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Sloane, agent spécial avec Robert Conrad : La Série

Par Christophe Dordain

Dix ans après l'annulation malheureuse de la série "Les Mystères de l'Ouest", le comédien Robert Conrad retrouvait un rôle d'agent secret avec "Sloane, Agent Spécial". Un programme produit par Quinn Martin. Parachuté dans cette aventure alors qu'il ne faisait pas partie du casting d'origine, Robert Conrad aura réussi à apporter au personnage de Sloane son habituel punch. Mais aussi son goût pour les scènes d'action musclées et les jolies filles. C'est pourquoi la redécouverte des 12 épisodes de cette série laisse une curieuse impression au téléspectateur. Peut-on considérer que "Sloane, Agent Spécial" est une sorte de spin-off inavoué des "Mystères de l'Ouest" ? Plusieurs éléments étudiés dans ce dossier permettront de répondre positivement à cette interrogation.

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Robert Conrad en mode espion des années 70 - Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production
L'ESPIONNAGE : DU GRAND AU PETIT ECRAN

C'est en 1962 que sort sur les écrans "James Bond contre Docteur No". Un film qui, réalisé avec des moyens modestes aux studios anglais de Pinewood, et avec un jeune comédien inconnu de 35 ans répondant au nom de Sean Connery, rencontre un succès mondial. Revanche de l'Occident sur la Guerre froide qui bat alors son plein, les romans d'espionnage sont à la mode depuis les années 50. Avec leurs héros cyniques qui n'aiment que l'action et les femmes. De nombreuses adaptations ont déjà vu le jour. Notamment en Angleterre, et surtout aux États-Unis. En effet, un premier James Bond, "Casino Royale", y fut adapté pour la télévision en 1956 (avec Barry Nelson dans le rôle principal). Une étape importante qui rappelle l'intérêt précoce de la télévision pour ce type de héros.

La France ne demeure pas en reste. On citera la série des "Lemy Caution" incarnée par Eddie Constantine sous la direction de Bernard Borderie. On mentionnera de même celle des "Monocle noir" de Georges Lautner avec Paul Meurisse. Ou bien encore celle des "Gorille" avec Lino Ventura puis Roger Hanin. Sans oublier Hubert Bonnisseur de la Bath, alias O.S.S. 117, dans les films mis en scène par André Hunebelle et interprétés entre autres par Frederick Strafford. Parallèlement à la célèbre série qui a suivi "James Bond contre Dr No", le filon du film d'espionnage va être exploité par des producteurs du monde entier. Aux États-Unis, où le mythe de l'espion est en pleine expansion, Daniel Mann et Gordon Douglas réalisent, en 1966 puis en 1967, deux adaptations des aventures de Derek Flint. Un James Coburn impérial y apporte sa contribution en imitation de James Bond pince-sans-rire. On pensera de même à "Matt Helm" (deux films interprétés par Dean Martin et dirigés par Henri Levin et Phil Karlson).

Cette vague d'espionnite aiguë finit inévitablement par toucher le petit écran. Voici le temps du  développement de séries bénéficiant de budgets souvent importants telles que "Des Agents Très Spéciaux" (1964/1968), "Les Espions" (1965/1968) et "Les Mystères de l'Ouest" (1965/1969). Autant de programmes qui vont mettre le mythe à la mode américaine. L'humour débridé et parodique remplace l'humour anglais que l'on retrouve quand même dans "Chapeau melon et bottes de cuir" (1961/1969). Cette approche tire ces séries vers un style plus "comics". Le tout avec des lumières plates faisant ressortir les couleurs vives. Sans oublier une profusion de gadgets parmi les plus fous. Toutefois, malgré l'importance prise par ce phénomène, un constat est nécessaire quant à l'importance des séries télévisées d'espionnage dans le paysage audiovisuel. Une importance qu'il ne faut pas grossir de façon démesurée.

