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Aux frontières du possible : La série

Par Christophe Dordain


"La vie de demain à l'heure d'aujourd'hui". Tel était le propos de cette série d'anticipation réaliste qu'est "Aux Frontières du Possible" (diffusée entre 1971 et 1974 en France). Ce programme nous entrainait à la suite de deux agents du B.I.P.S. (Bureau International de Prévention Scientifique) basé à Nice. Voici un Bureau chargé de protéger l'humanité des utilisations criminelles des découvertes scientifiques. Avec le sympathique Pierre Vaneck et la délicieuse Elga Andersen dans les rôles principaux.

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Pierre Vaneck et Elga Andersen / Crédits photo : Télécip - INA
PRESENTATION

"Aux Frontières du Possible" est une série télévisée qui se situe à la confluence de deux genres télévisuels parmi les plus populaires. En l'occurrence, le policier et la science-fiction. Toutefois, le terme d'"anticipation réaliste" est celui qui convient le mieux pour qualifier cette série française. Dans la mesure où c'est une expression que l'on doit à Henri Viard (l'un des co-scénaristes) dans le cadre de plusieurs entretiens accordés à Télérama, ainsi qu'à Télé 7 Jours, au moment de la diffusion de la première saison (en février 1971, sur la 2ème chaîne de l'ORTF).

"Aux Frontières du Possible" (dont le titre permet de mieux mesurer potentiellement quelle fut la source d'inspiration des dirigeants de M6 au moment de la programmation de "X-Files" dans les années 1990) met en vedette deux jeunes savants. Ils travaillent pour le B.I.P.S. (Bureau International de Prévention Scientifique). Ce dernier est un organisme chargé de protéger l'humanité de l'utilisation criminelle des découvertes scientifiques. Yan Thomas (Pierre Vaneck) et son assistante Barbara Andersen (Elga Andersen, puis Eva Christian pour trois épisodes de la saison II).

Sous la tutelle du Commissaire Charlier (Roger Rudel pour la saison I), puis de Courtnay-Gabor (Jean-François Rémy pour les saisons I et II), les deux savants sont amenés à enquêter sur des affaires aussi étranges les unes que les autres. Entre réapparition de leaders politiques disparus au cours de manifestations contestataires, apparitions de soucoupes volantes en Finlande, assassinats en série dans des salles de spectacle à Paris, etc. S'appuyant sur le duo Claude Boissol / Victor Vicas pour la réalisation des 13 épisodes, "Aux Frontières du Possible" fut tout d'abord diffusée entre octobre et novembre 1971, sur la 2ème chaîne de l'ORTF, pour la première saison. Puis, entre février et mars 1974, le samedi soir à 21h30, pour la saison II.

Le programme fut globalement bien reçu par le public en témoigne la critique suivante, signée Georges Hilleret, dans Télé 7 Jours en date du 23 mars 1974 : "Ecrite, adaptée et dialoguée par Henri Viard, cette série est agréable à suivre car le thème est toujours une idée originale." Citons également le témoignage d'une lectrice, bon reflet de l'opinion générale, dans la même revue Télé 7 Jours (en date du 11 mai 1974 cette fois) : "Je voudrais que vous soyez mon interprète auprès des auteurs et acteurs de la série "Aux Frontières du Possible", pour leur dire combien j'ai été personnellement très heureuse de la suivre, semaine après semaine, et toujours avec la même impatience. Elle a été magnifiquement interprétée par Pierre Vaneck et Elga Andersen, qui ont su, par leur talent, donner toute la dimension aux personnages. L'action, l'humour, la sensibilité ont été conjugués avec un rare bonheur, et je pense que les deux comédiens méritent nos félicitations."

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Pierre Vaneck / Crédits photo : Télécip - INA
LES HEROS DE LA SERIE

Pierre Vaneck

Fils d'un officier belge, il passe sa jeunesse à Anvers avant de poursuivre des études médecine à Paris. Après quelques temps, il décide de s'inscrire aux Cours d'Art Dramatique de René Simon, pour aboutir à ceux du Conservatoire, et notamment la classe de Henri Rollan.

En attendant de décrocher son premier rôle, il arrondit ses fins de mois en fabricant des courroies dans une usine et en contant des poèmes dans les cabarets le soir. Il fait ses premières armes sur les planches, au théâtre Saint-Martin en décrochant, en 1952, le rôle de Louis XIII, dans une nouvelle adaptation du livre de Alexandre Dumas Père, Les Trois Mousquetaires. Deux ans après, il joue pour la première fois au cinéma dans Marianne de ma jeunesse de Julien Duvivier. Enorme succès de ce film poétique.

Cette première apparition au septième art, fixe immédiatement son image de jeune premier romantique. Il va essayer, par la suite, de se débarrasser de cette image qui lui colle à la peau, en enchaînant des participations avec Pierre Kast ("La Morte Saison des amours", 1961, qu'il retrouvera également pour "Vacances portugaises", en 1963, et pour "Le Soleil en face", en 1980) ou Carlos Vilardebo (Les Iles enchantées, 1966), qui remportent des succès d'estime. C'est pour cette raison qu'il acceptera des rôles rôles violents et exposés, comme dans "Pardonnez nos offenses" de Robert Hossein, dans "Celui qui doit mourir" de Jules Dassin, réalisés la même année (1956), ou encore "Une balle dans le canon", de Michel Deville, sorti en 1958.

