Par Christophe Dordain
Né le 13 janvier 1919 à Los Angeles, Robert Stack y est décédé le 14 mai 2003. En plus de ses rôles dans une quarantaine de longs métrages, il est notamment connu pour la série télévisée "Les incorruptibles" (1959 à 1963), pour laquelle il a remporté l'Emmy Award 1960 du meilleur acteur dans une série dramatique.
PORTRAIT
Une modeste carrière au cinéma
Stack entame tout d'abord une carrière cinématographique à l'âge de vingt ans avec le film "First Love" (1939). Celui-ci le fit alors connaître au sein des studios Universal. Toutefois, le comédien en herbe était avant tout le fils d'un riche homme d'affaires, originaire de Californie. Ainsi, aura-t-il passé ses jeunes années en donnant des leçons de tir de ball-trap à des célébrités de Hollywood. On pensera notamment à Carole Lombard et Clark Gable.
Lancé dans le cinéma, il y végète quand même au cours des années 40. Néanmoins, il se fait remarquer à l'occasion dans un film signé Ernest Lubitch "Jeux dangereux" (To Be or not to be, 1942). Les années 50 furent plus fructueuses. En effet, puisqu'il tourne avec de grands réalisateurs tels que William Wellman, Samuel Fuller, Jacques Tourneur et Budd Boetticher. Sans oublier Douglas Sirk pour "La ronde de l'aube" et "Ecrit sur le vent". Une dernière prestation qui lui vaut, en 1957, d'être nommé pour l'Oscar du meilleur second rôle.
Une grande star du petit écran
Cependant, c'est la télévision qui lui apportera la consécration et la fortune grâce au rôle d'Elliot Ness. Plus tard, Stack sera la vedette de diverses séries telles que "Les règles du jeu", "Section contre-enquête" et "Strike Force". Par contre, cette dernière série ne fut jamais diffusée en France. Pas aussi stoïque et sérieux dans la vraie vie qu'il pouvait le laisser transparaître à l'écran, il accepte, à la fin de sa carrière, d'écorner son image dans quelques films. On retiendra entre autres "1941" de Steven Spielberg (1979 ) et "Y a-t-il un pilote dans l'avion ?" des frères Zucker (1982). Sans oublier un passage en France pour "Paris brûle-t-il ?" de René Clément (1965) et "Le soleil des voyous" avec Jean Gabin (1966).
Concernant le petit écran, et indépendamment des séries évoquées ci-dessous, on repère de nombreux téléfilms auxquels le comédien a apporté toute sa prestance. Citons notamment :
- "Le Visiteur de la Nuit" réalisé par John Llewellyn Moxey en 1974 (diffusion le 19 Décembre 1988 sur La Cinq).
- "Terreur sur le Queen Mary" de David Lowell Rich en 1975.
- "Mystère sur le vol 402" de George McCowan toujours en 1975 (diffusion France le 29 août 1976 sur Antenne 2).
- "Les dessous d'Hollywood" de Robert Day en 1985 (diffusion à partir du 10 novembre 1990 sur Antenne 2).
- "Le Retour d'Eliott Ness" (1991), réalisé par James A. Contner.
SES PRINCIPAUX ROLES A LA TELEVISION
Les Incorruptibles
Pour que cette série voit le jour, il y à la conjonction de plusieurs éléments. Tout d'abord, la mise sur le papier des souvenirs d'Eliot Ness, avec l'aide du journaliste Oscar Fraley, pour en faire un livre. Mais, une fois ses mémoires rédigées, Ness ne vécut pas assez longtemps pour assister à leur publication. En effet, le 16 mai 1957, juste après avoir donné le bon à tirer à l'imprimeur, il fut subitement terrassé par une crise cardiaque, à l'âge de 54 ans. Puis, ce livre rencontra ensuite un tel succès que Desi Arnaz et son épouse Lucille Ball s'empressèrent d'acheter les droits pour une exploitation télévisuelle.
Présentateur et producteur d'une série d'anthologie intitulée "Desilu Playhouse", diffusée depuis octobre 1958 sur CBS, Desi Arnaz était également acteur dans la série "I Love Lucy" aux côtes de Lucille Ball, et patron de la compagnie Desilu. Depuis le 13 octobre 1958, il avait en charge, pour le compte de la chaîne CBS, l'anthologie "Westinghouse Desilu Playhouse", sponsorisée par le trust d'appareils électriques.
Nonobstant bien des difficultés, Arnaz, efficacement épaulé par le producteur Quinn Martin, adapte le récit de Ness afin d'en faire un téléfilm de prestige. En effet, le scénario originel, écrit par Oscar Fraley et Elizabeth Ness, s'était révélé trop faible pour un format de 90 minutes. Desi Arnaz dut donc faire appel au jeune Quinn Martin qui réussit à relancer la production.
