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Pour l’amour du risque : La série

Par Thierry Le Peut et Christophe Dordain

 

"Pour l'amour du risque" ou les aventures de Jonathan et Jennifer Hart, un couple de milliardaires redresseur de torts. Autrement dit, une recette gagnante. Comment ? Quelques scènes de poursuite, des révolvers, des cadavres qui trainent, de bonnes bouffes dans des restaurants chics, des déguisements, le petit déjeuner servi au lit par Max (l'homme à tout faire), des voitures de collection, etc.

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Crédits photo : ABC Television - Columbia Pictures Television - Spelling/Goldberg Productions
ANALYSE DE LA SERIE

Jadis fleuron de TF1 et de TV Breizh, maintenant de retour sur Téva, "Pour l'Amour du Risque" n’est pas familier au public français sous son titre original. Etant donné que celui-ci joue à la fois sur le rapprochement des deux membres du couple vedette – mari et femme – et sur l’homonymie de to, too et two, en même temps que sur le patronyme Hart qui, dans les titres originaux, fait l’objet de nombreux jeux de mots, spécialement par sa paronymie avec Heart : d’où le coeur qui apparaît sur l’écran lors du générique, réunissant les deux protagonistes avant d’afficher le titre de la série.

A propos du générique

Or, beaucoup ignorent aussi, de ce côté de l’Atlantique, que le générique original (non une chanson mais un thème musical composé par Mark Snow, que l’on entend durant les épisodes) était introduit par la voix rocailleuse de Max, le chauffeur-homme à tout faire de la résidence Hart, qui s’adressait directement au spectateur pour lui présenter ses employeurs avant de leur glisser à l’oreille, tandis que sa propre image apparaissait à l’écran : « Au fait, moi je suis Max, le majordome. » C’est que le générique français (« L’aaaaaaaaamour du risque, Jonathan et Jennifer, les justiciers milliardaires... ») de "Pour l'Amour du Risque" est devenu si connu et populaire (comme celui de "Starsky et Hutch") que personne n’ose diffuser la série avec son thème original : preuve s’il en est qu’une série est souvent très profondément liée à son générique, qui dans le meilleur des cas suffit à ramener à la mémoire une émotion, comme la madeleine de Proust.

Une série efficace

En laissant de côté les madeleines, cela dit, on redécouvre que "Pour l’Amour du Risque" est une agréable série d’investigation et d’aventure. En effet, elle est servie de surcroît par un tandem sympathique constitué d’une gloire d’Hollywood (Robert Wagner, ex-"Prince Vaillant" et déjà plié aux séries avec "Opération Vol" et "Switch") et d’une jeune actrice peu connue à l’époque mais entrevue dans plusieurs séries, Stefanie Powers.

Qu’on n’aille pas dire, toutefois, que cette « création » de l’écrivain Sidney Sheldon, commandée par le producteur milliardaire Aaron Spelling pour ABC, est une idée originale. Car le bonhomme Sheldon a simplement actualisé la formule de Nick l’introuvable ("The Thin Man"), création originale de Dashiell Hammet ensuite adaptée sous forme de plusieurs longs métrages dans les années 30 et 40, avec William Powell et Myrna Loy dans le rôle d’un couple de détectives résolvant de délicates affaires dans la bonne humeur et une ambiance conjugale, et avec le concours accessoire mais si plaisant de leur petit chien Astra. Même le chien se retrouve dans Pour l’amour du risque, rebaptisé Freeway (Février dans la vf).

Tom Mankiewicz, la cheville-ouvrière

L’actualisation passa notamment, en cette année 1979, par le recours à un certain Tom Mankiewicz, scénariste de plusieurs James Bond et créateur d’une série éphémère où Robert Urich et Patrick MacNee jouaient les pseudo-Magnum et Higgins : "Gavilan". Certes, Sheldon livra le développement mais Mankiewicz intervint très tôt dans la conception de la série et dans son écriture, crédité en qualité de creative consultant. Une photo promotionnelle annonce clairement les influences de la série : un couple de détectives fortunés (le champagne, la voiture) et un cocktail de charme, de classe et d’action. Pour l’amour du risque est d’abord une série qui ne se prend pas trop au sérieux, même si Robert Wagner, lui, a souvent la mine grave qui conviendrait à un drame déchirant !

