Par Christophe Dordain
L'action se déroule au XVIIème siècle, au temps de flibustiers, boucaniers et corsaires. Aussi, à travers les aventures vécues par Nicolas de Coursic, ce feuilleton raconte-t-il quatre grandes histoires mettant en vedette de Coursic et son fidèle ami, Louba.
QUI SONT LES CORSAIRES ET LES FLIBUSTIERS ?
D'un côté, les corsaires
Tout d'abord, le nom de "corsaire" (de l'italien corsaro et corsa : course) désignait un bâtiment armé pour la guerre qui appartenait à un particulier. Puis, ce nom fut plus tard donné aux capitaines de ces bâtiments. Ainsi, c'est après la découverte de l'Amérique au XVème siècle qu'apparaissent les premiers corsaires. En d'autres termes, ce sont donc, pour la plupart, d'intrépides marins anglais et hollandais qui attaquent pour leur propre compte les riches galions espagnols.
Plus tard, toutes les grandes nations maritimes arment des vaisseaux-corsaires. Aussi, le métier devient-il régulier pour ne pas dire légal. En effet, des "lettres de marque" autorisent les capitaines à devenir corsaires. Dans ce cadre s'illustrèrent en France, Duguay-Trouin, Pointis, Jean Bart, Louvois. Bien plus tard, sous l'Empire, le fameux Surcouf. Enfin, en 1856, en plein Second Empire cette-fois, le Congrès de Paris abolit le métier de corsaire. Toutefois, seuls les Etats-Unis, l'Espagne et le Mexique refuseront d'accepter cette convention internationale.
De l'autre côté, les flibustiers
Les "flibustiers" n'étaient pas, quant à eux, des corsaires. Effectivement, ils formaient une association de pirates qui, au XVIIème siècle, s'installa dans l'île de la Tortue non loin de Saint-Domingue. Mais, parce qu'ils étaient les redoutables "Frères de la Côte" qui écumaient la mer des Antilles, aucun navire, fut-il même de guerre, ne pouvait leur résister. Aidés notamment par les "boucaniers", à l'origine des gardiens de boeufs de Saint-Domingue, ils furent, pendant un siècle, les maîtres des mers du Sud. Il faut alors souligner qu'un de leurs illustres capitaines s'appelait Montbars.
LA CREATION DU FEUILLETON
Le précédent britannique
En premier lieu, à l'instar des producteurs de cinéma, les créateurs oeuvrant à la télévision ont très tôt su saisir tout le potentiel représenté par les pirates. En effet, rien de tel que leurs aventures pleines de tumultes et autres moments dramatiques pour concevoir une série.
C'est ainsi que ce sont les britanniques qui, si j'ose dire, ouvrirent le feu les premiers. Dans cet esprit, Sidney Cole et Ralph Smart (les futurs producteurs de "Destination Danger" avec Patrick McGoohan dès 1959) présentèrent, dès la saison 1956/1957, "Les Boucaniers" (avec un total de 39 épisodes). Puis, suivra la série "Sir Francis Drake" dont les 26 épisodes furent diffusés entre 1961 et 1962. Cette dernière fut également programmée en France en 1964 sur la 1ère chaîne de l'ORTF. Comme quoi, il apparaît évident que c'est son succès qui incita l'ORTF à initier, à son tour, ce type de programme.
Claude Barma à la barre
Finalement, pour mener à bien cette grande entreprise, l'O.R.T.F. en confia la direction à Claude Barma alors tout auréolé du succès du feuilleton "Le Chevalier de Maison Rouge" avec Michel Le Royer. Ainsi, le téléaste se mit-il au travail avec son complice Jacques Armand. D'ailleurs, dans cette perspective, il sollicita Michel Le Royer pour être la vedette tout comme Christian Barbier.
De plus, dans "Les Corsaires", hormis Nicolas de Coursic et François Louba, les différents protagonistes furent affublés de noms clinquants et reflétant leur caractère de flibustier : l'Olonnais, Grammont, le Picard, Le Bougre, La Ruade, Tanne Cuir et Pipe en Gueule : "A travers ces aventures, nous avons voulu tracer le portrait de l'aventurier. On ne nait pas aventurier. On le devient. Et nous avons cherché à montrer comment et pourquoi" affirmait Claude Barma aux journalistes au moment de la diffusion de la série lors de la rentrée 1966.
