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Kojak : La série

Par Thierry Le Peut et Christophe Dordain

 

Kojak, Un des plus célèbres flics ayant arpenté les rues de New York. Retour sur un classique de la série policière qui aura procuré au comédien Telly Savalas une renommée mondiale.

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Crédit photo : CBS Television
PRESENTATION
Telly Savalas est Kojak !

Comme "Cannon", "Kojak" est habitée par un personnage lui-même indissociable du comédien qui l’incarna plusieurs années durant. Comme l'indiquait chaque semaine le générique, Telly Savalas EST Kojak. Qui plus est, en France, Kojak ne pouvait avoir que la voix de Henri Djanick.

Au moment de sa diffusion sur CBS, et lors de son arrivée en France, le lieutenant de la police de Manhattan Sud connut un succès phénoménal. Ce dernier fit de Telly Savalas le porte-parole de la minorité grecque aux Etats-Unis mais pas uniquement. En effet, en Grèce aussi, le lieutenant au crâne rutilant rencontra un succès fracassant. En conséquence de quoi la part faite dans la série aux origines du policier se trouva renforcée. Car de nombreux épisodes de la série, non seulement mettent en scène des Grecs, mais en outre intègrent la culture grecque elle-même dans leurs intrigues, leur décor, leurs problématiques.

Quelque chose de plus

On se retrouve ainsi avec une série policière qui, tout en étant conforme aux exigences du genre, possède un « plus » indéniablement culturel, et extra-américain de surcroît. Dès sa première saison, "Kojak" atteignit la 7ème place au tableau d'honneur. Ainsi, devint-il le show policier le plus apprécié du public comme de la critique, n’étant coiffée au poteau que par "Hawaï Police d'Etat".

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Crédit photo : CBS Television
TOUT D'ABORD, UN TELEFILM

La vie de "Kojak" se déroula en trois étapes bien distinctes. Il faut quand même souligner que les deux premières paraissent liées par un rapport traditionnel de pilote à série subséquente. Par contre, la troisième étape de la série est son revival. Le tout orchestré au milieu des années 80. A une époque où Universal, détentrice du titre, produisait d'autres « reunion movies » pour raviver ses succès d'antan. On notera, parce que ce ne fut pas toujours le cas, que le producteur James McAdams, en charge de la série originelle, fut aussi investi du poste de producteur exécutif pour les téléfilms qui suivirent (entre 1985 et 1990) la « résurrection » du personnage.

Les origines de la série

Avant cela, "Kojak" avait été entre 1973 et 1978 le succès que l'on a dit. Pourtant, l'origine du personnage remonte à un téléfilm de 1973. Ce dernier étant lui-même inspiré d'un livre de Selwyn Raab, "Justice in the Backroom", adapté par Abby Mann.

Le téléfilm en question est centré sur une affaire qui défraya la chronique aux Etats-Unis. Celle-ci entraîna le vote de la Loi Miranda, qui stipule que tout agent de police procédant à une arrestation doit lire ses droits au suspect appréhendé. Dans le cas contraire, toute la procédure est annulée. Quant au suspect, il est relaxé pour « vice de forme ». Dans ce téléfilm donc, le Lieutenant Kojak n'est pas à proprement parler le personnage principal. En somme, pas de la manière dont il le sera ensuite. Il est surtout le témoin de l'affaire qui se déroule devant lui. Un témoin pour le moins désabusé. Ainsi, dans les dernières images du film, reprend-il son travail sans illusions sur la société qui l'emploie.

Le téléfilm, d'une durée de deux heures trente, ne mentionne pas le policier mais l'affaire elle-même. Il s'agit de "L'Affaire Marcus-Nelson" ("The Marcus Nelson Murders" en anglais), du nom des deux victimes autour desquelles se bâtit le scénario. Très bien accueilli, le téléfilm valut au réalisateur Joseph Sargent un Emmy Award pour sa direction d'acteurs.

