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Mannix avec Mike Connors : La série

Par Christophe Dordain et Thierry Le Peut

Joe Mannix est détective privé en Californie, à Los Angeles. Vétéran de la guerre de Corée, Mannix a une secrétaire, la veuve d'un policier, Peggy Fair. Ce détective conduit toujours de belles voitures et il n'hésite pas à se raser en même temps qu'il tient le volant ! Bref, la série "Mannix" s'est appuyée pendant huit ans sur une trame très classique, mais efficace, du privé, célibataire, baroudeur quoique gentleman avec les femmes. Retour sur un must du petit écran créé par Bruce Geller pour le réseau CBS.

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Copyright : CBS Television / Desilu Productions
LE CONCEPT

Il est un des rares détectives privés à avoir acquis une notoriété sans nulle autre pareille dans l'univers des séries télévisées. En effet, "Mannix" est la grande série qui annonça la véritable naissance du détective privé à la télévision américaine. Certes, de nombreuses tentatives avaient déjà vu le jour entre la fin des années 1950 et le début des années 1960 : "Richard Diamond" avec David Janssen en 1957; "Johnny Staccato" avec John Cassavetes en 1959; "Mr Lucky" avec John Vyvian et Ross Martin la même année, etc. Toutefois, la plupart des épisodes de ces différents programmes n'excédait pas une durée de 26 minutes, et leur impact auprès du grand public fut bien plus limité si on les compare aux séries western et médicales en vogue alors. 

La série "Mannix" fut créée par Richard Levinson et William Link, deux copains de collège devenus écrivains et scénaristes, en s'appuyant sur un concept d'une redoutable efficacité : Joe Mannix est, à l'origine, un détective qui travaille pour une organisation qui n'est pas sans rappeler la prestigieuse agence Pinkerton. Cette fois, il s'agit de l'agence Intertect dirigée par Lou Wickersham, une agence résolument moderne et déjà très informatisée pour l'époque.

Levinson et Link prirent pour modèle la société MCA (Music Corporation of America), une importante multinationale qui régnait sur le marché de la distribution des programmes de télévision. MCA était dirigée par Lew Wasserman dont la personnalité inspira celle de Lou Wickersham, le patron de Mannix au sein de l'Intertect. Mannix, lui, est un détective de terrain, fortement individualiste, et plus que rétif quant au recours à l'ordinateur pour l'aider à résoudre ses enquêtes. Ce dernier trait de caractère génère des conflits réguliers avec son patron.

Ce concept fut alors présenté à Herbert F. Solow, l'un des responsables de la société de production Desilu et futur producteur de "L'Homme de l'Atlantide". Solow demanda au duo de scénaristes de développer les aventures de Mannix dans la perspective du pilote. Néanmoins, c'est Bruce Geller (responsable de la mise en chantier de "Mission : Impossible" depuis 1966) qui fût chargé de mettre la série sur les bons rails pour le compte de la firme Desilu, alors productrice à la même époque de "Mission : Impossible" et ce pour les trois premières saisons, avant de s'associer définitivement à la firme Paramount.

Un temps, Herbert F. Solow avait pensé à Gene Roddenberry pour le développement de la série, mais ce dernier était totalement immergé dans la production de "Star Trek", une autre série du catalogue Desilu. Geller se trouva donc dans l'obligation de gérer les deux programmes de front à partir de la saison 1967/1968. S'appuyant sur le travail réalisé par Richard Levinson et William Link, il écrivit la bible de la série (document fondamental pour les producteurs, réalisateurs et scénaristes qui leur indique les caractéristiques intangibles de la série) ainsi que le script du pilote "Mon Nom est Mannix" qui est diffusé le 16 septembre 1967 sur CBS.

Pour le choix de l'acteur principal, Geller avait initialement pensé à Darren McGavin qui avait déjà interprété de façon convaincante "Mike Hammer" en 1958. Pourtant, c'est Gary Morton, le second époux de Lucille Ball, la propriétaire et fondatrice de la firme Desilu, qui finira par choisir Mike Connors. Ce dernier avait déjà joué un policier agissant sous couverture, Nick Stone, afin d'infiltrer le syndicat du crime dans la courte série "Tightrope" (diffusée sur CBS du 08 septembre 1959 au 13 septembre 1960).