Le réalisme des combats
C'est ainsi que, inspiré de la vie des corsaires, et adapté d'innombrables romans qui relataient leurs aventures, le scénario de la série "Les Corsaires" raconte quatre grandes histoires. D'une part, celles de Nicolas de Coursic et de Monsieur de Marsan. D'autre part, celles de l'Olonnais et du trésor du Hollandais.
Claude Barma et Claude Boissol ont finalement tourné "Les Corsaires" en 1966, sur le Lac de Garde, en Italie. Etant donné que les abordages n'ont pas été reconstitués en studio, mais filmés sur le vif, les acteurs ont dû se jeter dans la mêlée. C'est la raison pour laquelle ils participent activement aux nombreux combats mis en relief par le grand maître d'armes français : le seul et unique Claude Carliez !
LES REALISATEURS
Claude Barma
Né en 1918, il entre à la Radio Télédiffusion Française en 1946. Ainsi, sera-t-il l'un des premiers grands artisans de la télévision française. Tout d'abord, Barma réalise ainsi le premier feuilleton hexagonal en 1950. Ce sera "L'agence Nostradamus". Mais aussi la première dramatique télévisée en 1951 : "Pas d'accord pour Mister Blake".
Claude Barma est également connu du public français pour avoir mis en scène 9 épisodes du "Commissaire Maigret" avec Jean Richard. Toutefois, il est surtout reconnu pour être le réalisateur de cet immense succès télévisuel que fut "Les Rois Maudits" dont les 6 épisodes ont été diffusés du 21 décembre 1972 au 24 janvier 1973 sur la 2ème chaîne de l'ORTF.
Enfin, parmi ses autres contributions télévisuelles, on peut citer "L'Inspecteur Leclerc Enquête" en 1962, "Belphégor ou le Fantôme du Louvre" avec Yves Rénier en 1965, "Madame le Juge" avec Simone Signoret (Episode "Monsieur Bais" en 1978), etc.
Filmographie
1967 - Cécile est morte
1968 - Félicie est là
1968 - Le chien jaune
1970 - L'écluse N° 1
1970 - Maigret et son mort
1971 - Maigret à l'école
1971 - Maigret en vacances
1974 - Maigret et la grande perche
En tant que scénariste
1967 - La tête d'un homme de René Lucot
1968 - L'inspecteur Cadavre de Michel Drach
1968 - Signé Picpus de Jean-Pierre Decourt
1969 - La maison du juge de René Lucot
1969 - L'ombre chinoise de René Lucot
1969 - La nuit du carrefour de François Villiers
1971 - Maigret et le fantôme de René Lucot
1971 - Maigret aux assises de Marcel Cravenne
1972 - Le port des brumes de Jean-Loup Muller
1972 - Pietr le Letton de Jean-Louis Muller
1972 - Maigret en meublé de Claude Boissol
1973 - Mon ami Maigret de François Villiers
1973 - Maigret et l'homme du banc de René Lucot
1973 - Maigret et la jeune morte de Claude Boissol
1974 - Maigret et le corps sans tête de Marcel Cravenne
1975 - La folle de Maigret de Claude Boissol
1975 - La guinguette à deux sous de René Lucot
1975 - Maigret hésite de Claude Boissol
1976 - Maigret a peur de Jean Kerchbron
1976 - Un crime en Hollande de René Lucot
1976 - Maigret chez les Flamands de Jean-Paul Sassy
1976 - Les scrupules de Maigret de Jean-Louis Muller
1977 - Maigret, Lorgnon et les gangsters de Jean Kerchbron
1977 - Maigret et Monsieur Charles de Jean-Paul Sassy
1977 - L'amie de Madame Maigret de Marcel Cravenne
1977 - Au rendez-vous des Terres-Neuvas de Jean-Paul Sassy
1978 - Maigret et le marchand de vin de Jean-Paul Sassy
1978 - Maigret et les témoins récalcitrants de Denys de la Patellière
1978 - Maigret et le tueur de Marcel Cravenne
1978 - Maigret et l'affaire Nahour de René Lucot
1979 - Liberty bar de Jean-Paul Sassy
1979 - Maigret et le fou de Bergerac d'Yves Allégret
1979 - Maigret et l'indicateur d'Yves Allégret
1979 - Maigret et la dame d'Etretat de Stéphane Bertin
