petite précision : le succès de la série n'empêchera pas Lee Majors de tenter sa chance au cinéma, avec un certain succès, grâce à un solide western, "Will Penny, le solitaire" (en 1967).

Autre petit détail en passant. Cette série fut produite à la même époque qu'un autre grand succès de CBS, "Les Mystères de L'Ouest". C'est pourquoi, en mettant en parallèle certains épisodes, on peut remarquer de nombreuses similitudes quant à l'emploi des décors par exemple. Une ultime anecdote puisque l'on évoque James West : Lee Majors sera associé à Robert Conrad dans le téléfilm "Week-end de terreur" (réalisé par Jud Taylor en 1970).

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Lee Majors dans la série La Grande Vallée en 1965 / Copyright : CBS Television - Tous droits réservés.

Pour la saison 1970/1971, Lee Majors rejoint une autre série célèbre du petit écran. C'est "Le Virginien" qui est diffusée de 1962 à 1970 sur le réseau NBC. Cette série connaî alors une ultime saison, une suite intitulée "The Men from Shiloh" (avec James Drury, Stewart Granger et donc Lee Majors dans le rôle de Roy Tate).

Il enchaîne ensuite avec "Owen Marshall", un programme conçu par Jon Epstein et David Victor. Cette série dépeint le quotidien d'Owen Marshall (un criminal attorney, l'équivalent de notre procureur de la République en quelque sorte) dans ses actions en justice à Santa Barbara en Californie. Le rôle principal est tenu par Arthur Hill et Lee Majors incarne son fidèle second, Jess Brandon.

Le succès est de nouveau au rendez-vous et la série est diffusée du 16 septembre 1971 au 24 août 1974 sur la chaîne ABC. Toutefois, il semble délicat à l'époque pour Lee Majors de parvenir au sommet de la distribution artistique. Cependant, le hasard fait toujours bien les choses. Car Lee Majors a un rendez-vous avec un certain Steve Austin...

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Steve Austin en charmante compagnie - Copyright : Universal Television - Tous droits réservés
LES ANNEES STEVE AUSTIN

"L'Homme qui valait trois milliards" est une série qui a vu le jour grâce à un roman signé Martin Caidin : Cyborg. Martin Caidin est un auteur de science-fiction renommé à travers quatre-vingts ouvrages dans lesquels l'écrivain a toujours fait la preuve d'une imagination étonnante. Mais aussi d'une science éblouissante dans les domaines de l'aviation, de l'astronautique et de la criminologie.

L'ouvrage est présenté à Richard Irving, le vice-président de Universal Television, qui entrevoit immédiatement la possibilité de réaliser un long-métrage pour la télévision. On fait alors appel à une solide équipe de producteurs dont Glen A. Larson, Kenneth Johnson et Harve Bennett. Glen A.Larson est une vieille connaissance de Lee Majors puisque ce dernier l'a rencontré sur le plateau de "The Men from Shiloh".

Ce programme tombe à pic pour l'acteur, car les séries de science-fiction ont le vent en poupe. Trois téléfilms de 110 minutes sont tournés et diffusés à partir du 20 octobre 1973 sur le réseau ABC. C'est un véritable raz de marée de courriers qui encourage ABC à poursuivre l'expérience. C'est ainsi, qu'à partir de janvier 1974, "L'Homme qui valait trois milliards" devient une série hebdomadaire. Il y aura un total de 96 épisodes de 52 minutes programmés jusqu'au 27 février 1978. On adjoint à Lee Majors un responsable interprété par l'excellent Richard Anderson. Ce dernier va devenir presque aussi populaire auprès du grand public que Majors lui-même. Anderson participera, dès 1976, à la seconde série bionique : "Super Jaimie" avec Lindsay Wagner.

Sachez par ailleurs qu'une difficulté majeure dû être résolue pour le tournage. Steve Austin est censé être un homme doué de super-pouvoirs. Comment les représenter à l'écran ? On pense tout d'abord à passer les images en accéléré. Toutefois, le résultat final est ridicule. On se croirait revenu aux temps anciens dignes d'un film de Charlie Chaplin. On installe ensuite Lee Majors sur une remorque tirée par un camion. Le procédé débouche sur un effet lamentable ! On a l'impression qu'il fait du ski nautique. Une dernière solution est alors choisie. L'option du ralenti. Une idée qui s'avérera, et de loin, la meilleure. Notamment quand on l'associe à une musique ample, composée par Joseph Harnell, qui suggère la puissance.

Une autre anecdote qui a de même son importance dans l'histoire de cette série. Lassé par son rôle au terme de la 4ème saison, Lee Majors annonçait son intention de quitter la série. La production avait alors envisagé d'embaucher un nouveau comédien pour incarner Steve Austin. Et il s'agit de... Harrison Ford ! Toutefois, Lee Majors reviendra sur son envie d'abandonner son rôle. Il s'engagera pour une 5ème et ultime saison.

