Par Emmanuel Francq
Le concept de la série Espion modèle est le suivant : quelque part dans le monde, un citoyen américain se retrouve en difficultés, accusé d’espionnage ou de trahison, emprisonné à tort. Photographe de mode, Danielle « Dani » Reynolds a pour mission de porter secours à ses compatriotes. Pour l’épauler, Mac Harper, ex-béret vert et vétéran du Vietnam, d’une beauté digne d’un mannequin. Voilà la couverture parfaite pour mener des aventures périlleuses aux quatre coins du monde.
JAMES BOND FOREVER
L'ombre de 007
Dans la carrière du prolifique et pas toujours bonne du producteur / scénariste Glen A. Larson, « Espion modèle » suit trois échecs consécutifs en 1983 (« Manimal », « Automan » et « Masquerade », série d’espions avec Rod Taylor et Greg Evigan). Fasciné par l’image de James Bond, Larson a souvent essayé de recycler l’agent secret de sa Majesté dès les téléfilms de « L’homme qui valait trois milliards » où, dans « Vin, vacances et vahinés » (1973), Lee Majors doit porter le smoking et tomber la fille. Une orientation qui ne plaît pas du tout à l’interprète de l’agent bionique.
Larson récidive en 1979 avec « Buck Rogers au XXVème siècle » où Gil Gerard se transforme en espion spatial et tombeur de ces dames à nouveau. Rebelote avec « Magnum » en 1980 où Larson envisage d’abord le détective privé comme un ex-espion tombeur de ces dames, ce qui déplaît à Tom Selleck avant que Donald P. Bellisario réécrive le personnage pour en faire un succès incontestable. Obsessionnel décidément jusqu’à créer « K2000 » (1982) qui peut se lire comme une version « tunée » des aventures de 007 où la voiture remplace l’espion britannique même si le bellâtre David Hasselhoff assure en aventurier de charme.
Un inconnu plein de charme
« Espion modèle » rejoue donc la carte « James Bond » au grand plaisir du relatif inconnu Jon-Erik Hexum (« Voyagers ! », série de s-f de 1982/83, diffusée dès la fin mai 1991 dans l'émission "Club Sandwich" sur France 2 sous le titre « Voyages au bout du temps », Hexum avait la voix de Guy Chapelier qui doublait Fûté dans "L'Agence Tous risques" et la voiture KITT dans "K2000").
D’origine norvégienne, beau comme un dieu viking et doté d’un charisme naturel, Hexum définit son personnage de Mac Harper comme un mélange de 007, Indiana Jones, Superman et Mister Magoo. Les spectateurs français se souviennent sans doute de lui dans le téléfilm dramatique « Un mannequin sur mesure » (1983) d’Irving J. Moore avec Joan Collins (« Dynastie »), diffusé au début des années 90 sur feu La Cinq.
Pour assurer la fidélité des spectateurs, Larson adjoint à Hexum la délicieuse Jennifer O’Neill, connue pour le drame « Un été 42 » et l’incontournable Richard Anderson, ex-patron de l’agent bionique Steve Austin qui rejoue ici une autre version d’Oscar Goldman. A leurs côtés, Mykelti Williamson (« Forrest Gump ») complète le trio avec trois ravissants mannequins féminins.
UN DUO ORIGINAL
Alors que s’achève « Pour l’amour du risque » (1979/84) où Robert Wagner et Stefanie Powers jouaient les milliardaires redresseurs de torts, un autre duo, plus improbable, rencontre un beau succès dans « Les deux font la paire » (1983/87), avec la « drôle de dame » Kate Jackson et Bruce Boxleitner. Glen A. Larson surfe donc sur la vague et crée un nouveau duo, plus audacieux encore, avec Dani Reynolds (O’Neill), une photographe de mode 9 ans plus âgée que son coéquipier militaire, Mac Harper. Après « Un mannequin sur mesure », on pourrait croire qu’Hexum se retrouverait prisonnier d’un rôle, servant de « nourriture » pour des « cougar » avides de sexe comme Joan Collins. Mais Jennifer O’Neill ne joue pas la carte sulfureuse de la méchante Alexis Carrington de « Dynastie ».
