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La Malédiction du Loup-Garou : La série

Par Emmanuel Francq



USA, fin des années 80. Eric Cord est frappé par une malédiction. Mordu par son compagnon de chambre atteint de lycanthropie, il se transforme en loup-garou à volonté. Un pentagramme rouge dans sa main l’avertit de sa transformation. Malheureusement pour lui, il se retrouve accusé de meurtre. Aussi, se voit-il contraint de s’enfuir. Il lui faut retrouver coûte que coûte un autre loup-garou. En effet, c'est le seul moyen pour lui de stopper la malédiction. Comble de malchance pour Eric, un chasseur de primes le traque sans relâche…

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John J. York / Crédit photo : Fox Television
BETES A POILS AU CINEMA

La lycanthropie fascine l’humanité depuis la nuit des temps. Contes populaires, légendes urbaines et autres récits ont hanté l’imagerie populaire bien avant la naissance du cinéma. Evidemment, ce dernier s’est emparé du mythe dès que les moyens techniques lui ont permis de donner vie à la fameuse bête mi-homme mi-loup. Malgré leur côté rudimentaire, les effets spéciaux de « The Wolf Man » (1941) effrayent les spectateurs de l’époque et débouchent sur une série de films moins réussis, pour ne pas dire risibles quand le phénomène s’adresse aux adolescents des années 50 avec l’involontairement comique « I was a teenage werewolf » (1957) marquant les débuts du tout jeune Michael Landon juste (oui, oui, vous avez bien lu, Charles Ingalls, le papa de « La petite maison de la prairie »). Comme quoi, jouer dans un délicieux nanar ne nuit pas forcément à la suite de votre carrière (cf : les débuts de Steve McQueen dans le cultissime « Le blob / Danger planétaire » (1958), juste avant sa série western « Au nom de la loi » (1958/61).

Dans les années 60, l’Angleterre exploite le filon dans « Le train des épouvantes » (1965) avec les stars du film horrifique, Peter Cushing et Christopher Lee. Le cinéma espagnol poursuit l’exploitation dans les années 70 avec des films aux titres aussi improbables que « La Noche de Walpurgis / La furie des Vampires » (1971) qui, en anglais, se révèle plus savoureux : « The Werewolf Versus the Vampire Woman ». Tout un programme ! S’ensuivent toutes une série de navets dont on vous épargnera ici la liste jusqu’à ce qu’arrive enfin un film respectueux du mythe et remarquable par la qualité de ses effets spéciaux : « Le Loup-Garou de Londres » (1981), réalisé par John Landis, le même qui mettra en scène, deux ans plus tard, le clip vidéo « Thriller » de Michael Jackson où le roi de la pop se transforme d’abord en loup-garou dans la scène de rêve avant de devenir un zombie dansant...

Le film remportera un immense succès et le maquilleur Rick Baker recevra un Oscar en 1982 pour son travail qui, il faut le souligner, sera le premier à remporter cette récompense créée en 1981. Facétieux, Landis, aussi réalisateur des « Blues Brothers », aime plaisanter et en toute fin du générique du film, on lit le message suivant : « Any resemblance to any persons living, dead, or undead is coincidental » traduit par « Toute ressemblance avec des personnes vivantes, décédées ou revenues à la vie n'est qu'une coïncidence. » Landis a récidivé en reprenant ensuite le même message à la fin du vidéoclip « Thriller ». Surfant sur la vague, la comédie pour ados « Teen Wolf » met ensuite en vedette Michael J. Fox, auréolé de la gloire du film « Retour vers le futur » (1985).

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John J. York et Chuck Connors / Crédit photo : Fox Television
LE MONSTRE VELU AU PETIT ECRAN

Après le cinéma, il n’a pas fallu attendre bien longtemps avant que la télévision s’empare du phénomène du loup-garou. Ainsi débarque « La malédiction du loup-garou », en 1988, le dimanche soir sur les écrans américains de la FOX, fraîchement créée en 1987 par le milliardaire australien Rupert Murdoch. La chaîne entend bien concurrencer les trois grands réseaux ABC, CBS et NBC. Elle recherche du contenu original pour remplir ses grilles de programmes et elle réussira, proposant d’énormes succès ensuite comme « 21 Jump Street » (1986/90) avec Johnny Depp, « The X-Files » (1993/2002) et les « Simpson ». La FOX croit dans ce nouveau programme qu’elle lance à grands frais publicitaires, proposant un numéro d’appel 800 aux spectateurs qui auraient vu de « vrais » loups-garous. Selon la chaîne, elle aurait reçu près de 400.000 appels. Ce n’est toutefois pas une série pour enfants et la FOX le signale par un message en début de chaque épisode. A la diffusion du pilote, le public accroche d’emblée avant que le soufflé ne retombe rapidement.

