Par Christophe Dordain
En septembre 1975 débutait sur ABC Television l'une des séries parmi les plus populaires de toute l'histoire du petit écran. Certes, les séries policières étaient fort nombreuses cette année-là dans les grilles de programmes des grands réseaux. Toutefois, le moins que l'on puisse constater était un réel essoufflement du genre. En effet, à l'époque, "Hawaï Police d'Etat" entrait dans sa huitième saison. Quant à "Mannix", elle avait vu sa carrière se terminer après 192 épisodes, diffusés depuis 1967. Bref, les shows policiers à "la vieux papa" faisaient figure de dinosaures. Soudainement, va débarquer un couple de flics comme on n'en avait jamais vu de tel auparavant...
LES ORIGINES DE LA SERIE
William Blinn aux commandes
A l'origine de la série, on trouve le scénariste et futur producteur William Blinn. Ce dernier avait déjà travaillé sur la série "Les Envahisseurs" (1967/1968). Plus tard il collaborera à "Hunter" (1977) avant de connaître un vif succès avec "Fame" (1982/1988). En ce milieu des années 1970, Blinn s'intéresse à l'écriture d'une série policière. Pour cela, il a en tête deux axes bien précis. Tout d'abord, ne plus concevoir une nouvelle série policière mettant en vedette des flics en uniforme (le succès de "Kojak" et de "Columbo" lui démontrant bien que cet aspect, typique de la production américaine, était alors passé de mode). Ensuite, mettre en scène un duo de jeunes flics. Un blond et un brun. Tous les deux aux caractères totalement opposés.
Pour le brun, Blinn emprunte le surnom d'un joueur de football qu'il a connu à l'Université, Starsky. Pour le second, et c'est bien plus difficile, Blinn en arrive à consulter l'alphabet et s'arrête à la lettre H pour retenir finalement le nom de Hutch. Il ajoute à ce dernier le prénom de Kenneth qui confère à l'ensemble une allure "moyenne bourgeoisie". Un élément auquel Blinn est attaché. Le but étant de faire opposition à Starsky. Ce dernier étant d'extraction sociale bien plus modeste. Ainsi, naissent Starsky et Hutch sur le papier au cours du printemps 74.
La production s'engage
Blinn passe ensuite à l'étape de la production. Dans ce but, il rencontre Leonard Goldberg qui va contribuer à développer chacun des deux personnages. Le tout en s'appuyant notamment sur des articles de presse. Ceux-ci relataient les exploits d'un couple de policiers habillés comme les gens de la rue et travaillant de nuit. A partir de cette somme journalistique, Goldberg insiste sur le fait que Starsky et Hutch devront se comporter tels des frères de sang dans le téléfilm à venir. Le premier titre donné au projet est "Nightwork".
Ce projet attire l'attention de Fred Silverman. Il est l'un des grands patrons du réseau ABC. A cette époque, Silverman a conscience que le réseau ABC fait figure de parent pauvre dans le paysage télévisuel américain. En effet, il est toujours classé loin derrière les deux autres networks nationaux que sont CBS et NBC. Toutefois, sous son impulsion, la chaîne a changé de politique. Elle met à l'antenne des séries qui obtiennent de meilleurs scores d'audience. C'est ainsi que, lorsque la production du show sera définitivement lancée, ABC programmera, en une même soirée (le mercredi soir à 21h, puis à 22h) les deux séries "Baretta" (1974/1978, interprétée par Robert Blake) et "Starsky et Hutch".
Revenons maintenant à l'élaboration de l'épisode-pilote. Après lecture du scénario de "Nightwork", Fred Silverman objecte à William Blinn et à Leonard Goldberg que ce téléfilm impose un tournage de nuit. Voilà qui peut rapidement virer au cauchemar pour toute l'équipe. Une réécriture est donc nécessaire tandis qu'une autre personnalité va venir se greffer sur la future série. Il s'agit de Joseph T. Naar. Ce dernier va développer les relations entre les deux policiers afin de constituer un véritable duo.
L'apport d'Aaron Spelling
Enfin, nous ne saurions être totalement précis sans évoquer le rôle joué par Aaron Spelling qui, lui aussi, décèle rapidement le potentiel contenu dans cette histoire. Aaron Spelling est, en 1975, un des grands producteurs d'Hollywood. Parce qu'il a su imposer une véritable marque de fabrique à ses différents programmes.
