Dossiers séries TV Policier

Un shérif à New York : La série

Par Christophe Dordain

serie-un-sherif-a-new-york-2
Copyright : NBC Television - Universal Television
UNE SERIE A DECOUVRIR
Le temps du NBC Mystery Movie

Dans les années 70, aux Etats-Unis, plusieurs séries télévisées diffusées par le réseau NBC dans le cadre du programme "The NBC Mystery Movie" sont parvenues à atteindre un degré de popularité qui a largement traversé les frontières étatsuniennes pour parvenir jusqu'à notre hexagonale contrée. Par exemple, on pourra citer "Columbo," "Banacek", "Hec Ramsey" et "McMillan". Toutes font partie de ces prestigieuses productions qui ont pleinement intégré le patrimoine télévisuel mondial en général, et celui de la France en particulier.

Il est vrai que "Un Shérif à New York" peut apparaître moins attractif que "Columbo" dont les enquêtes ont été maintes fois rediffusées par nos chaînes nationales. Toutefois, ces deux séries ont emprunté des chemins diamétralement opposés. Si la première illustre, avec un brio indiscutable, la grande tradition des programmes mettant en vedette des détectives, la seconde s'inscrit dans un registre plus dynamique, bourré d'humour et d'action. Par exemple, le spectateur, un peu médusé, voit-il McCloud s'accrocher à un hélicoptère et plonger dans le vide avec lui dans l'épisode de la saison 3 ("The Park Avenue Rustlers / Poursuite à Manhattan", mis en scène par Jack Arnold). Somme toute, ceci a permis à la série, créée par Herman Miller, de bénéficier d'un statut flatteur de programme de qualité.

Un duo de choc

Ajoutons à ce cocktail explosif les relations pétaradantes qu'entretiennent McCloud et son supérieur hiérarchique, Clifford, qui sont pour beaucoup dans l'attrait que le téléspectateur peut avoir pour ce programme.

Un exemple illustre de façon pertinente cette relation orageuse. Dans la scène d'ouverture de l'épisode "The New Mexican Connection / Pleins Feux sur un Tueur" (saison III), Clifford convoque McCloud pour lui apprendre une bonne et une mauvaise nouvelle : la première est qu'il est appelé à convoyer un prisonnier à destination de Taos, au Nouveau-Mexique, dont McCloud est originaire; la seconde est qu'il rentrera à New York une fois sa mission terminée au grand dam de Clifford qui n'a qu'une seule chose en tête : se débarrasser au plus vite de McCloud !

serie-un-sherif-a-new-york-6
Dennis Weaver dans la série Un shérif à New York - McCloud - Copyright : NBC Television - Universal Television
DE TAOS A NEW YORK
Un succès au cinéma

La genèse de la série remonte au film réalisé par Don Siegel, en 1968, avec Clint Eastwood dans le rôle principal. Dans ce long-métrage, le shérif Coogan doit escorter un prisonnier à New York (joué par le talentueux Don Stroud). Cependant, ce dernier parvient à s'échapper. Aussi, oblige-t-il Coogan à le poursuivre dans la gigantesque mégapole.

Toutefois, le shérif Coogan a conservé ses bonnes habitudes en matière d'investigations. Ces dernières, il les mène dans un style très personnel. Surtout, trop peu académique et trop peu respectueux des règles en vigueur ! Le tout au grand désarroi du chef de la police incarné par l'excellent Lee J. Cobb (qui fut le juge Henry Garth, le premier propriétaire du ranch Shiloh dans la série "Le Virginien" entre 1962 et 1966). Le film se clôt par une poursuite en moto. Elle fait écho à celle fameuse dans "Bullitt" de Peter Yates avec Steve McQueen (film sorti cette même année 1968).

L'apport déterminant de Glen A. Larson

Au générique de la série, qui est diffusée deux ans plus tard, doit être souligné le nom de Herman Miller en tant que créateur. Miller avait effectivement co-écrit le scénario du film de Don Siegel aux côtés de Dean Riesner, Howard Rodman et de Siegel lui-même). Néanmoins, son implication dans la série relève du strict minimum. Celui qui est véritablement à la manoeuvre en ce début de décennie 70, c'est Glen A. Larson qui venait de terminer la production de la dernière saison du "Virginien" ("The Men From Shiloh" avec Stewart Granger et Lee Majors en plus de James Drury et de Doug McClure).