1980 - L'affaire Saint-Fiacre de Jean-Paul Sassy
1980 - Maigret et l'ambassadeur de Stéphane Bertin
1981 - Maigret et le pendu de Saint-Pholien d'Yves Allégret
1981 - Maigret en Arizona de Stéphane Bertin
1981 - Une confidence de Maigret d'Yves Allégret
1981 - La danseuse du Gai-Moulin de Jean-Paul Sassy
1981 - Maigret se trompe de Stéphane Bertin
1982 - Le voleur de Maigret de Jean-Paul Sassy
Série "Dossier danger immédiat"
1977 - L'affaire Martine Desclos
1977 - Il ne manque que vous
1977 - Microcrocus petroleum
1977 - En verre et contre tout
1977 - La victime choisie
Claude Boissol
Né le 15 juin 1920 à Paris, il débute au cinéma comme assistant de Maurice Labro, Jacques Beker et Yves Allégret. Puis, c'est en 1955 qu'il signe sa première réalisation, "Toute la ville accuse", qui connaîtra un certain succès public et critique. En raison de ce succès acquis, Boissol dirige par la suite cinq autres films jusqu'en 1961. Mais Claude Boissol doit faire face à la montée en puissance de la Nouvelle Vague. En effet, celle-ci rejette le cinéma académique qu'il illustre à sa façon. Il se tourne alors vers la télévision pour y devenir un metteur en scène incontournable.
Ainsi, et en définitive, les exemples qui suivent montrent bien toute l'importance de Claude Boissol dans le paysage télévisuel hexagonal. Tout d'abord, "Les globe-trotters" avec Yves Rénier et Edward Meeks en 1966. Puis, "Pour tout L'or du Transvaal" toujours avec Yves Rénier en 1978. Mais encore "Aux frontières du possible" (en 1971 pour la saison I, puis en 1974 pour la saison II), avec Pierre Vaneck et Elga Andersen. Il faut alors souligner qu'il a dirigé les épisodes en collaboration avec Victor Vicas. Enfin, 4 épisodes de "Commissaire Moulin" encore avec Yves Rénier entre 1980 et 1982, etc. En somme, une impressionnante carrière, n'est-ce pas ?
LES ACTEURS
Michel Le Royer
Né en 1932 à Carrouges dans l'Orne, Michel Le Royer. Il est décédé à Paris le 25 février 2022. Tout d'abord, rappelons que Le Royer fut lauréat du Conservatoire, pensionnaire de la Comédie Française. Il faut dire qu'il était un comédien dans l’âme. Ainsi, tourne-t-il quelques films au cinéma au début des années 60 dont le plus connu est "La Fayette" qui sort sur les écrans français en 1961.
L'année précédente, il avait joué Christian aux côtés de Daniel Sorano dans "Cyrano de Bergerac", une dramatique télévisée qui marque sa première collaboration avec Claude Barma. Ce dernier l'engage donc pour son nouveau feuilleton télévisée. Ce sera "Le Chevalier de Maison Rouge", d'après l'oeuvre de Alexandre Dumas (dont les 4 épisodes seront diffusés du 02 au 23 mars 1963 sur la 1ère chaîne de la RTF).
En fin de compte, Michel Le Royer récidivera avec "D'Artagnan, Chevalier du Roi", un feuilleton de 5 épisodes de 13 minutes, diffusé du 04 au 08 avril 1966 sur la 1ère chaîne de l'ORTF lors des vacances de Pâques. Entretemps, Michel Le Royer avait déjà tourné le feuilleton "Corsaires et Flibustiers" dont la programmation des 13 épisodes de 26 minutes s'étalera du 24 septembre au 17 décembre 1966 sur la 1ère chaîne de l'ORTF. Puis, au début des années 70, Michel Le Royer aura totalement délaissé la télévision afin de revenir à ses premières amours : le théâtre dont il deviendra un incontestable pilier.
Pour conclure, nous avions eu le grand plaisir de pouvoir rencontrer Michel Le Royer pour notre émission radio, le 01 décembre 2012. Retrouvez ici cette longue interview réalisée par Jean-Luc Vandiste :
Christian Barbier
Le comédien est né le 28 juin 1924 à Courcelles en Belgique. Il est décédé le 03 novembre 2009 à Manosque dans les Alpes de Haute-Provence.