Citons "La Nouvelle Equipe" (dont les héros étaient des flics jeunes et parfois vêtus tels des hippies. Condamnés à se faire pardonner leurs erreurs de jeunesse, ils devaient se consacrer à la lutte contre le crime (l'impact auprès du public fut au rendez-vous débouchant sur la diffusion de 124 épisodes sur le réseau ABC, du 24 septembre 1968 au 23 août 1973). Citons également "Section 4" qui, à partir de 1976, présentera les actions des unités d'intervention, sans oublier les "Drôles de Dames", soient des flics au féminin.
En définitive, Spelling se rend très vite compte qu'avec ce nouveau concept il tient là une idée à même de séduire les adolescents des années 70.
LE PILOTE
Dans cette perspective, et afin de répondre à la commande de ABC, Spelling et Blinn ont développé le concept d'une nouvelle série policière au rythme musclé. Néanmoins, ce que peu de téléspectateurs savent, c'est que le pilote de "Starsky et Hutch" (le titre "Nightwork" ayant été abandonné en cours de route puisque, désormais, les aventures de deux policiers vont se dérouler en plein jour), avait été conçu à l'origine pour être un simple téléfilm a priori sans lendemain. Ainsi, Paul Michael Glaser, qui ne tenait pas du tout à s'engager pour une série de longue durée, avait-il signé un contrat pour cet unique téléfilm et c'est tout.
Deux héros bien définis
Dans le cadre du travail de préparation échafaudé par la production, et par William Blinn, on apprend que les deux héros ont des profils bien déterminés :
- D'un côté, Starsky a grandi dans les rues de New York. Une ville où son père a été tué alors qu'il n'était encore qu'un gosse. De là, ce sentiment de protection pour sa mère et son jeune frère (que l'on découvrira dans l'épisode 81, "Un cas difficile", au cours de la saison IV). Envoyé à Los Angeles afin de vivre avec son oncle et sa tante, Starsky n'est pas très intéressé par les études. Il s'est engagé dans l'armée faisant même un séjour au Vietnam. De retour dans la vie civile, il intègre l'Académie de Police où il rencontre Hutch.
- De l'autre côté, Hutch présente un parcours plus différent. Il est originaire d'une famille bourgeoise et scandinave habitant Duluth dans le Minnesota. Peu attiré par le fait de reprendre les affaires familiales, il est allé à l'Université en Californie. Puis à l'Académie de Police. Brièvement marié à Nancy (référence y ait faite dans le pilote , elle s'appellera par la suite Vanessa dans la série), Hutch est plutôt instable avec les femmes (un élément récurrent de la série). Celles qui l'attirent le plus s'avèrent être souvent en situation difficile ou dotées d'un caractère très discutable (prostitués, menteuses et manipulatrices, criminelles, etc.).
Le choix des comédiens
Au moment d'établir le casting, les producteurs, Aaron Spelling et Leonard Goldberg, optent pour une sage décision. En effet, plutôt que d'associer deux comédiens de renommée évidente, avec tous les risques de confrontation d'égo que cela suppose, ils décident de recruter deux jeunes inconnus.
Le choix de David Soul pour être Ken Hutchinson s'impose comme une évidence. En effet, son physique et sa personnalité collent au personnage tel qu'il est défini dans la bible de départ (l'expression "bible" désignant le document d'origine recensant l'ensemble des détails relatifs aux héros du show et à leur environnement, un outil très utile pour les scénaristes). Qui plus est, David Soul avait déjà travaillé avec le duo Spelling/Goldberg sur de multiples projets dont notamment un épisode du show "The Rookies" (une autre production Spelling, diffusée de 1972 à 1976, racontant les enquêtes de jeunes policiers en uniforme et qui a vu les premiers pas de Kate Jackson face à une caméra).