Larson a introduit de nombreux changements dans son concept télévisuel en édulcorant notamment l'âpreté et la dureté initiales de Coogan dans le film pour transformer le personnage. Désormais appelé McCloud, il est un authentique provincial venu du fin fond de l'Ouest américain. Pourtant, il se heurte, tout en y s'adaptant, avec un mélange subtil fait de bonhommie et de fermeté mêlées, à son nouvel univers urbain. Néanmoins, il n'en n'oublie pas ses racines quitte à se comporter tel un shérif du siècle dernier quand cela s'avère nécessaire, colt à la main.

Un épisode en particulier illustre cela. Il s'agit de "The New Mexican Connection / Pleins Feux sur un Tueur" (tiré de la saison 3). Le chef de la police, Clifford, et un de ses adjoints, l'inspecteur Broadhurst, assistent médusés à un affrontement entre McCloud et un méchant de service. Où ? Sur le toit d'une diligence tirée d'un western, mais circulant dans unes des principales avenues de New York !

Un double démarrage

A propos du démarrage de la série, notons également qu'elle a fait l'objet d'une double tentative. A l'aube des années 70, le temps était à l'innovation dans la production des programmes télévisuels avec l'introduction d'un nouveau concept : les programmes rotatifs (cf : le paragraphe consacré à la création du "NBC Mystery Movie" ci-après). Voilà pourquoi, après la production du pilote, tourné pendant l'hiver 1969, et qui doit beaucoup à son producteur Leslie Stevens, la série prend une première fois son envol en étant intégrée dans le programme "Four in One".

Ce dernier cité est produit par la firme Universal qui intègre "Un Shérif à New York" aux côtés des séries "San Francisco International" (avec Lloyd Bridges), "Night Gallery" (créée par Rod Serling) et "The Psychiatrist" avec Roy Thinnes. Par la suite, ce concept est abandonné au profit de "The NBC Mystery Movie". Lancé en grandes pompes à la rentrée 1971, son succès sera immédiat. "Un Shérif à New York" va alors devenir un programme-phrare lors des six saisons que comptera ensuite cette série entre 1971 et 1977.

serie-un-sherif-a-new-york-8
Copyright : NBC Television - Universal Television
DES MARQUEURS A NE PAS LOUPER

Il apparaît alors nécessaire de souligner que, au cours des 6 premiers épisodes de cette première saison, et plus particulièrement dans le pilote dirigé par Richard A. Colla, "Who Killed Miss USA ?", de nombreux éléments apparaissent qui vont concourir à la popularité ultérieure de la série :

- McCloud doit travailler avec le sergent Broadhurst. Ce dernier ne cache pas sa sympathie pour l'homme de l'Ouest. Pourtant, il est très souvent décontenancé, pour ne pas dire désemparé, face aux méthodes employées par McCloud sur le terrain. Terry Carter, le futur colonel Tigh dans la série "Galactica" (une autre production Larson diffusée au cours de la saison 1978/1979), apporte toute sa subtilité dans le rôle.

- McCloud entretient une relation intime avec Chris Coughlin. Elle est la nièce du chef de la police. Relation très importante et qui donne beaucoup de latitude à McCloud dans ses investigations. Au grand désespoir de Peter B. Clifford. Celui-ci est le responsable du département de police auquel on a affecté McCloud lors de son arrivée à New York. Chris Coughlin est interprétée par la délicieuse et classieuse Diana Muldaur. Une actrice que l'on connaît notamment en France grâce à la série "Vivre Libre" qu'elle a tournée en 1974.

- Enfin, autre figure majeure de la série, le chef Peter B. Clifford dont les relations avec McCloud relèvent de l'affrontement permanent teinté quand même d'une forme de respect. Ces relations, souvent orageuses, préfigurent celles que l'on dégustera ultérieurement entre Magnum et Higgins. Elles apportent à "Un Shérif à New York" une touche humoristique bienvenue. Dans le pilote, Peter Mark Richman incarnait Clifford avant d'être remplacé par l'excellent J.D. Cannon. Un comédien dont le timbre de voix singulièrement grave dans la version originale constitue un excellent contrepoint à celle plus nasillarde de Dennis Weaver. Les joutes oratoires entre ces deux-là sont jouissives à souhait.

