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Un flic dans la mafia : La série

Par Emmanuel Francq

 

Ce large dossier consacré à la série "Un flic dans la mafia" reprend de nombreuses idées traduites en français et adaptées de l’indispensable livre de Jon Abbott : « Stephen J. Cannell Television Productions – A history of All series and Pilots », paru chez McFarland (en anglais uniquement), 2009. » Un grand merci à Thierry Le Peut pour sa connaissance pointue de la série et à Stéphanie Pitz pour sa relecture attentive. Un très grand merci également à Régis Dolle pour les photos illustrant le présent dossier.

Parler de cette série des années 80 constitue un non-événement (sauf à rappeler qu'elle fut diffusée pour la première fois le 16 Septembre 1987 sur CBS) car aucune sortie dvd ou Blu-Ray ne l’accompagne. Comme 99% des épisodes sont disponibles en version française sur « You Tube », dans une qualité acceptable, nous avions fort envie de vous (et nous) faire plaisir en revenant sur l’univers d’un des flics les plus attachants de ces quarante dernières années : Vinnie Terranova, incarné par Ken Wahl.

UNE SERIE DE FLICS PAS COMME LES AUTRES

Dans la carrière de Stephen J. Cannell, « Wiseguy » (littéralement le type malin, en fait l’homme de main d’un chef mafieux) représente sans doute sa dernière GRANDE série. Après « Un flic dans la mafia » et la fin de « Rick Hunter » (1991), Cannell connaît encore quelques beaux succès avec « L’as de la crime » (1991/96), « Les dessous de Palm Beach » (1991/99) et « Le Rebelle » (1992/97), sympathiques œuvres « popcorn », distrayantes mais sans grande profondeur. Notons encore une poignée de séries à saison unique comme « Booker » (spin-off de « 21 Jump Street ») ou « Unsub » avec David Soul et bien sûr, la désormais culte « Profit », avec 8 épisodes au compteur où le héros préfigure « Dexter ».

De fait, sa prolifique carrière de producteur et scénariste (84 œuvres) prend doucement fin en 1997. Cannell se reconvertit ensuite comme auteur de romans policiers dont certains deviennent des best-sellers aux Etats-Unis, rejoignant son héros Mark Savage, écrivain idolâtré par Lionel Whitney dans la loufoque « Timide et sans complexe » (1979). Entre 1997 et 2003, il produit encore quelques téléfilms d’anciens succès : « 200 dollars plus les frais » (1997) et « Rick Hunter » avant une tentative ratée de relancer cette dernière en série hebdomadaire en 2003 (5 épisodes dont seulement 3 diffusés aux USA). Peu avant sa mort le 30 septembre 2010, Cannell participe à la production de ses séries adaptées pour le grand écran avec « L'Agence Tous risques » et « 21 Jump Street ».

Au regard de sa production passée, on serait donc en droit de croire qu’« Un flic dans la mafia » n’est pas une œuvre de Cannell mais plutôt de Steven Bochco (« Hill Street Blues », « La loi de Los Angeles », « Cop Rock »). Action, humour, fusillades et cascades en bagnoles constituent la « marque Cannell ». Tournées comme des bandes dessinées, « L'Agence tous risques » et « Rick Hunter » restent à cet égard les plus emblématiques. Mais à côté d’œuvres légères jaillissaient d’autres plutôt étonnantes, aux personnages torturés et réalistes : « Stone », « Timide et sans complexe » et « J.J. Starbuck ». Dès lors, qu’est-ce qui a poussé Cannell à produire « Un flic dans la Mafia » ? « J’étais à la recherche de quelque chose que je n’avais encore jamais vu avant dans une série télévisée. J’avais besoin de sentir quelque chose de très fort et qui serait excitant pour moi en tant que scénariste. »

L’idée lui vient après avoir produit l’éphémère série « Stone » (1979, 9 épisodes) avec Dennis Weaver (« Un shérif à New York », « Duel » de Spielberg). La série raconte le succès d’écrivain (tiens, tiens…) du Sergent Stone et la jalousie de ses collègues des forces de l’ordre. Un personnage sans doute inspiré de Joseph Wambaugh, ex-flic et auteur à succès, notamment du scénario de « Les flics ne dorment pas la nuit » (1972) et de l’anthologie « Police Story » (1973/78). La création ne part jamais de rien et l’art imite la vie. Dans un épisode de « Stone », le héros doit faire revenir un flic infiltré dans la Mafia pendant 10 ans mais ce dernier ne parvient pas à retrouver sa vie de flic d’avant (sujet plus tard d’un épisode de « Deux flics à Miami », saison 1, épisode 2 : « Haut les cœurs »).

Cannell pense à un concept binaire : d’une part, une structure narrative en « arcs » faisant courir une histoire sur plusieurs épisodes et d’autre part, une plongée réaliste au cœur des milieux criminels et leur bling bling (voitures, fringues de luxe, fric, belles dames). Ces derniers ingrédients étant déjà présents dans « Deux flics à Miami » (1984/89). Bouleversant les codes filmiques et de photographie jusqu’alors établis, cette série, produite par Michael Mann, suivait le quotidien de deux flics (un blanc, un noir) infiltrés dans les milieux des trafiquants de drogue à Miami. « Un flic dans la Mafia » partage d’ailleurs de nombreux points communs avec celle-ci : esthétique cinéma, héros tourmentés, ambiance très noire, acteurs, réalisateurs, scénaristes ayant tous travaillé pour Mann.

Pour l’anecdote, en 1983, Cannell avait été approché par Brandon Tartikoff, patron des programmes chez NBC, pour adapter le scénario d’Anthony Yerkovich en pilote de série à Miami. Mais Cannell déclina avant de déclarer ensuite qu’il était admiratif du travail réalisé par Michael Mann. Sur sa série suivante (« Crime Story - Les Incorruptibles de Chicago » (1986/88)), Mann emploie le scénariste David J. Burke. Impressionné par son travail, Cannell l’engage ensuite pour travailler sur « Un flic dans la Mafia ». Burke deviendra le maître d’œuvre de la série, l’artisan décortiquant le mieux la personnalité de Vinnie Terranova.

Plus haut, nous évoquions un autre grand auteur/producteur télé, Steven Bochco. Bien avant Cannell, il avait développé avec brio la structure en arcs narratifs, caractéristique intrinsèque de ses séries « Hill Street Blues » (1979/87) et « La loi de Los Angeles » (1986/94). Mais il s’intéressait plus aux flics et aux avocats qu’aux criminels. La recette trouvée par Cannell va démarquer « Un flic dans la Mafia » des autres séries policières : une atmosphère très sombre et réaliste (bravo au directeur photo Frank Johnson), une constante ambiguïté entre le bien et le mal et un héros « borderline » plus développé ici que dans « Deux flics à Miami ». Mais celle-ci avait de gros défauts : proposer des épisodes bouclés en une heure (hormis quelques-uns en 2 parties), rester à la surface des émotions (sauf dans l’excellent « Evan », saison 1, épisode 21, avec déjà William Russ), stagner à cause du charisme égocentrique de sa vedette, Don Johnson, tirant toute la couverture à lui. A contrario, les scénarios d’ « Un flic dans la Mafia » ne pouvaient pas se conclure en un épisode. Cannell avait besoin de pouvoir étirer son récit sur 4 à 10 heures. Il propose le concept à plusieurs chaînes qui refusent jusqu’à ce que le nouveau patron des programmes de CBS, Kim LeMasters, accepte en lui disant que c’est une « idée cool ».

Démarre la préproduction et le long processus de casting. Cannell pense tout de suite à Ken Wahl pour incarner Vinnie Terranova. Vedette montante de cinéma avec les modestes succès des drames « Les Seigneurs » et « Le policeman » avec Paul Newman, Wahl ne souhaite pas faire de la télévision. A l’époque, cela aurait voulu dire que sa cote au cinéma allait baisser, la télé étant alors considérée comme un sous-produit pour des acteurs de seconde zone ou en perte de vitesse. Mais le comédien était conscient que son jeu d’acteur et sa « belle gueule » ne suffiraient pas à rameuter les foules sur une longue période. Après avoir lu le scénario du pilote, brillamment écrit Stephen J. Cannell et Frank Lupo, il se laisse finalement convaincre. Tout héros charismatique doit avoir sa némésis, son double négatif. Pour camper le mafieux Sonny Steelgrave, Cannell engage Ray Sharkey, un acteur avec qui il voulait travailler depuis 10 ans. Le comédien l’avait impressionné dans le film « Le temps du rock’n’roll » (1980), film maudit à Hollywood car dressant un portrait peu reluisant de ses coulisses. Sharkey se laisse également séduire par la qualité du scénario et ne le regrette pas. Wahl confia ensuite que Sharkey considérait la série comme le meilleur moment de sa carrière.

