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Vidocq avec Bernard Noël : La série

Par Christophe Dordain

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Crédit photo : ORTF
PREAMBULE

Le présent article a pour objectif de partir à la redécouverte d'un programme télévisuel majeur des années 60. Merci par avance donc d'y voir un regard bienveillant sur une époque, où, la télévision ne comptait que deux chaînes qui, mécaniquement, concentraient l'essentiel des téléspectateurs de l'époque devant le petit écran. Ce dernier utilisant alors de nombreux feuilletons et moult séries télévisées pour alimenter ses programmes. Tel fut le cas avec la série "Vidocq" interprétée par le regretté et talentueux Bernard Noël.

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Crédit photo : ORTF
PRESENTATION

Eugène François Vidocq est non seulement un personnage historique un brin surprenant, mais aussi le héros de plusieurs films et de deux séries télévisées interprétées respectivement par Bernard Noël puis par Claude Brasseur. C'est sur la base de ses mémoires de publiées en 1827 que Georges Neveux écrit son projet de série. Il transforme cependant quelque peu le personnage, le rendant moins odieux, moins monstrueux, plus cocasse et attachant qu'il n'était en réalité...

C'est Marcel Bluwal, réalisateur, qui a choisi personnellement les principaux comédiens. Bernard Noël a immédiatement accepté le rôle de Vidocq qui sera l'un de ses meilleurs rôles à la télévision avec "Gaspard des Montagnes" mis en scène par Jean-Pierre Decourt en 1965. Marcel Bluwal a également choisi Geneviève Fontanel (Annette), Jacques Seiler (Henri Desfossés) et Alain Mottet (Flambart) avec lesquels il avait déjà travaillé notamment pour "Les Indes Noires".

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Alain Mottet / Crédit photo : ORTF
INTERVIEW DE GEORGES NEVEUX, L'AUTEUR DU FEUILLETON

A l'issue de la diffusion des premières aventures de "Vidcoq" qui avait satisfait très largement le public de l'époque, se posait le problème d'une éventuelle suite à donner. A ce sujet, Georges Neveux fut interviewé par Georges Hilleret pour le compte du magazine Télé 7 Jours (368 - 07 avril 1967). 

Une suite à Vidocq ?

Dans cet article, questionné sur les prochaines aventures de "Vidcoq", Georges Neveux déclarait que : "pour continuer "Vidcoq", je réclame donc une heure. Tout simplement. Les vingt-quatre minutes trente secondes hebdomadaires allouées sont insuffisantes pour monter, développer et conclure une histoire. C'est la lutte contre la montre. Que de bonnes choses, et c'est le drame, il faut laisser en route parce que telle scène ne peut excéder deux minutes dix secondes, ou telle autre une minute quinze !"

Le travail d'écriture

Au sujet du développement des intrigues, on apprend à la lecture de cet entretien, que Georges Neveux s'attendait à une tâche somme toute assez facile à réaliser. Toutefois, l'auteur du feuilleton dût rapidement déchanter : "Au début, j'étais heureux comme tout. Je me disais que c'était bien facile et que je ferai une séquence par semaine. Deux jours pour trouver l'intrigue, deux jours pour écrire les dialogues et deux jours pour tout mettre au net... Ce programme s'est fort bien passé pour les trois premiers épisodes. Et puis, c'est devenu de plus en plus difficile. Au bout de la course, le dernier épisode du feuilleton m'a demandé un mois d'entier. C'était dur, très dur. Tout ce qui me venait à l'idée me demandait un développement d'une heure."

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Crédit photo : ORTF
Un rôle trop marquant ?

Interrogé également sur ce que pensait Bernard Noël quant au fait de tourner une suite à "Vidocq" et sur le succès du feuilleton à l'étranger, Georges Neveux précisait dans cet article que "Bernard Noël n'est pas très chaud pour continuer, et je le comprends. Il a très peur d'être trop marqué par le rôle. En fin de compte, la question sera tranchée par le Canada. Curieux, non ? Parce que le feuilleton étant revendu à l'étranger, le Canada ne peut acheter que des productions qui se débitent en tranches afin d'y intercaler de la publicité. C'est la raison de la sacro-sainte durée des trente minutes pour tous les feuilletons : vingt-quatre minutes trente secondes plus le générique et les spots publicitaires. Pourtant le Canada ne compte que pour une part, car les autres pays qui achètent nos feuilletons, Belgique, Suisse et Allemagne, sont, en principe, d'accord pour des épisodes d'une durée d'une heure entière."