Une réelle alchimie à l'écran
Dès le pilote, Dani Reynolds et Mac Harper fonctionnent superbement bien ensemble, complices à l’écran et en coulisses, souvent drôles avec des répliques enlevées et empreintes de second degré. L’alchimie entre eux est juste parfaite. O’Neill est assez naturelle, classe et sexy tandis qu’Hexum nous épate par ses capacités athlétiques (il pouvait faire un salto arrière), sa beauté incroyable et son humour décalé. Jouant la carte du glamour, ils sont habillés par Jean-Pierre Dorléac, le « Monsieur chic » d’Hollywood, déjà responsable des costumes sur plusieurs séries de Larson : "Buck Rogers", "Manimal", etc.
Action et voyage
Au programme des épisodes : libérer des citoyens américains injustement accusés de meurtres ou d’espionnage, stopper des maître chanteurs et autres criminels, démasquer des mafieux dans un esprit bande dessinée, vaguement inspiré de « Mission Impossible ». On y croise notamment des visages connus de séries western et policières comme Henry Darrow (« Le grand Chaparral »), Clu Gulager (« Le Virginien » pour laquelle Larson avait écrit plusieurs épisodes), Noah Beery, Jr. (« 200 $ plus les frais »). On y croise encore des vilains mémorables comme Andrew Prine (Steven, l’extraterrestre de « V »), Gary Lockwood (« 2001, l’odyssée de l’espace ») et Richard Lynch (« Sloane agent spécial », « Starsky et Hutch »).
Leurs aventures très rythmées nous emmènent (pour de faux) au Mexique, en Italie, aux Bahamas, etc. même si l’équipe de tournage ne quitte pas Los Angeles et ses environs, tournant surtout dans les studios de la 20th Century Fox avec qui Larson a signé un contrat mirobolant. Sur les plateaux voisins se tournent aussi la sitcom « Madame est servie » avec Tony Danza qui deviendra un ami proche de Jon-Erik Hexum et « L’homme qui tombe à pic », autre série produite par Larson, marquant le retour réussi de l’imperturbable Lee Majors. Quelques semaines avant sa disparition, Hexum fera d’ailleurs une série de photos avec la superbe Heather Thomas pour la promotion de maillots de bain.
Un univers musical de qualité
Mention spéciale enfin pour les excellentes compositions de Richard Lewis Warren avec ses entêtants accords de guitare électrique. Le génial Morton Stevens (« Hawaï Police d’Etat ») participera également au score de quelques épisodes. Seul bémol : les chansons rock et pop sont chantées par des imitateurs, dont « Holding Out for a Hero » de Bonnie Tyler se voit rejoué par E.G. Daily, petite amie de Jon-Erik Hexum en 1983/84. Là où une série mémorable comme « Deux flics à Miami » joue la carte des « vrais » tubes et sort son chéquier pour se payer les chansons originales, « Espion modèle » se contente de copies. Dommage. Bref, voilà un nouveau couple fort plaisant dans une série assurée de devenir un succès durable. Oui mais voilà, la mort rôde…
UN TRAGIQUE ACCIDENT
Entre juillet et septembre 1984, « Espion modèle » se tourne à un rythme frénétique, comme tant d’autres séries. Hexum trouve la série très « fun » à tourner et apprécie beaucoup sa partenaire. En coulisses, la réalité est cependant moins rose. Effrayé à l’idée qu’« Espion modèle » soit un flop comme « Voyagers ! », Hexum ne dort quasiment pas. En tournée promotionnelle pour la série et son film « The Bear » dans divers talk-shows très appréciés outre-Atlantique comme le « Merv Griffin show », le jeune talent alterne tournage et campagnes de pub avec une frénésie totale. Il veut à tout prix percer et devenir la STAR de demain. Mais cette volonté le pousse au bord du burnout.