Le tournage du pilote démarre le 05 avril 1987 à Vancouver (Colombie britannique, Canada) où ont également été tournées d’autres séries comme « 21 Jump Street », « MacGyver », « The X-Files ». Sur le plateau (et ce durant toute la série), les acteurs s’entendent tous à merveille. Ken Wahl forme un formidable trio avec Jonathan Banks et Jim Byrnes, tels trois frères. Wahl n’hésite pas à laisser la place à ses partenaires pour leur permettre de briller, au contraire d’un Don Johnson qui, sur le tournage de « Deux flics à Miami », tirait la couverture à lui et se révélait souvent colérique. Disposant d’un budget confortable de 3 millions de dollars, le pilote de 90 minutes comporte des scènes d’action spectaculaires pour l’époque, filmées de nuit avec un hélicoptère. Tout l’univers de la série s’y trouve déjà : un héros charismatique, un méchant du même acabit, des ambiances nocturnes rappelant celles des films noirs, une ambiguïté entre la loi et le crime, une direction de la photographie léchée et un scénario implacable. Comme « Deux flics à Miami » 3 ans plus tôt, la série présente des qualités cinématographiques qui la différencient du tout-venant télévisuel de la même époque.

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FLIC OU RIPOU ?

« Deux flics à Miami » effleurait le métier de flic infiltré (abordé de front au début pour vite devenir un catalogue de mode ensuite). La série la plus emblématique des années 80 pour son côté ostentatoire « fric et mode » s’intéressait surtout à la question de savoir si la structure morale de la société allait rester intacte, craignant pour la sécurité des USA suite à l’afflux d’immigrés et de trafiquants de drogue venus d’Amérique du Sud. Le seul rempart était l’équipe du « Miami Vice Squad » avec un Sonny Crockett en proie au doute : à la fin de chaque épisode, le spectateur se demandait quand il allait basculer « de l’autre côté ».

Si Crockett se posait des questions du genre « est-ce que j’ai encore ma vraie identité ou bien suis-je déjà trop loin dans mon rôle ? », Cannell fait de Vinnie Terranova un « anti-héros » encore plus tourmenté : « J’ai pensé que du point de vue du flic infiltré, il se passait quelque chose » , précise le producteur. « L’idée qu’il serait très séduisant d’être en infiltration et posséder toutes ces choses de Madison Avenue (New York) que vous êtes censé avoir et être constamment forcé de porter l’autre casquette, celle de la police. Toute l’idée était de montrer que Vinnie serait séduit par ce qu’il essaye d’arrêter. Si vous regardez le pilote, lui et Sonny Steelgrave sont comme des frères. En mettant tout ça en place, je voulais que le lien émotionnel qui les liait soit très fort. L’idée était qu’ils étaient le même type mais qu’ils portaient des casquettes différentes. Tout le plaisir de la série pour moi en tant que scénariste était de regarder la boussole morale de Vinnie se balancer d’avant en arrière tout au long de l’arc narratif. » Cette hantise s’exprime de façon métaphorique au début d’un épisode où, de nuit, un Vinnie menaçant, cheveux gominés et costume chic, poursuit un autre Vinnie apeuré. Les deux jumeaux se battent sur un toit. A l’issue de la bagarre, le pourchassé perd et tombe dans le vide. Vinnie se réveille brutalement. Ce n’était qu’un cauchemar. Conclusion : le mal a gagné.

L’agent de l’OCB (Organized Crime bureau) se retrouve donc séduit par ce monde où le « consigliere » (le bras droit du Parrain de la Mafia) a toute son importance. Le flic infiltré évolue dans un monde criminel où Sonny le mafieux lui offre un magnifique appartement, des costumes de luxe, des filles chaque soir et une voiture de sport dernier cri. Autour de lui gravitent une savoureuse galerie de personnages secondaires aux mines patibulaires rappelant les seconds couteaux des « Soprano » (1999). Des italo-américains souvent vulgaires, typés, tous liés par le clan et l’allégeance à la « familia ». Dans ce cadre, les origines italiennes de Vinnie Terranova lui servent d’atout. Quand il doute de sa mission car Sonny a payé les frais d’hôpital de sa mère Carlotta, il peut compter sur le soutien de la « mamma » (la pétillante Elsa Raven), forte personnalité et repère moral essentiel. Quand « Un flic dans la Mafia » apparaît, Martin Scorsese n’a pas encore tourné « Les Affranchis » (1990), « Donnie Brasco » arrive 6 ans plus tard et « Les Soprano » 12 ans après. La série représente donc un précurseur à bien des égards.

Si Vinnie et Sonny sont comme les deux doigts de la main, on découvre une toute autre face du côté de l’autre monde, celui de la loi. A cet égard, insistons sur le formidable travail de doublage de Michel Vigné (Vinnie) et de Daniel Russo (Sonny) dont les prestations transcendent la version originale (et pourtant, je préfère les VO !). Soulignons ensuite l’intelligence du scénario dans sa manière d’avoir renversé les codes : Vinnie se sent irrésistiblement attiré par le pouvoir de Sonny mais se fâche régulièrement avec son superviseur, l’agent Frank McPike, flic borné, sapé comme dans les années 50. Au départ antipathique, il lui cherche des poux et va jusqu’à l’engueuler pour lui rappeler son job.

Heureusement, Vinnie a le soutien et l’écoute de l’ange gardien alias l’ « Oncle Mike » (de son vrai nom Dan Burroughs), incarné par Jim Byrnes. Au contraire des acteurs jouant dans une chaise roulante, comme Raymond Burr dans « L’homme de fer », le comédien a été amputé des deux jambes suite à un terrible accident de la route en 1972. Stephen J. Cannell voulait du réalisme et trouvait intéressant qu’un acteur, même estropié, réalise des tâches essentielles. Cannell le découvre alors qu’il se produit avec son groupe de blues ans un bar de petite ville, se souvient Jim Byrnes : « Il m’a sauvé. Il m’a prouvé qu’un handicapé avait toujours une raison de vivre. Aujourd’hui, dans la série, je suis capable de faire beaucoup de choses. Personne ne doit m’aider. Je suis fier de me débrouiller tout seul ». « Mike Terranova » renseigne Vinnie quand ce dernier a besoin d’infos sur le passé des criminels sous sa surveillance. Avec son look de hippie qu’on croirait sorti des années où sévissait la guerre du Vietnam (à laquelle le comédien a vraiment participé dans la vie), Byrnes apporte beaucoup d’humanité à son personnage. Il nous est immédiatement sympathique, un peu comme un oncle qu’on aurait aimé avoir, à la fois protecteur et de bon conseil.

Autre aspect étonnant, la religion en prend pour son grade, Peter Terranova, révérend d’une petite paroisse, n’apporte pas grand réconfort à son frère et se moque parfois avec ironie de son propre statut d’homme d’église. La religion n’apporte pas grand-chose ici-bas, seuls importent nos choix et les conséquences morales auxquelles nous devons faire face, le Tout puissant n’a rien à faire ici, nous dit en substance Peter, tragiquement tué durant la saison 2.