- Et la ville de New York me direz-vous ? N'est-elle pas elle aussi l'une des grandes vedettes de la série ? Bien évidemment ! Mais avec les contraintes spécifiques de la production télévisuelle, le tournage de la série eut lieu principalement à Los Angeles. Voilà qui n'autorisait que quelques extérieurs à New York afin de donner un cachet de véracité à l'ensemble du projet. Au fond, la problématique posée aux producteurs de la série était similaire à celle de l'équipe qui menait à bien le projet "Kojak" à la même époque.

- Enfin, autre gage de la qualité de "Un Shérif à New York" : les vedettes-invitées. Que dire si ce n'est que la liste est impressionnante. Citons Eric Braeden, Ray Danton, Gilbert Roland, Ricky Neslon, Jackie Cooper, Stefanie Powers, Jaclyn Smith, Julie Sommars, Patrick O'Neal, Lloyd Bochner, Robert Webber, etc. Stop ! N'en jetez-plus !

Une dernière précision, McCloud connaître à la fin des années 80 une renaissance dans le téléfilm "Le Retour de Sam McCloud", diffusé le 12 novembre 1989.

serie-un-sherif-a-new-york-3
Copyright : NBC Television - Universal Television
DENNIS WEAVER EST SAM McCLOUD

Décédé le 24 février 2006 dans sa maison de Ridgeway, Colorado. Dennis Weaver avait 81 ans.

Si les Français se souviennent de lui surtout pour le film d'Orson Welles, "La Soif du Mal", ou pour "Duel", de Spielberg, dans lequel Weaver se faisait poursuivre par un camion maléfique, les Américains, eux, voyaient bel et bien en lui un westerner. C'est-à-dire, celui qui, dès 1955, jouait le shérif adjoint Chester Goode dans "Gunsmoke". Simplement, le feuilleton-western le plus populaire de tous les temps. Mais, Weaver figurera également en vedette dans huit autres séries, dont "Un Shérif à New York". Il y joue un flic du Nouveau-Mexique prêté à la police de New York. Cow-boy ou policier, Weaver, avec son air chafouin, il faisait un drôle de héros.

Né dans une ferme du Missouri, il a fait la guerre comme pilote. Puis, il a terminé ses études à l'université de l'Oklahoma, où il était champion de décathlon. Toutefois, c'est à Shelley Winters qu'il doit ses débuts à Broadway, lorsqu'elle l'a imposé pour jouer avec elle dans "Come back, Little Sheba". Un rôle qui lui valut un contrat chez Universal. Dennis Weaver y est arrivé en même temps que Clint Eastwood. Ainsi, est-il passé par les mêmes sinécures télé, westerns et feuilletons policiers. Mais, au début, il a souvent dû suppléer à ses maigres revenus d'acteur, notamment en travaillant comme fleuriste et représentant en collants pour dames (on se rapproche de "La Soif du Mal").

Cependant, Dennis Weaver, malgré une longue carrière, aura aussi eu le temps de marcher à sa propre cadence. Car, il faut observer qu'il a sorti plusieurs disques de musique country, monté des spectacles shakespeariens dans lesquels il allait jusqu'à jouer 19 rôles. Surtout, il fut une des premières personnalités à se consacrer sérieusement à l'écologie."

(Sources consultées : Philippe Garnier dans le journal Libération en date du 25 février 2006 avec son aimable autorisation).

serie-un-sherif-a-new-york-4
Copyright : NBC Television - Universal Television
QU'EST-CE QUE LE "NBC MYSTERY MOVIE" ?
Un concept novateur

"Un Shérif à New York" est une série dont les épisodes durent en moyenne de 75 à 90 minutes hormis dans le cadre de la première saison. Or, le choix de ce format n'a rien de surprenant. En effet, "Un Shérif à New York" faisait partie des séries diffusées dans le cadre du "NBC Mystery Movie". Cette nouvelle émission correspondait à l'ambition du network NBC. Au début des années 70, son but était de commander différentes séries comptant en moyenne sept épisodes. Toutes prêtes à être diffusées dès la saison 71/72. Pourquoi ? Pour les intégrer en respectant un principe de rotation afin de former un ensemble cohérent dans une anthologie intitulée "The NBC Mystery Movie".

Une production massive

Ainsi, plutôt que d'acheter des films de cinéma, la chaîne NBC avait donc décidé de commander aux studios Universal plusieurs séries de téléfilms à consonance policière. Finalement, entre 1971 et 1978, NBC aura diffusé près de 150 épisodes. Or, beaucoup de ces programmes ont favorisé la naissance de nouveaux héros. Aussi, pourra-t-on citer "Madigan" avec Richard Widmark, "Columbo" avec Peter Falk, "McCoy" avec Tony Curtis, "Mc Millan" avec Rock Hudson, "Hec Ramsey" avec Richard Boone ou encore "Banacek" avec George Peppard. Bref, autant de séries qui ont connu la faveur d'une programmation sur les chaînes françaises dans les années 1970 et 1980.