Tout se passe relativement bien jusqu’à la journée fatidique du 18 octobre 1984. En visite sur le plateau du studio 17 de la 20th Century Fox où se tourne le 7ème épisode « Les lingots imaginaires », la petite amie d’Hexum trouve qu’il y règne une « tension étrange ». Jon-Erik se serait disputé avec le metteur en scène Sidney Hayers (« Chapeau melon et bottes de cuir »), travaillant trop lentement à son goût. Elle l’étreint et ils se quittent sur un baiser qui sera, sans le savoir, le dernier. Le midi, Hexum dîne avec Larson, O’Neill et Bob Shayne, scénariste sur « Simon & Simon » et « Les petits génies », engagé pour apporter un côté plus sombre aux histoires. Peu content du développement superficiel que Larson réserve à son personnage, l’acteur se bat pour de meilleurs scénarios et un développement plus satisfaisant du « action hero » qu’il campe. On peut le comprendre quand on sait qu’« Espion modèle » récupérait des scénarios inaboutis de « Magnum » et « Simon et Simon », notamment écrits par Bob Shayne. Larson recycle sans vergogne.
L’équipe accumule les retards durant cette journée de tournage chargée, certains épisodes nécessitant de travailler jusqu’à 15 heures par jour. Le réalisateur Sidney Hayers n’est pas satisfait d‘une scène où Hexum doit charger une arme avec une balle à blanc. Attendant le signal pour la prochaine prise et s’étant assoupi quelques instants sur le lit d’hôtel visible dans l’épisode, l’acteur est réveillé par un assistant qui le prévient que le tournage est encore repoussé. Le comédien n’est pas content car cela va lui faire rater son vol pour Las Vegas où il devait participer le soir à l’émission « Circus for the stars », très regardée par les Américains. Sa petite amie avait préparé sa valise et l’attendait pour rejoindre la mère de l’acteur, Gretha Paulsen, déjà présente sur place.
L’esprit encore embrumé par la fatigue, l’acteur se saisit de l’arme et la porte contre sa tempe, en disant « Voyons s’il y en a encore une pour moi ! », voulant faire une blague du genre « Tuez-moi, j’en ai marre ». Il appuie sur la gâchette et la balle factice, composée de poudre et de papier, lui projette une déflagration au centre du crâne, provoquant une hémorragie massive. Sur le plateau, c’est l’horreur. Un autre assistant, choqué, s’encourt et hurle son désarroi sur le plateau voisin où se tourne « L’homme qui tombe à pic ». Plusieurs membres de l’équipe embarquent d’urgence le corps d’Hexum dans une voiture du studio et le conduisent d’urgence à l’hôpital tout proche. Arrivé sur place, il a déjà perdu 2 litres de sang. Le comédien subit plusieurs heures de chirurgie réparatrice, sans succès. Il s’enfonce dans le coma et est déclaré en mort cérébrale 6 jours plus tard, le 18 octobre. Respectant ses dernières volontés, sa mère et son frère aîné décident de faire don de ses organes, le comédien s’étant inscrit comme donneur. Son corps est emmené par avion à San Francisco pour extraire son cœur, ses cornées et des parties de peau, ce qui permettra de sauver 6 personnes, enfants, adultes et seniors. Un geste admirable pour survivre à la mort.
MYSTERE, SUICIDE OU FATALITE ?
Personne ne sait réellement ce qui s’est passé ce jour-là, l’équipe n’ayant pas vu l’accident car Hexum se trouvait dans un décor situé à côté de l’endroit où se préparait l’équipe. Le comédien avait utilisé assez peu d’armes à feu sur le tournage de sa précédente série « Voyagers ! » et ignorait que la déflagration d’une balle à blanc, même à distance, pouvait provoquer d’importantes brûlures (Gary Cooper en avait fait les frais aux mains lors du tournage du western « Vera Cruz » en 1954). Dans son cas, l’utilisation d’un Magnum à canon court, arme ultra puissante, ne lui laissera aucune chance.