Un ton léger

L’humour y a donc une large part et cela se voit non seulement dans la relation entre les protagonistes – Jonathan et Jennifer Hart, respectivement businessman multimilliardaire et ancienne journaliste, s’aiment comme au premier jour et adorent se faire des petites surprises, au lit et ailleurs, tandis que Max, leur majordome au moins sexagénaire, est une perle de cuisinier et de serviabilité et pas le dernier à plaisanter – mais aussi dans le choix des sujets : car au contraire de ce que pouvait annoncer le croisement entre Sheldon (écrivain du strass et des paillettes) et Mankiewicz (l’effet James Bond) la série ne se lance qu’exceptionnellement dans l’espionnage international. Aussi, préfère-t-elle des sujets originaux empruntés à tous les aspects de la vie quotidienne (celle des gens riches, mais aussi la nôtre, gens de peu).

Jugez plutôt... Une boîte de chocolats empoisonnés, un crime à base de champagne, de l’or caché dans une voiture, une folle course à la recherche d’un lit, des jouets meurtriers sont le lot quotidien de notre couple d’inséparables, qui bien entendu se retrouvent la plupart du temps entraînés malgré eux dans une intrigue qui ne leur était pas destinée. Certes, les espions sont présents (le papa de Jennifer en fut un, et l’est peut-être d’ailleurs toujours, et on aura même droit à une variation sur le thème hitchcockien de "La Mort aux Trousses"), mais l’essentiel est dans la recherche de l’originalité et du petit « truc » qui donnera à des intrigues par ailleurs conventionnelles un zeste de légèreté, de surprise et de dérision.

Aaron Spelling's touch

N’oublions pas, au demeurant, que nous sommes là dans l’univers d'Aaron Spelling ; univers qui, s’il a commencé par le western et le policier, s’est très vite spécialisé dès les années 70 ("Drôles de Dames") dans le luxe et le glamour, ingrédients communs dès lors à la plupart des productions du bonhomme, qui sera quand même producteur de "Dynastie" et de son spin-off "The Colbys" (encore plus fort !), de "Matt Houston" (Texas, moustaches et grosse voiture pour contrer "Magnum"), de "Hôtel" (grosses fortunes et appartements somptuaires) et autres "Beverly Hills 90210" (avec sa fille Tori).

Aussi, nage-t-on donc dans "Pour l’Amour du Risque" en pleine opulence, depuis la maison des Hart sise au coeur d’une vaste propriété jusqu’à leurs voyages aux quatre coins du monde, de préférence les coins ensoleillés où le regard peut embrasser de larges horizons : c’est grand, c’est riche, c’est une ode à la consommation dont l’ère ne fait alors que commencer. De surcroît, l'ensemble a un succès fou, au point que plusieurs téléfilms seront tournés plusieurs années après l’arrêt de la série.

Conclusion

Celle-ci aurait sans doute pu durer plus longtemps mais, d’une part, la série coûtait extrêmement cher et, d’autre part, le milieu des années 80 vit diminuer l’intérêt du public pour les grosses fortunes et se dessiner une nouvelle forme de divertissement, dominée par des sitcoms et des séries réalistes, plus proches du téléspectateur moyen. C’était un âge de profonde mutation dont la télévision américaine était le reflet.

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Crédits photo : ABC Television - Columbia Pictures Television - Spelling/Goldberg Productions
UN DUO DE CHARME ET DE CHOC
Robert Wagner
Un jeune premier

Né en 1930, le jeune Robert Wagner quitte sa ville natale, Detroit, pour la chaleur d’Hollywood et devenir acteur. En moins de quatre ans et dix films (dont un "Titanic" en 1953 et quelques uns avec Richard Widmark), Robert Wagner décroche son premier grand rôle dans "Prince Vaillant" d’Henry Hathaway. Il tourne ensuite dans une douzaine de films populaires, entre westerns, polars et films de guerre. En 1963, on le découvre dans un registre plus détendu avec "La Panthère Rose" de Blake Edwards. Il tourne encore un peu pour le cinéma puis ses choix vont se tourner définitivement vers la télévision.

Entre cinéma et télévision

Il est le héros d’une série pour la première fois en 1968, dans "Opération Vol", partiellement produite par Glen A. Larson. Plus tard, ils retravailleront ensemble sur "Switch" entre 1975 et 1978. Entretemps, l’acteur aura participé à plusieurs téléfilms et une autre série de prestige : "Colditz" (1972/1974).