De nombreux talents réunis

Autre précision d'importance, ces programmes autorisaient les studios Universal à tester de jeunes cinéastes. Parmi eux, un certain Steven Spielberg qui a notamment oeuvré sur "Columbo" (dès 1971, dans l'épisode "Le Livre Témoin" avec Jack Cassidy et Martin Milner). Pour ce qui est du cas particulier de "Un Shérif à New York", la production a fait appel à un judicieux mélange entre des vétérans du grand écran tel Jack Smight, et à des téléastes parmi les plus chevronnés tels Russ Mayberry, Harvey Hart, Richard A. Colla, Jack Arnold, Boris Sagal, etc.

serie-un-sherif-a-new-york-5
Copyright : NBC Television - Universal Television
FICHE TECHNIQUE

Produit par : Michael Gleason, Dean Hargrove, Ron Satlof, Lou Shaw, Michael Sloan
Producteurs associés : Gilbert Bettman, Jr., Peter Allan Fields, Winrich Kolbe, Herbert Wright
Supervision de la production : Michael Gleason
Producteurs exécutifs : Glen A. Larson, Leslie Stevens
Thème musical : David Shire, Glen A. Larson
Musique : Richard Clements, Frank De Vol, Richard DeBenedictis, Billy Goldenberg, Lee Holdridge, Stu Phillips, Bob Prince, John Andrew Tartaglia
Supervision de la musique : Hal Mooney
Directeurs de la photographie : Ronald W. Browne, Ben Colman, Alric Edens, William Margulies, Sol Negrin, Emil Oster, John M. Stephens, Gabriel Torres, Kenneth T. Williams, Harry L. Wolf
Montage : James Ballas, Fred Baratta, Michael Berman, Jean Jacques Berthelot, Byron Brandt, Jamie Caylor, Edward Haire, Bud Hoffman, Bob Kagey, John Kaufman, Robert L. Kimble, Chuck McClelland, Frank Morriss, Carl Pingitore, Gene Ranney, Anthony Redman, George R. Rohrs, John F. Schreyer, Robert Watts, J. Terry Williams, Albert J.J. Zúñiga
Supervision du montage : Richard Belding
Casting : Joe Scully
Directeurs artistiques : Robert Hilditch, Alexander A. Mayer, Allen E. Smith, Willlam H. Tuntke, George C. Webb
Décors : Claire P. Brown, Joseph J. Stone
Costumes : Burton Miller, Grady Hunt, Richard Hopper, James Kessler
Coiffures : Larry Germain
Maquillage : Bud Westmore
Régisseurs : Jack Terry, Harker Wade
Assistants-réalisateurs : Scott U. Adam, Michael Behrman, Carl Beringer, Phil Cook, David Dowell, Ralph Ferrin, William Holbrook, William J. Hole, Jr., Ronald Martinez, Mark Sandrich, Jr., Robert Saunders, Victor Vallejo, Harker Wade, Lou Watt, James A. Westman
Montage du son :  José B. Carles, Brian Courcier, Earl Crain, Jr., Albert D. Cuesta, John Erlinger, Edwin S. Hall, John K. Kean, Robert Martin, Thomas McMullen, Robert Miller, David H. Moriarty, James F. Rogers, Jerry Smith, Edwin J. Somers Jr., Al Teeter, Gerald Tueber, Jean G. Valentino, Frank H. Wilkinson, L. Ralph Zerbe
Effets visuels spéciaux : Albert Whitlock
Coordination des cascades : Bill Catching
Cascadeurs : Denny Arnold, Lightning Bear, Steven Burnett, Fred Carson, Howard Curtis, Carol Daniels, Bob Herron, Charlie Picerni, James Winburn
Cascades aériennes : James W. Gavin
Conception du générique : Wayne Fitzgerald
Production : Universal Television / Glen A. Larson Productions (1970/1977) / NBC Television

 

LE GUIDE DES EPISODES

ça peut vous interesser

Rick Hunter : Saison 4 en DVD

Rédaction

La Une est à Vous : 14 novembre 1987

Rédaction

Riptide, la série : L’intégrale en DVD à gagner !

Rédaction