A la lecture de ce qui précède, vous pourriez vous dire que cet acteur est « vraiment un con ou un crétin inconscient » mais il faut nous abstenir de juger. En effet, plusieurs concours de circonstances ont mené à ce désastre : le comédien n’avait pas reçu de formation à l’usage des armes à feu pour « Espion modèle », il avait tourné une vingtaine d’épisodes de sa précédente série sans qu’aucun accident n’ait été à déplorer. Il pouvait donc croire qu’une arme chargée à blanc était aussi inoffensive qu’un pistolet factice à bouchon. Ensuite, le jour du tournage, l’armurier principal de la série a été renvoyé à la maison par la Fox, estimant que ses services n’étaient pas nécessaires. A la place, le studio affecte un assistant inexpérimenté qui commet l’erreur fatale, celle de ne pas prendre l’arme et de la ranger quand la caméra ne tourne pas. La législation est très stricte aux USA à ce propos et n’a pas été suivie avec les conséquences tragiques que l’on sait. L’affaire Hexum sera ensuite un cas d’école et la législation américaine sera encore plus dure.
En coulisses, notons deux faits étranges : en 1982, sa partenaire Jennifer O’Neill s’était tirée une balle dans l’abdomen en manipulant une arme chez elle, voulant vérifier si elle était chargée. Depuis, elle se méfiait des armes et avait à plusieurs reprises invectivé son partenaire sur leurs dangers. Ce dernier aimait bien se balader en jouant les cowboys à revolver sur le plateau. Troublante ensuite est la scène de l’épisode « Vidéo drogue » où, à la 14ème minute, Jennifer O’Neill lui demande faire très attention à lui car elle a un « mauvais pressentiment ». Les mises en garde, fictives et réelles, n’auront pas empêché l’issue fatale.
Enfin, le jeune acteur n’était sans doute pas totalement conscient des conséquences de sa blague, l’esprit encore endormi après une brève sieste. Pour le producteur Glen A. Larson, c’était la deuxième fois qu’un acteur prometteur disparaissait dans des conditions tragiques. Treize ans plus tôt, en 1971, Pete Duel (Hannibal Heyes dans la série western « Opération Danger ») se suicidait chez lui d’une balle dans la tête, insatisfait de sa carrière et sombrant dans la dépression et l’alcoolisme. Des rumeurs malveillantes ont circulé sur le fait qu’Hexum était comme James Dean, de tendance suicidaire. Mais tous ceux qui l’ont connu de près s’accordent sur le fait que c’était un jeune homme ultra-positif et aimant la vie, modeste, bosseur acharné et qui tirait toujours le meilleur de chacun. Richard Anderson confia qu’il n’avait jamais rencontré quelqu’un d’aussi préparé sur un tournage, un vrai professionnel et que sa mort a été un moment très triste pour lui.
Même si on ne saura jamais ce qui a conduit Jon-Erik Hexum à poser ce geste, nous nous garderons de spéculer et d’entourer cette mort de mystère, comme en débattent les nombreuses vidéos visibles sur « You Tube ». Selon nous, la fatigue et l’humour malvenu ont mené au geste fatal, une blague idiote qui a très mal tourné. Les conditions de sécurité n’étaient plus remplies et Hexum a fait confiance aux armuriers présents, un amateur en l’occurrence. Ironie du sort : son personnage à l’écran était un spécialiste en armes à feu… Furieuse et en colère, la mère de l’acteur intente un procès à la 20th Century Fox et Larson. Au terme d’une procédure tenue secrète, un arrangement à l’amiable débouchera sur le versement de dédommagements pour le préjudice subi. Mais sa mère ne lui survivra guère. Après avoir dispersé ses cendres sur une plage de Californie où son fils aimait courir, Gretha Paulsen mourra d’un cancer du sein, en 1988, quatre ans après son fils. Seul survivant, son frère aîné Gunnar, professeur d’Université sur la côte Est mais jamais tenté par Hollywood.