Disposant désormais de son acteur vedette, les premiers épisodes de "Mannix" furent tournés dès juillet 1967, et la première saison fut diffusée jusqu'au 16 mars 1968 avec l'ultime épisode : "Prenez Garde à la Peinture". En dépit de la qualité de la série, le public américain n'avait pas accroché et tout le monde était persuadé de sa suppression à la fin de la première saison. Toutefois, Desilu prit l'option d'un changement de taille pour l'éventuelle seconde saison en faisant appel à Ivan Goff et Ben Roberts, un couple de scénaristes ayant beaucoup travaillé pour le cinéma, et qui fît de "Mannix" (et pour tout le reste de la série) un ex-flic qui fonde sa propre agence tout en embauchant une adjointe, la veuve de son partenaire assassiné.

Ainsi, dès la rentrée 1968, Mannix emménageait dans son appartement de Paseo Verde, et était désormais aidé par une secrétaire noire du nom de Peggy, jouée par Gail Fisher. Cette fois, le succès fut massif et ne se démentira pas jusqu'à la diffusion du dernier épisode, "Hardball", le 13 avril 1975. Terminons en précisant que le personnage de "Mannix" a des caractéristiques bien précises : c'est un vétéran de la guerre de Corée (1950/1953), doté de capacités physiques bien au-dessus de la moyenne, et qui lui permettent de faire face aux nombreuses situations difficiles qu'il a gérées au fur et à mesure des épisodes : en huit années et 194 épisodes, Joe Mannix sera blessé 15 fois par balle et assommé à 55 reprises ! Un record, non ?

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Mannix lors de la première saison - Copyright : CBS Television / Desilu Productions
MIKE CONNORS EST MANNIX

Disparu le 26 janvier 2017, grâce à "Mannix", Mike Connors était devenu riche et célèbre dans les années 70. Mais si l'Amérique lui a apporté le bonheur, l'acteur restera avant tout attaché à l'Arménie, ce lointain pays dont sa famille est partie à la fin du siècle dernier. C'est pourquoi, la recherche d'identité est une constante dans le choix de ses rôles, notamment, nous le verrons, au milieu des années 1970 dans la série "Mannix".

Fils d'un avocat arménien, né le 15 août 1925, à Fresno en Californie, Mike Connors est originaire de la communauté arménienne, avec un père, Kreker Ohanian, avocat de formation, qui le pousse dans cette direction. Ainsi, Mike Connors suit-il des cours de droit à l'Université de Californie jusqu'à l'âge de vingt-sept ans avant d'abandonner ses études pour tenter sa chance dans le cinéma. C'est ainsi qu'on peut l'apercevoir, mais cela exige un oeil exercé et attentif, dans "Les Dix Commandements", film signé Cecil B.de Mille, en 1956, où il interprète Amakélite, un simple conducteur d'un troupeau de chèvres.

De fait, jusqu'à l'aube des sixties, Mike Connors n'est qu'un comédien de troisième zone, à peine plus qu'un figurant qui cachetonne à droite, à gauche. La télévision lui procure également quelques prestations. Sa première apparition date de 1954 dans un épisode de l'anthologie "Ford Theater", anthologie produite par la fameuse marque automobile. Par la suite, il se spécialise dans des rôles de durs, notamment dans les westerns. Ses premiers pas sous les sunlights, c'est au petit écran qu'il les doit, lorsque le network CBS lui propose de devenir Nick Stone dans la série "Tighrope" où il incarne un agent de police qui accepte de travailler comme taupe afin d'infiltrer des bandes de truands, en changeant à chaque fois d'identité. "Tighrope" est diffusée du 08 septembre 1959 au 13 septembre 1960 avec un format de 26 minutes par épisode qui, malheureusement, n'ont jamais été programmés sur les chaînes françaises.

