Par Christophe Dordain
Cette série d'aventures qui a pour cadre l'époque de l'Empire, met en scène un héros du nom de Schulmeister qui, de la Hollande à la Suisse en passant par l'Angleterre ou l'Autriche, déjoue de nombreux complots.
QUI ETAIT VERITABLEMENT SCHULMEISTER ?
Charles Louis Schulmeister (Karl Ludwig Schulmeister), né le 05 août 1770 à Neue-Freistett dans le pays de Bade et mort le 8 mai 1853 à Strasbourg-Meinau, est resté célèbre pour sa carrière d'espion à la solde de Napoléon Ier. Il est fils d'un sous-intendant qui le fit entrer à 15 ans comme cadet dans les hussards de Conflans qu'il quitte presque aussitôt pour terminer ses études. En 1788, il est actuaire (secrétaire chargé de rédiger des actes publics) au baillage de Kork, sur la rive droite du Rhin. Il n'y reste que peu de temps et se livre ensuite à l'agriculture.
En 1792, il se marie à la fille du directeur des mines de Sainte-Marie-aux-Mines. Profitant des troubles en France, il se livre à la contrebande, activité à la fois rentable mais dangereuse. Il la pratique à une grande échelle, fondant ainsi le début de sa fortune. En 1800, il ouvre une manufacture mais ses activités de contrebandier le mènent à des activités d'espionnage sur le Rhin et en Allemagne de manière sporadique. Ce n'est qu'en 1804 qu'il s'y livre de manière exclusive.
Schulmeister est présenté à Paris en 1804 par l'aide de camp Jean Rapp, un compatriote, à Napoléon. Il y reçoit un grade dans l'armée et est attaché à Savary. Fin, rusé, et totalement dévoué à Napoléon, Schulmeister devient l'un des plus habiles et discrets agents de la police impériale. Il est ainsi chargé de missions de confiance restées mystérieuses.
Au début de la campagne de 1805, alors que le général autrichien Karl Mack est assiégé dans Ulm, il y pénètre par une poterne sous un déguisement et rencontre Mack à plusieurs reprises. Ces rencontres seraient à l'origine de l'inexplicable capitulation de Mack après la bataille d'Ulm. Dans une autre mission, il est capturé par les Autrichiens qui envisagent de l'exécuter mais il parvient à s'échapper. Son audace va jusqu'à participer à un conseil de guerre en présence de l'empereur d'Autriche, après avoir soudoyé un général autrichien...
Après la prise de Vienne, Napoléon le nomme commissaire général de la police de la ville, où il assure l'ordre et la tranquillité pendant toute l'occupation avec des effectifs très faibles. Après le traité de Presbourg en 1805, il achète le domaine de la Canardière à Meinau, au sud de Strasbourg, où il se retire. La campagne de Prusse le rappelle à l'armée où il reçoit le commandement d'un petit corps d'avant-garde composé d'une partie du 1er régiment de hussards et du 7ème chasseurs à cheval. Après la bataille de Warren, il reçoit l'ordre de poursuivre le général Usedom puis de s'emparer de Wismar.
Escorté de sept hommes, il prend la ville de nuit en faisant prisonniers une quinzaine d'officiers et une centaine d'hommes composant la garnison de la ville. Attaqué par un escadron de hussards, il parvient à les repousser. Le lendemain, Savary, à la tête de cinquante hommes et d'une bonne artillerie, marche contre le corps d'Usedom fort de trois mille hommes qui se rend presque sans combat.
De Wismar, Schulmeister s'empare, avec vingt-cinq hussards, de Rostock où il trouve dix-huit navires dans le port. La ruse, la séduction qu'il déploya dans d'autres cas semblables furent déterminant, plus que la force brute. Il participe au siège de Dantzig et après la capitulation de la ville, il rejoint la Grande Armée pour la seconde campagne de Pologne. Il est sous le commandement de Savary à la bataille de Friedland. Au lendemain de l'occupation de Koenigsberg, le 16 juin 1807, il est nommé commissaire général, fonction qu'il remplit jusqu'au traité de Tilsit. A l'entrevue d'Erfurt (27 septembre - 14 octobre 1808), il est chargé de la sécurité des deux souverains.
