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Alerte ! Robot évadé, réalisé par Richard Colla

Par Jacques Pasanovich
(+ documentation fournie par l'éditeur)

 

SYNOPSIS

L'action du téléfilm "Alerte ! Robot évadé" se situe à Pasadena aux Etats-Unis. Une équipe de savants a mis au point un robot nommé Questor. Le tout d'après les directives du professeur Vaslovik, un prix Nobel présumé mort. Le quotient intellectuel de Questor, qui est en fait issu d'un androïde artificiel, se révèle très supérieur à celui d'un être humain.

Une nuit Questor s'anime. Puis, il prend vie sous la forme d'un homme. Ensuite, il s'échappe du laboratoire et persuade un jeune scientifique, Jerry Robinson, de le suivre à la recherche du professeur Vaslovik. Echappant aux autorités américaines, les deux hommes se retrouvent à Londres. Peu après, ils parviennent à prendre contact avec Lady Helena. Celle-ci les met alors sur les traces du professeur disparu...

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Une édition proposée en décembre 2022 / Crédits photo : Universal Television - Elephant Films
LES DERNIERS FEUX DE RODDENBERRY AU PETIT ECRAN

Est-il encore nécessaire de présenter Gene Roddenberry ? Ce dernier aura acquis une renommée légendaire en tant que créateur et producteur de "Star Trek" (1966/1969). Toutefois, dans la décennie qui suivra, après l’annulation de la série par NBC Television à l’issue de la troisième saison, le célèbre producteur ne parviendra pas à connaître un succès similaire.

Pourtant, cela n’est pas faute d’avoir essayé à maintes reprises. Notamment en s’impliquant dans la production d'autres téléfilms-pilotes pour de potentielles nouvelles séries de télévision. Tel est le cas de "The Questor Tapes" (qui fut diffusé en France, le lundi 7 novembre 1983 sur TF1, sous le titre "Alerte ! Robot évadé") dont Elephant Films a proposé une édition en DVD en décembre 2022.

Genesis II

Cela dit, on ne manquera donc pas de s'intéresser aux tentatives de Roddenberry évoquées ci-dessus. Par exemple, "Genesis II" (avec Alex Cord et Mariette Hartley. Il fut réalisé en 1973 par John Llewellyn Moxey et diffusé en France le lundi 19 septembre 1983 sur TF1). Ce téléfilm présentait Dylan Hunt. Un cobaye pour les tests d’hibernation que mène la NASA afin de faciliter les voyages spatiaux de ses astronautes. C'est alors qu'une secousse sismique d’une rare intensité détruit la base souterraine où se déroulent les expériences. Désormais, enseveli sous un imposant amas de pierres, Dylan ne sera secouru que 154 ans plus tard.

"Genesis II" dépeint son réveil brutal en 2133, alors qu’une guerre nucléaire a décimé la civilisation. Cette dernière a laissé place à une société primitive où s’affrontent deux groupes. D'un côté, des mutants, dont les ancêtres ont été exposés aux radiations. De l'autre côté, les membres d’un groupe connu sous le nom de PAX.

Planète Terre

On pourra de même mentionner "Planète Terre" (avec John Saxon et Diana Muldaur, réalisé en 1974 par Marc Daniels, diffusé en France le dimanche 31 octobre 1976 sur Antenne 2). Un groupe d'humains (Dylan Hunt le commandant, Harper-Smythe la scientifique et Baylok le spécialiste des communications)  est réveillé de l'animation suspendue et se retrouve au XXIIème siècle sur Terre.

Alors qu'ils parcourent la surface de la planète dans un engin motorisé, ils découvrent une civilisation où les femmes contrôlent la planète et les hommes sont devenus des esclaves. D'abord capturé, leur chef, Hunt, est vendu comme esclave. Puis, il prendra la tête de la révolte masculine.

Les ultimes téléfilms

Suivront "Alerte ! Robot évadé", objet du présent article (et donc édité en DVD par Elephant Films) ainsi que "Spectre" (mis en scène en 1977 par Clive Donner, avec Robert Culp, Gig Young et John Hurt). Ce téléfilm en question mettait en vedette un criminologue et occultiste du nom de William Sebastian. Il est engagé par Anitra Cyon afin de protéger son frère Geoffrey qu'elle suspecte d'utiliser la magie noire pour la gestion de ses affaires.

Aussi, à l'évocation de ces différentes productions, un constat s’impose. Il relève alors presque du jugement sans appel. En effet, les seuls succès que connaîtra ultérieurement Roddenberry au cours des années 70 auront finalement pour principe de revenir aux sources. Par exemple, avec une nouvelle version de "Star Trek", sous la forme d’une série animée (22 épisodes d'une durée de 26 minutes diffusés entre septembre 1973 et octobre 1974 sur NBC).

Puis, à la fin des années 70, ce sera le passage au grand écran avec le film "Star Trek", réalisé par Robert Wise. La machine est ainsi relancée. Elle donnera, et c'est le cas depuis quatre décennies désormais, 7 nouvelles séries et 12 films dont un Star Trek 4 en préproduction et prévu pour 2026. Bref, l'aventure lancée en 1966 se poursuit donc encore aujourd'hui...

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Robert Foxworth / Crédits photo : Universal Television - Elephant Films
LE CONCEPT DU TELEFILM

Dans le téléfilm "Alerte ! Robot évadé", réalisé par Richard Colla, le personnage principal, Questor, est un androïde qui a été créé par une race extraterrestre bienveillante pour se fondre parmi les humains. Après des années passées en compagnie des hommes, il se lance à la recherche de son créateur.