Malgré ses rôles dans des oeuvres connues et reconnues ("Les Amours célèbres" de Michel Boisrond, "Paris brûle-t-il ?" de René Clément) et des collaborations avec des metteurs en scène célèbres, tel Jean Becker pour "Un nommé La Rocca", il prend peu à peu ses distances à l'égard du cinéma : "Vent d'est" (Robert Enrico, 1993), "Furia" (Alexandre Aja, 2000), "Là-bas, mon pays" (Alexandre Arcady, 2000), "La Science des Rêves" (Michel Gondry, 2006) et "Deux Jours à Tuer" (Jean Becker, 2008) sont ses dernières apparitions sur le grand écran.

A la télévision, il participe à l'émission "La caméra explore le temps" sous la direction de Stellio Lorenzi en 1968 et à "Sarn" de Claude Santelli en 1971. Hormis la série "Aux Frontières du Possible" diffusée entre 1971 et 1974, on a pu voir Pierre Vaneck dans "L'Homme d'Amsterdam", en 1976, "Je tue il" de Pierre Boutron, en 1980, "La fin du Marquisat d'Aurel" de Guy Lessertisseur (feuilleton 4 épisodes), en 1981, "Histoires Extraordinaires" d'après Edgar Allan Poe, en 1984, et "La Mafia" feuilleton italien de Sergio Silva, en 1988.

Dans les années 90, le grand public avait pu l'apprécier dans "Orages d'été, Avis de Tempête" de Jean Sagols, un feuilleton en 9 épisodes datant de 1992, "Les Cœurs Brûlés", réalisé par Jean Sagols en 1993, "Les Grandes Marées", toujours réalisé par Jean Sagols en 2001, et "Fabien Cosma", en 2002.

Pierre Vaneck est décédé 31 janvier 2010.

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Elga Andersen / Crédits photo : Télécip - INA

Elga Andersen

Elle souhaitait devenir danseuse lorsqu'elle était adolescente. Sa mère la poussa à cultiver son goût pour les langues étrangères. Ayant perdu son père durant la Guerre, Elga se passionna en effet pour communication, d'autant plus que son enfance ne fut guère heureuse.

En 1953, dans le but de devenir interprète. Elle débarque à Paris où elle connaît la vie de bohème. Elle fréquente de nombreux artistes, pose pour des photos de mode et devient covergirl. C'est ainsi qu'elle fait ses débuts à l'écran sous la direction d'André Hunebelle, et sous le nom Elga Hymen. Parallèlement, elle prend des leçons de chant, enregistre un disque, et interprète les chansons du film ("Les Canons de Navarone") dans sa version française.

Après un premier mariage de courte durée, elle épouse un producteur qui lui ouvre les portes de l'Amérique et lui permet d'entamer une seconde carrière. On l'a voit notamment aux côtés de Steve McQueen dans le film "Le Mans", réalisé par Lee H. Katzin, en 1970. En 1971, elle apparaît dans la série télévisée "Aux Frontières du Possible".

Au sujet de son travail sur la série et le métier de comédienne pour le petit écran, Elga Andersen déclarait que : "Je regrette surtout l'insuffisance de préparation au niveau des scénarios même lorsqu'ils ne sont pas tout à fait terminés. Ensuite, sur les lieux de tournage, on est obligé de modifier le dialogue, de changer même la structure du scénario. Et ce n'est pas une chose aisée parce que la cadence de travail est cinq fois plus rapide qu'au cinéma. Si bien qu'après trois mois de tournage pour la première saison de la série "Aux Frontières du Possible", Pierre Vaneck et moi étions complètement crevés. Mais je crois que ce qui fait le plus mal, c'est la mentalité de salarié mal payé (on gagne dix fois moins qu'au cinéma) qui s'installe dans ce genre de productions. La compétition n'existe pas puisque la télévision est nationale. On travaille sur un produit qui est déjà vendu et qui n'a pas à rivaliser avec un autre produit. L'aventure de la télévision pour un acteur, c'est la popularité immédiate qu'elle apporte. Du jour au lendemain, tout le monde vous reconnaît dans la rue. Quand j'entre dans un magasin, les gens ne savent plus forcément où ils m'ont vue mais me reconnaissent quand même. Toutefois, on est très vite oublié !" (In Ciné Revue, numéro 14, en date du 5 avril 1973, page 35). Ces propos plutôt rudes permettent peut être de comprendre pourquoi elle ne participa qu'à trois épisodes de la seconde saison...

Elga Andersen s'est éteinte à New York, au terme d'une longue maladie, le 07 décembre 1994.

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Roger Rudel et Pierre Vaneck / Crédits photo : Télécip - INA
LES REALISATEURS

Victor Vicas

Disparu en mars 1985, Victor Vicas aura connu une carrière cosmopolite, mais d'une extrême richesse.