Avec Sonny Steelgrave, Vinnie Terranova a donc trouvé sa place. Au début du pilote, pour se construire une couverture solide, il passe 18 mois en prison. Une manière d’être adoubé par celui qu’il va trahir. Une trahison qui va le hanter tout au long de la série, comme l’explique un des scénaristes, Eric Blakeney : « Vinnie était de facto un bon gars qui arrivait dans ce milieu pour arrêter le méchant mais il était en train de trahir un ami. Sonny Steelgrave était totalement ouvert et honnête et s’est donné à fond dans leur relation et il était le méchant. Dans la relation qui les unissait, Sonny était pur et Vinnie était celui qui le trompe, et ça pour moi, c’était la série. Sonny était un imbécile dans ses émotions. A plusieurs reprises, il avait attrapé Vinnie en fâcheuse posture mais il avait toujours une bonne excuse pour l’en sortir. Ce qui s’est vraiment passé ici était ce type qui en aimait vraiment beaucoup un autre. Sonny avait perdu son frère, il a embrassé un frère de substitution et était aveugle à Brutus. Il est tombé amoureux de celui qui allait le trahir. »

Sans aller jusqu’à l’homosexualité, l’épisode final, se déroulant lors d’un banquet de mafieux pour se terminer dans une salle de cinéma, montre tout l’amour que Sonny avait pour Vinnie (épisode « Tu sortiras les pieds devant », saison 1.09 : voir guide des épisodes). Après une violente bagarre à coups de poing, tous deux sont épuisés et le visage tuméfié, se regardent au son de la chanson « Nights in white Satin » des Moody Blues. Tout est dit en quelques regards, pas de mots, Vinnie se sent très mal à l’aise. Quand Sonny meurt, il entre en thérapie pour tenter de soigner son traumatisme (un autre parallèle avec « Les Soprano »).

La série ne décolle pas vraiment lors de sa première diffusion sur CBS, le jeudi soir vers 22h00, mise face à une rude concurrence sur NBC avec la sitcom « Cheers ». Ce n’est que lors des rediffusions, quelques semaines plus tard, que le bouche-à-oreille commence et que la série gagne un public de fidèles. Ray Sharkey s’en amuse : « On m’a demandé de faire une tournée promotionnelle pour la série alors que c’étaient des rediffusions ! » Une particularité déjà vue, durant l’été 1985, pour « Deux flics à Miami », ne devant sa pérennité qu’à l’issue de rediffusions estivales. Les spectateurs apprécient particulièrement Sonny Steelgrave. Sharkey apporte une belle épaisseur qui rappelle parfois celle d’Al Pacino dans « Scarface » (1982) même si Ken Wahl dit que son partenaire imitait plutôt James Cagney, célèbre gangster de cinéma des années 30/40. En 1988, Ray Sharkey remporte le prix du « Viewers for Quality Television Award » pour ce rôle. Les critiques sont très élogieuses pour la série et un consensus général apparaît pour maintenir son personnage pendant toute la première saison.

Cannell pense un moment garder Sonny avant de se raviser : « J’ai pensé que ce serait la série "Crime Story". Aussi bonne qu’était cette série, le méchant continuait à s’échapper et après un moment, on se disait « Quand vont-ils attraper ce type ? Ils sont nuls » et la chose qui rendait « Un flic dans la mafia » différente et pas seulement en tant que série, c'est qu'elle allait être assez courageuse pour s'écarter de l’arc narratif Steelgrave et essayer quelque chose de nouveau. Je voulais réinventer la série après chaque arc. » Opinion partagée par le maître d’œuvre des scénarios, David J. Burke : « Etirer le récit aurait diminué le personnage de Vinnie. S’il était resté avec Steelgrave, Vinnie aurait dû quitter l’OCB et devenir un membre de la Mafia, ce qui aurait certainement changé la série. » Même son de cloche chez CBS qui estimait que la série devait évoluer, quitte à perdre un méchant aussi mémorable. Adieu Sonny et bonjour les Profitt.

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UNE SERIE A PLUSIEURS VIES

Toute la saveur d’ « Un flic dans la Mafia » provient aussi de ses épisodes de transition, apportant un éclairage souvent très intéressant sur les personnages et leur ressenti après chaque mission. Des personnages complexes, attachants, contradictoires, comme dans la vie. Après l’affaire Steelgrave, Vinnie tombe dans une forme de dépression (barbu, les cheveux longs) et se rend en thérapie de groupe, tout en essayant de sauver un ami des griffes d’un tueur (« Les derniers sacrements », saison 1.10). Cet épisode, comme ceux qui suivront, apportent une respiration, un moment où on en apprend plus sur la psychologie et les motivations des personnages. Dégoûté par lui-même, Vinnie se rend cependant à l’évidence : c’est un sale boulot mais il faut bien que quelqu’un le fasse. Quand McPike lui apprend qu’un couple de multimillionnaires font du trafic d’armes et manipulent des gens puissants, il n’en faut pas plus pour qu’il se lance dans cette nouvelle mission à haut risque.

L’idée de l’arc Profitt est venue à Stephen J. Cannell en lisant « The Underground Empire : Where Crime and Governments Embrace », un livre de James Mills basé sur des faits réels où il est question de génies criminels dotés d’organisations capables de déplacer 100 millions de dollars par jour. Un chapitre du livre relate la vie d’un trafiquant d’armes qui blanchit de l’argent. Voilà l’idée de départ pour créer le méchant appelé à remplacer Sonny : Mel Profitt. Les producteurs ont la très bonne idée de confier le rôle à un jeune acteur de théâtre inconnu, venu de New York, mais qui allait faire une formidable carrière cinéma ensuite : Kevin Spacey (« Usual Suspects », « Seven », « House of Cards », …).

« Gardant à l’esprit l’attirance de Vinnie pour le monde criminel, j’ai été intrigué par le fait de créer un personnage qui était complètement différent de Sonny » explique Cannell. L’idée lui vient de créer non pas un mais deux monstres : un frère et une sœur, Mel et Susan Profitt, couple de criminels de haut vol, psychotiques et incestueux pour pimenter le tout. Du jamais vu à l’époque et perçu comme scandaleux. Seuls, ils ne vont pas bien loin mais ensemble, ils sont autrement plus dangereux. « Quand Vinnie arrive dans ce milieu », souligne Cannell, « l’attirance pour lui se trouve dans la séduction physique de Susan Profitt. Elle l’attire sexuellement. Bien sûr, plus il est attiré dans sa toile, plus il y a du danger pour lui venant de Mel Profitt, qui l’aime aussi. C’était très étrange, un triangle tordu. J’ai décidé que Mel Profitt serait ce personnage bipolaire, un maniaque qui, quand il était dans ce mode, serait ce type qui fait la fête et avec qui tout le monde voulait être. Mais quand il était en mode dépressif, il n’y avait que Susan pour l’empêcher de se suicider. »

Evidemment, la comparaison est inévitable avec le jeu habité de Ray Sharkey dans l’arc Steelgrave. Le personnage de Mel Profitt devait s’en démarquer, explique le scénariste David J. Burke : « C’était un super personnage à écrire parce que vous pouviez fouiller dans sa folie autant que vous le vouliez. Il était aussi très auto-destructeur. On a pris beaucoup de plaisir à écrire Mel et Kevin Spacey n’avait pas peur de la matière là où d’autres acteurs se seraient montrés craintifs. Il recevait aussi beaucoup de remarques du genre ‘Comment vas-tu surpasser Sonny Steelgrave ? Comment vas-tu surpasser la performance de Ray Sharkey ?’ Son attitude était ‘Je ne vais pas m’en faire avec ça.’ C’est un immense acteur qui nous a donné une superbe performance et nous lui avons donné des choses très dures à faire. » Au passage, on notera que Stephen J. Cannell reprendra le nom « Profit » (avec un -t en moins) en 1996 dans la série, désormais culte, suivant les méfaits d’un psychopathe, arrêtée au bout de seulement 8 épisodes.

Bonne nouvelle pour Vinnie Terranova : Mel Profitt est détestable et il n’éprouve aucune sympathie pour ce psychopathe bipolaire, au contraire de Sonny Steelgrave. Avec Susan, sa relation rend la situation compliquée. Elle se complexifie encore plus quand Vinnie découvre que leur garde du corps, Roger Lococco (William Russ, puissant), est comme lui un agent infiltré mais d’une autre agence du Gouvernement, la CIA. Manipulant les Profitt, il a pour mission de faire renverser le gouvernement d’un pays (imaginaire), l’île Pavot. Roger apprend que l’opération cache en fait une couverture pour un complot illégal, générant des millions de dollars destinés à des entreprises commerciales. Une fois révélé, ce scandale va conduire à une retentissante commission d’enquête du Congrès américain.