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Crédit photo : CBS Television
PUIS UNE SERIE HEBDOMADAIRE

Repris par le producteur Matthew Rapf, le personnage devient le héros d'une série hebdomadaire programmée dès la rentrée 1973. Si le premier épisode, "Soir de Terreur", reste fidèle au personnage désabusé du téléfilm, la suite l'oriente de plus en plus vers une figure de héros charismatique chapeautant une équipe d'enquêteurs.

Le temps des hésitations

Le chapeau vissé sur la tête, la sucette à la bouche, la voix rocailleuse et toujours impeccablement habillé, Theo Kojak a la confiance de son supérieur, le Capitaine Frank McNeill, comme de ses subordonnés qu'il n'hésite pourtant pas à sermonner, comme le fait un père attentionné mais sévère.

C'est cette évolution qu'Abby Mann déplore très vite, ne reconnaissant plus son idée originale. De fait, les scénarii de cette première saison ne sont pas toujours à la hauteur du téléfilm de Mann et réinvestissent des thèmes dont la banalité permet tout juste au lieutenant de briller : nous sommes au début des années 70, l'époque des premiers tueurs en série, dont les programmes sont hantés par l'image du tueur irrationnel, du « malade » que la police doit arrêter pour protéger les honnêtes gens.

Mais la série intègrera très vite des données plus complexes et saura offrir à son personnage des rencontres intéressantes, faisant à nouveau de lui le témoin d'une société et pas seulement le garant de sa moralité, un rôle qui menace d'enfermer le policier dans une fonction bien peu captivante et par trop ambiguë. La série retrouve alors un ton amer et gomme la limite trop nette qui sépare le « bien » du « mal », extirpant son héros des marais bien-pensants où Kojak, parfois, s'enlise.

New York en carton-pâte

On a dit que le tournage à New York ajoutait à la crédibilité du show. C'est vrai mais il faut souligner à ceux qui l'auraient oublié que la plupart des épisodes furent tournés en Californie et non à New York : la Grosse Pomme représentée dans nombre d'épisodes est ainsi une reconstitution de studio, agrémentée de plans effectivement tournés à New York mais réutilisés dans de nombreux épisodes. Un sacré coup pour l'« authenticité » de la série. En revanche, certains furent bien tournés sur les lieux, dont ils firent un excellent usage, ajoutant pour alors à la vraisemblance qui se dégage de la série dans ses meilleurs jours.

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Crédit photo : CBS Television
UNE SERIE REALISTE

Car "Kojak" compte au nombre des séries dites « réalistes », par son cadre, par la personnalité de son héros, par sa description du travail de la police. En l'espèce, les scénaristes n'avaient pas renoncé aux poursuites en voiture et aux fusillades, présentes dans un quota raisonnable d'épisodes. Toutefois, ils se seront employés à rendre crédible le travail des enquêteurs. Un labeur fait de collecte de témoignages, de recherches dans la rue autant qu'en bureau, d'arrestations et d'interrogatoires, de tâtonnements et de recoupements.

Flics classiques

Kojak et ses hommes restent des flics « à l'ancienne », bien avant que le genre n'intègre la panoplie technologique de nos actuels Experts, mais ils sont aussi des hommes, non des surhommes. En revanche, (presque) jamais la série ne dévoilera leur vie personnelle, en dehors d'épisodes centrés sur la famille de Kojak ou celle du Capitaine McNeill, préférant cantonner les scénarii à la description de leur métier.

La prise en compte de son contexte enrichit également le programme dans une part de ses épisodes, notamment l'intégration des minorités aux scénarii et le refus de dispenser des leçons trop faciles sur l'état de la société dont la série, finalement, est le témoin. Encore une fois, cet aspect n'est pas aussi bien intégré dans tous les segments du show mais il en constitue néanmoins l'une des qualités premières.

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Crédit photo : Elephant Films
INTEGRALE EN DVD

Revoir "Kojak" aujourd'hui en intégrale DVD depuis le 14 novembre 2023 grâce à Elephant Films, c'est en vérifier l'efficacité et la richesse, qui ne furent révélées au public français que grâce à une diffusion intégrale sur La Cinq, après une première diffusion erratique sur Antenne 2. C'est apprécier aussi le jeu d'excellents comédiens tels que James Woods, Harvey Keitel, Christopher Walken, Maria Schell, Shelley Winters, F. Murray Abraham, dont beaucoup ont fait la carrière que l'on sait.