Par contre, le recrutement de celui qui devait jouer Starsky est bien plus laborieux. Pas moins de 80 comédiens auditionnent pour le rôle. Le test proposé étant une scène visible dans le pilote. C'est le moment où le duo procède à un interrogatoire dans un bar. Plutôt que de jouer au dur, approche choisie par tous les autres postulants, Glaser opte pour une démarche plus fantaisiste. Il mange même des cacahuètes pendant sa prestation (sous le conseil, dit-on, du futur réalisateur du pilote Barry Shear). C'est en imposant un style cool et décontracté que finalement Glaser emportera la décision.
Barry Shear pilote le premier épisode
La distribution artistique est donc établie. On confie alors la réalisation du pilote à Barry Shear. Il est un cinéaste vétéran de la télévision. Toutefois, il est aussi un auteur de quelques incursions dans le cinéma. On retiendra entre autres "Les troupes de la colère" (1968) et l'excellente "Meurtres dans la 110è rue" (1972).
Ce qui est le plus frappant lorsqu'on découvre ce pilote, peu diffusé par les chaînes françaises jusqu'à sa programmation en V.O. sur Série Club, c'est l'enthousiasme perceptible des deux comédiens pour incarner leurs personnages respectifs. Joie qui préfigure la tonalité à venir de la série où l'humour sera toujours une constante. Ce téléfilm, diffusé pour la première fois le 30 avril 1975, dans le cadre des "Wesneday Night at the Movies" proposés par ABC, va enregistrer la meilleure audience de toute la saison. Une commande de 22 épisodes est donc signée pour la série "Starsky et Hutch". Bref, une perspective que finit par accepter Paul Michael Glaser malgré ses réticences initiales. Néanmoins, il faut bien payer ses factures...
L'univers musical de la série
Pour la partition musicale, on requiert les bons offices de Lalo Schifrin (vous savez "Mission Impossible" et "Mannix", c'était lui !). Aussi, comme une série policière ne peut se passer de poursuites en voitures et de fusillades, on emploie pleinement les capacités de Charlie Picerni pour coordonner toutes les cascades. Un observateur attentif des épisodes pourra remarquer qu'il double systématiquement Paul Michael Glaser dans les scènes dangereuses. Il est même un des rares cascadeurs à apparaître au générique de la première saison. Notamment lorsqu'il saute de la voiture qui explose à la fin dudit générique. Notons enfin que c'est Richard Ward qui incarnait le capitaine Dobey dans le pilote. Il sera ensuite remplacé par Bernie Hamilton.
LES POINTS FORTS DE LA SERIE
Deux caractères bien trempés
Les deux acteurs principaux sélectionnés par l'équipe des producteurs ont le même âge, 32 ans. A l'époque, tous deux ont déjà un parcours bien rempli. Paul Michael Glaser a étudié le théâtre à l'Université de Boston. En 1971, il tourne dans le film "Un violon sur le toit" sous la direction de Norman Jewison. Quant à David Soul, il est originaire de Chicago. Passionné de musique, il enregistre plusieurs albums avant d'être totalement accaparé par la série. Il est à noter qu'on l'a aperçu affrontant Clint Eastwood dans "Magnum Force" de Ted Post en 1973 aux côtés de Robert Urich et de Tim Matheson.
Les deux personnages sont bien définis psychologiquement et forment un tandem complémentaire. Le premier a tout du frimeur macho. C'est un banlieusard pas très malin qui passe ses économies et son temps à bichonner sa voiture rouge tomate. Le second ne s'est pas remis de Woodstcok. Il fait partie de la génération Peace and Love. C'est un baba cool aux préoccupations vaguement écologiques qui passe son temps à tester de nouvelles décoctions afin de vivre sainement.
Un démarrage en trombe
Le réseau ABC ayant donc été conquis par ce duo de charmeurs et de bagarreurs, la série démarre dès le 03 septembre 1975 et c'est une véritable déferlante. En 1976, les deux acteurs reçoivent au moins 20 000 lettres de fans par semaine. Aussi, la série grimpe-t-elle en 16ème position du palmarès des émissions TV. Le service mercatique de Ford profite de la circonstance pour imposer l'utilisation d'une Ford Torino, modèle 1974. Ainsi, l'intégration de produits publicitaires dans une série grand public, déjà perceptible avec "Hawaï Police d'Etat" et l'emploi de véhicules Ford, s'intensifie-t-elle.