Selon Cannell, l’équipe de scénaristes, y compris Ken Wahl, étaient loin d’aimer cette nouvelle orientation : « Quasiment tout le monde a résisté à l’idée, allant jusqu’à admettre qu’ils la détestaient. Cela incluait Ken Wahl. Ken n’arrêtait pas de dire ‘Pourquoi je devrais sortir avec ces gens ?’ Il n’arrivait pas à sortir de l’histoire avec Sonny Steelgrave pour aller vers cette relation différente avec Mel Profitt. Mel était comme un serpent dans un panier. Si vous posiez vos bras autour de lui, il vous mordait. C’est ainsi que notre travail a été de trouver un lien entre lui et eux. »

Dans l’arc Profitt, le personnage le plus intéressant n’est cependant pas Mel Profitt mais bien Roger Lococco. Cannell insiste : « Il était très important pour moi que nous glissions Roger derrière les Profitt et le faire resurgir comme l’antagoniste ultime de Vinnie qui arrive sur le devant de la scène à la fin de l’arc narratif. C’était important dès le début car Roger est ce que Vinnie serait devenu s’il avait choisi le mal. Roger était le type parfait pour que Vinnie se dise ‘La grâce de Dieu me va. Si je laisse la façon dont je perçois mon devoir m'aveugler sur ce qui est bien, c'est ce que je pourrais finir par devenir.’ On a continué à construire cette relation entre Vinnie et Roger où chacun sentait quelque chose qui ne se trouvait pas au programme. Vinnie perçoit en Roger un certain engagement philosophique et à faire son devoir, ce qui n’a rien à faire avec l’argent. Ce qui compte, c’est ce en quoi il croit être vertueux, qui est quelque chose qui n’est pas exactement au programme non plus. Et Roger perçoit en Vinnie un agent infiltré en train de bosser, mais qu’il n’arrive pas à cerner totalement, ce qui était vraiment fascinant pour moi. Il était très important que ces types apprennent à se connaître et à se respecter. »

Lococco incarne les scories des désillusions des années Vietnam, un homme qui a cru aux valeurs de liberté et aux idéaux de la grande Amérique. Mouillé dans des opérations illicites pour le compte de la CIA et manipulé par l’ignoble Herb Ketcher (David Spielberg, répugnant à souhait), il comprend que la grande Amérique n’est qu’une chimère et qu’au final, le Gouvernement américain veut lui faire porter le chapeau. Mais Roger n’a pas dit son dernier mot : vif, rusé, intelligent, il comprend très rapidement que ce n’était pas Mel Profitt qui était visé quand Vinnie se fait tirer dessus par un ancien sbire de Steelgrave. Quand Ketcher lui donne l’ordre de le supprimer, on sent tous les tiraillements intérieurs de Lococco. Ils atteignent leur paroxysme dans une scène d’ascenseur où on se demande si l’agent de la CIA va liquider son collègue de l’OCB. On relèvera aussi un certain côté « James Bond » de cette mission avec la voiture équipée de mitrailleuses vue en début d’arc et un Mel Profitt rappelant les super-vilains mégalomanes de l’univers de 007. Dans les suppléments des dvd sortis en 2003 aux USA, Cannell se souvient qu’il était inquiet de faire du sous-James Bond avec la voiture de LoCocco mais qu’au final, la chaîne CBS s’en moquait éperdument ! Bref, la série n’a pas peur de prendre des risques et de développer une intrigue politique et d’espionnage, à la fois dense et réaliste. Toute la force d’« Un flic dans la Mafia », c’est justement d’éviter de se répéter.

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EN AVANCE SUR SON TEMPS

La série ne décollant pas dans les audiences, les producteurs et scénaristes pensaient qu’elle ne dépasserait pas le cap de la 1ère saison et serait annulée. A partir des rediffusions, l’engouement se crée donc et les voilà amenés à rectifier le tir. La première salve s’achevait sur un Vinnie annonçant à Frank McPike qu’il va démissionner de l’OCB, écoeuré par l’idée d’avoir participé à ce nouveau mensonge.

L’arc « Profitt » terminé, les scénaristes doivent se renouveler, une volonté chère à Stephen J. Cannell : « L'idée était que nous allions essayer de faire quelque chose de différent à chaque arc et pas seulement parcourir les mêmes couloirs. Il aurait été facile de retourner vers une autre histoire de gangsters ou de blanchiment d’argent mais on voulait faire quelque chose de différent, alors on a trouvé cette idée de la suprématie blanche, de skinheads et autres. » Nous voilà donc plongés au cœur des racines de Vinnie Terranova, dans son quartier natal de Brooklyn. Un souhait de l’acteur Ken Wahl, souligne le scénariste David J. Burke : « Après une saison avec des personnages comme Steelgrave et Profitt, où il devait s’asseoir et simplement regarder et interagir avec eux, Kenny a senti comme acteur – comme pour le public – qu’il était très important qu’on en apprenne plus sur Vinnie. Je pense qu’il avait raison et nous voulions faire quelque chose de très simple qui ne correspondait pas à ce que nous avions fait. »

Ce qui conduit le show vers l’arc « suprématie blanche ». Espérant retrouver une base de repli, Vinnie constate avec amertume que le quartier a changé et les faillites sont légion. Second choc particulièrement traumatisant : la mort de son frère, le Révérend Peter Terranova, fauché par un chauffard en délit de fuite. Vinnie fait connaissance avec Richie Stramm, un jeune homme naïf charmé par un groupe d’extrême-droite : « Les Pélerins de la Promesse ». Quand Vinnie rencontre son chef, le charismatique Knox Pooley et son sinistre bras droit, Calvin Hollis, le flic se rend compte que cette secte pourrait être liée à la mort suspecte de son frère.

Campé avec panache par Fred Dalton Thompson (le Procureur Général Arthur Branch dans la franchise « Law & Order / New York Police judiciaire » de Dick Wolf), cet arc dépeint le parcours odieux de Knox Pooley, sombre escroc qui vend la haine comme il vendait des voitures pourries auparavant. Pooley ne se soucie guère d’idéal, manipulant les esprits naïfs pour faire effectuer ses basses besognes. Pour son second, Calvin Hollis, c’est la quête de la « race pure », si chère à Adolf Hitler. Hollis met sur pied une milice armée et va jusqu’à tuer pour préserver ce qu’il estime devoir servir son idéal nazi. Dix ans avant de devenir le célèbre Capitaine Jim Brass des « Experts », le comédien Paul Guilfoyle explique comment il a travaillé pour créer son personnage : « Je me suis procuré tout un tas de livres sur l'Allemagne nazie et je les ai lus. J'ai fini par penser que Calvin était plus un puriste qu’un simple suprématiste blanc dans le nouvel ordre ; des types qui sont plutôt des péquenots (rednecks). Il était plus enfermé dans toute la sensibilité nazie, jusque dans sa façon de s'habiller. Je portais des vêtements trop petits pour moi, parce que tout ce que j'ai fait a été conçu pour me faire sentir plus serré, plus restreint et réprimé. » Incarné avec intensité, le personnage irrite et se révèle minable, commençant à bégayer quand il perd ses moyens.

Cette nouvelle orientation prise par la série a visiblement moins plu au public, constate David J. Burke : « On nous a reproché de faire quelque chose de si simple et quelque chose qui était sans menaces ‘bigger than life’ ; traiter avec des personnages plutôt pathétiques par rapport à ceux avec qui nous avions eu affaire, bien que je pense qu'ils avaient leur propre pathos. » Ce début de seconde saison serait encore plus noir. Pour nous spectateurs, ces 4 épisodes sont une expérience traumatisante où la haine transpire de quasiment chaque séquence. Une plongée au cœur de l’Amérique raciste, menée par les groupuscules de suprématistes blancs, toujours d’actualité sous l’ère Trump et à l’arrière-goût des années 50, quand le pays était sous l’emprise paranoïaque de Joseph McCarthy et sa chasse aux communistes. Quand Vinnie découvre la vérité sur le meurtre de son frère, on le voit littéralement vomir sur un terrain vague, comme nous devant tant de bêtise et de haine.