C'est donc le retour à la case cinéma après cet intermède télévisé qui lui a procuré l'esquisse d'un succès. Il apparaît, par exemple, dans le remake de "La Chevauchée Fantastique" que réalise Gordon Douglas, en 1966. Toutefois, c'est de nouveau le petit écran qui fait appel à ses services pour le rendez-vous de sa carrière. Créée par Richard Levinson et William Link, les auteurs de "Columbo", produite par Ivan Goff et Ben Roberts, la série "Mannix" est une pure merveille de série policière avec un détective privé en vedette. A l'origine, Joe Mannix est un investigateur travaillant pour une société appelée INTERTECT, une firme de privés basée à Los Angeles. Ensuite, Mannix se met à son propre compte, installant son bureau au 17 Paseo Verde. Connors n'a jamais caché que cette période de tournage pour le compte de la firme Paramount fut sa planche de salut, lui faisant connaître la notoriété que "Tighrope" lui avait laissée entrevoir.

Tourner "Mannix", c'était une somme de travail colossal, se lever à cinq heures du matin pour ne rentrer que vers neuf heures le soir, cinq jours par semaine, et cela pour assurer la production de 24 épisodes d'une durée moyenne de 48 minutes par saison. A propos de son travail, et dans le cadre des nombreuses interviews que donna le comédien à l'époque, on peut retenir les confidences suivantes faites à Danièle Sommer pour Télé 7 Jours : "Quand vous voyez le même personnage chaque semaine, il doit communiquer sa chaleur, sa vérité; certains comédiens deviennent très populaires à la télévision; d'autres, pourtant fameux, ne durent pas. C'est parce que le public est devenu plus subtil. Il perçoit, au travers d'un personnage de fiction, la qualité humaine du comédien. Certains producteurs ont misé sur de grands noms tels James Stewart (dans la série "Hawkins" en 1973) et Anthony Quinn; ils ont perdu, en Amérique tout au moins. Personnellement, j'ai été en concurrence avec une autre série, "L'Homme de la Cité" (en 1971), qui passait à la même heure que "Mannix" sur une autre chaîne. Au bout d'un an, c'était fini. Le public n'est pas dupe. Pour lui plaire, il faut payer de sa personne." (Sources : Télé 7 Jours numéro 797 en date du 23 août 1975, pages 48 et 49).

L'équipe de tournage, elle, était composée de professionnels chevronnés qui étaient tous désireux d'atteindre la meilleure qualité possible. Au total, 195 épisodes furent diffusés sur CBS, du 09 septembre 1967 au 13 avril 1975. Par les bons offices de "Mannix", Gail Fisher, qui incarne Peggy, la secrétaire du fameux privé, obtint l'Emmy de la meilleure actrice au cours de la saison 1969/1970, et pas moins de 90 pays achetèrent ce programme où débutèrent de futures stars comme Tom Selleck ou Linda Evans. Cependant, pour une sombre histoire de budget, que CBS refusait aux studios Paramount, la série fut annulée en pleine gloire, laissant au téléspectateur le souvenir d'un formidable générique constitué d'une mosaïque de cadres enchaînés et pulsé par la musique de Lalo Schifrin.

Le personnage de Mannix est donc devenu, au fil des années, le prototype de l'enquêteur dur, mais compatissant, adepte du coup de poing (sous la supervision du chef cascadeur Dick Ziker, Mike Connors accomplissait quelques une des cascades nécessaires à l'histoire), et de la phrase bien sentie.

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Copyright : CBS Television / Desilu Productions
LES CREATEURS : RICHARD LEVINSON ET WILLIAM LINK

Ce couple de créateurs s'est formé au Collège d'Elkins Park à Philadelphie au cours des années 40. Tous deux se découvrent une passion commune pour l'écriture, la critique cinématographique et le développement de magazines.

A la fin des années 1950, la Desilu ayant acheté une de leurs histoires pour le compte de l'émission "The Westinghouse Desilu Palyhouse", une anthologie théâtrale, ils émigrent à Los Angeles et travaillent pour le compte de la compagnie Four Stars (créée par quatre acteurs très populaires à l'époque : Dick Powell, Joel McCrea, Charles Boyer et Rosalind Russel). Ils écrivent notamment des dizaines de scripts pour "Au Nom de la Loi" avec Steve McQueen, "Honey West" avec Anne Francis, "Johnny Ringo", etc.