Créée par Frank Lupo (ironiquement, lupo en italien signifie loup), le compère de Stephen J. Cannell avec qui il a œuvré sur les super célèbres « L'Agence tous risques » et « Rick Hunter », « Werewolf » (titre original) ne propose en fait qu’une resucée « velue » de la mythique « Le Fugitif ». Eric Cord (John J. York), le héros, est un brave gars, injustement accusé de meurtre et mordu par un loup-garou tueur. Heureusement, il est un « bon » loup-garou et cherche évidemment à prouver son innocence. Contrairement au loup-garou classique, il ne se transforme pas que les nuits de pleine lune et peut donc se transformer comme le Dr. David Banner le faisait en « Incroyable Hulk » (1978/82). Il est plus violent que le géant vert car il tue les méchants en fin d’épisode. Un chasseur de primes (Lance LeGault qui courait déjà après l’« Agence tous risques ») le traque sans relâche, tout comme le Lieutenant Gerard courait après le Dr. Richard Kimble.

Les épisodes débouchent invariablement sur une lutte entre monstres, dans un effet légèrement ralenti et ultra-stylisé (on est en pleine période de vidéoclips). La série utilise un procédé technique spécial puisque les scènes de frayeur ont été entièrement tournées dans le noir puis illuminées grâce à ce procédé. Sans doute consciente de la vacuité des scénarios, la FOX limite la production des épisodes au format de 30 minutes, toutefois diffusés en stéréo. Au terme de la première saison, elle ne la renouvelle pas, le public étant déçu par la conclusion.

On n’entendra plus parler de John J. York qui se reconvertira dans le soap kilométrique « General Hospital » (1963 - toujours en cours, affichant près de 7000 épisodes au compteur). Quant au producteur Frank Lupo, il s’essayera à d’autres séries ensuite : policière avec « Duo d’enfer » (1989/90) et d’aventures / action avec « Raven » (1992/93) mais toutes deux ne dépasseront pas la vingtaine d’épisodes.

Sur ces deux séries, on retrouve d’ailleurs la plupart des mêmes réalisateurs ayant déjà travaillé sur « La malédiction du loup-garou » : David Hemmings, Richard Colla, Sidney Hayers, Guy Magar, James Darren, etc. ; également habitués des productions de Stephen J. Cannell. « La malédiction du loup-garou » bénéficie de même de la présence de Chuck Connors, fameux méchant avec une « gueule » taillée à la serpe, surtout connu pour le film d’anticipation « Soleil vert » (1973) et les séries western « L’homme à la carabine » (1958/63) et « Le proscrit » (1965/66).

Ainsi, « La malédiction du loup-garou » est-elle une série pas franchement mémorable, mais qui mérite cependant un petit coup d’œil pour son ambiance onirique et ses maquillages, conçus par Rick Baker, déjà à l’œuvre sur « Le loup-garou de Londres » et dont Greg Cannom reprendra la suite du travail avec talent.

Il est aussi à noter que, au fil des épisodes, on reconnaît encore plusieurs futures vedettes de films fantastiques devenus cultes comme Tony Todd (« Candyman »), Larry Drake (« Dr. Rictus », « Darkman ») ou encore de méchants typiques des series télé tels que Richard Lynch, Leon Rippy, Brian Thompson, etc. N’oublions pas la musique de Sylvester Levay, compositeur célèbre pour ses partitions sur la série « Supercopter » et le film d’action « Cobra » avec l’autre Sylvester (Stallone).

Si cette série horrifique des années 80 garde un côté assez confidentiel et n’est pas devenue culte, le mythe du loup-garou reste bien vivant puisqu’une pléthore de séries « lycanthropiques » (ou avec eux en arrière-plan) sont sorties ces dernières années dont beaucoup sont visibles sur Netflix et disponibles en DVD. Citons en vrac : « Supernatural « (2005/2020), « True blood » (2008/2014), « The Vampires Diaries » (2009/2017), « Teen Wolf » (2011), « Grimm » (2001/2017), « Hemlock Grove » (2013), « Bitten » (2014 - 2016), « The Originals » (2013/2018), « Penny Dreadful » (2014/2016) « Sirius the Jaeger » (2018), « The Kirlian Frequency » (2019), « The Order » (2019), etc.