L’aspect le plus intéressant de ce nouvel arc narratif, c’est que le « vrai salaud » s’en tire au final, souligne John Schulian, co-scénariste : « Il y a ce moment final où Knox Pooley découvre qu’il n’y a plus de marché pour la haine dans le quartier de Vinnie. Alors, il déménage en Floride où il vend des appartements aux gens contre lesquels il prêchait (NDLR : de vieux Juifs). Pendant cet arc, un des méchants meurt mais nous voulions que Knox s’en sorte parce que je pense que bien souvent, cela se passe comme ça dans la vie. C’était un manipulateur et il était bien plus maléfique sur le long terme que le type dont il s’est servi comme d’un instrument. » David J. Burke confirme : « Je pense que le fait que Knox Pooley s’échappe est probablement ce qu’on a fait de plus important. Le fait qu’il arrivait à motiver une petite armée pour détruire puis s’en aller indemne est quelque chose que nous voyons tous les jours dans nos propres vies. » La figure de l’escroc hante les séries de Cannell depuis le début de sa carrière : Jim Rockford doit souvent composer avec de petits arnaqueurs dans « 200 dollars plus les frais » tout en utilisant des techniques similaires pour obtenir des informations lors de ses enquêtes, Eddie Turner est un escroc dans « Timide et sans complexe », Sporty James est un indic et un petit arnaqueur dans « Rick Hunter, Inspecteur choc », etc. Au final, Vinnie sort meurtri de cette aventure éreintante où il sera passé d’un extrême à l’autre, du monde riche et stylé des Profitt à la fange des idéaux racistes.

Heureusement, la série fait preuve d’humour et de légèreté en mettant Vinnie Terranova face à un dilemme dans un épisode de transition (« La passion de Don Aiuppo », saison 2.05). L’OCB lui apprend que sa mère Carlotta s’est mise en couple avec le parrain « Don » Aiuppo, amour de jeunesse. Etre agent fédéral tout en ayant pour beau-père un criminel étroitement surveillé, voilà qui met de l’huile sur le feu dans l’existence déjà bien compliquée de Vinnie. Ce dernier prend néanmoins la nouvelle avec philosophie, s’en amuse et s’adapte au gré des circonstances, preuve de son intelligence. Parenthèses, on retrouvera « Mamma Terranova » et son Don quelques épisodes plus tard dans une ambiance nettement plus tragique. La force de la série est également de savoir doser le tragique et le comique, sans tomber dans le pastiche ou le ridicule. Ce que n’avait pas réussi « Deux flics à Miami ».

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RECHERCHE INTERIEURE

Nouveau virage opéré par les scénaristes en retournant vers un monde « bling bling », celui de l’univers de la mode, marchant sur les pas de « Deux flics à Miami » où Crockett et Tubbs étaient des gravures de mode, sapés comme des princes pour mieux leurrer les caïds du crime. Vinnie Terranova se retrouve à New York, infiltrant la riche famille Sternberg dirigée d’une main de fer par le patriarche Eli (Jerry Lewis aux antipodes de ses comédies loufoques). A ses côtés, son fils David (l’excellent Ron Silver, méchant du thriller « Blue Steel »). Père et fils ne s’entendent pas, on pense aux conflits de « Dynastie ». Le but de cette nouvelle mission vise à récolter suffisamment de preuves pour faire plonger le gangster Rick Pinzolo (Stanley Tucci, sublime en méchant avant ses nombreux seconds rôles au cinéma). Le mafieux désire ruiner les Sternberg et devenir le nouveau roi de la mode.

Las, un accident de plateau blesse assez sérieusement Ken Wahl et les scénaristes sont obligés de revoir leur copie. Accident que la vedette de la série relate comme suit : « Une roue de la caméra a attrapé mon talon droit et elle a juste arraché le tendon d'Achille. Pop ! Cela ressemblait à un bouchon de champagne. Mais la réalisatrice Jan Eliasberg voulait recommencer, alors j'ai dit : "D'accord, c'est toi le patron". Depuis ce jour, je n'ai plus jamais été le même. » Faits confirmés par John Schulian, co-scénariste : « Nous l’avons vu littéralement s’effondrer. Le chariot de la caméra recula non pas une, mais deux fois. Il s'est blessé à la cheville et n'a pas pu marcher. Il a essayé mais a continué de tomber, il était donc devenu douloureusement évident que nous n'allions pas avoir Ken Wahl pour les quatre derniers épisodes de l'arc de l'industrie du vêtement. On s’est retrouvés dos au mur et n’avions que deux options : annuler la série ou engager un autre acteur pour le remplacer. »

Avant « Un flic dans la Mafia », David J. Burke avait travaillé comme scénariste et coproducteur pour Michael Mann sur la série policière « Crime Story / Les Incorruptibles de Chicago » (1986/88) avec Dennis Farina et Anthony Denison. Ce dernier y jouait le méchant, Ray Lucca, avec flamboyance. Burke explique les circonstances de sa venue sur la série : « Je l’ai appelé alors qu’il travaillait sur le tournage d’un film et lui ai dit une de ces choses dont vous vous demandez comment votre ami va y réagir. J’ai dit ‘Tony, j’ai besoin que tu fonces dans un avion, vienne à Vancouver et fasse 4 épisodes d’’Un flic dans la Mafia’. Tu vas jouer un type nommé John Henry Raglin qui doit reprendre la mission de Vinnie Terranova. Je ne peux pas t’en dire plus car ce n’est pas encore écrit. Pour l’amour de Dieu, Tony, si tu ne le fais pas ; je vais devoir annuler ma série. »

Denison, devenu depuis co-vedette des séries « L.A. enquêtes prioritaires » et « Major Crimes », se rappelle : « J’ai littéralement atterri le mardi soir et j’étais déjà sur le plateau de tournage le mercredi matin. La première scène dans laquelle vous me voyez dans la série est la première que j’ai tournée. Dans cette scène, on sent que mon personnage est confus et distant mais c’était réel car j’étais incertain. Donc, c’était bien, dans un sens, et super que je puisse utiliser mon incertitude, mon truc hâtif du genre ‘Eh, qu’est-ce qu’il se passe ?’pour le personnage. Ensuite, il était juste question d’apprendre à connaître chacun. » Le co-scénariste John Schulian ajoute : « Avec John Henry Raglin, on a eu la chance de créer quelqu’un qui était entièrement différent de Vinnie. On a donc eu ce genre de personnage froid, glacial, qui parle peu et qui, lorsqu’il rencontre enfin la famille Sternberg et découvre toute leur névrose, dit ‘Ces gens sont vraiment malades.’ Il haïssait ces personnes. Ce qui est amusant, c’est que comme Denison est un très bon acteur, nous avons progressivement pu faire décoller son personnage. »

Pour déconcertante que soit cette nouvelle orientation, imprévue et dictée par l’accident de la vedette de la série, on peut mégoter, certains aimant, d’autres pas, sur le fait que cet arc ne convainc pas entièrement. Denison se révèle assez fade si on le compare à sa prestation dans « Crime Story ». Si sa relation avec la jeune femme asiatique qui agite les syndicats est belle et assez touchante, elle donne l’impression de « bois de rallonge », sans réellement faire avancer l’intrigue. Une tentative d’humaniser le personnage sans doute. On a du mal aussi à s’intéresser au conflit Sternberg / Pinzolo car tous sont antipathiques ou presque, hormis David. Là, Ron Silver joue bien le fils héritier en colère et on ressent beaucoup de tristesse après avoir assisté à son décès prématuré. Le côté « auto-justice » de la fin ne cadre pas vraiment non plus avec l’ambiance de la série mais Pinzolo se révèle tellement horrible qu’il le mérite. Pour David Burke, ce segment « était notre meilleur travail. Peut-être que je le ressens comme ça car Ken a été blessé durant le premier épisode et nous avons dû batailler pour faire marcher tout ça et rester à l’antenne. Et on a réussi à faire marcher tout ça. » Il a raison car la transition entre Vinnie et Raglin ne se ressent pas trop mais au final, un sentiment mitigé ressort et les avis restent partagés.