Ils produisent leur première série, "Jericho", en 1966, programme qui ne dure qu'une saison mais dont on salue la qualité puis c'est "Mannix" en 1967 et, surtout, "Columbo" à partir de 1968. Bien plus tard, ils seront à l'origine de la série "Arabesque" avec Angela Lansbury, dès 1984, pour laquelle Mike Connors reprendra le rôle de Joe Mannix le temps d'un épisode diffusé en 1997.

Leur collaboration s'est achevée à la mort de Richard Levinson, terrassé par un crise cardiaque, le 12 mars 1987.

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Copyright : CBS Television / Desilu Productions
LE PRODUCTEUR EXECUTIF : BRUCE GELLER

Scénariste de formation, Bruce Geller a travaille tout d'abord sur l'émission "The Zane Grey Theater" en 1956 avant de proposer des premiers scripts pour "Have Gun Will Travel" avec Richard Boone en 1957 et "L'Homme à la Carabine" avec Chuck Connors en 1958. Il écrit également quelques scénarios pour Sam Peckinpah alors producteur de la série "The Westerner" avec Brian Keith en 1960.

Toutefois, c'est au milieu des années 60 qu'il connaît son heure de gloire en développant en parallèle deux séries dont l'impact auprès du grand public est considérable : "Mission : Impossible" avec Steven Hill, puis Peter Graves, à partir de 1966, et "Mannix", l'année suivante.

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Mannix et sa secrétaire, un duo socle de la série - Copyright : CBS Television / Desilu Productions
LA FIRME DESILU

La Desilu, fondée en 1950 par les acteurs Lucille Ball et Desi Arnaz, fut la première et la plus importante compagnie de production de télévision.

Durant les années 50 et 60, elle constitua un véritable empire qui domina largement le marché de la fiction télévisuelle américaine. Elle servit notamment de tremplin à de nombreux créateurs et futurs producteurs : Aaron Spelling, Quinn Martin, Gene Roddenberry, Richard Link, William Levinson, Stephen J. Cannell, etc.

Parmi les principales séries produites, on peut citer :
- "Les Incorruptibles" (1959/1963),
- "Star Trek" (1966/1969),
- "Mannix" (1967/1975),
- "Mission : Impossible" (1966/1973).

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Copyright : CBS Television / Desilu Productions
ANALYSE DE LA SERIE

On ne sent doute pas forcément si on ne lit pas le générique mais "Mannix", célèbre série de détective privé à la rencontre des années 60 et 70 que l'on découvrit en France à partir du jeudi 02 janvier 1969 sur la 1ère chaîne de l'ORTF à 21h30, et qui bâtit la popularité de l’acteur Mike Connors, possède un point commun avec "Columbo" (et "Arabesque") et un autre avec "Mission : Impossible". C’est que la série a été créée par Richard Levinson et William Link, les papas de "Columbo", et développée ensuite par Bruce Geller, le géniteur de "Mission : Impossible". Si l’on ajoute à cela le thème musical célébrissime à travers le monde entier composé par Lalo Schifrin, également auteur du générique de "Mission : Impossible", on a, sans avoir encore regardé devant la caméra, de quoi se rendre compte que "Mannix" possédait d’emblée de sérieux atouts.

En fait, la série flirte d’abord avec l’espionnite, c’est-à-dire la vague de séries d’espionnage et d’aventure issue du succès cinématographique des James Bond. Joe Mannix est l’enquêteur numéro un de l’agence Intertect, une société dirigée par Lew Wickersham et remarquable par la technologie de pointe (à l’époque, bien sûr) dont elle dispose pour mener à bien ses enquêtes. Levinson et Link concevaient leur personnage comme une sorte de chien dans un jeu de quilles : un aventurier indépendant, un maverick, dans une agence informatisée où chacun dispose d’un bureau placé en permanence sous la surveillance d’une caméra, et doit suivre des règles strictes (par exemple : pas plus d’un dossier à la fois sur le bureau).