Le cinéma revisite encore le mythe de temps à autre (ou s’en sert comme décorum secondaire) avec « Ginger Snaps » (2000), « Dog Soldiers » (2002), « Underworld » (2003), la saga « Twilight » (2008/2012), « Chair de poule / Goosebumps » (2015) ou encore « The Wolfman » (2010), remake intéressant du film de 1941 avec Benicio Del Toro et pour lequel Rick Baker a de nouveau remporté un Oscar pour le meilleur maquillage.

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Lance LeGault / Crédit photo : Fox Television
LA MALEDICTION DU LOUP-GAROU EN DVD

L’éditeur Elephant Films poursuit, avec un dynamisme épatant, son édition de séries « 80’s » après les sorties récentes en Blu-Ray de « K 2000 », « Tonnerre de feu », « Supercopter » et l'incontournable « Agence tous risques ». « La malédiction du loup-garou » est sortie en DVD le 26 octobre 2020 (environ 40 €).

C’était une première mondiale car les USA n’ont pas eu droit à la série en DVD après une tentative avortée en 2009. En Europe, « La malédiction du loup-garou » n’aura pas bénéficié d’un nouveau master et aura été éditée d’après des transferts vidéo (ratio écran : 1.33:1 4/3) avec les deux versions disponibles : française et originale anglaise (2.0 Mono Dolby Digital) avec sous-titres français.

Le coffret proposait l'intégralité des épisodes (1 téléfilm de 83 minutes et 28 épisodes de 23 minutes) + en bonus : un livret de 52 pages contenant un guide des épisodes (le nôtre proposé ici est différent et a été traduit d’après la bible « The Complete Directory to Science-Fiction, Fantasy and Horror Television Series – A Comprehensive Guide tot the First 50 years 1946 to 1996 », écrit par Alan Morton et paru chez Other World Books en 1997).

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Chuck Connors / Crédit photo : Fox Television
FICHE TECHNIQUE

Producteurs exécutifs : John Ashley et Frank Lupo
Producteurs associés : Bernadette Joyce et Janice Cooke
Réalisateurs : James Darren, David Hemmings, Larry Shaw, Rob S. Bowman, Lyndon Chubbuck, Richard Colla, Bob Bralver, Sidney Hayers, Guy Magar, Jon Paré
Scénaristes : Frank Lupo, Allan Cole, Chris Bunch, Craig Tepper, Christian Darren, Tom Blomquist, Mark Jones, Sidney Ellis, Dennis Foley, Norman Spinrad
Musique : Sylvester Levay
Directeurs de la photographie : Rick Bota, Jon Kranhouse
Supervision du montage : Chris Bunch, Allan Cole
Montage : Howard Deane, David Ramirez et Larry L. Mills
Casting : Victoria Burrows
Directeurs artistiques : Paul Ahrens, Robert A. Maisto, Allan Johnson, Tye Butterworth, Bill Shira, Roger L. King
Supervision des décors : Anthony Cowley
Décorateurs de plateau : Steven A. Lee, Mel Cooper, Susan Mina Eschelbach, Hal Martin, Sharon Viljoen
Maquillages spéciaux : Greg Cannom (effets spéciaux), Rick Baker (création des effets spéciaux de maquillage)
Equipe effets spéciaux de maquillage : Stuart Artingstall, Linda Benavente-Notaro, Gino Crognale, Mitch Devane, Keith Edmier, Earl Ellis, Camilla Henneman, Larry Odien, Tony Rupprecht, Martha Vanek, John Vulich, Anthony Brooks Ashley
Coiffures : Manuel P. Montoya, Russel Tod Smith, Renee A. Rehfeld
Coordination des effets spéciaux : Thomas El Bellissimo
Coordination des cascades : Steve Boyum
Cascadeurs : Tony Snegoff, Alex Daniels, Billy Bates, Henry Kingi,
Assistants-réalisateurs : Garry A. Brown, James Lansbury, Jon Paré, Craig West, Tommy Burns, Richar W. Abramitis, Karen Gaviola
Son : Mark R. LaPointe, Peter Bentley, Joseph A. Mayer, Wilson Dyer.
Costumes : Dennis Michael Bansmer, Camille Morris, Tom MacDonald
Production : TriStar Television / Sony Pictures Television

 

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