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AU CŒUR DE LA PSYCHE DES PERSONNAGES

Les épisodes suivants, les « stand alone » (situés en dehors des arcs narratifs), sont nettement plus intéressants : dans « Un million de dollars tombés du ciel », c’est l’occasion de creuser les relations d’amitié entre McPike et Vinnie. Pour sauver la femme de Frank, Vinnie lui propose une forte somme reçue de Lococco pendant l’arc « Profitt ». La série innove en montrant au final une femme ingrate, sauvée par l’argent et quittant son mari. Dans les suppléments des dvd sortis aux USA en 2003, Ken Wahl explique : « On a l’habitude de compatir pour des gens qui souffrent d’un cancer ou attendent une greffe de foie. Mais ici, elle n’est rien de tout ça et c’est pour cela que la série était si particulière. »

« Virus informatique », l’épisode, suivant reste mon préféré de toute la série. D’une part, parce que c’est le premier vu et il m’a littéralement scotché. Sans connaître l’arc « Steelgrave », je trouvais fascinant qu’un héros de série télé fasse la paix avec le passé en se battant avec ses démons intérieurs. Les décors de cauchemar, plongés dans la neige carbonique, avec Ray Sharkey mis dans des situations loufoques, me faisaient penser aux scènes oniriques de la série culte « Le Prisonnier ». Je me suis dit : « Cette série a vraiment quelque chose de différent, je trouve son héros très attachant. » Plus de 30 ans après l’avoir vu, je prends toujours autant de plaisir à le redécouvrir. L’idée de faire revenir Sonny Steelgrave dans la série vient du scénariste David J. Burke : « Kenny et moi, on était assis en train de discuter des prochains scénarios quand a surgi cette idée. Je lui ai dit ‘Tu sais, je reçois tout le temps des lettres bizarres qui demandent de faire revenir Ray Sharkey. Pourquoi on ne ferait pas revenir ce personnage pour dire que le public a le même problème que Vinnie, parce que tous les deux aiment Ray et Sonny Steelgrave. Faisons revenir ce type, montrons qu’il représente ce qui ronge les tripes de Vinnie et appelons un chat un chat. Voyons qui est vraiment ce type. » Entre rêves et cauchemars, clarté et obscurité, cet épisode reste un « must ».

Malheureusement, à partir de l’arc suivant situé dans le milieu de la musique et de ses managers mégalomanes, « Un flic dans la Mafia » amorce un lent déclin, pas forcément mauvais mais nettement moins à la hauteur qu’auparavant. Vinnie Terranova se retrouve donc patron d’une boîte de production de disques nommée « Dead Dog », plongée au cœur des requins du showbiz cette fois. Là, on sent arriver le simili-plagiat de « Deux flics à Miami ». D’abord, Glenn Frey qui avait joué dans la série de Don Johnson quatre ans plus tôt et dont le personnage se révèle inintéressant. Ensuite, la série invite une rock star (comme dans « Deux flics à Miami »), Debbie Harry alias la chanteuse du groupe « Blondie », en égérie de Vinnie le temps de quelques épisodes. Las, la série n’a pas les moyens financiers de ses confrères de Miami et on sent le côté « cheap », cantonnant les acteurs dans les mêmes décors pendant 8 trop longs épisodes.

On a dû mal à trouver intéressante cette enquête visant à récolter des preuves pour l’OCB. N’y a-t-il pas de plus grands criminels à pourchasser ? Curieuse motivation. La galerie de personnages gravitant autour de Vinnie n’a pas vraiment d’intérêt. Excellents acteurs, Paul Winfield (Isaac Twine) et Tim Curry (Winston Newquay) essaient de donner de la consistance à leurs personnages en grimaçant mais c’est plutôt nous spectateurs qui faisons la moue. Ken Wahl révélera déclarera ensuite que tout cet arc était trop long. Enfin, un certain trouble naît chez nous, spectateurs français. En effet, Daniel Russo double Tim Curry / Newquay (après Sonny Steelgrave) et cela nous donne l’impression que son fantôme nous hante aussi !

Heureusement, « Un flic dans la Mafia » n’a pas tiré ses dernières cartouches et revient à un très bon niveau avec l’arc « Mafia ». Quatre formidables épisodes où Vinnie enquête pour retrouver ceux qui ont tenté de supprimer son beau-père, le « Parrain » Don Aiuppo. L’alchimie entre Ken Wahl et Robert Davi fonctionne très bien. Cerise sur le gâteau : Vinnie demande à prendre la place du « Parrain » à la table des mafieux ! Un moment intense et totalement inattendu. Là, c’est vraiment du grand art et surtout, cet arc montre les mafieux sous un jour plus humain, parents de petits enfants, cultivés, amateurs d’opéra, loin des éternels clichés de gens gras, vulgaires et incultes. Albert Cerrico (Davi), malgré sa mine patibulaire, représente un mafieux attachant qu’on n’a pas envie de voir finir derrière les barreaux.

On aurait préféré que les scénaristes et directeurs de casting choisissent une autre actrice que Patti D’Arbanville pour camper la nouvelle petite amie de Vinnie (encore un parallèle avec « Deux flics à Miami » : dans la vie privée, la comédienne était la compagne de Don Johnson pour qui elle joua dans un épisode : « Bon retour », saison 2,10). Si Ken Wahl confie qu’il a eu beaucoup de plaisir à tourner avec elle qui ne se comportait pas comme une diva, leur relation ne fonctionne pas. Pour amusant que soit leur passage devant une thérapeute de couple, on se dit que cela n’est pas très réaliste dans la mesure où des gens comme Vinnie, de Brooklyn, des gens qui ne sont pas flics en tous cas, ne consultent pas. Mais l’idée (pour ridicule qu’elle soit) de mettre Vinnie à la campagne, sans relations sexuelles, a de quoi amuser.

Très bel épisode ensuite avec « Quel souvenir auront-ils de moi ? » (hélas indisponible sur « You Tube », sans doute pour des questions de droits), écrit par Ken Wahl (et son préféré) et tourné en noir et blanc. A nouveau, on en apprend plus sur le passé du père de Vinnie, John (également campé par l’acteur, grimé et portant un dentier) et le monde des mafieux des années 60. Cet épisode est celui dont la star de la série reste le plus fier, il le confie dans l’excellent commentaire figurant sur les dvd sortis aux USA en 2003. Nouvelles respirations avec les déboires de l’Oncle Mike et sa fille dans « L’oncle Mike prend un coup de vieux » et « Denise » où Vinnie retrouve ses copains de lycée et font les 400 coups. Quand on sait que les acteurs jouant les copains de Vinnie sont aussi les amis de Ken Wahl dans la vie, on trouve ça chouette pour un épisode sympa mais pas forcément mémorable.

La série propose de revenir au complot politique ensuite avec l’arc « Washington ». Cette fois, Vinnie est la cible du Général Leland Masters qui veut se venger de lui pour avoir fait capoter le coup d’état de l’île Pavot dans l’arc Profitt. On ne comprend pas bien pourquoi Vinnie s’enthousiasme d’aller à Washington, berceau des valeurs de l’Amérique. Après ce qu’il a vécu avec Lococco et les Profitt, il aurait dû se méfier. Là, le personnage n’est pas totalement écrit de façon cohérente au regard de son vécu. Qu’importe, l’intrigue politique aux ramifications allant jusqu’au complexe militaro-industriel passionne. On craint pour l’avenir de Vinnie, de le voir se faire condamner pour trahison et croupir derrière les barreaux. Le méchant finit par se saborder lui-même (Norman Lloyd, excellent).

Puis, et enfin, on découvre Frank McPike aux prises avec son père, un vieux grincheux viré de sa maison de retraite. En écho à nos propres vies où nous avons tous, un jour ou l’autre, à faire face à la vieillesse de nos aînés, cet épisode recèle une grande humanité et nous offre à découvrir une nouvelle facette de Frank, décidément aussi attachant que Vinnie et l’Oncle Mike. Un fameux parcours quand on pense à son côté vraiment antipathique au début de la série. Jonathan Banks montre toute sa palette d’émotions et on se dit qu’il s’agit d’un excellent acteur, hélas trop souvent cantonné aux rôles de salauds même s’il confie adorer les incarner.

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AUX FRONTIERES DU GLAUQUE

La suite hélas déçoit, on ne comprend pas bien pourquoi le personnage de Sid Royce (arc « Steelgrave ») revient dans le dispensable « Avez-vous vendu des chaussures ? » tout comme Vinnie qui retrouve ses copains dans « Gambades », épisode plaisant mais n’apportant rien de plus après « Denise ».