Ainsi, durant sa carrière, de 1964 à 1997, Barbier s'est-il plutôt spécialisé dans le drame que dans la comédie. Au cinéma, il a occupé quelques premiers rôles. Toutefois, le comédien s'est surtout distingué dans des rôles auxiliaires mettant en scène des personnages de registres plus restreints. Ainsi, se souvient-on en particulier de sa prestation de premier ordre dans "L'Armée des Ombres". Un film de Jean-Pierre Melville, réalisé en 1969.
Puis, apparu dans un certain nombre de feuilletons et téléfilms de la fin des années 60 au début des années 80, Christian Barbier aura acquis une notoriété certaine grâce au personnage de Joseph Durtol, dans "L'Homme du Picardie". Il faut alors souligner que c'est feuilleton devenu mythique dans l'histoire de la télévision française. Il fut diffusé en 1968. On citera de même sa participation au feuilleton "Mon Ami Gaylord" en 1977. Pour conclure, n'oublions pas qu'il aura brièvement remplacé Raymond Souplex, après la disparition de ce dernier. En effet, c'était pour la série "Les Cinq Dernières Minutes" (entre 1974 et 1975).
DISTRIBUTION
Michel Le Royer (Capitaine Nicolas Parray de Coursic),
Christian Barbier (Le Libournais Louba),
Jean Mauvais (Pipe en terre),
Mike Desson (Abour),
Geneviève Page (Mary Brown),
Robert Porte (Gibson),
Guy Delorme (L'Olonnais),
Maurice Chevit (Bonnaventure),
Claude Carliez (Alain Le Quellec),
Henri Gueguand (Gréou),
Annie Sinigalia (Sylvie Cailleret),
Michel Vitold (Monsieur de Marsan),
Nancy Holloway (Anne),
Claudio Gora (Le gouverneur Le Quellec),
William Sabatier (L'intendant Caiilleret),
Alain Nobis (Le commandant Quenoix),
Mario Tellini (Le quartier-maître),
Maximilio Terruzzi (Borgne-Coeur),
Gérard Darrieu (Tire-Sec),
Yves Bureau (Oexmelin),
René Alone (Ferran),
Michel Creton (Tanne-Cuir),
Serge Marquand (Le Bougre),
Guy Saint-Jean (Pilar),
Jean-Pierre Hébert (Ortega),
Claude Cerval (Fox),
Rico Lopez (La Ruade).
Et donc avec Michel Charrel, Christian de Tillière, Gabriel Gascon, Antoine Baud, Valentino Macchi, Bruno Smith.
FICHE TECHNIQUE
Réalisateurs : Claude Barma, Claude Boissol
Scénaristes : Jacques Armand, Pierre Gaspard-Huit, Claude Barma, Jacques Rémy, Claude Boissol
Responsable de la production : Robert Paillardon
Supervision des dialogues : Jacques Armand
Réalisation de 2ème équipe : Jacques Bourdon
Assistants du réalisateur : Rinaldo Bassi, François Chevreuil, Philippe Joulia
Supervision du script : Franca Trombetti, Françoise Lehérissey
Secrétaire de production : Nicole Guérin
Directeur de la photographie : Roger Fellous
Opérateurs caméra : Adrien Dagory, Guy Suzuki, Roberto Reale
Montage : Boris Lewin
Musique : Robert Mellin, Gian Piero Reverberi
Mixage du son : Jean-Claude Moulin, Fernand Sartin, Georges Mardiguian
Décors : Maurice Valey, Robert Paris
Conception des costumes : Francine Gaillard Rissier
Assistante à la conception des costumes : Nicole Bize
Maquillage : Christine Fornelli, Giovanni Amedei
Coiffures : Nicole Félix
Responsable de plateau : Renato Moretti
Cordination des combats et cascades : Claude Carliez
Cascadeurs : Lionel Vitrant, Guy Delorme, Rico Lopez, Antoine Baud, Henri Guéguan, Claude Carliez, Rico Lopez, Sylvain Levignac
Une Production : Télédis, ORTF, Franco London Films (1966)