Aux USA, la chaîne CBS ne fait pas dans la dentelle et diffuse encore la série alors que l’acteur est entre la vie et la mort. Trois semaines après son décès, elle fait remonter l’épisode à l’issue tragique car il manquait des scènes à la fin et le passe à l’antenne. Hexum disparu, la production dispose encore de deux atouts avec Jennifer O’Neill et Richard Anderson mais il faut leur adjoindre un nouveau partenaire. Elle remplace donc Hexum au pied levé par le britannique Antony Hamilton, plus connu ensuite pour « Mission Impossible 20 ans après ». Mais le comédien est loin d’avoir le magnétisme et le charisme de son prédécesseur qu’il avait connu lors de cours d’art dramatique. La série continue de se tourner mais le cœur ne suit plus chez les spectateurs. Alors qu’elle était classée 45ème sur 60 au classement des séries les plus regardées aux USA en 1984/85, tout comme « Deux flics à Miami » lors de sa 1ère saison, « Espion modèle » ne survivra pas longtemps au décès de sa jeune vedette. Au terme de la première saison, la chaîne CBS ne renouvelle pas le show. Un flop de plus pour Glen A. Larson qui peut encore compter sur les succès au long cours de « K2000 » et « L’homme qui tombe à pic ».
Que reste-t-il de la brève gloire de Jon-Erik Hexum, acteur passionné au charisme naturel éblouissant ? Hélas pas grand-chose car il est mort avant d’avoir connu une notoriété internationale. Sa très brève carrière ne permettra pas de laisser une trace durable, au contraire de James Dean, disparu à 24 ans dans un accident bizarre de voiture mais laissant trois grands films marquants. Son nom est aujourd’hui tombé dans l’oubli sauf pour quelques nostalgiques qui maintiennent sa mémoire sur Internet. Notons encore une curieuse similitude entre les noms « Mac Harper » et « MacGyver », apparu sur les écrans américains un an après « Espion modèle ». Comme Mac Harper, Richard Dean Anderson utilisait des trucs (explosifs, ceinture de pantalon, etc.) pour stopper ses poursuivants. Etrange coïncidence.
Enfin, la série semble ne pas pouvoir se dégager de l’étiquette « maudite » qui lui a été collée. Elle n’existe pas en DVD, ni aux USA, ni dans nos contrées. Comme s’il y avait une volonté délibérée de la voir définitivement oubliée en raison de son statut morbide. On peut voir les épisodes en VF sur « You Tube » mais certains sont amputés de la fin ou du son par moments. En version originale, la qualité se révèle fort médiocre. Elle reste plaisante à voir et n’a pas trop mal vieilli.
UN DOUBLAGE TRES REUSSI
« Espion modèle » profite du grand talent vocal de Richard Darbois sur Jon-Erik Hexum. Connu à la même époque pour avoir doublé Marc Singer, le journaliste Mike Donovan dans la série de science-fiction « V » (1982/84), il travaillera encore sur plusieurs films d’Harrison Ford et reste pour beaucoup la voix de Biff, la brute des films « Retour vers le futur » (1985/89). A ses côtés, Pauline Larrieu double avec humour Jennifer O’Neill. Quelques mois plus tôt, elle avait déjà travaillé avec Richard Darbois sur la série « V » puisqu’elle prêtait sa voix à la méchante Diana (Jane Badler).
Curiosité, Richard Anderson ne bénéficie pas de la voix sévère de Jacques Deschamps qui le doublait dans le rôle d’Oscar Goldman sur « L’homme qui valait trois milliards » (1973/78). A la place, Roland Ménard, la voix française de Glenn Ford (la série « Sam Cade » notamment) apporte une autre dimension à son personnage d’Henry Towler. Enfin, c’est Jacques Frantz qui double Anthony Hamilton, on le connaît surtout ces dernières années pour avoir prêté sa voix à Tom Selleck sur la série policière « Blue Bloods ».