C’est à partir d’ici que la série accuse un sérieux coup dans l’aile avec un arc « bizarre » et tirant nettement vers le glauque où Vinnie doit aller enquêter sur un potentat local dans la ville de Lynchboro (hommage ou plagiat à David Lynch et son « Twin Peaks » ? Cet arc a été diffusé à la même époque. Il faudrait poser la question à Robert Engels qui a participé à l’écriture de cet arc et à « Twin Peaks »). On retiendra le thème du tueur en série (autre point commun avec « Deux flics à Miami »), exploité quelques années avant le film « Seven » et la série « Millennium », tous deux tournés en 1996. En fait, ce thème n’était pas particulièrement novateur puisqu’il est devenu « à la mode » dès les années 70 après l’affaire Charles Manson – Sharon Tate. Les séries policières d’Aaron Spelling et « Kojak » notamment avaient régulièrement recours à cette ficelle scénaristique. Ken Wahl trouve ce segment « ridicule » et on ne peut que lui donner raison. Son personnage a un choc en voyant un flic s’électrocuter, il se souvient de Sonny Steelgrave et décide de tout plaquer.

La suite se perd en ambiances bizarre et peu intéressantes centrées sur les personnages de la ville et son tyran local (le très fade Steve Ryan, un ancien de « Crime Story »). Pour chercher quoi ? Après le départ de Vinnie, la production fait revenir Roger Lococco en duo avec Frank McPike mais la magie de la première saison a disparu. Reste une enquête intéressante menée en parallèle, centrée sur Vinnie qui s’en prend à un petit trafiquant de déchets. Ce dernier empoisonne une école d’enfants située à proximité de la décharge et le sang de notre flic ne fait qu’un tour (on pense aux films « Erin Brokovich » et plus récemment, « Dark Waters » avec Mark Ruffalo). Nouveau trauma pour Vinnie quand Frank se fait grièvement blesser. Terranova mène une dernière croisade pour retrouver le tueur et cela s’achève dans une église, comme si le personnage y avait trouvé une forme de rédemption.

Beaucoup de fausses informations ont circulé sur le départ de Ken Wahl de la série : qu’il s’était brouillé avec Cannell, qu’il avait été remplacé sans en être avisé par Steven Bauer. Ce dernier assure sa succession dans une quatrième saison changeant de cadre et se déroulant à Miami. McPike revient, barbu, mais la sauce ne prend pas. Bauer n’a pas le charisme de Ken Wahl et on se fiche assez de ce qui lui arrive. « Un flic dans la Mafia » sans Ken Wahl, c’est comme des frites sans sel (je suis belge et vous me pardonnerez ce cliché mais c’est la première image qui m’est venue). Cannell a engagé Peter Lance, un scénariste de « Deux flics à Miami » qui n’était pas l’auteur des meilleurs épisodes. Il reste quelques scénarios intéressants dénonçant l’exploitation des immigrés clandestins et un méchant bien campé par l’excellent Maximilian Schell. La relance est arrêtée au bout de 8 épisodes dont 5 seulement ont été diffusés outre-Atlantique. Adios. Sans regrets.

La vraie raison du départ de Ken Wahl, il l’a donnée dans une interview audible sur « You Tube » : après 67 épisodes, les scénaristes étaient en burnout, en particulier David J. Burke qui est resté son ami et la vedette ne voulait pas commencer avec une toute nouvelle équipe. En 1992, deux ans après son départ, il explique aussi sa frustration quant à l’évolution de son personnage : « Pendant près de quatre ans, j’ai dû broyer du noir dans la peau de Vinnie. J’ai bien essayé de lui insuffler un peu de légèreté, d’humour. J’ai écrit moi-même un épisode, j’en ai réalisé un autre, mais je n’ai jamais eu le contrôle du personnage. A mon avis, il était trop sombre. Et ce n’est pas du tout moi. La seule chose que nous ayons en commun, c’est d’être sportifs ! » Hélas pour la star, le destin s’acharne sur lui. Après que sa femme ait demandé le divorce en 1991, il est victime d’un terrible accident de moto en 1992 qui lui brise une partie des cervicales. Il échappe de peu à la paraplégie mais sa carrière d’acteur est quasiment terminée. Sollicité pour reprendre le personnage six ans après l’arrêt de la série, il accepte mais l’expérience s’avère très douloureuse comme l’explique Ken Wahl : « Dans le téléfilm « Wiseguy », les producteurs me droguaient comme un cheval de course avec de la cortisone et de la merde. Je n'ai travaillé que 16 jours et j'ai à peine réussi. C'est alors que j'ai su que je ne pouvais plus le faire. J'ai dû raccrocher. »

Au final, même si elle a pris un petit coup de vieux quand on la revoit (technologies et coiffures surtout), il reste une série extrêmement bien écrite quant aux personnages, d’une profondeur inhabituelle pour l’époque, brillante par moments et intelligente la plupart du temps. Bien sûr, comme « Deux flics à Miami », elle comporte des épisodes inconsistants et inaboutis. Inégale, elle a bien fait de s’arrêter à la fin des années 80, produit d’une époque. Ayant rencontré moins de succès que son aînée, elle lui reste cependant nettement supérieure de par ses personnages particulièrement attachants et mémorables.

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UNE VERSION FRANÇAISE QUI TRANSCENDE L’ORIGINALE

Soulignons la qualité de l’adaptation française de la série avec le travail exceptionnel de plusieurs grands noms du doublage / postsynchronisation : Michel Vigné (Vinnie Terranova), Jean-Claude Balard (McPike), Christian Pellissier (Jim Byrnes alias l’Oncle Mike), Daniel Russo (Sonny Steelgrave / Winston Newquay), Roger Carel (Jerry Lewis), José Luccioni (Ron Silver), Serge Lhorca (George O. Petrie alias Don Aiuppo), etc. Comme « Amicalement vôtre », « Starsky & Hutch » et « Magnum », il semble difficile, pour ne pas dire impossible, de voir la série en version originale tant le très talentueux Michel Vigné crée une formidable symbiose avec l’acteur américain Ken Wahl (en version originale, sa manière de parler et ses intonations font penser à Sylvester Stallone dans le premier « Rocky », un petit côté italo-américain macho). On reconnaît des voix connues parmi les autres personnages, notamment Serge Lhorca (Gopher dans « La croisière s’amuse », le Lieutenant Castillo dans « Deux flics à Miami », le capitaine Furillo dans « Hill Street Blues », …) et Roger Carel (Kermit dans « Le Muppet show », Monsieur Schubert ans « L’homme de l’Atlantide », le robot Z6PO dans « Star Wars », Benny Hill, etc.).

 

« UN FLIC DANS LA MAFIA » EN DVD ?

En 2003, Ken Wahl a participé lui-même à la restauration de la série publiée chez Studio Works Entertainment, remastérisée et disposant d’un son THX. La presque intégrale de la série est sortie sauf l’arc « Volchek » que l’acteur déteste. Un second coffret comprenant l’intégralité des épisodes est sorti quelques années plus tard. Dans les deux cas, pas de version française, ni de sous-titres français et il faut disposer d’un lecteur multizones pour pouvoir lire les dvd américains.

Sur l’édition de 2003, la vedette fait de nombreux commentaires passionnants sur une dizaine d’épisodes : tout vous a été traduit dans le guide très complet des épisodes en lien plus bas. Une plongée fascinante au cœur des coulisses de la série. En Europe, rien de neuf comme la plupart des séries de Cannell, sans doute considérées comme datées. A part « 200 dollars plus les frais », « Les Têtes Brûlées », « L'Agence tous risques » et « Timide et sans complexe », pas de « Rebelle », ni de « Dessous de Palm Beach » ou autres « Riptide » et « Le juge et le pilote ». Vinnie Terranova, quand seras-tu là chez nous ? Tu le mérites !

 

BIOGRAPHIE DES PRINCIPAUX ACTEURS

Ken WAHL (Vinnie Terranova)

Né le 31 octobre 1954, de son vrai nom Anthony Calzaretta, l’acteur a pris le nom de Ken Wahlis, transformé en Ken Wahl, en hommage à la mémoire de l’homme qui a sauvé son père durant la guerre de Corée. Surnom dans la vie : « Tony » ou « Kenny ». Belle gueule, beau gosse, talentueux, charismatique, possédant un magnétisme certain, Ken Wahl avait plutôt bien commencé sa carrière. Lassé par l’école, né dans une famille pauvre, doué en sport mais enchaînant les petits boulots pour survivre, il plaque tout et part tenter sa chance à Hollywood à seulement 24 ans. Très vite, il se fait remarquer par le réalisateur Philip Kaufman (« L’étoffe des héros », « Soleil levant ») qui lui offre son premier grand rôle au cinéma dans « Les seigneurs » (1979), sympathique film dramatique sur les affrontements entre bandes de jeunes dans les années 50.