De toutes les saisons, c'est, me semble-t-il, la première et la quatrième demeurent les plus intéressantes. En effet, la saison IV comprend notamment un épisode en trois parties d'excellente facture ("Ah! Quel beau rôle", épisode n° 87 et 88). Ce tryptique qui sera prolongé par le 90ème et ultime épisode : "Que la vengeance est douce". Il est utile d'ajouter que, sur 90 épisodes, onze furent réalisés par George Mc Cowan qui est un peu à "Starsky et Hutch" ce que fut Irving J. Moore aux "Mystères de l'Ouest". Toutefois il ne faut pas négliger ceux dirigés par Paul Michael Glaser ou David Soul. A ce sujet, le dernier épisode est l'oeuvre de Paul Michael Glaser. En effet, l'acteur voulait mettre un terme à la série en signant, en quelque sorte, la mort du personnage.
Autour du duo
Quant aux acteurs secondaires comme Huggy Bear, interprété par Antonio Fargas, on va tenter, en 1977, de les transformer en héros à part entière. Ce sera dans un spin-off tourné par Charles Ennis Starrett Jr (épisode n°42 "Pas de chance Huggy" au titre prémonitoire). Ce fut un échec. Dernière précision, on peut lire au générique le nom d'un certain Michael Mann, le futur créateur de "Vega$", et surtout de "Deux Flics à Miami". Une série pour laquelle le lien de parenté avec "Starsky et Hutch" est plus qu'évident.
Parmi les autres techniciens et/ou responsables qui ont apporté leur concours à la série, on peut mettre en évidence les noms suivants :
- Joseph T. Naar dont le fonction est celle d'une sorte d'interface entre les producteurs exécutifs et les acteurs (rôle crucial, nous y reviendrons, à la fin de la seconde saison quand Paul Michael Glaser exprimera des velléités de départ...).
- Le responsable des effets spéciaux : Dutch van Derbyl.
- Les cascadeurs Charles Picerni (doublure de Paul Michael Glaser) et Gary Epper (doublure de David Soul et qui avait déjà travaillé avec lui pour la série "Cent filles à marier").
- Asa Boyd Clark (qui a monté l'intégralité des épisodes, mis en scène par Paul Michael Glaser).
LE GENERIQUE
Mélangeant des images du pilote, principalement des deux poursuites, en voitures et à pieds, le générique de la première saison s'appuie sur une musique singulièrement tonique composée par Lalo Schifrin. Puis, pour la seconde saison, c'est Tom Scott qui compose le nouveau thème. Cette fois pour un générique s'appuyant sur un mélange d'images provenant des épisodes de la première saison ainsi que de ceux tournés au cours de l'été 1976.
C'est à partir de la seconde saison que se produit le changement le plus conséquent. Avec l'introduction d'un nouveau thème composé par Mark Snow. Il est quand même rare qu'une série dispose ainsi de trois thèmes musicaux distincts !. Puis, retour au thème de la saison 2 pour la présentation des héros au cours de la saison 3. Cependant, en en utilisant la technique du split-screen. En l'espèce, trois images verticales sur la gauche présentant Hutch avec un chapeau de cow-boy ou encore Starsky et Hutch déguisés en Charlie Chaplin, etc. Dans la partie droite, le duo tombant dans les bras l'un de l'autre. Une image qui a fait rêver une grande partie de la communauté gay de San Francisco dit-on...
D'une durée moyenne d'une minute, ces génériques ont connu un triste sort en France. Parce que remplacés de façon inexplicable par une chanson d'un haut niveau de débilité ! Tant pis ! Je heurte vraisemblablement certaines sensibilités. Toutefois, la chanson en question est une horreur absolue ! A titre personnel, c'est le thème musical de la première saison, composé par Lalo Schifrin, dont j'estime qu'il est, et de loin, le meilleur. Surtout, le plus adapté à l'esprit de la série.
L'EVOLUTION DE LA SERIE
Saison I
Comme toute première saison d'une série télévisée, elle permet de mettre en places les différents éléments censés assurer le succès de l'entreprise. Pour la préparation de leurs rôles respectifs, David Soul et Paul Michael Glaser avaient écrit une dizaine de pages chacun afin d'étayer le profil et le caractère de Hutch et de Starsky. Côté voiture, il était initialement prévu que Starsky conduise une Chevrolet Camero jaune. Toutefois, après l'intervention du service commercial de Ford, il est finalement doté d'une Ford modèle 1975, Gran Torino, rouge et à bandes blanches le long de la carrosserie.
