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The Outsider : Le mal insidieux

Par Emmanuel Francq


OCS nous gâte avec "The Outsider" et en attendant "The Undoing" qui arrivera dans quelques mois. "The Outsider" ou le mal insidieux au cœur de l’apparente banalité, voilà qui le définit bien. Cette adaptation en mini-série du roman homonyme de Stephen King. On pouvait craindre le pire au vu du nombre d’adaptations ratées, tant au cinéma qu’à la télé, de l’œuvre du maître de l’horreur mais au final, une bonne surprise.

C'est quoi cette série ?
En Oklahoma, la police retrouve le corps atrocement mutilé d’un enfant. Très vite, les traces ADN laissées près du corps incriminent un entraîneur de baseball. Mais l’homme était bien loin de là au moment du meurtre alors que des témoins l’ont vu à proximité...

10 épisodes. Avec Ben Mendelsohn, Julianne Nicholson, Mare Winningham, Cynthia Erivo

Pas de spoiler, lisez sans crainte ce qui suit

Il y a un peu de l’interminable "Supernatural" (finie cette année après 15 ans), l’humour en moins, dans cette nouvelle adaptation du roman du même titre de Stephen King. Très vite, on comprend que les « coupables » mis derrière les barreaux sont réellement innocents alors que sévit une entité maléfique et inconnue, capable de prendre leurs traits et de se nourrir de chair fraîche. On pense donc rapidement aux fameux « shapeshifters » (métamorphes en français) de la série des frères Winchester.

Mais là où "The Outsider" se révèle intéressante, c’est par sa peinture du quotidien le plus banal mais derrière lequel va surgir insidieusement l’horreur la plus atroce. On suit un duo de flics enquêtant sur une série de meurtres et qui, malgré les preuves ADN récoltées, voient toutes leurs croyances s’écrouler.

N’ayant pas lu le roman, je ne pourrais vous dire si l’adaptation est fidèle ou non. On sait qu’Hollywood prend parfois des libertés pas toujours heureuses avec le matériau original mais tel ne semble pas avoir été le cas. Derrière la caméra, on n’a pas affaire à un bras cassé avec Richard Price, scénariste des films "Mélodie pour un meurtre" (1988 avec Al Pacino), "La rançon" (1996, avec Mel Gibson) et "Sur écoute", la série chef-d’œuvre de David Simon mais encore des excellentes "The Deuce" (du même Simon) et "The Night of", tout aussi sublimes.

Cela étant, on pouvait craindre une classique enquête de flics et fort heureusement, la mini-série bifurque dans une direction opposée, brouillant les pistes afin d’éviter le caractère trop prévisible du récit, en se concentrant sur Holly Gibney, détective privée noire à longues tresses incarnée par Cynthia Erivo, très attachante, une révélation).

La jeune femme doit sans doute faire partie du spectre de l’autisme de type Asperger vu sa fabuleuse capacité à retenir dates, faits, lieux et à les ressortir avec une facilité déconcertante. Pour ce qui est des relations sociales, c’est autre chose mais elle se laisse aller à une belle relation amoureuse, dépassant ses peurs. La suite du récit se concentre sur elle et on ne peut que s’en réjouir. Le personnage d’Holly apporte beaucoup de fraîcheur à une histoire particulièrement sombre et sordide. Là encore, la mini-série nous montre des faits d’une banalité toute ordinaire où la musique nous fait ressentir, de façon subtile, toute l’horreur cachée. Bravo aux compositeurs Danny Bensi et Saunder Jurriaans.

A cet égard, le final se révèle étonnant même si on regrette une trop longue séquence de « sniper » au début du 9ème épisode, où la cohérence tactique fait défaut, les flics ayant des réactions pour le moins curieuses. Autre bonne nouvelle, l’Australien Ben Mendelsohn se révèle aussi bon dans le rôle d’un « gentil flic », lui qui d’ordinaire se retrouve abonné aux rôles de méchants ou de frères manipulateurs (la série "Bloodline" hélas inaboutie). Il campe avec beaucoup de pudeur un flic refusant de croire au surnaturel mais qui, par la force des choses, revoit tout son système de croyances et évolue vers autre chose, une version du « nouveau lui ».

Au final, on ne peut pas dire que c’est LA meilleure adaptation de l’œuvre de King. De fait, on pourra regretter une certaine lenteur et la mini-série aurait sans doute était plus « pêchue » avec 8 épisodes au lieu de 10. Mais on prend le temps de suivre les personnages car c’est là le sujet principal de l’histoire, des parcours de vie et des gens très différents capables de travailler ensemble avec un objectif commun : la traque et l’élimination d’un monstre surnaturel. Bref, de la bonne série télé, on recommande !

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