Originaire de Russie, il était né à Berlin en 1918. Puis, il suit des études en France en débutant comme assistant-cameraman au cinéma dans les années 30. Au moment, où, la guerre éclate, il est fait prisonnier. Toutefois, il parvient à s'évader et rejoint les Etats-Unis en 1940. Après la Seconde Guerre mondiale, il travaille en Allemagne jusqu'en 1957. Puis, il tourne en France pour le cinéma. On retiendra notamment "Je reviendrai à Kandara" (avec Daniel Gélin et François Périer).

A la fin des années 1960, il se tourne vers la télévision. On lui doit les séries telle que "L'Etrange Monsieur Duvallier" (6 épisodes de 55 minutes diffusés en 1979 sur TF1, avec Louis Velle et Sabine Azéma). Il est à noter que Victor Vicas retrouvera Pierre Vaneck pour 3 épisodes de la série "L'Homme d'Amsterdam" (diffusée, elle, en 1976 sur TF1).

Entre-temps, Victor Vicas avait déployé toute son énergie et tout son talent visuel, entre 1973 et 1983. Le tout pour illustrer les 36 aventures du Commissaire Valentin et de toute son équipe dans "Les Brigades du Tigre". La série-culte française !

Claude Boissol

Né le 15 juin 1920 à Paris, il débute au cinéma comme assistant de Maurice Labro, Jacques Becker et Yves Allégret. C'est en 1955 qu'il signe sa première réalisation, "Toute La Ville Accuse". Cette dernière connaît un certain succès public et critique. Il dirige par la suite cinq autres films jusqu'en 1961. Toutefois, Claude Boissol doit faire face à la montée en puissance de la Nouvelle Vague qui rejette le cinéma académique. Celui qu'il illustre à sa façon.

Il se tourne alors vers la télévision pour y devenir un metteur en scène incontournable. Citons "Les Globe-Trotters" avec Yves Rénier et Edward Meeks, en 1966; "Pour Tout L'Or du Transvaal" toujours avec Yves Rénier, en 1978; 4 épisodes de "Commissaire Moulin" encore avec Yves Rénier, entre 1980 et 1982; etc. Bref, une impressionnante carrière, n'est-ce pas ?

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Roger Rudel Jean-François Rémi et Pierre Vaneck / Crédits photo : Télécip - INA
FICHE TECHNIQUE

Producteur délégué : Robert A. Vellin
Producteur exécutif : Etienne Laroche
Directeurs de production : Claude Heymann, Marceau Ginesy, Lise Abastado
Délégué production O.R.T.F. : Marcel Degliane-Fouché
Administration : Yvonne Laroque, Gudrun Schwarzenose
Coordinateur de la production : Bernard Quatrehomme
Secrétaire de production : Germaine Torta
Régie : Gilles Schneider, Max Legardeur, Emillienne Pequeur, Dieter Joite, Reiner Stell, Louis Seuret, Michel Krimof, Roger Joint, Raymond Decarie, Lise Quesnel, Laurent Ventura
Musique : Jack Arel
Images : Louis Stein, Georges Barsky, Heikki Katajisto, Jean-Jacques Rochut, René Verzier, Denis Gingras, Jean-Jacques Gervais
Cadre : Christian Darriaux, Alain Thiollet, Matti Ruuhonen, Raimo Vaïsänen
Assistant-cadre : Jean-Louis Rochut
Réalisateur 2ème équipe : Henri Tourlout
Image 2ème équipe : Jean Malaussena
Assistants-réalisateurs : Jean Adam, Li Erben, Hans Hutter, Antero Rossi, Jacques Vallée, Claude Othnin-Girard, Bernard Girardot
Décors : Raymond Gabutti, Frédéric Pagnol, Vesa Tapola, Will Wierhaus, Jocelyn Joly
Son : Jean Bertrand, Daniel Brisseau, Jacques Gallois, Guy Odet, Eduard Kessel, Veikko Partanen, Tapio Flinkman, Henri Blondeau, Normand Mercier,
Script-girls : Sonia Salvy, Cécilia Malbois, Christiane Bertin, Raili Smith, Monique Champagne
Mixages : Pierre Vuillemin, Louis Perrin
Photos de plateau : Francis Ramoin, Li Eerben
Accessoires : Jean-Claude Dolbert, Maurice Terrasse, Armand Barbault, Josef Kohn, Kaleni Nieminen, Jacques Chamberland
Maquillage : Charly Koubesserian, Eric-Lothar Scmekel, Llisa Vahevaara, Denise Daudin, Michèle Dion
Costumes : Rose Daver, Johannes Kohne, Kaija Salaspuro, Sirkha Tanner, Claude Choquette
Habilleuses : Andrée Ramoin, Fanny Jakubowicz
Montage : Gilbert Nadot, Michèle Masnier, Françoise Laporte, Hélène Gagarine, Keijo Virtanen
Cascades : Daniel Breton, Guy Di Rigo, Jean-Marc Allègre, Lionel Vitrant
Effets spéciaux : Paul Trielli
Générique : Gaumont Joinville
Production : ORTF / Télécip / ZDF (Allemange) / MTV (Finlande) / Radio Canada (1971/1974)

 

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