Bref, à l'entame du tournage des premiers épisodes, en juillet 1975, les deux comédiens sont fin prêts. Leurs costumes respectifs connaissent eux aussi une rapide mutation. Notamment Starsky qui abandonne son long chandail en laine et son bonnet de marin pour des blousons et une solide paire d'Adidas. Idem pour Hutch qui va adopter des bottes typique des années 1970. Quant à l'équipe technique, elle évolue à mi-parcours avec l'introduction de Michael Fisher au poste de superviseur des scénarios, dès les épisodes 12 et 13, fonction qu'il assumera pendant les quatre années qui suivront. Au même moment, Dick Reilly devient responsable de la post-production. Il le restera jusqu'en 1979.
La production de la première saison s'achève par la réalisation du dernier épisode le 24 février 1976 (rappelons que le tournage d'une série aux Etats-Unis s'étale de juillet à mars de l'année suivante, avec comme objectif la mise en boîte de 22 à 26 épisodes nécessitant une semaine de travail pour chacun d'entre eux). Les audiences sont alors excellentes avec un indice Nielsen attribuant 22,5 % de parts de marché à la série et propulsant "Starsky et Hutch" à la 16ème place parmi les 30 programmes les plus regardés à l'époque. Il est à noter que jamais plus cela ne se reproduira...
Saison II
La seconde saison commence par une modification du créneau horaire qui ne sera pas sans conséquence. ABC ayant décidé de déplacer "Starsky et Hutch" du mercredi soir au samedi soir afin de concurrencer "The Mary Tyler Moore Show" sur CBS et "The Bob Newhart Show" sur NBC. L'audience s'en ressent alors sans pour autant sombrer mais le série quitte le top 30 des programmes les plus regardés.
Dans l'équipe technique, de nombreux changements se produisent avec l'arrivée de Michael Hiatt en tant que producteur associé, de Doris Deherdt à la supervision des scénariis, de Joel Thurm en tant que responsable du casting et de Tom Scott qui compose un nouveau thème pour le générique. De plus, les deux acteurs se voient offrir des responsabilités accrues, choses qu'ils avaient maintes fois réclamées. Paul Michael Glaser, par exemple, réalise son premier épisode avec "Bloodbath", en décembre 1976, ce segment sera diffusé le 01 janvier 1977. David Soul fera de même avec l'épisode "Survival", programmé le 05 février 1977.
La deuxième saison est également marquée par la production de nombreux épisodes en deux parties : "The Las Vegas Strangler", diffusé le 25 septembre 1976, "Murder at Sea" diffusé le 02 octobre 1976, "The Set-Up", diffusé les 22 et 29 janvier 1977. On peut observer par ailleurs une atténuation des scènes violentes sous la pression de certains téléspectateurs parmi les plus "moraux et vertueux"...Toutefois, le véritable coup de tonnerre éclate en mars 1977 quand Paul Michael Glaser annonce qu'il à l'intention de rompre son contrat de 5 ans, estimant avoir fait le tour de son personnage alors que David Soul est d'un avis contraire. Ainsi, à la grande surprise de l'équipe technique, il y a de l'eau dans le gaz entre les deux partenaires...
Saison III
Face à cette situation de crise, on demande aux scénaristes de prévoir des solutions de rechange afin d'assurer la pérennité de la série. Pendant ce temps, le tamdem Spelling/Goldberg menace de poursuivre Paul Michael Glaser devant les tribunaux pour non-respect des clauses du contrat. On envisage même de coller à Hutch un partenaire féminin, perspective qui oblige David Soul à déclarer que, sans Glaser, la série s'arrêterait là.