Après la reddition de Vienne, le 15 mai 1809, Andréossy, nouveau gouverneur de la ville, reçoit l'ordre de Napoléon de former « un comité de police, composé de trois membres, un de l'ancienne police, un Français et un autre, qu'on nommera ». Andréossy propose de nommer « M. Schulmeister commissaire général du comité de police ». Ainsi, le 18 mai 1809, la police lui en est une seconde fois confiée, tâche qu'il assume avec modestie, sagesse et talent. A la paix de Vienne, il se retire officiellement à Strasbourg mais continue ses activités secrètes par de fréquents voyages à l'étranger sous le couvert de ses affaires.
Sous la Première Restauration, il maintient ses contacts actifs et complote au retour de l'Empereur. Après le 20 mars 1815, il effectue encore des missions pour l'Empereur pendant les Cent-Jours. Mais cela lui vaut d'être remarqué par les puissances du Congrès de Vienne qui le mettent sous surveillance. Au cours d'un de ses voyages, Blücher le fait arrêter par ruse le 27 juillet 1815. Il est mis en prison pendant quelques mois mais l'instruction judiciaire dont il est l'objet est finalement abandonnée. Libéré, il rentre à Paris et partage désormais son temps entre Paris, Strasbourg et la campagne. Il organise des fêtes somptueuses dans son domaine de Boissy-Saint-Léger, où il meurt. Il est enterré au cimetière Saint-Urbain de Strasbourg.
(Sources consultées :
-encyclopédie Wikipédia;
-Alexandre Elmer, L'Agent secret de Napoléon, Charles-Louis Schulmeister, 1932. Abel Douay, Gérard Hertault; - Schulmeister : Dans les coulisses de la Grande Armée, Éditions de la Fondation Napoléon, Nouveau Monde Éditions, série Biographies, 2002, 350 p. Camredon Clerc;
- Schulmeister Les Douze Prophètes D'or Edition spéciale coll ORTF, 1971, 272 p.).
JACQUES FABBRI EST SCHULMEISTER
Après avoir fait des études de droit, Jacques Fabbri travaille un an chez un conseil juridique et fiscal. Il délaisse rapidement le droit pour le théâtre et s'inscrit en 1946 dans un cours d'art dramatique. Peu doué pour les drames où il déclenche l'hilarité du public, Jacques Fabbri se tourne vers le comique où il débute en 1947. Homme de théâtre avant tout, Jacques Fabbri s'écarte parfois des planches pour se rendre sur les plateaux de cinéma.
D'une grande gaieté naturelle, il jouait de sa personnalité dans des seconds rôles qui lui ressemblaient. En 1953, il répond à l'appel d'Yves Robert qui lui demande de prêter sa bonhomie aux "Hommes préfèrent les Grosses", à celui de René Clair pour "Les Grandes Manoeuvres" (1955) puis à celui de Maurice Delbez pour "A pied, à Cheval et en Voiture" (1957). Il apparaît ainsi à l'écran par intermittence, sans jamais avoir droit aux premiers rôles que seul le théâtre semble vouloir lui offrir.
Grand homme de théâtre, Jacques Fabbri se dit avant tout saltimbanque. En 1953, Il fonde avec Raymond Devos et Claude Piéplu la compagnie qui porte son nom. Ses pièces (Les Hussards, La Famille Arlequin, La Grande Oreille ou encore Le Malade imaginaire) remportent de francs succès. En 1963, il est nommé directeur du Centre dramatique du Sud-Est où il met en scène des pièces de théâtre et des opéras. A propos du théâtre, ses apparitions dans l'émission "Au Théâtre ce soir", à laquelle il participe à 13 reprises, conforteront largement sa notoriété.
Jacques Fabbri a également tourné de nombreux téléfilms et épsiodes de séries pour le compte du petit écran : "La Nuit des Rois" en 1962 et "Assurance de mes Sentiments les Meilleurs" en 1964. Toutefois, c'est la série "Schulmeister, Espion de l'Empereur", diffusée en deux saisons au cours des années 1971/1974, qui lui apporta une immense popularité auprès du grand public hexagonal. Succès qu'il connaîtra une nouvelle fois avec le feuilleton "La Famille Bargeot", diffusé, lui, de Mars à Juin 1985 sur TF1.
Jacques Fabbri est décédé en Décembre 1997.