Parallèlement aux aventures de Steve Austin, Lee Majors a quand même la liberté de s'associer à un très bon téléfilm : "Francis Gary Powers : la véritable histoire", en 1976, sous la direction de Delbert Mann. Ce téléfilm est programmé en France le 21 novembre 1977, sur Antenne 2, dans le cadre de l'émission "Les Dossiers de l'Ecran". Citons également, parmi d'autres téléfilms, "Le Retour de Willy Kane", réalisé par Jerry Jameson en 1980 (diffusé le 25 Janvier 1988 sur M6).

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Douglas Barr et Lee Majors dans la série L'homme qui tombe à pic - Copyright : 20th Century Fox Television - Tous droits réservés
UN HEROS TYPIQUE DES ANNEES 80

Toutefois, après cette période faste, Lee Majors entre dans une phase plus pénible pour sa carrière. Il tente de percer au cinéma. Cependant, le résultat n'est guère fameux. Qui se souvient du film "L'Invasion des Piranhas" dirigé par Antonio Margheriti, en 1978 ? Un douteux remake du succès de Joe Dante ? Qui se souvient encore du film "Les Nerfs d'Acier" réalisé par Steve Carver, en 1980 ? Un film dans lequel il incarnait un ouvrier travaillant sur les gratte-ciels ?

De nouveau, Glen A. Larson, le producteur, sera sa planche de salut. Ce dernier vient de proposer une idée de série à la Twentieth Century Fox. C'est l'histoire d'un cascadeur qui boucle ses fins de mois en aidant la justice américaine à retrouver des criminels en fuite. Lee Majors apparaît comme l'homme de la situation. Parce qu'il n'a jamais ménagé sa peine dans le domaine des bagarres et des cascades tout au long de sa carrière. Comme les combats et autres poursuites en voitures émailleront le show, on requiert les services de professionnels chevronnés et plus que reconnus par leurs pairs : Mickey Gilbert et Bob Bravler. Ces derniers supervisent alors toutes les scènes dangereuses et assurent la direction de la deuxième équipe.

Jetant un éclairage particulier sur un métier qui, à Hollywood, est vital, sans pour autant apporter ni la notoriété ni l'argent, "L'Homme qui tombe à pic" devient le show préféré des jeunes qui s'identifient aisément à Colt Seavers. La diffusion débute le 04 novembre 1981 sur ABC et s'étalera jusqu'au 02 mai 1986 pour un total de 112 épisodes.

Admettons le ! La qualité du show est quand même un peu discutable tant les épisodes sont d'inégal intérêt. Il est regrettable que les producteurs n'aient pas choisi l'optique d'une construction plus sérieuse au niveau des intrigues. Par exemple, il faut bien admettre que le personnage incarné par Douglas Barr est parfois horripilant. Toutefois, des aventures sont à redécouvrir, notamment celles de la première saison où les vedettes-invitées sont fort nombreuses.

On reverra ensuite Lee Majors dans le programme "L'Enfer du Devoir" (diffusé du 24 septembre 1987 au 28 avril 1990, sur le réseau CBS). L'acteur apparaît dans la troisième et dernière saison (pour les épisodes 38 à 58). Il y interprète Thomas "Pop" Scarlett, un vieux grincheux. Un vétéran de toutes les guerres. Le prototype du soldat dont la grande gueule et l'insubordination ont sans cesse été en lutte avec sa foi inaltérable en l'armée et en son pays. C'est, à ce jour, la prestation la plus poignante de toute la carrière de Lee Majors. Il rempilera pour une dernière série : "Raven" dont la vedette est Jeffrey Meek. 26 épisodes seront programmés pour la saison 1992/1993, sans pour autant avoir laissé une trace indélébile.

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Lee Majors dans la série Raven - Copyright : CBS Television - Tous droits réservés
CONCLUSION

Depuis, Lee Majors semblait avoir pris une retraite bien méritée, après tant d'années de bons et loyaux services, on pouvait le comprendre, jusqu'en 2000 où il fut l'un des interprètes principaux d'une courte série (seulement 6 épisodes) intitulée "Too Much Sun". Par contre, le projet d'une nouvelle série d'action de 22 épisodes, "Hard Knox", prévue initialement pour la saison 2001/2002, fut abandonnée après la diffusion de quelques aventures.

Entretemps, on a quand même vu le sympathique comédien en tant que vedette-invitée pour des séries telles que "Walker, Texas Ranger", "Jake 2.0", "Weeds", "Grey's Anatomy", "Cold Case", "Will and Grace", "Human Target" (en 2010) ainsi que dans 6 épisodes de la série "The Game". Précisons également que l'acteur a dû être opéré du genou en 2003, ainsi que du coeur, ce qui aura considérablement ralenti son activité professionnelle.

Toutefois, malgré ses quelques soucis de santé évoqués ci-dessus, Lee Majors poursuit quand même son activité professionnelle : dans "Dallas" (saison 2 - 2013); dans "Ash vs Devil Dead" où il jouait Brock Williams, le père de Bruce Campbell, dans les saisons 2 et 3. On pourra également mentionner sa participation à un épisode de la série "Magnum", nouvelle version, en novembre 2019.

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