LES COMEDIENS
JON-ERIK HEXUM
Issu d’une famille modeste du New Jersey et originaire de Norvège, Jon-Erik Hexum naît à Englewood le 05 novembre 1957. Il est élevé avec son frère aîné Gunnar par sa mère Gretha, abandonnée par leur père Thorleif, un chef. Ce dernier reprendra contact avec son fils quelques années avant sa mort mais leurs relations resteront tendues jusqu’à la fin.
Sa mère le pousse à s’intéresser aux arts, l’inscrivant à des cours de piano et de trompette. La légende raconte que la maman attendait son fils, parti assister à un spectacle artistique, dans un café car elle n’avait pas assez d’argent pour eux deux. Le jeune Jon-Erik se découvre une passion pour le sport et joue même pour l’équipe de foot américain de l’état du Michigan. Athlétique et costaud, il était capable d’effectuer un salto arrière et de retomber parfaitement sur ses pieds ainsi que d’effectuer des sauts acrobatiques en piscine. A l’école, il devient animateur radio et se découvre une passion pour la comédie grâce à un professeur très inspirant, avec qui il restera en contact jusqu’à la fin de sa vie.
Premiers pas
Sa passion pour le 7ème art le conduit à déménager à New York. Là, il survit comme barman la nuit, courant les auditions et trouve un travail de nettoyeur de stores. Un jour, il se rend pour nettoyer les fenêtres d’un certain Bob LeMond, manager de John Travolta, Sam Jones et Gregory Harrison. Fasciné par sa beauté, LeMond fait jouer ses contacts et envoie Hexum à Los Angeles en 1981. Très vite, il devient la vedette de sa série avec « Voyagers ! », une série de science-fiction pour jeunes où il a le gamin Meeno Peluce pour partenaire.
Encore novice et peu aguerri aux techniques d’acteur, Hexum ne sait pas ce qu’est un gros plan, se souvient son jeune partenaire. Mais il apprend vite et prend des cours intensifs de comédie en dehors du travail. Au fil des épisodes, on le sent de plus en plus à l’aise et il se bonifie. Le duo parcourt le temps au moyen d’une petite montre jaune (omni) qui les fait rencontrer Billy le Kid, le Président Abraham Lincoln ou encore Jack l’éventreur.
Bref, une série à vocation pédagogique pour la jeunesse, diffusée sur NBC, mais qui ne rencontre pas son public et se retrouve en concurrence avec le magazine d’information « Sixty minutes », une institution aux USA (voir le film « Révélations » en 1999 de Michael Mann où Al Pacino joue un journaliste du magazine). La chaîne décide de l’annuler au terme de la première saison. Cinq semaines après la fin de « Voyagers ! » en mars 1983, Hexum enchaîne avec le téléfilm dramatique « Un mannequin sur mesure », énorme succès produit par Aaron Spelling (« Starsky & Hutch », « Drôles de dames », « Dynastie », « L’île fantastique », etc.). Il joue ensuite dans « The Bear », film sur une légende du coaching de foot américain avec Gary Busey (futur méchant blond du premier « L’arme fatale »)
Star météorique des années 80
Fin 1983, sur ses propres deniers, Hexum lance un poster de lui torse nu, pectoraux saillants et abdos impeccables, qui s’écoule à plus de 100.000 exemplaires. Le jeune acteur devient une nouvelle sensation et se voit proposer plusieurs jobs alléchants mais refuse de remplacer Larry Wilcox dans « Chip's » ou le duo des cousins Duke dans « Shérif fais-moi peur ». Il cherche sa propre voie jusqu’en mars 1984 où il flashe sur le scénario de « Cover Up » (littéralement : couverture / infiltration), nouvelle série d’action créée par Glen A. Larson.