L'épisode "Une ombre au tableau" permet par exemple de découvrir dans l'un de ses tout premiers rôles un certain Sylvester Stallone, tandis que "La chute d'un caïd" est l'un des premiers scénarii de Donald P. Bellisario pour la télévision, à l'époque des "Têtes Brûlées". Quant à la musique de John Cacavas, elle a fait le tour du monde avant d'être remplacée pour l'ultime saison par un thème de Billy Goldenberg.

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Crédit photo : CBS Television
LE CREATEUR : ABBY MANN

Né à Philadelphia en 1927, Abby Mann suivit des études à l’Université Temple à dans sa ville natale avant de rejoindre celle de New York. Mann débute sa carrière de scénariste pour des émissions telles que "Studio One" entre 1948 et 1955. Puis, "Cameo Theatre" (1950/1955), "Robert Montgomery Presents" (1950/1957) et "Playhouse 90" (1956/1961). Tous ces programmes étant pour l'essentiel des anthologies théâtrales.

Toutefois, ce sont les années 1970 qui lui procurent son plus grand succès public avec "Kojak". En effet, ni "Medical Story" (une anthologie médicale co-produite avec David Gerber et diffusée sur NBC du 4 septembre 1975 au 8 janvier 1976) ni "Skag" (interprétée par Karl Malden et diffusé du 6 janvier au 21 février 1980 sur NBC avec seulement un total de 6 épisodes) ne lui procureront une audience comparable.

Téléfilms en séries

Très décu par cet échec, Abby Mann décide alors, à l'aube des années 1980, de ne produire que des téléfilms et non plus des séries. Parmi ses productions, on peut noter : "The Atlanta Child Murderers" (1985), "Murderers Among Us : The Simon Wiesenthal Story" (1889), "Teamster Boss: The Jackie Presser Story" (1992), "The McMartin Trial" (1995). Ainsi, ne fut-il point impliqué dans le retour de "Kojak" à travers les 7 épisodes de 90 minutes diffusés du 6 janvier 1985 au 16 mars 1990. En effet, James McAdams (un des producteurs de la série "The Equalizer" avec Edward Woodward (1985/1989), et producteur exécutif de "Kojak" pendant les années 1970) ayant pris le relais en la circonstance.

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Crédit photo : CBS Television
TELLY SAVALAS EST KOJAK

Disparu en 1994, Telly Savalas aura connu une gloire mondiale grâce à la série "Kojak". Ainsi, ce programme a-t-il popularisé sa large carrure. Tout comme sa calvitie savamment entretenue. Enfin, sans oublier son goût immodéré pour les sucettes ayant la capacité de lui ôter l’envie de fumer. Quoique sans résultat probant au final.

Star des années 70

Très impliqué dans ce programme très populaire aux USA dans les années 1970, Telly Savalas surveillait l’écriture des scénarios. Parce que ces derniers mettaient régulièrement en vedette la communauté gréco-américaine du quartier de Garden City où il avait vu le jour en 1924. Toutefois, réduire la carrière de Telly Savalas à cette seule prestation télévisée serait regrettable.

Une belle carrière au cinéma

En effet, avant qu’il ne se perde dans quelques prestations discutables dans des films horrifiques italiens et espagnols tel que "Panique dans le Transsibérien" (réalisé par Eugène Martin en 1972), Savalas avait illustré de sa forte présence de très belles productions. On retiendra notamment "Les douze salopards" de Robert Aldrich (1967), "La bataille des Ardennes" de Ken Annakin (1968) et "Au service secret de sa Majesté" en 1969 (un James Bond d’un crû particulier puisque incarné par George Lazenby qui remplaçait alors Sean Connery). Sans oublier l'excellent "De l’or pour les braves" aux côtés de Clint Eastwood dans cette réjouissante mise en scène signée Brian G. Hutton (1970).