Les rôles s’enchaînent ensuite. En 1981, il joue le coéquipier flic de Paul Newman dans « Fort apache – The Bronx - Le Policeman en français », un film policier âpre. On le voit ensuite dans « Le soldat » où il incarne un assassin professionnel à la recherche d’armes nucléaires volées puis dans « The gladiator » (1986), un téléfilm réalisé par Abel Ferrara, où il joue un brave gars animé par la vengeance. On le voit encore dans quelques téléfilms inspirés du film « Les 12 salopards ».

La reconnaissance internationale et la gloire arrivent en 1987. C’est au personnage de Vinnie Terranova, flic infiltré au sein de réseaux criminels, que Ken Wahl doit sa renommée. Pendant 3 ans (1987/1990, dates USA) et 67 épisodes, il incarnera ce flic tiraillé entre son devoir de justice et le fait de devoir trahir les criminels qui lui ont accordé leur confiance (à cet égard, le premier segment avec Sonny Steelgrave - brillamment interprété par le regretté Ray Sharkey - reste à ce jour un des meilleurs moments de la série). Pourtant, le comédien ne voulait pas tourner de série télé et désirait rester au cinéma avec un meilleur cachet, des heures de travail moins longues et une plus grande renommée. Oui mais des belles gueules, il y en a plein à Hollywood et on disparaît très vite au profit de la nouvelle sensation du moment.

Malheureusement, après 3 ans d’aventures, l’acteur se lasse du personnage. Malgré le fait qu’il ait gagné un « Golden Globe » en 1990 comme meilleur acteur dans une série dramatique (prix accordé par la presse étrangère à Hollywood et indice de la popularité d’un acteur aux USA et dans le monde), le comédien arrête, retenté par l’aventure du grand écran. Dès 1991, Ken Wahl se lance dans une série de films plutôt lourdauds comme « La prise de Beverly Hills », sorte de « Piège de cristal » du pauvre ou « The favor », comédie pataude aux côtés de Brad Pitt et Elizabeth Mc Govern. Pas de quoi relancer sa carrière au cinéma. Pour ne rien arranger, il a un terrible accident de moto en 1992. Blessé au dos et au cou, il doit subir plusieurs interventions chirurgicales. Rongé par la douleur, l’acteur s’enfonce également dans l’alcoolisme.

En 1996, six ans après l’arrêt d’ « Un flic dans la Mafia », les producteurs lui proposent de reprendre le rôle de Vinnie Terranova dans un téléfilm. Malgré de bonnes critiques et un certain succès public, le comédien n’arrive plus à jouer, son accident des cervicales se rappelant sans cesse à lui. Il doit arrêter. Depuis, l’acteur vit avec ses 4 enfants et semble avoir retrouvé la forme. Son retour à l’écran semble plus qu’improbable, pour ne pas dire terminé. Dommage car c’était une figure sacrément attachante du petit écran.

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Jonathan BANKS (Frank McPike)

Né le 31 janvier 1947 à Washington, Jonathan Banks se prend de passion pour le métier de comédien dès sa jeunesse. Il suit des études d’art dramatique à l’Université Bloomington de l’Indiana et compte Kevin Kline parmi ses camarades de classe. Il plaque tout pour accompagner une compagnie de théâtre et l’accompagne jusqu’en Australie. Après avoir appris le métier, il débute au petit écran en 1976 dans la série western « La conquête de l’Ouest » avec James Arness et Bruce Boxleitner. Il alterne téléfilms et séries, souvent dans des rôles de méchant vu son physique assez particulier, sa voix grave et son regard intimidant.

En 1982, il se fait remarquer du grand public en jouant des flics pas nets dans les films policiers « 48 heures » et « Le flic de Beverly Hills » (1984), tous avec Eddie Murphy en tête d’affiche. Citons encore « Gremlins » la même année. Entre les deux, Banks poursuit sa carrière sur le petit écran, jouant dans de nombreuses séries populaires : « Hooker », « Mike Hammer », « Capitaine Furillo », « Simon et Simon », « Les petits génies », … On se souvient particulièrement de lui en flic psychotique dans un épisode de la série policière « Rick Hunter Inspecteur choc » (« La chute », saison 2, épisode 9). On le voit encore aux côtés de Robert Conrad dans les deux téléfilms « Le cinquième missile » et « Assassin », tous deux tournés en 1986. Il tient encore un rôle semi-régulier dans la saga vinicole « Falcon Crest » (1981/90).

L’année suivante marque celle de la reconnaissance publique quand Stephen J. Cannell lui propose le rôle de Frank McPike dans la série policière « Un flic dans la Mafia » (1987/90). Après l’arrêt de celle-ci, on le voit encore dans divers téléfilms « Perry Mason » avec Raymond Burr et les séries « Star Trek : Deep Space Nine », « Highlander », « Matlock », « Walker Texas Ranger », etc.

Banks est devenu une figure incontournable de la télévision jusqu’à connaître une nouvelle consécration avec le rôle de Mike Ehrmantraut, homme de main d’un baron de la drogue dans les séries « Breaking Bad » (2008/13) et son spin-off « Better Call Saul » depuis 2015. Pour ces deux séries, il a été nominé à l’Emmy Award (Oscar télé) du Meilleur second rôle. Il l’a remporté en 2013 pour « Breaking Bad ».

Il jette un regard amusé sur sa carrière essentiellement marquée par des rôles de sale type : « Je suis mort tellement de fois. Quand j’ai eu 40 ans, ma petite amie m’a donné une vidéo montée avec toutes mes morts à l’écran, que ce soit avec un couteau ou électrocuté, par noyade ou jeté du toit d’un building ou tout ce qu’on peut imaginer. Je suis mort plein de fois ! » A 73 ans, l’acteur continue à tourner et vit paisiblement avec sa femme et leurs trois enfants (une fille et des jumeaux). Détail piquant : sa mère Elena Banks a travaillé pour la CIA dans la réalité.

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Jim BYRNES (Oncle Mike Terranova alias l’ange gardien)

Né le 22 septembre 1948 à Saint-Louis (Missouri), James Thomas Kevin Byrnes (son vrai nom) grandit au sein d’une famille de la classe moyenne. Passionné par la musique, il apprend à jouer de la guitare à 13 ans. Son style de musique préféré : le blues. Il monte un petit groupe et se produit dans des bars de province. Un moment, Byrnes pense rejoindre la prêtrise et étudie au séminaire avant de se tourner vers des études d’art dramatique à Boston. Il part ensuite servir son pays durant la guerre du Vietnam. On pourrait croire que c’est là qu’il a perdu ses deux jambes mais pas du tout. Le 26 février 1972, un terrible accident de la route contraint les chirurgiens à l’amputer. Ironie de la vie : 15 ans plus tard, à la même date, le producteur Stephen J. Cannell lui propose le rôle de l’ « ange gardien » Oncle Mike dans « Un flic dans la Mafia ». Une renaissance pour le comédien qui tentait de percer depuis son accident.

A la fin de la série, il joue encore dans trois séries produites par Cannell : « The Hat squad » et « Street Justice » en 1993, ainsi que dans « L’as de la crime » en 1995. Alternant téléfilms, séries tv et séries animées où il prête sa voix grave à divers personnages dont Merlin l’enchanteur, il tient ensuite un rôle régulier dans la série franco-canadienne « Highlander » (1992/98). Notons encore sa participation aux séries fantastiques « V » (2010), « Supernatural » (2005) et « Sanctuary » (2008/2011). Depuis, il s’est fait plus rare à l’écran, travaillant surtout dans le doublage de personnages de dessins animés dans des séries plus connues outre-Atlantique.

Au quotidien, l’acteur poursuit sa passion pour le blues et joue encore régulièrement en public. Capable de marcher avec des prothèses et une canne (on le voit déjà dans « Un flic dans la Mafia »), Byrnes n’a jamais voulu qu’on le prenne en pitié et résume sa vie difficile en ces termes : « Je suis si reconnaissant d’être en vie, de pouvoir partager mon amour de la musique et j'espère qu'elle aide les gens tout au long du chemin, de la même façon dont elle m'a aidé à traverser les moments les plus difficiles et à célébrer les meilleurs moments. »

 

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