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La dame de Monsoreau : La série

Par Christophe Dordain

Sous le règne d'Henri III, les intrigues se multiplient entre Catholiques et Protestants à la cour du roi de France. Intrigues politiques mais aussi amoureuses autour de la trop belle Diane de Monsoreau, convoitée par trois hommes : le comte de Monsoreau, le duc D'Anjou, frère du roi et Louis de Bussy D'Amboise.

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Karin Petersen / Crédit photo : Télécip
A PROPOS DE LA SERIE

Avons-nous ici affaire une série considérée comme un des chef d'oeuvres du feuilleton historique ? L'affirmation peut sembler quelque peu péremptoire. Toutefois, il est vrai que "La dame de Monsoreau" apparaît telle la quintessence de ce que l'ORTF (et les compagnies de production qui travaillaient avec elle telle la firme Télécip dans le cas présent) pouvaient proposer au public française de l'époque. Une sorte d’apogée du télé-feuilleton historique français. Nous sommes donc à la fin de l'année 1971. Noël approche...

Une conjonction de talents

Résumons nous ! Avec "La dame de Monsoreau", ce qui impressionne est la somme incroyable de talents convoqués pour la mise en en chantier de cette série.

En premier lieu, et on ne peut qu'apprécier leur professionnalisme, les cascadeurs de l'équipe dirigée par Claude Carliez. Dire que les duels sont parfaitement chorégraphiés relève vraisemblablement de l'euphémisme. Comme le soulignaient Jacques Baudou et Jean-Jacques Schleret dans "Le livre des feuilletons historiques de la télévision française" (éditions du Huitième Art, 1996), sans doute les meilleurs que l'on ait vus à la télévision.

En second lieu, la distribution artistique ! Certes, c'est un passage attendu dans ce type d'article consacré aux séries anciennes. Mais quand même ! Excusez du peu ! Nicolas Silberg (qui confirmera tout l'attachement que le public lui portait alors avec "La juive du Château-Trompette" et "D'Artagnan amoureux"). François Maistre (figure récurrente de la télévision française, par exemple "Joseph Balsamo" le confirme, et futur Monsieur Faivre dans "Les Brigades du Tigre"). Michel Creton (déjà vu dans "Les corsaires" avec Michel Le Royer et que l'on retrouvera dans "La juive du Château-Trompette" et "Ces beaux messieurs de Bois-Doré"). Denis Manuel, Louis Arbessier, Pierre Hatet, Pierre Massimi, etc. Et puis, Karin Petersen. Jeune comédienne inexpérimentée à l'époque et qui connaîtra un tragique destin en avril 1982.

Un univers visuel d'une grande richesse

Les décors sont somptueux. Yannick Andréi, le réalisateur, et son équipe auront promené leur caméra dans les châteaux de la Loire, au Mans (le vieux Paris notamment pour le duel majeur au cours du premier épisodes), au Mesnil-Saint-Denis (ferme de Beaurain, Abbaye de Notre-Dame de la Roche) et dans les studios de Saint-Maurice peu avant qu'ils ne soient détruits par un gigantesque incendie. Le tout étant splendidement photographié par Pierre Montazel. Ce dernier s'était établi une solide réputation de directeur de la photographie sur des films tels que "Touchez pas grisbi" de Jacques Becker et "Si Versailles m'était conté" de Sacha Guitry. La production, elle, aura investi 3,5 millions de francs de l'époque (plus de 4 millions d'euros aujourd'hui) tout en engageant 222 comédiens et plus de 500 figurants ! En somme, la qualité française !

Le respect de l'oeuvre de Dumas

C'est à Claude Brulé qu'est revenue la lourde tâche d'adapter l'oeuvre de Dumas. Le constat est qu'il aura mené à bien cette périlleuse entreprise. Il faut alors souligner l'originalité de la démarche qui consiste à faire raconter cette histoire foisonnante du point de vue de Chicot, le bouffon (et espion) du Roi. Son parcours démontre qu'il était l'homme de la situation. En effet, auparavant, Claude Brulé avait collaboré avec Roger Vadim pour le scénario du film "Les Liaisons dangereuses". Puis, au cours des années 60, il écrit les dialogues français de "Rocco et ses frères" de Luchino Visconti. Enfin, il adapte des oeuvres très populaires telles que "Angélique, marquise des anges", "Merveilleuse Angélique" et "Paris brûle-t-il ?". Dans les années 1970, il commence à écrire pour la télévision, devenant scénariste de quelques-unes des grandes dramatiques de l'époque : "Molière pour rire et pour pleurer", "Voltaire ou Ce diable d'homme", "Le Roi qui vient du sud", "Blanc, bleu, rouge" ou encore "L'Argent" dans les années 1980. Il est aussi l'adaptateur et le scénariste de la série à succès "Arsène Lupin".

