Actrices Portraits en séries

Muriel Baptiste

Par Patrick Sansano

 

Ecrire un livre sur Muriel Baptiste, comédienne surtout connue pour son interprétation de Marguerite de Bourgogne dans "Les Rois Maudits" était une gageure. Mes recherches ont commencé en novembre 2005. Je contactais à l'époque Pierre Tchernia, dont les Archives du Film, Bois d'Arcy, m'avaient donné les coordonnées personnelles. Emu par ma démarche, il en parla à Henri Spade, réalisateur de "La Princesse du Rail" (autre grand succès télévisuel de la comédienne). C'est ainsi que ce dernier me téléphona un jour de janvier 2006 pour me relater le tournage de la série. Mais aussi de ce qu'il avait su, à l'époque, de la vie privée de l'actrice. Cette dernière lui donna quelques soucis sur le tournage du feuilleton.

 

UN LONG PARCOURS

En Mai 2006, j'interrogeai l'actrice Annie Sinigalia. La meilleure amie de Muriel dans le métier. En juillet, le comédien Christian Marin, deux fois partenaire de Muriel, me contacta. Il me donna son accord (enthousiaste) pour la publication d'une biographie en me prêtant sa collection privée de photos de celle qui fut sa partenaire en 1966 dans "Les Chevaliers du Ciel". Puis, au cinéma, en 1968, dans "Le mois le plus beau".

La chance était donc de mon côté puisque André Falcon (Enguerrand de Marigny dans les deux premiers épisodes des "Rois Maudits", soit ceux joués par Muriel) était son meilleur ami. Malheureusement, malgré toute la bonne volonté manifestée par les regrettés Christian Marin et André Falcon, les recherches stagnaient. Personne ne semblait savoir ce qu'elle était devenue après 1974, soit la fin de sa carrière. Plusieurs comédiens de la série "Les Rois Maudits" tentèrent de m'aider. Toutefois, sans succès, car il apparu très vite qu'elle avait gardé ses distances sur le tournage, étant d'une nature réservée.

Avec un dernier témoignage in extremis (septembre 2006) mais déterminant de l'acteur Jacques Serres qui disposait d'une information importante (une confidence faite sur le tournage de "Maigret aux assises"), je me lançais dans la rédaction d'un texte définitif. Envoyé à une quarantaine de maisons d'édition, je n'essuyais que des refus. L'ouvrage devait sortir sous le titre Muriel Baptiste, la reine foudroyée en mai 2007 chez Publiblook, éditeur à compte d'auteur. Avec le recul, il est très incomplet et comporte beaucoup plus de questions que de réponses.

D'un commun accord avec Christian Marin, avec lequel une amitié s'était nouée, il fut convenu de ne pas en rester là. Surtout que cet ouvrage « bouteille à la mer », ainsi que des blogs sur Internet permirent de recueillir de nouveaux témoignages. En procédant à une enquête minutieuse à Paris entre 2008 et 2012, durant de nombreux séjours, vérifiant chaque piste trouvée, il fut possible d'établir une véritable biographie. Cette dernière portant aussi bien sur la vie professionnelle que privée de la comédienne. Le but étant de lui rendre hommage. Malheureusement, Christian Marin devait décéder le 5 septembre 2012. Il ne verra pas voir le fruit du travail achevé. André Falcon, lui, nous a quittés le 22 juillet 2009.

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UN LIVRE TRES DOCUMENTE

La biographie fut terminée avec l'aide déterminante du comédien Bernard Rousselet. Il était le partenaire de Muriel dans "Les dernières volontés de Richard Lagrange". Le livre propose en annexe toutes les pièces d'état civil de Muriel et de sa famille. S'y ajoutent des photos inédites de la collection de Christian Marin. Mais aussi des écrits de plusieurs comédiens : Jean Piat, Christian Marin, André Falcon, Hélène Duc, Pierre Tchernia, ainsi que de la dernière voisine de Muriel.

Dans le corps du texte, on trouve des témoignages de toutes les personnes anonymes ou célèbres qui ont donné des informations depuis 2006. Deux témoignages fantaisistes d'anonymes ont été écartés du livre. Ils sont le fruit d'affabulateurs mauvais plaisants. Néanmoins, ils sont une minorité par rapport à la somme d'informations récoltées difficilement. Muriel ayant arrêté sa carrière en 1974 et quitté ce monde en 1995. Les anonymes ont été cités et ont souvent donné des précisions que personne, dans le monde du spectacle, ne savait. Je les en remercie encore. Certaines célébrités contactées gardaient un mauvais souvenir de Muriel Baptiste. Ces témoignages n'ont pas été censurés. Parce qu'ils démontrent que la comédienne au caractère bien trempé n'avait pas que des qualités. Par exemple, Anne Vernon m'aura expliqué que Muriel ne méritait pas un livre.

On comprend par d'autres témoignages, polis mais très brefs, certains non dits (Marie Claude Mestral qui écourta l'entretien, Georges Lautner, contacté en juillet 2006 ne tenait pas à épiloguer). En revanche, j'ai obtenu de Gérard Dessalles, Georges Ser, Bernard Rousselet, Catherine Hubeau, Bruno Balp des témoignages, brefs ou longs. Il fut décidé que le livre s'appellerait La vie, quelle gifle. Une chose que Bernard Rousselet se souvient d'avoir entendu répéter par Muriel en 1971 sur le plateau de "Richard Lagrange". A cette époque, elle était en marge du tournage. Car elle vivait une dure déception sentimentale.

Bien entendu, la majeure partie du livre s'attache au travail de la comédienne. Chacun de ses rôles étant étudié. Guy Blanc, le réalisateur du film "Le mois le plus beau", exilé au Brésil, n'a pas réussi à retrouver une copie de son film. C'est le seul film sur lequel je n'ai pu faire une analyse détaillée. Mais, en marge des tournages, on apprend les préparations, les à côtés, les déceptions et de multiples anecdotes, futiles ou importantes. Une première traversée du désert, de 1968 à 1970. Le tout en raison de problèmes causés sur certains tournages.

 

PAS UNE HAGIOGRAPHIE

En effet, cet ouvrage n'est pas une hagiographie. Il faut reconnaître que Muriel n'était pas parfaite. Elle avait ses démons. Certains lui en tiennent rigueur par delà la mort. Cependant, cela ne la rend que plus humaine et ne donne envie que de l'aimer encore davantage. Ce livre a été édité à compte d'auteur par Persée en mai 2014. Il n'a qu'un but, ramener à la mémoire du public la merveilleuse personne qu'était la belle Muriel Baptiste pour laquelle j'éprouve, depuis la première diffusion de "La Princesse du Rail" en 1967, soit à l'âge de sept ans, et on l'aura deviné, plus que de l'admiration, et dont la disparition prématurée et tragique (apprise tardivement étant donné l'anonymat dans laquelle elle était tombée), constitue une peine qui jamais ne sera consolée.

Ainsi, le seul regret sera-t-il d'avoir retrouvé trop tard, après publication, une dernière « trace de vie artistique », une interview donnée par téléphone à l'occasion de la rediffusion de la pièce d'Au Théâtre ce soir, « Zoé », au Parisien Libéré le 1er juillet 1977. Cet article a été mis en ligne par l'auteur sur divers blogs, mais ne contient rien de crucial : Muriel avait des projets à la rentrée 1977 non concrétisés, aurait fait du doublage, et parle des vacances qu'elle va prendre avec son chat Melo à Perpignan. Il convient de noter que dans l'interview, elle se garde bien de préciser ce qui lui est arrivé depuis 1974 et dont une grande partie est révélée dans le livre.

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