Le premier épisode, "The Name is Mannix", donne le ton en soulignant d’emblée la « différence » de Mannix : il arrive en retard au travail, masque le champ de la caméra en plaçant devant elle sa veste accrochée au sommet du porte-manteau, puis s’installe à son bureau (jonché de dossiers et de papiers en désordre) pour lire un magazine, les pieds nonchalamment posés sur le plan de travail. Pourtant, la série ne trouve pas son public. Elle frôle l’annulation en fin de première saison, jusqu’à ce que Desilu, la société productrice (qui abrite aussi les tournages de "Star Trek" et de "Mission : Impossible"), décide d’en modifier le concept de façon à rendre le héros plus indépendant encore.

A la rentrée 1968, Mannix ne travaille donc plus pour Intertect, qui disparaît tout simplement de son univers : il est désormais détective privé, à son propre compte, et habite une jolie résidence dans Los Angeles, où il emploie une ravissante secrétaire, Peggy Fair. A l’époque, la présence de celle-ci n’est pas anodine, car l’actrice qui l’incarne, Gail Fisher, est noire. S’il n’existe aucune romance entre le privé et sa secrétaire, la sollicitude et l’intérêt de l’un pour l’autre sont évidents.

Ainsi fondu dans un concept plus classique mais aussi plus libre, "Mannix" décolle véritablement à partir de la deuxième saison. Au point que sa série durera huit saisons au terme desquelles elle était encore suffisamment regardée pour pouvoir durer : c’est un désaccord de coulisses qui provoqua sa suppression par CBS, qui la diffusait. "Mannix" se range alors aux côtés d’autres programmes dont la popularité ne se démentira jamais mais dont la carrière prit fin bêtement, à l’instar de "Zorro". "Mannix", comme "Cannon" ou "Rick Hunter", est la série d’un homme essentiellement. Mike Connors et son personnage portent sur leurs épaules chaque épisode, où le héros apparaît dans la plupart des scènes.

Homme de tempérament ne reculant jamais devant le danger et ne résistant pas au désir d’aider son prochain (le syndrome boy-scout de tout héros classique), Mannix possède son propre sens de l’humour mais reste un monolithe vivant, moins désinvolte finalement qu’un Jim Rockford "200 Dollars plus les Frais" fera son apparition en 1974, alors que "Mannix" vit sa dernière saison) et davantage dans la lignée d’un Eliot Ness ou d’un Steve McGarrett, dont il n’a pas toutefois la rigidité.

Homme d’émotion, Mannix n’est pas un privé désabusé comme l’était le Sam Spade de Dashiell Hammett incarné par Bogart au cinéma : certes, comme les héros de romans et de films noirs, il est souvent ballotté d’un danger à l’autre avant de comprendre enfin de quoi il retourne, et les vérités qu’il découvre dénoncent la corruption, la lâcheté, les manigances politiciennes, la gangrène familiale et autres thèmes chers au roman noir ; certes, aussi, les conclusions de ses enquêtes ne sont pas toujours des happy ends, au contraire ; mais le personnage en lui-même témoigne d’une compassion et d’une implication qui le détachent du cynisme propre aux Sam Spade.

Mannix vole au secours des femmes en détresse, fait le coup de poing avec les gangsters de tout poil, vole dans les plumes des gens bien en vue si nécessaire, mais ne perd jamais de vue l’humanité qu’il côtoie, et à laquelle il s’intéresse sans toujours attendre de salaire en retour. Le sentiment du devoir accompli et un sourire ou une tape dans le dos peuvent suffire, à l’occasion, pour le contenter. Comme le notait Jean-Jacques Schleret dans Les grandes séries américaines des origines à 1970, Mannix est un personnage-charnière dans l’histoire du privé à la télévision. Travaillant souvent en veston-cravate, il s’inscrit dans la lignée des distingués messieurs qui firent ce métier avant lui, mais, homme d’action, il annonce aussi les privés des années 70 et 80.

"Cannon", lancée en 1971, n’est pas sans point commun avec "Mannix", en dépit de l’apparence très différente des deux personnages-titres ("Cannon" étant incarné par William Conrad, dont le ventre conséquent peut paraître un obstacle aux scènes d’action – à tort !). Esprit fort fonctionnant souvent à l’intuition, "Mannix" annonce en outre les Rockford et Magnum qui lui succèderont et qui, tout en conservant un sens du devoir et de l’honneur, laisseront s’exprimer largement leur personnalité haute en couleur.