Les deux hommes engagèrent pour la réalisation un spécialiste du film noir, Phil Karlson. Ce dernier imprima sa marque pour le restant de la série. Même si, à l'époque, il n'était pas prévu que le téléfilm connût une suite. Pour le choix des acteurs, plusieurs grands noms de l'époque furent alors sollicités. Néanmoins, après la défection de Van Heflin, puis celle de Van Johnson, et le refus de nombreux autres acteurs pressentis, Robert Stack accepta finalement de devenir Eliot Ness. Le téléfilm fut programmé dans le show de Desi Arnaz dans un format de 96 minutes. Il est intitulé "The Scarface Mob" ("Le tueur de Chicago"). L'oeuvre, diffusée en deux parties les 20 et 27 avril 1959, sortira par la suite en salle en 1961.
Face à l'audience record enregistrée par les deux parties du téléfilm, les dirigeants de ABC demandèrent alors à Desi Armaz et à Quinn Martin de travailler de nouveau ensemble à la conception d'une série qui mettrait en scène Eliot Ness et ses incorruptibles. Malheureusement, le téléfilm avait totalement épuisé les ressources véridiques du livre. Si l'on s'en tenait à la vérité historique, Al Capone arrêté, la brigade spéciale devait logiquement être dissoute. Cependant, c'était sans compter sur l'imagination fertile des scénaristes.
Sous leurs plumes, Eliot Ness allait ainsi devenir, entre autres, l'auteur de l'arrestation de Ma Barker et de ses fils. Le tout au grand dam du FBI, véritable responsable de la mise sous les verrous du gang. Ou bien encore l'organisateur de l'arrestation de Dutch Schultz pour ne citer que deux cas parmi les plus célèbres. S'ajoute à cela le fait que J. Edgar Hoover, le patron du FBI, considérait, quant à lui, que la série donnait une image trop négative de la police. En outre, de nombreuses associations de téléspectateurs protestèrent avec véhémence contre la violence distillée par les épisodes.
Les producteurs, conscients que les qualités de la série résidaient précisément dans ce qu'on lui reprochait, résistèrent longtemps (durant les trois premières saisons) à ces différentes pressions. La réaction du FBI n'etant que l'une des nombreuses manifestations de mécontentement suscitées par la série. Aussi, de multiples pressions s'exercèrent-elles contre la production. Par exemple, Frank Sinatra et le cardinal Spellman, au nom de la communauté italo-américaine, et avec eux une bonne partie de la Mafia américaine, reprochaient à la série de mettre systématiquement en scène des gangsters aux patronymes italiens.
C'est donc l'Italian-American Ligue qui exigea en particulier que les gangsters ne soient plus affublés de patronymes italiens. Après le retrait d'un des sponsors de l'émission, à l'encontre duquel d'amicales pressions avaient été entreprises par les plaignants, qui lancèrent une campagne de boycott de ses produits, une négociation eut lieu entre ABC, Desilu et la ligue italo-américaine. Cette dernière obtint que les noms des méchants garçons peuplant la série soient de fait modifiés.
Diffusion USA : En 1959 et 1960, elle était diffusée le jeudi, entre 21h30 et 22h30. Puis, entre 22 et 23 heures, durant l'année 1961. A partir de 1962, entre 21h30 et 22h30, cette fois le mardi.
Diffusion France : à partir du 05 janvier 1964 sur la 2ème chaîne de l'ORTF.
Les règles du jeu
Une série policière produite par Richard Irving, Richard Levinson, William Link (les producteurs de "Columbo") et Leslie Stevens (créateur de "Au-delà du réel", du "Nouvel homme invisible" et producteur de "Super Jaimie" ainsi que de "L'homme qui valait trois milliards"). Elle racontait les exploits de trois journalistes couvrant des faits criminels. Chacun des trois étant à tour de rôle le héros d'une histoire hebdomadaire. De fait, il y avait une rotation quant à la diffusion des épisodes.
Au casting, on retrouvait Gene Barry (Glenn Howard, grand patron de la société Howard Publications), Robert Stack (Dan Farrell, responsable de la revue Crime Magazine) et Anthony Franciosa (Jeff Dillon, journaliste à People Magazine).
Diffusion USA : du 20 septembre 1968 au 10 septembre 1972 sur NBC.
Diffusion France : il faudra attendre avril 1970 pour la découvrir sur la 1ère chaîne de l'ORTF. Depuis, ce programme de qualité a été totalement ignoré par les responsables des chaînes françaises.
Strike Force
Dans cette ultime programme, Robert Stack y incarnait le Capitaine Frank Murphy. En l'espèce, le responsable d'une unité d'élite regroupant des spécialistes en provenance de différents services. Ce concept, assez proche de "Section contre-enquête" ne trouva qu'un écho limité auprès du public américain malgré la présence d'une solide équipe de production composée de Aaron Spelling et Douglas S. Cramer.
Cette série fut diffusée aux Etats-Unis du 13 novembre 1981 au 24 septembre 1982 sur ABC. Toutefois, jamais en France exception faite du pilote intitulé chez nous "Unité d'élite". En effet, il fut diffusé le 27 novembre 1985 sur TMC. Puis, le 25 Juin 1988 sur M6.