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Présentation de la série à Noël 1971 / Crédit photo : Télé 7 Jours
LA RECEPTION PAR LA PRESSE
Le Monde

Comme vous pourrez le constater, le journal en question aura eu la dent plutôt dure au moment de la première diffusion de "La dame de Monsoreau" : "Pierre Sabbagh attache beaucoup d'importance au grand feuilleton tiré de la Dame de Monsoreau. Il est venu nous le dire. Sans vouloir souffler sur son enthousiasme - car il s'agit, en effet, d'une production d'une certaine qualité, - on peut tout de même dire que Dumas appelle une fougue, un lyrisme, que ne possède point le réalisateur Yannick Andréi. L'adaptation de Claude Brulé est fidèle au roman, et bien construite, mais Yannick Andréi a filmé assez platement les intrigues de cour, les rencontres mystérieuses et les affrontements dramatiques. Un duel devant de vieilles maisons photogéniques et quelques galopades en forêt, ne sont que de timides morceaux de bravoure. Et puis, si je " reconnais " bien Bussy, Henri III, le duc d'Anjou, Chicot et le vilain Monsoreau, dans leurs interprètes, Karin Petersen est bien loin de Diane telle que je la voyais. Un beau visage, mais ce leu mécanique, cette voix un peu criarde (l'actrice est-elle doublée ?), vraiment non..."

Télé 7 Jours

Quant au grand hebdomadaire de l'époque, Télé 7 Jours, le sentiment général apparaît quelque peu plus positif : "Enfin ! Ils se sont réveillés, après une laborieuse mise en train. Et c'est tant mieux. Le souffle d'Alexandre Dumas animait enfin les comédiens du feuilleton "La dame de Monsoreau". Michel Creton, en tête, campait un savoureux et Chico, l'insolent bouffon du Roi. (...) Pourtant, l'ensemble aurait gagné à être plus resserré pour lui donner un peu plus de nerf et de vivacité." Georges Hilleret dans Télé 7 jours (8 janvier 1972 - numéro 611 - page 89).

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Crédit photo : Koba Films Vidéo
L'EDITION EN DVD

Le feuilleton est disponible en DVD (Coffret 4 DVD, TF1 vidéo, "Les grandes séries de la télévision") depuis novembre 2014. Un coffret à se procurer de toute urgence pour comprendre ce qu'était la qualité ORTF des années 70. Et quel beau cadeau pour les fêtes de fin d'année !

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Pierre Hatet (au centre) est Charles de Lorraine / Crédit photo : Télécip
LA DIFFUSION

A partir du 18 décembre 1971 sur la 2ème chaîne de l'ORTF. Rediffusion à partir de juin 1975 sur TF1, puis sur Antenne 2. Enfin, "La dame de Monsoreau" aura également bénéficié d'une belle exposition auprès du public de La Cinq à ses débuts.

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Karin Petersen lors de la rediffusion en 1975 / Crédit photo : Télé Poche
DISTRIBUTION

Karin Petersen (Diane), Nicolas Silberg (Bussy), Denis Manuel (Henri III), Michel Creton (Chicot), Gérard Berner (Anjou), Mireille Audibert (Mme de Saint-Luc), François Maistre (Monsoreau), Daniel Derval (Rémy), Gilles Béhat (Epernon), Marco Perrin (Henri de Navarre), Maria Mériko (Catherine de Médicis), Jacques Lecarpentier (Guise), Louis Arbessier (Meridor), Maurice Rich (Mayenne), Jean-Louis Broust (Monsieur de St Luc), Julie Ravix (Gertrude), Pierre Hatet (Lorraine), Pierre Massimi (Quéius), Angelo Bardi (Gorenflot), Teddy Bilis (Pierre).

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Nicolas Silberg dans "La dame de Monsoreau" / Crédit photo : Télécip
FICHE TECHNIQUE

Réalisation : Yannick Andréi
Adaptation et dialogues : Claude Brulé, d'après le roman d'Alexandre Dumas
Producteur : Robert Dorfmann
Musique : Bernard Fossard
Orchestration : Claude Denjean
Directeur de la photographie : Pierre Montazel
Régie : Louis Seuret, Charlotte Fraisse, Henri Brichetti
Assistants à la régie : Marcel Vantieghem, Christian Gallo, Sylvain Hetchi
Administration : Yvonne Larroque
Secrétaire de production : Arlette Duverdier
Cadre : Michel Bouyer
Assistants au cadrage : Claude Amiot, Marcel Gilot, Claude Masson
Montage : Hélène Gagarine
Assistantes au montage : Michèle Masnier, Geneviève Sicard
Décors : Jean Mandaroux
Assistants aux décors : André Jarry, Robert Verrier
Assistants à la réalisation : Christophe Andréi, Philippe Arnal
Costumes : Colette Baudot, Sylvie Poulet
Assistante aux costumes : Madeleine Charlot
Habilleuse : Marguerite Brachet
Maquillage : Charly Koubesserian
Assistantes au maquillage : Chantal Godaert, Catherine Coullardon
Postiches : Jacques Adam
Script-girl : Sonia Salvy
Son : Jacques Gallois
Mixage : Pierre Vuillemin
Assistant au son : Guy Odet
Accessoires : Guy Augé
Combats et cascades : Claude Carliez
Cascadeurs : Frank Estange, Michel Berreur
Co-production : ORTF/Télécip (1971)

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