À l'époque de sa réalisation, une observation est alors nécessaire qui concerne les intelligences artificielles et leur représentation au cinéma voire à la télévision. En effet, les plus sophistiquées que nous ayons vues étant certainement HAL 9000 dans le chef d’œuvre qu’est "2001 : L’Odyssée de l’Espace" de Stanley Kubrick. Puis, le super-ordinateur Colossus dans "Le Cerveau d’Acier", mis en scène par Joseph Sargent en 1970. Cependant, dans les deux exemples cités précédemment, la bienveillance vis-à-vis de l’être humain n’est pas de mise, loin s’en faut...

Au contraire, dans "Alerte ! Robot évadé" est développée l'idée de l'androïde respectueux de l'homme. Il a été programmé pour ne pas nuire à l'humanité et pour la protéger. En somme, un robot-ami qui pourrait faire penser, toute proportion gardée, à Robby le robot dans "Planète Interdite" (1956). Voilà pourquoi, avec "Alerte ! Robot évadé", on peut saluer la démarche de son géniteur, Gene Roddenberry, qui présente, et c’est presque un précurseur, le développement crédible d'une intelligence artificielle sous un jour non menaçant.

A ce premier atout à souligner s'ajoute un second. Il y a aussi dans ce téléfilm l'idée fascinante du centre d'information et la notion que quelqu'un peut secrètement contrôler les dirigeants mondiaux et manipuler discrètement les événements. Plus, la révélation décisive surprise concernant l'origine et le but finale de Questor. Ce dernier se révèle également comme une autre facette du message humaniste de Gene Roddenberry.

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Mike Farrell et Robert Foxworth / Crédits photo : Universal Television - Elephant Films

Après que le pilote ait été diffusé et ait obtenu des notes raisonnables, le feu vert fut donné par NBC pour une série de treize épisodes. Cependant, Roddenberry, consterné par les changements exigés par le réseau (tels que l'élimination du personnage de Jerry Robinson et la demande de liaisons romantiques pour Questor) refusa de le faire. En résumé, rien de plus n'a émergé de la série, bien que l'éditeur de scénario original de Star Trek, DC Fontana, ait écrit une novellisation, "The Questor Tapes" (1974), qui suit de près le scénario du téléfilm-pilote.

Plus tard, Gene Roddenberry basera le personnage de Data dans "Star Trek : The Next Generation" sur celui de Questor. En effet, il y a un certain nombre de références explicites au téléfilm tout au long de la série. Notamment car Questor fut le premier à affirmer qu'il était "entièrement fonctionnelle" en ce qui concerne la sexualité. Un aspect qui sera repris dans l'épisode "The Naked Now" (1987).

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Mike Farrell et Robert Foxworth / Crédits photo : Universal Television - Elephant Films
QUE PENSEZ DU TELEFILM ?

Le réveil de Questor fait partie des plus belles scènes du film. Nous le voyons se réveiller sur la table du laboratoire après que tout le monde a abandonné. Puis, il s'assoit pour mouler un ensemble d'oreilles, de lèvres puis de cheveux pour lui-même. Le tout entrecoupé de scènes où le chef de projet autoritaire John Vernon grille Mike Farrell pour l'échec apparent de le plan.

Viennent ensuite les excellentes scènes où un Robert Foxworth vierge et innocent entre dans le monde. Il se promène alors dans la bibliothèque où il rencontre la secrétaire de Vaslovik (Ellen Weston). Ici, le film nous dresse un beau portrait de quelque chose qui prend vie. Une chose qui tente de donner un sens au monde humain quotidien, voire à des façons de parler quotidiennes, qui lui sont complètement étrangères.

Il faut bien reconnaître que "Genesis II" était finalement peu intéressant. Aussi, avec "Alerte ! Robot évadé", le téléspectateur découvre alors une oeuvre de science-fiction exceptionnelle. L'écriture du dialogue froidement inhumain de Questor et le jeu de Robert Foxworth sont convaincants. Questor est parfaitement semblable à une machine. Cependant, il parvient également à devenir sympathique et attachant à la fin du téléfilm. Tout cela constitue au fond l'un des meilleurs portraits de l'intelligence artificielle que nous ayons vu à l'écran.

L'intrigue devient notamment un peu plus tonique lorsque le téléfilm quitte le décor du laboratoire et se déroule à Londres. Même là, il y a des scènes très bien écrites. Par exemple, quand Questor casse les tables de craps au casino. Ou bien la discussion sur le sens de l'amitié. Enfin, Questor incitant Jerry à séduire Lady Helena afin d'obtenir des informations sur les allées et venues de Vaslovik. En résumé, le téléfilm de Richard Colla est une petite pépite à découvrir...

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John Vernon / Crédits photo : Universal Television - Elephant Films
FICHE TECHNIQUE

Produit par : Howie Horwitz
Producteurs exécutifs : Gene Roddenberry, Jeffrey L. Hayes
Producteur associé : Paul Rapp
Musique composée par : Gil Mellé
Directeur de la photographie : Michael D. Margulies
Montage : Robert L. Kimble J. Terry Williams
Direction artistique : Philip Barber
Décors : John McCarthy Jr.
Costumes : Grady Hunt
Responsable de plateau : Henry Kline
Responsable post-production : Charles Clement
Assistant à la réalisation : Lester Wm. Berke
Son : John K. Kean
Effets visuels spéciaux : Albert Whitlock
Supervision du montage : Richard Belding
Supervision de la musique : Hal Mooney
Conception du générique : George de Lado
Production : Jeffrey Hayes Productions / Universal Television (1974)

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Crédits photo : Universal Television - Elephant Films

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