Dans les années 70, il apparaît quand même au cinéma dans de grosses productions comme "La Tour Infernale", "La Bataille de Midway" ou "Airport 80 : Concorde". A la fin des années 1970, il délaisse de nouveau progressivement le cinéma pour la télévision et enregistre un immense succès populaire avec la série "Pour l'Amour du Risque" qui sera diffusée de 1979 à 1984 et même prolongée par sept téléfilms de prestige programmés entre 1994 et 1996.

Toutefois, même si Robert Wagner est moins présent sur les grands écrans, sa réputation et son prestige sont demeurés intacts. Beaucoup de jeunes acteurs l’admirent et lui demandent de participer à leurs films. Le cas le plus hilarant, et rentable, restera son rôle de numéro deux dans la série des Austin Powers. On l’a vu aussi dans "The Player" de Robert Altman, "Dragon" de Rob Cohen, "Sexcrimes" aux coté de Kevin Bacon et Neve Campbell, "La Tête dans le Carton à Chapeaux" avec Melanie Griffith ou encore "Les Adversaires" avec Woody Harrelson et Antonio Banderas.

Acteur en série

Rappelons donc pour mémoire ses principales prestations télévisées hormis "Pour L'Amour Du Risque" :

- Alexander Mundy dans "Opération Vol" (diffusion du 09 janvier 1968 au 14 septembre 1970 sur ABC).

- Le lieutenant Phil Carrington dans "Colditz" (28 épisodes diffusés sur BBC 1 entre le 19 octobre 1972 et le 25 janvier 1973 pour la première saison (16 épisodes) et du 07 janvier au 01 avril 1974 pour la seconde saison (12 épisodes). Il est à noter que cette série connut un grand succès en France lors de sa diffusion sur TF1 en 1972 et au cours de sa rediffusion en 1983.

- Pete Ryan dans "Switch" aux côtés de Eddie Albert (diffusion du 09 septembre 1975 au 03 septembre 1978 sur CBS). Mentionnons que c'est un programme qui a bénéficié, lui aussi, d'un grand écho dans l'hexagone. C'était le mercredi soir, vers 20h30, sur Antenne 2, à partir de 1976, et l'auteur de ces lignes se souvient avec nostalgie de ce rendez-vous hebdomadaire tant attendu par les collégiens que nous étions alors.

- James Greyson Culver dans "Le gentleman mène l'enquête" (diffusion du 21 septembre au 02 novembre 1985 sur ABC), une série diffusée en France pour la première fois en 1989 dans le cadre de "La Une est à Vous" présentée par Bernard Montiels.

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Crédits photo : ABC Television - Columbia Pictures Television - Spelling/Goldberg Productions
Stefanie Powers
Petite Annie

Stefanie Powers est née en 1942 à Hollywood (Stefania Zofia Federkiewicz est son véritable nom). A 18 ans, elle débute dans des petites comédies puis dans des séries B. Toutefois, c’est le spin-off "Des Agents Très Spéciaux" qui la révèle réellement au grand public. Voici "Annie, Agent Très Spécial" dont la durée de vie sera cependant courte. En effet, ce programme ne dépassera pas le stade d'une saison diffusée.

Star de la télé

A partir de là, l’actrice se tourne principalement vers la télévision. Aussi, va-t-elle multiplié, dans les années 70, un grand nombre de téléfilms. En 1979, elle épouse Robert Wagner pour les besoins de "Pour l’Amour du Risque". En même temps, elle vit une histoire d’amour avec le comédien William Holden qui décédera en 1981. Il est à noter qu'ils avaient fondé une association caritative dont elle a la responsabilité désormais. Voilà qui explique pourquoi on la verra moins à la suite de l’arrêt de la série "Pour l'Amour Du Risque" (et quatre nominations aux Golden Globes). Elle apparaît alors et seulement en tant que guest-star. Finalement, une activité à sa convenance puisqu’elle fut invitée dans plus de 25 séries dont "Cannon", "Les Rues de San Francisco" et "Super Jaimie". Néanmoins, Stefanie Powers reprendra son rôle de Jennifer Hart pour une série de 8 téléfilms, tournés entre 1993 et 1996.

Et récemment ?

Ajoutons à cela d'autres téléfilms tel que "Au-delà de la passion" (réalisé en 1987 par Tony Richardson - diffusion France le : 19 août 1989 sur Canal Plus). Là-dessus, et très récemment, la comédienne a participé à "On The Verge" (tout comme un certain Patrick Duffy). Précisons que c'est une série créée par Julie Delpy et Mathieu Demy. Un programme qui a été diffusé par Canal + en septembre 2021, puis par Netflix.