Comme les séries policières contemporaines, "Mannix" possède une conscience sociale, bien que l’accent soit mis d’abord sur les intrigues. On a souvent reproché à la série son écriture par trop millimétrée, standardisée ; mais certains épisodes n’en mettent pas moins en lumière le sort de la minorité noire ou la question de la guerre, même si c’est par le truchement d’un pays imaginaire. S’il est vrai que les épisodes empruntent des sentiers souvent semblables, ils sont malgré tout bien écrits et restent divertissants (voire intéressants !) trente ans plus tard.

On notera, avant de refermer la page "Mannix", que le rôle de Peggy valut à Gail Fisher un Emmy Award de meilleure comédienne de second plan, ce qui à l’époque (1970) était significatif. Quant au personnage de Joe Mannix, il est revenu dans un épisode de la série "Diagnosis Murder" ("Mort suspecte" / "Diagnostic meurtre"), sous les traits bien sûr de Mike Connors, pour résoudre une enquête laissée inachevée quelque trente ans plus tôt !

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Copyright : CBS Television / Desilu Productions
FICHE TECHNIQUE

Producteurs : Ben Roberts et Ivan Goff
Producteur exécutif : Bruce Geller
Producteurs associés : Wilton Schiller, Barry Crane
Supervision de la post-production : Herbet F. Solow, Douglas S. Cramer
Post-production : John A. Fegan Jr., Paul Krasny, Robert L. Swanson
Directeurs de la photographie : Gene Polito, Gert Andersen
Assistants-réalisateurs : Rowe Wallenstein, Ric Rondell, Ted Butcher, Harry F. Hogan
Supervision des scripts : Harry Harvey, Jr
Supervision de l'équipe de tournage : Ric Rondell
Casting : Joseph D'Agosta, Ramsay King et William J. Kenney
Montage : Jerry Taylor, Larry L. Mills, Neil MacDonald, Robert L. Swanson, William Cairncross
Musique : Jeff Alexander, Benny Golson, Kenyon Hopkins, Lalo Schifrin, Richard Hazard, Jerry Fielding, Richard Markowitz, Jack Urbont, Phillip Stringer, Fred Steiner, Luchi de Jesus, Gerald Fried Thème : Lalo Schifrin Costumes : Michael Tierney
Décorateurs : John F. Burton, Fred R. Price, Richard Spero
Maquillage : Jack Obringer
Coiffures : Christine George
Supervision des costumes masculins : Forrest T. Butler
Supervision des costumes féminins : Dodie Shepard, Grace M. Harris
Costumes fournis par : Petrocelli, Botany 500
Responsables de la production : Bill Derwin, Michael P. Schoenbrun, Ric Rondell
Effets spéciaux : Jonnie Burke
Coordination de la production : Philip Fehrle, Dale Tarter, Michael Jarvis
Mixages : Tommy Thompson, Elden E. Rubber, Gordon L. Day
Responsable du montage : Paul Krasny, Mike Vejar
Montage de la musique : Robert H. Raff Montage son : Joseph G. Sorokin, Edward L. Sandlin, Jim Bullock
Son : Glen Glenn Sound Company
Directeur artistique : Jan Van Tamelen
Supervision de la post-production : John A. Fegan Jr., Paul Krasny, Robert L. Swanson
Coordination des cascades : Dick Ziker, Charles Picerni, Hal Needham
Cascadeurs : Buddy Joe Hooker, Henry Wills, Jesse Wayne, Max Kleven, Glen Wilder, Jon Kowal, Jimmy Casino, Eldon Burke, Vincent Deadrick, Red West, Chuck Hicks, Michael Masters, David Chow (futur coordinateur des combats pour la série "Kung Fu"), Richard Bakaylan, George Orrison, Fred M. Waugh, Alan Gibbs, Bill Couch, Tony Brubaker, Bob Bravler, Ronnie Rondell, Jr, James W. Gavin, Gary M. Combs, Eddy Donno
Véhicules : Ed Chamey fournis par Chrysler Corporation
Production : Norway Productions, Desilu et Paramount Television (1968/1975)

 

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