FILMOGRAPHIE
1949 - Le Rendez-vous de juillet (Jacques Becker)
1950 - La dame de chez Maxim's (Marcel Aboulker)
1951 - Les Sept péchés capitaux : La Luxure (Yves Allégret)
1951 - Trois femmes (André Michel)
1952 - Destinées : Jeanne (Jean Delannoy)
1952 - Les Femmes sont des anges (Marcel Aboulker)
1953 - Crainquebille (Ralph Habib)
1953 - Le défroqué (Léo Joannon)
1953 - Les hommes ne pensent qu'à ça (Yves Robert)
1953 - Mon frangin du Sénégal (Guy Lacourt)
1953 - Une vie de garçon (Jean Boyer)
1954 - Cadet Rousselle (André Hunebelle)
1954 - Les chiffonniers d'Emmaüs (Robert Darène)
1955 - Les grandes manoeuvres (René Clair)
1955 - L'Impossible monsieur Pipelet (André Hunebelle)
1956 - Mitsou (Jacqueline Audry)
1957 - A pied, à cheval et en voiture (Maurice Delbez)
1957 - La bonne tisane (Hervé Bromberger)
1957 - Ce joli monde (Carlo Rim)
1957 - Fumée blonde (Robert Vernay)
1958 - Bobosse (Etienne Périer)
1958 - Madame et son auto (Robert Vernay)
1958 - Les Naufrageurs (Charles Brabant)
1958 - Le Train de 8 H 47 (Jack Pinoteau)
1959 - La Chatte sort ses griffes (Henri Decoin)
1959 - Le travail c'est la liberté (Louis Grospierre)
1960 - Les filles sèment le vent (Louis Soulanès)
1960 - Française et l'amour : Le Mariage (René Clair)
1960 - Le pavé de Paris (Henri Decoin)
1961 - la Belle américaine (Robert Dhéry)
1961 - Napoléon II, l'Aiglon (Claude Boissol)
1962 - L'Empire de la nuit (Pierre Grimblat)
1962 - Mon oncle du Texas (Robert Guez)
1964 - Les gorilles (Jean Girault)
1964 - Les pieds dans le plâtre (Jacques Fabbri, Pierre Lary)
1969 - La dame dans l'auto avec des lunettes et un fusil (Anatole Litvak)
1970 - Lucky Luke (René Goscinny, Morris, Pierre Tchernia)
1972 - La raison du plus fou (François Reichenbach)
1974 - Les suspects (Michel Wyn)
1977 - La ballade des Daltons (René Goscinny, Morris, Pierre Watrin)
1978 - Je suis timide mais je me soigne (Pierre Richard)
1980 - La banquière (Francis Girod)
1980 - Diva (Jean-Jacques Beineix)
1980 - Signé Furax (Marc Simenon)
1981 - Guy de Maupassant (Michel Drach)
1981 - Un matin rouge (Jean-Jacques Aublanc)
1987 - Bonjour l'angoisse (Pierre Tchernia)
1990 - La Femme fardée (José Pinheiro)
LE REALISATEUR : JEAN-PIERRE DECOURT
Jean-Pierre Decourt est né le 04 février 1927 à Paris. Il est décédé le 27 novembre 2002 à Sainte-Maxime. Jean Pierre Decourt a débuté à l'ORTF en 1960. Il sera pendant plus de vingt ans l'un des meilleurs représentants de la réalisation des feuilletons et séries qui ont fait les belles heures de la télévision française et qui resteront dans la mémoire du public ("Rocambole" avec Pierre Vernier en 1965 et donc "Schulmeister, Espion de l'Empereur" avec Jacques Fabbri dans les années 1971/1974 en sont autant de pertinentes illustrations).
Jean Pierre Decourt a aussi réalisé des téléfilms unitaires ou mini-séries. On se souvient notamment de "Gaspard des Montagnes" (1965) d'après le roman d'Henri Pourrat, adapté par Claude Santelli et Maurice Barry avec Bernard Noël et Francine Bergé dans les rôles principaux. A ce sujet, Christian Bosséno notait que : "Il a réussi quelques grandes oeuvres comme "Gaspard des Montagnes", deux épisodes de 1h30 tournés en 35 mm noir et blanc, en Auvergne. Dans ce tableau des campagnes françaises sous l'Empire et la Restauraton, il met en scène un héros, Gaspard (Bernard Noël), chevaleresque et invincible volant au secours de la veuve et l'orphelin. Poétique, évoluant vers le lyrisme et le fantastique, le film est servi par les paysages auvergnats admirablement photographiés par Maurice Barry" (Christian Bosséno, 200 téléastes français, CinémAction-hors série, 1989).