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Crédits photo : ABC Television - Columbia Pictures Television - Spelling/Goldberg Productions
FICHE TECHNIQUE

Créée par : Tom Mankiewicz
Produite par : Leonard Goldberg, Aaron Spelling
Producteurs : Mart Crowley, David Levinson
Supervision de la production : Hugh Benson
Producteurs associés : Michael Hiatt, John Ziffren, Gordon Cornell Layne
Responsables de la production : Al Kraus, Robert Della Santina
Supervision de la post-production : Dick Reilly
Responsables de l'équipe de production :  Edward K. Dobbs, Ray Frift
Producteur exécutif : Norman Henry
Supervision des scripts : Doris DeHerdt, Kathy Barrett, Suzi Alter, Andrea Walzer, Joyce Webb, Stuart Lippman, Diana Dill, Doreen Soan, Gail Bellamy, Mary Jane Ferguson, Carline Davis-Dyer
Directeurs de la photographie : Robert Steadman, Duke Callaghan, Robert E. Collins, John Coquillon, William Cronjager, Stanley E. Gilbert, Michel Hugo, Sherman Kunkel, Herb Pearl, Dennis C. Lewinston
Montage : Jack Harnish, George W. Brooks, Jon Koslowsky, Bob Bring, Ralph Schoenfeld, Leon Carrere, Roger Bondelli, John F. Schreyer, George Hively, Keith Palmer, Bill Blunden, Dick Darling, Michael F. Newman, Elodie Keene
Assistants au montage : Stephen Illing, Brian Mann, Craig Holt
Casting : Lynn Stalmaster, Joyce Agu, Sam Christensen, Doris Sabbagh, Allan Foenander
Supervision du casting : Meryl O'Loughlin
Direction artistique : Paul Sylos, James J. Agazzi, Ross Bellah, John Wood, Brian Ackland-Snow, Petros Kapouralis, Franklin Swig, Larry Warwick
Décors : Bob Signorelli, Audrey A. Blasdel, James Ira Colburn, Jim Duffy, Peter James, Robin Royce, Robert Checchi, Mary Ann Good, Joanne MacDougall
Création des costumes : Nolan Miller, Grady Hunt, Ray Phelps, Eilish Zebrasky
Costumes hommes : Cliff Chally, John Hilling, James Wakely
Costumes femmes : Janet Lucas-Wakely, Diana Reynolds
Maquillage : Frank Westmore, Jane Aull, Gae Clark Butler, Ramon Gow, Edwin Butterworth, Eddie Knight, Mark Nelson, Basil Newall, Marvin C. Thompson, Donna Turver Culver
Assistants-réalisateurs : Eldon Burke, Lou Watt, Ken Baker, Peter Bennett, Donald P.H. Eaton, Gerry Toomey, William Holbrook
Son : Blake Wilcox
Montage du son : Richard LeGrand Jr
Mixage du son : Ray Barons, John S. Coffey, Brian Marshall, Don H. Matthews, Bud Maffett
Montage de la musique : Alicia Hirsch, Daniel J. Johnson, Erma E. Levin, Greg Patterson, Laurie Higgins Tobias
Supervision de la musique : Rocky Moriana
Coordination de la musique : Lonnie Sill
Musique : Mark Snow
Effets spéciaux : Dutch Van Derbyl, Bill Doane, Frank Van Leeuwen, Charles Schulthies, Graham Longhurst, John Burke, Ted Koerner
Coordinations des cascades : Gregory J. Barnett (pilote), Ronnie Rondell, Jr, Alan Stuart, John Meier
Cascadeurs : Christin Gittings, Barbara Barnett, Roydon Clark, Bob Herron, Chuck Hicks, Jimmy Nickerson, Regina Parton, Richard Epper, Greg Walker, James Winburn, Michael M. Vendrell, Hubie Kerns Jr, Charlie Picerni, Michael Washlake, Howard Curtis, Ashley Huston, Jerry Brutsche, Jean Coulter, Tim Culbertson, Gary Hymes, Pat Romano, Conrad E. Palmisano
Compagnies de production : Spelling-Goldberg Productions / Rona II / Columbia Pictures Television (1979/1984)

 

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