Au cours de ce printemps 1977, David Soul se rend en Angleterre pour le tournage d'un film, mais contracte une pneumonie un mois avant le début du tournage. A la bonne et grande surprise de David Soul, Glaser fait le voyage pour lui rendre visite à l'hôpital alors qu'il est en pleine négociation avec la production. Ceci montre bien quels sentiments d'amitié unissaient les deux comédiens. Toutefois, pour l'avenir de "Starsky et Hutch", rien n'est encore décidé. Il faudra attendre le soir précédent la reprise du tournage pour qu'un accord soit enfin trouvé au grand soulagement de tous. A ce titre, notons que l'équipe technique fera une haie d'honneur au duo au moment de leur retour commun sur le plateau montrant par la même leur attachement à ce programme. David Soul et Paul Michael Glaser se voient aussi augmenter de façon substantielle...
Côté technique, Travers Hill cède sa place de directeur de la photographie à Ted D. Landon; le nouveau thème musical composé par Mark Snow est enregistré; Rick Edelstein, ami de David Soul et compositeur de quelques unes de ses chansons, prend la responsabilité des scénarios à partir de la mi-saison (épisode n°58 : "Les rues sont à tout le monde"). Mais, un accident sérieux se produit alors que l'équipe profite d'un moment de repos au cours du tournage de l'épisode : "Class in Crime", au début de l'année 1978. David Soul se blesse au dos lors d'une chute en skiant. Une fois de plus, l'avenir de la série est en péril et sa production s'arrête de façon prématurée en mars 1978. Les pages entières de scénario sont réécrites afin de limiter les mouvements du comédien qui parviendra à terminer les épisodes prévus avant de se faire opérer.
Saison IV
Pour cette dernière saison, des accommodements sont nécessaires au regard de l'état physique de David Soul. Ainsi, une canne est-elle en permanence disponible sur le plateau pour aider l'acteur dans ses déplacements hors caméra. Qui plus est, on a changé sa garde-robe en incluant des chemises larges qui permettent de masquer le corset que doit porter David Soul afin de soigner sa colonne vertébrale endommagée. Enfin, Soul porte une moustache qui n'est pas du goût de tous et, surtout, de toutes...
Un sentiment de déclin domine à la vision de certains épisodes, l'action se ralentit et l'humour, si présent et important dans le succès de la série, fait sérieusement défaut. Les sujets abordés le sont parfois avec un sérieux excessif qui dénote par rapport au ton général de la série. Pourtant, les derniers épisodes montrent que le programme recèle encore des qualités qu'une ultime saison peut confirmer.
Certaines rumeurs font état d'un projet de disparition de Starsky pour le remplacer par son frère au cours de cette hypothétique cinquième saison à venir. Rumeurs fondées ou non, nul ne le saura puisque le tournage s'achève en mai 1979 avec des indices de popularité trop bas pour que les dirigeants d'ABC renouvèlent le contrat de "Starsky et Hutch" qui terminent leur carrière de façon plutôt anodine.
LES ACTEURS
David Soul
Décédé le 4 janvier 2024, David Soul est né le 28 août 1943 à Chicago. Il débute sa carrière à la fin des années 1960. Pour le petit écran, on peut citer "Cents filles à marier". Il s'agit d'une série relatant les aventures de trois frères à Seattle vers 1870. Ce programme, produit par Bob Claver et Paul Junger, Witt fut diffusé du 25 septembre 1968 au 18 septembre 1970 sur ABC. David Soul participe également au pilote de la série avortée "Intertect" (produite par Quinn Martin et avec avec Stuart Withman). Ce dernier fut programmé le 11 mars 1973 sur ABC.
L'année précédente, le 24 juillet 1972, pour être plus précis, David Soul s'était investi dans un autre pilote. Toutefois, le résultat final fut tout aussi peu probant. C'était pour un projet de série intitulée "L'Aventure est au Bout de la Route". En fait, cette série verra bien le jour, mais pas avant 1974. Or, David Soul y sera remplacé par Frank Converse. Bref, on le constate, à plusieurs reprises, le comédien aurait bien pu ne jamais être Hutch !
Enfin, bien après l'annulation de "Starsky et Hutch", David Soul retrouvera un rôle régulier dans la série "Casablanca" en 1983. Puis, il connaîtra un nouveau succès aux côtés de Cybill Shepherd. C'était dans "The Yellow Rose", une série diffusée du 02 octobre 1983 au 12 mai 1984 sur le réseau NBC. Dans ce programme, produit par Michael Zinberg et John Wilder, il incarnait Roy Champion, un propriétaire de ranch au Texas.