Promis à un avenir brillant, le jeune acteur de 26 ans aimait se surnommer le « viking bodybuildé ». Au-delà de l’image de bellâtre qu’il fuyait, Hexum travaillait dur en coulisses pour améliorer son jeu de comédien. On voit cette évolution au fil des épisodes, se révélant convaincant dans les scènes dramatiques alors qu’il peinait à pleurer dans le téléfilm « Un mannequin sur mesure », tourné un an avant son décès survenu le 18 octobre 1984. On se souviendra d’un acteur attachant et sympathique, sorte de croisement entre Lee Majors (pour la puissance) et Marc Singer (pour le côté athlétique). Que serait-il devenu s’il avait vécu ? Une superstar de la télé pour sûr.
Le site officiel des fans de Jon-Erik Hexum : http://pdhexum.tripod.com
JENNIFER O’NEILL
Née le 20 février 1948 à Rio de Janeiro (Brésil), d’origine irlandaise et espagnole par son père et anglaise par sa mère, Jennifer O’Neill a eu une vie privée tumultueuse, digne d’Elizabeth Taylor. Elle connaît une adolescence difficile, souvent moquée par ses camarades de classe et tente de se suicider à 14 ans. Heureusement, sa passion des chevaux la ramène vers la vie et malgré un accident qui lui abîme le dos, elle continue de s’en occuper. A 15 ans, elle devient mannequin et rencontre un succès fulgurant, en écho à son futur personnage de Dani Reynolds dans « Espion modèle ». Elle démarre sa carrière de comédienne à 20 ans dans le film « For Love of Ivy ».
Un parcours difficile au cinéma
En 1970, elle joue aux côtés de John Wayne dans le western « Rio Lobo » d’Howard Hawks. Un an plus tard, en 1971, vient la reconnaissance internationale avec un film dramatique applaudi par les critiques : « Un été 42 » de Robert Mulligan. Elle n’y apparaît pourtant que 12 minutes et ne connaîtra plus ensuite d’ascension vers la gloire qui aurait pu en faire une star féminine de haute volée.
En 1975, elle apparaît totalement nue dans le film italien « The Flower in His Mouth » aux côtés de Franco Nero et James Mason. Elle tourne encore pour Luchino Visconti dans « L’innocente » (1976) qui lui vaut une récompense. Jennifer O’Neill joue ensuite dans l’oubliable « Des nerfs d’acier » (1979) où Lee Majors campe un ouvrier de chantier et dans le thriller horrifique « Scanners » (1981) de David Cronenberg.
Une fin de carrière prématurée
Après la fin d’ « Espion modèle », on la voit dans divers téléfilms et séries dramatiques : « Perry Mason », « Poltergeist : l’héritage », « The Cover Girl Murders » (1993) avec Adrian « Highlander » Paul et à nouveau Lee Majors. En 1997, elle joue avec Don Johnson dans un épisode de la série policière « Nash Bridges » puis enchaîne avec des productions sans grande envergure. Elle semble avoir mis un terme à sa carrière, ne tournant plus depuis 2016.
Une vie privée parfois dramatique
Aux USA, le public se souvient plus d’elle comme « Cover girl » que comme d’une grande actrice. Sa vie privée très mouvementée l’a souvent conduite aux portes de la mort et elle a dû affronter une horrible vérité : un de ses maris a quasiment dilapidé sa fortune et abusait d’Aimée, sa fille adolescente, jusqu’à ce qu’elle divorce de lui en 1983. Après avoir reconstitué sa fortune, elle continue de se marier et de divorcer, victime souvent d’hommes malhonnêtes avec elle jusqu’à trouver la stabilité auprès d’un producteur de musique. Mais un autre de ses enfants a sombré dans la drogue, elle a connu la dépression et l’alcoolisme, arrêtée par la police pour conduite en état d’ivresse.