Les réticences de l'ORTF

On apprend enfin que le projet de feuilleton décrivant les aventures d'un bagnard n'avait guère séduit les dirigeants de l'ORTF au début : "je suis évidemment content du succès de "Vidocq", parce que c'est moi qui en ai eu l'idée et qui y ai cru le premier. On n'en voulait pas. Personne. J'ai dû écrire deux épisodes d'avance pour arriver à l'imposer. Et cela a marché. Non seulement parce qu'on m'en parle, mais aussi parce que j'ai vu, dans les grands magasins, des panoplies de Vidocq ! Ca, c'est vraiment le signe du succès."

Le voeu de Georges Neveux concernant la durée des épisodes sera finalement exaucé puisque la série "Les Nouvelles Aventures de Vidocq", diffusée entre janvier 1971 et décembre 1973, comptera 13 épisodes de 60 minutes, mais sans Bernard Noël disparu entretemps...

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Crédit photo : ORTF
A PROPOS DE BERNARD NOEL

Bernard Gaston Jean Noël, pour l'état civil, est né à Saint Dizier le 05 octobre 1924. Lauréat du conservatoire d'art dramatique de Paris en 1949, il avait été engagé à la Comédie Française, où il demeura trois ans avant d'aborder le boulevard et des pièces aussi différentes que, par exemple, "Cyrano de Bergerac" d'Edmond Rostand, "Caterina", première pièce de Félicien Marceau, et "Victor ou les enfants au pouvoir" de Roger Vitrac, sous la direction de Jean Anouilh.

Au cinéma, le comédien tourne peu de films. Ainsi, on l'a vu notamment dans "Le Feu follet" de Louis Malle, "La Ronde" de Roger Vadim et "Une femme mariée" de Jean Luc Godard. Mais Bernard Noël était surtout connu et aimé du grand public pour ses grands rôles joués à la télévision français. 

Grand, brun, séduisant, il aura laiss" le souvenir d'un acteur de qualité au talent très varié. Mais aussi, un comédien d'une exceptionnelle gentillesse que tous, les gens du métier et le public s'accordaient à lui reconnaître. Atteint d'un cancer, cet homme plein de vie disparaît à l'âge de 44 ans. C'était le 2 septembre 1970. 

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Crédit photo : ORTF
FICHE TECHNIQUE

Scénario original et dialogues : Georges Neveux
Directeur de production : Etienne Laroche
Directeurs de la photographie : Maurice Damien, André Bac
Cameramen : Gaston Muller, Yves Agostini
Son : Gérard Brisseau, Jacques Bissière
Script : Paulette Lirand
Décors : Gabriel Paris
Assistant aux décors : Jean Gut
Costumes créés par : Christiane Coste
Costumier : Jean-Yves Tavernier
Maquillage : Charly Koubesserian
Assistants au maquillage : Jacques Adam, Charles Godaert
Musique : Serge Gainsbourg
Montage : Geneviève Vaury
Assistantes au montage : Isabelle Collignon, Hélène Gagarine, Gabrielle Gabrielidis
Assistants-réalisateurs : Claude Ventura, Guy Seligmann, Michel Hermant
Régie : Jean Guillaume
Production : ORTF / Gaumont Télévision International (1966)

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Marc Dudicourt et Bernard Noël / Crédit photo : ORTF
L'AVIS DES TELESPECTATEURS DE L'EPOQUE

- "A l'époque où les aventures de Vidocq étaient vécues, le cabriolet utilisé par l'inspecteur Flambart ne pouvait avoir des roues caoutchoutées, mais bien des roues cerclées de fer. Autant que je puisse me souvenir, pour les avoir utilisées sur un cabriolet identique à celui de Mr Flambart, les premières roues caoutchoutées ont dû faire leur apparition aux environs de 1900." (Mr Jauzas de Biarritz dans Télé 7 Jours, numéro 364, 11 mars 1967).

- "C'est avec grand plaisir que je suis, depuis le début, le feuilleton hebdomadaire "Vidocq". En effet, mes camarades et moi adorons ce bagnard au grand coeur qui nous entraîne dans de si passionnantes aventures. Nous le retrouvons donc, avec joie, chaque samedi." (Mr Rechaux de Villeneuve-sur-Lot dans Télé 7 Jours, numéro 366, 25 mars 1967).


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