David Soul s'est également illustré dans de nombreux téléfilms. On citera notamment "Les Vampires de Salem" de Tobe Hooper (1979), "La Troisième Guerre Mondiale" de David Greene (1982 - Diffusion le 01 Février 1988 sur M6), "Le Cinquième Missile" de Larry Pierce (1986, avec Robert Conrad et Sam Waterston, "Le Code Rebecca" de David Hemmings (1985), "Le Secret du Sahara" d'Alberto Negrin (1988), "Extrême Violence" de Dick Lowry (1988), "Angoisses sur la ville" de Robert Collins (1989), "Mariage en noir" de James Goldstone (1990) et "Le Cimetière Oublié" de John Patterson (1992).
Ces dernières années, on avait pu le voir au cinéma pour une courte apparition dans le film "Starsky et Hutch". Puis, pour un rôle plus conséquent dans "L'Affaire Farewell" de Christian Carion. Vivant en Angleterre depuis bien longtemps déjà, David Soul aura animé à la radio un excellent programme consacré au jazz et ce jusqu'en 2019. Il s'agit de David Soul : Music sans frontières.
Paul Michael Glaser
Né le 25 mars 1943, Glaser présente une carrière de comédien un peu moins fournie à la télévision, qui demeure notre axe d'étude privilégié dans le cas présent. Avant "Starsky et Hutch", il participa au pilote d'un sticom, "Aces Up". Celui-ci fut produit par Sheldon Leonard (le papa des "Espions" avec Bill Cosby et Robert Culp) et Danny Arnold. Ce pilote sans suite fut diffusé le 29 mars 1974 sur CBS.
Au-delà de multiples apparitions, tout comme David Soul, en tant que vedette invitée de plusieurs séries, notamment "Les Rues de San Francisco", c'est sa carrière ultérieure de cinéaste, après l'annulation de "Starsky et Hutch", qui retient le plus notre attention. Son fait d'armes le plus glorieux étant la réalisation du très réussi "Running Man" (en 1987, avec Arnold Schwarzenegger).
Côté téléfilms, on citera "Houdini" de Melville Shavelson (1976), "Scandale au Pénitencier" de Mel Damski (1984), "Jalousies" de Jeffrey Bloom (1984), "Attirance Fatale" de Peter Levin (2001) et "Séduction Criminelle" de Norma Bailey (2005). Enfin, celles et ceux qui apprécient l'excellente série "Ray Donovan" l'auront aperçu interprétant le rôle d'Alan pour 4 épisodes, entre 2013 et 2019.
Bernie Hamilton
La carrière de Bernie Hamilton semble s'être définitivement arrêtée après l'annulation de "Starsky et Hutch". Il faut alors souligner qu'on ne trouve plus guère mention de la moindre prestation de sa part dans les banques de données spécialisées. Notamment après 1985 et une participation à la série "La croisière s'amuse".
Issu, tout comme Antonio Fargas, de la vague de la "Blaxploitation" des années 1970, on retient toutefois des participations à des séries. Par exemple, "La Quatrième Dimension" (1961) ou "Le Virginien" (1966). Pour la série "Tarzan" avec Ron Ely, son intervention sera plus conséquente. Puisqu'on relève trois épisodes (dont deux en deux parties). Mentionnons également un épisode de la série "Cimarron" avec Stuart Whitman. Ou bien encore un autre de "L'homme qui valait trois milliards" avec Lee Majors. Pour le cinéma, une de ses apparitions parmi les plus remarquables concerne le film "Blacula" (1973). Toutefois, il ne faut pas oublier le film "L'Organisation" (réalisé par Don Medford en 1972) aux côtés de Sidney Poitier.
Depuis le milieu des années 80, Bernie Hamilton s'était complètement retiré de la vie publique. Il consacrait son temps disponible à des oeuvres de charité. Bernie Hamilton nous a quittés le 30 décembre 2008. Il avait 80 ans.
Antonio Fargas
Autre pilier de la "Blaxploitation", Antonio Fargas a poursuivi une carrière sur un rythme plutôt soutenu dans les années 1980 et 1990. Il débute son parcours en 1969 dans un épisode du "Cosby Show", première mouture. Par la suite, le comédien apparaît dans de nombreux épisodes de séries. On retiendra "Kojak" (1973) et "Dossiers Brûlants" avec Darren McGavin (l'année suivante).