Fin de parcours

Après les années "Kojak", on le verra aux côtés de Roger Moore dans "Bons baisers d’Athènes" réalisé par George Pan Cosmatos. Toutefois, il reviendra à son rôle fétiche pour une ultime série de 7 téléfilms de 90 minutes diffusés entre 1985 et 1990. Rappelons enfin qu’il avait débuté chevelu dans "Les nerfs à vif" de Jack Lee Thompson, en 1962, aux côtés de Gregory Peck et de Robert Mitchum. Il eut également Burt Lancaster pour partenaire dans "Le prisonnier d’Alcatraz" réalisé par John Frankenheimer la même année.

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Crédit photo : CBS Television
FICHE TECHNIQUE

Créée par : Abby Mann
Producteurs : Albert Ruben, Chester Krumholz, Gene Kearney, Irv Wilson, Jack Laird, James McAdams, Marc Laub, Maurice Hurley, Richard Donner
Producteurs exécutifs : Abby Mann, James McAdams, Matthew Rapf, William P. McGivern
Co-producteurs : Daniel Liberstein, Judith Stevens, Peter A. Runfolo
Supervision de la production : Gene Kearney, Jack Laird, James McAdams, Matthew Rapf, Stuart Cohen
Producteurs associés : Arthur E. McLaird, Diane Foti, Jo Ann M. Laub, Michael Scheff
Conseillers techniques : Sonny Grosso, Ed Griffin
Directeurs de la photographie : Charles Correl, Geoffrey Erb, Gerald Perry Finnerman, John McPherson, Mario Tosi, Sol Negrin, Vilis Lapenieks
Montage : Peter C. Frank, Sigmund Neufeld Jr., Larry Lester, Jim Benson, John Kaufman, Donald Douglas, Diane Adler, Leon Ortiz-Gil, Jerrold L. Ludwig, Robert L. Kimble, Eric Albertson, Anthony Redman, Bill Brame, Ronald LaVine, Virginia Katz, Fred Baratta, Tim Shoemaker, William Mandell, Patrick McMahon, Louis San Andres, Stanley Frazen, Barbara Marks, Albert J.J. Zúñiga
Thème musical : Billy Goldenberg
Musique : Billy Goldenberg, John Cacavas, Joseph Coulon, Patrick Williams
Supervision de l'équipe de production : Mel A. Bishop, Mike Frankovich, Jr.
Premiers-assistants du réalisateur : Burt Bluestein, G. Warren Smith, Sam C. Freedle, William H. Tuntke, Thomas Foulkes, Jan R. Lloyd, Mike Frankovich, Jr, William Holbrook, Mark Sandrich, Jr, Morris R. Abrams, Phil Cook, Dwight Williams, Steve Barnett, Dominic D'Antonio, Gary Drillo, Richard Hashimoto, Forest H. Phinney, Walter Skotchdopole, John Slosser, Lou Watt
Costumes : Charles Waldo, Bill Johe, George Whittaker
Décors : Anne D. McCulley, Richard B. Goddard, Sam Gross, John M. Dwyer, Philip Smith, Joseph A. Armetta, Ed Baer
Directeurs artistiques : Ira Diamond, William Tuntke, Robert Kinoshita, John Leimanis, John J. Loyd, James A. Taylor, Edward Burbridge, Raymond Beal
Supervision des scripts : Richard Belding
Effets spéciaux : Ken Speed
Assistant aux effets spéciaux : Denny Arnold
Coordination des cascades : Charlie Picerni
Cascadeurs : Denny Arnold, Bob Bralver, Steven Burnett, Jean Coulter, Nick Dimitri, Dick Durock, Louie Elias, Bob Herron, Jim Lovelett, Dennis Madalone, Bob Minor, Joe Pronto, Jerry Summers, Jesse Wayne, Ted White, James Winburn
Second-assistant du réalisateur : Tom Foulkes
Montage de la musique : Bill Wistrom, Hal Mooney, Robert Mayer
Montage du son : Don Sharpless, James F. Rodgers, Jerry E. Smith
Production : Universal Television / CBS Television / MCA, Universal Pictures, Studios USA (1973/1978)

 

LE GUIDE DES EPISODES :

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SAISON 4
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