Devenue chrétienne, elle est également porte-parole pour la ligue américaine contre le cancer, après avoir survécu à un cancer du sein et s’implique encore dans des œuvres de charité au profit de causes diverses (arthrite, femmes battues, …). Dotée d’une formidable énergie de vie, elle est parvenue à continuer d’avancer, malgré les rudes obstacles rencontrés sur son chemin qu’elle a raconté dans son autobiographie « Surviving Myself », parue en 1999 et a écrit 8 autres livres. Elle vit avec son mari et ses deux fils dans un ranch à Nashville (Tennessee) où elle élève des chevaux.
ANTONY HAMILTON
De cinq ans l’aîné de Jon-Erik Hexum, né à Liverpool (Angleterre) le 5 mai 1952, Antony Hamilton a été adopté par un couple d’australiens où le père était militaire. Il grandit dans une ferme de moutons à Adelaide. Formé à la danse classique, il se produit avec le ballet australien puis entame une carrière de mannequin vu sa plastique avantageuse qui l’amène à voyager en Europe. Il pose pour « Vogue » et « GQ » et défile pour Gianni Versace. Il étudie l’art dramatique aux USA et avait pour camarade de classe Jon-Erik Hexum qu’il sera amené à remplacer dans « Espion modèle » après le décès tragique du jeune acteur. Il hésite un moment, ne voulant pas profiter de la mort de son copain mais finit par accepter.
A l’époque où les producteurs de James Bond voulaient Pierce Brosnan pour remplacer Roger Moore, la vedette de la série « Remington Steele » ne pouvait se libérer et les producteurs se tournent vers Hamilton. Ils l’envisagent pour « The Living Daylights » (1987) avant que Timothy Dalton ne soit finalement retenu. Etant donné son homosexualité affichée qui, selon les producteurs des aventures de 007, pourrait jouer contre lui, l’acteur se voit refuser le rôle. Qu’importe, Antony Hamilton poursuit sa carrière dans des films et séries, connaissant une certaine notoriété internationale avec la série « Mission impossible 20 ans après » (1988) même s’il y campe un second rôle. Il joue encore dans une autre série éphémère de Glen A. Larson : « Enquêtes à Palm Springs » en 1991 et un thriller en 1992 avant de s’éteindre, le 29 mars 1995, de complications liées au SIDA. Il avait 42 ans.
FICHE TECHNIQUE
Créée par : Glen A. Larson
Producteurs : Bob Shayne, Harker Wade, Brian Alan Lane
Producteur exécutif : Glen A. Larson
Producteurs associés : Chris Larson, Scott Levitta, Dave Fisher, David G. Phinney
Directeur de production : Phil Cook
Supervision de la production : Don Carlos Dunaway
Coordinatrice de production : Joyce Davis
Directeurs artistiques : Hub Braden, Robert Kinoshita
Directeurs de la photographie : Roland "Ozzie Smith", John M. Stephens, Eddie Rio Rotuno, Frank Beascoechea
Casting : Rachelle Faberman, Cody Ewell
Thème musical : Dean Pitchford, Jim Steinman
Supervision de la musique : Lionel Newman
Musique : Richard Lewis Warren, Paul Chihara, Dennis McCarthy, Joseph Conlan, Morton Stevens, J.A.C. Redford
Arrangements musicaux : Rocky Davis
Coordination des cascades : Mic Rodgers
Cascades : Fred Lerner, Gregory J. Barnett, Keith Tellez, Dick Durock, Donna Keegan, Peter Whittle, Gene LeBell, Terry Kiser,
Effets spéciaux : Bill Ferrier, Gary L. King
Montage : Gene Ranney, David Howe, Irving Rosenblum, Joe Morrisey, Edwin F. England, Beryl Gelfond
Décors : Martin Price
Costumes : Luis Estevez, Lola Bullion Chambers, Judith Brewer Curtis, Jean-Pierre Dorléac
Assistants-réalisateurs : Michael Formica, Gary Law, Scott Levitta, Mic Rodgers
Coordination des décors : Chuck Arrigo
Supervision de la post-production : Dann Cahn
Sociétés de production : 20th Century Fox Television / Glen A. Larson Productions (1984/1985)