De nombreux films et téléfilms à son actif entre 1975 et 2001. On pourra notamment citer "Huckleberry Finn" de Robert Totten (1975); "Deux millions de dollars aux Caraïbes" de Mike Hodges (1986); "Ali : un héros, une légende" de Leon Ichaso (2000). Ajoutons à cela un travail de voix sur le film des frères Farrelly, "Osmosis Jones". Plus une participation régulière à la série "Tout le monde déteste Chris" entre 2005 et 2009.
Ces dernières années, Antonio Fargas aura connu, notamment en France, un regain de popularité. En effet, il a largement profité d'une nouvelle mise en lumière en participant à la série "Chérif" (2018).
FICHE TECHNIQUE
Série créée par : William Blinn
Produite par : Joseph T. Naar
Producteur superviseur : Adrian Samish (saison I)
Producteurs associés : Shelley Hull et Parke Perine (saison I), Michael Hiatt (à partir de la saison II)
Directeurs de la photographie : Travis Hills (saisons I et II), Ted D. Landon et Keith C. Smith (saisons III et IV)
Producteurs exécutifs : Aaron Spelling et Leonard Goldberg.
Musique : Lalo Schifrin pour la saison I dont le thème du générique; Tom Scott pour les saisons II et IV avec la collaboration de Shorty Rogers, Jack Elliott et Allyn Ferguson, J.A.C. Redford et Alan Silvestri; Mark Snow pour les thèmes des saisons II et IV
Directeur de production exécutif : Norman Henry
Directeurs artistiques : Arch Bacon (saison 1), Steven Sardonis (saison 1), Paul Sylos (saisons 2 à 4), Frankie Swig (saison 3), James J. Agazzi (saison 4)
Costumiers : Dave Rawley (saison 1 à 4), Lynn Bernay (saison 2), Gail Viola (saison 2), Janet Strong (saison 2), Jerome Sklar (saison 2), Judy Sabel (saisons 3 et 4), Melissa Franz (saisons 3 et 4), Kathleen Gale (saisons 3 et 4)
Supervision de la musique : Rocky Moriana
Accessoiristes : Jerry McFarland (saison 1), Bob Henderson (saisons 2 à 4)
Responsable des tournages en extérieurs : Gene Fioremonte
Décorateurs de plateau : Dave Love, Bob Signorelli (saison 1), Herman Schoenbrun (saison 1), Hal Overell (saison 1), Jeff Haley (saison 2), Jacqueline E. Price (saison 4), Don Greenwood, Jr (saison 4)
Responsable de la construction : Gordon Kirshbaum
Montage : Asa Boyd Clark
Doublures lumières : P.V. Picerni pour Starsky (c'est le neveu du cascadeur Charlie Picerni), Jim Goodwin pour Hutch
Maquillage : Shotgun Britton, Walter Schenck (saisons III et IV), Mel Berns Jr (saison I)
Coiffures : Naoma Cavin (saisons 1 et 2), Gerry Leetch (saisons 1, 2, 3 et 4), Ann Wadlington (saisons 3 et 4), Carol Meikle (saisons 3 et 4), Michael Corsentino (saisons 3 et 4), Carol Furshing (saisons 3 et 4), Andréa Mizu (saisons 3 et 4), Josée Nachaub (saisons 3 et 4)
Coordinateur des cascades : Charlie Picerni
Cascadeurs : Charlie Picerni (doublure de Paul Michael Glaser), Gary Epper (doublure de David Soul), Chuck Hicks, Dave Cass, Ted Grossman, Bob Minor, Eldon Burke, Denny Arnold, Gene Le Belle, Glenn Wilder, May Boss, Frank Orsatti, Ronnie Rondell Jr., Steve Vandeman
Effets spéciaux : Dutch Van Derbyl
Automobiles fournies par : The Ford Motor Company
Objectifs et caméras : Panaflex par Panavision
Production : Twentieth Century Fox Television en association avec Spelling-Goldberg Productions Distribution : Columbia Pictures Televisions
Une série tournée dans les studios de la 20th Century Fox et en extérieurs (1975/1979)