"Gaspard des Montagnes" a été tourné dans la région d'Ambert (Puy de Dôme), la vallée de la Dore, les Monts du Livradois et du Forez, et dans un château près d'Arlanc qui représentait le Domaine des Escures du roman. Christian Lassalas dans le monde annonçait lui : "Voulez-vous des aventures : en voilà ! "Gaspard des Montagnes", c'est l'épopée de tout un peuple, une vraie page d'histoire, une grande course sur les chemins d'Auvergne, une ample fresque, vivante, colorée, comique, parfois bouffonne, très souvent émouvante. Claude Santelli nous l'avait bien montré dans l'admirable adaptation écrite pour la télévision, mise en images par Jean-Pierre Decourt." (Christian Lassalas, Le Monde, 3-10-81).
Toutefois, la carrière de Jean-Pierre Decourt ne se limite pas au feuilleton "Gaspard des Montagnes". Il a également dirigé Jean Piat dans le feuilleton "Lagardère", diffusé en 1966, ainsi que "Le Chevalier d'Harmental", avec Jacques Destoop, la même année. On luit doit également une série qui a fait date à l'époque de sa diffusion en France, "Docteur Caraïbes", avec Louis Velle. Ajoutons "Michel Strogoff" et "Trois mâts pour l'aventure" ainsi que des épisodes des "Enquêtes du Commissaire Maigret" avec Jean Richard et de "Julien Fontanes, Magistrat" avec Jacques Morel.
DISTRIBUTION
Jacques Fabbri (Schulmeister), Howard Vernon (Sir Horace Mill), Pierre Hatet (Grüner), Georges Claisse (Tchernitchef), William Sabatier (Savary), Christian Duroc (De Lespars), Patrick Préjean (Bajou), Andrée Boucher (Suzel), Roger Carel (Hammel), Henri Virlogeux (Fouché)
Commentaires :
- Pour qui ne le saurait pas encore, Pierre Hatet, cet immense comédien disparu en mai 2019, fut la voix française de Mike Connors dans la série "Mannix" ainsi que celle de Christopher Lloyd pour "Retour vers le futur".
- Henri Virlogeux, à l'impressionnante carrière, fut notamment un solide adversaire de Georges Descrières dans la série "Arsène Lupin".
- William Sabatier, pour la télévision, fut le partenaire de Michel Le Royer dans la série "Les Corsaires".
- Disparu en septembre 2020, Roger Carel aura été une véritable légende du grand et du petit écran. Nous avons eu l'immense plaisir de l'interviewer. Voici le podcast à écouter sans modération :
FICHE TECHNIQUE
D'après une idée originale de : Jean-Claude Camredon
Dialogue : Pierre-Aristide Bréal
Scénaristes : André-Paul Antoine, Pierre-Aristide Bréal
Musique : Jean-Pierre Bourtayre, Frank Pourcel, Joss Baselli
Chanson interprétée par : Jean-François Michael
Directeur de production : André Deroual
Directeurs de la photographie : Pierre Petit, Georges Barsky, Emmanuel Machuel
Cameraman : Noël Martin
Assistant-cameraman : Gilles Pollet
Chef-opérateur du son : Jacques Gérardot
Assistant au son : Philippe Chassel
Mixages : Jacques Decerf
Assistant au mixage : Jean-Jacques Compère
Script-girl : Janine Martin
Secrétaire de production : Paulette Baudrillart
Administratrice-comptable : Jacqueline Doye-Gilbert
Conception des décors : Robert Giordani
Supervision des costumes : Georgette Fillon, Jo Rozatto
Assistante aux costumes : Elyane Villes
Maquillage et postiches : Simone Groffe, Serge Groffe
Accessoiriste : Louis Girons
Ensemblier : Jean Chaplain
Régisseur général : Jacques Pignier
Assistant au régisseur : Daniel Duchaufour
Montage : Francine Grubert, Brigitte Godon, Renée Lichtig, Marcel Rongier
Assistante au montage : Christine Grenet
Assistante à la réalisation : Denise Morlot
Effets spéciaux : François Suné
Coordinations des cascades : Claude Carliez
Cascadeurs : Antoine Baud, Rico Lopez, Lionel Vitrant, Guy Fox, Raoul Billerey, Guy Delorme, Jean-Claude Strömme (cascades à cheval), Michel Berreur, Henri Guégan, Jacques Hantonne
Bruitage : Jean-Pierre Lelong
Enregistrement : Studio Marignan - Pathé Cinéma
Laboratoire : Tirage 16 - Joinville
Production : Pathé Télévision / ORTF (1971/1974)