Sur le petit écran, les différentes séries d'espionnage produites depuis des décennies ont bénéficié d'une énorme popularité. C'est une évidence. Certaines de ces séries finissant même par décrocher le statut envié de série-culte. Cependant, le genre espionnage n'a jamais été aussi bien représenté que les westerns, les drames médicaux et les programmes policiers. Cela étant, les séries d'espionnage peuvent revendiquer un certain nombre de réussites, notamment le fait d'avoir donné pour la première fois un rôle majeur à un acteur noir (Bill Cosby dans "Les Espions"), à une femme ("Annie, Agent très Spécial" avec Stefanie Powers) voire à un russe (David McCallum dans "Des Agent très Spéciaux") et ce moins de trois ans après la crise de Cuba.

Ainsi, au-delà de la période dorée des années 1960, les espions en tous genres ont été de loin dépassés en nombre par les figures plus traditionnelles des policiers et des détectives privés. Même lorsqu'ils apparaissent, ces espions (ou "agents secrets") sont souvent présentés en tant que combattants internationaux du crime. Tel est notamment le cas pour la série "L'Homme de Vienne" (jouée par Robert Conrad lors de la saison 1972/1973), plutôt qu'en tant que véritables agents agissant de façon clandestine. C'est pourquoi, on compte peu de programmes relevant typiquement de l'espionnage. La plupart des séries que nous avons pu voir en tant que téléspectateur relevant d'un mélange de plusieurs catégories. Une fusion typique de la culture américaine pour les deux premiers cas cités : le western ("Les Mystères de l'Ouest") et la comédie ("Max la Menace").

Quant au fantastique, il n'a pas échappé à la règle ("Chapeau Melon et Bottes de Cuir" ou "Le Prisonnier"), certes d'origine anglaise, mais très rapidement conçues en pensant à une diffusion sur les réseaux américains d'où une adaptation du format sans pour autant vendre leur âme. Ainsi, à la fin des années 1970, la plupart des séries visibles sur le petit écran s'inspiraient-elles d'un double courant. Soit le réalisme avec "Hunter" interprétée par James Franciscus en 1977 ou encore "Matt Helm" avec Anthony Franciosa (deux ans plus tôt). Soit la débauche de moyens dans un style James Bond avec "Sloane" qui apparaît quelque peu atypique dans ce contexte.

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Morgan Fairchild et Robert Conrad / Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production
POURQUOI PRODUIRE UNE SERIE TELLE QUE SLOANE, AGENT SPECIAL ?

Pourtant, le choix de produire une série telle que "Sloane", avec des spécificités clairement identifiables quant au rôle joué par la gent féminine, les postures adoptées par les méchants de service et les motifs de ces derniers, apparaît être en adéquation avec ce qu'était devenu le personnage de 007 à la fin des années 1970. Incarné par Roger Moore, un autre transfuge du petit vers le grand écran, le héros de Ian Fleming avait repris une dimension que l'on pourrait qualifier de coutumière, même si exagérée par la débauche de moyens mis en œuvre dans la conception de ses aventures. En effet, 1977 et "L'Espion qui m'aimait", réalisé par Lewis Gilbert, aura marqué le retour de l'emploi du Cinémascope pour illustrer les aventures de l'espion de sa Majesté. Une tendance confirmée en 1979 pour "Moonraker" toujours du même Gilbert (cf : le podcast proposé ci-dessous).

Ajoutez à ce paramètre technique, en l'espèce, l'emploi massif des effets spéciaux conçus par Derek Meddings, de fastueux décors imaginés par Ken Adam, la conception de mobiles à dimension planétaire pour légitimer l'action des adversaires de Bond (Stromberg qui, dans "L'Espion qui m'aimait", veut rebâtir un monde nouveau sous la mer; Drax qui, dans "Moonraker", poursuit un but similaire mais dans l'espace). Aussi, avez-vous sous vos yeux un florilège impressionnant de ce qui a pu inspirer les créateurs de "Sloane" et les inciter à produire une série télévisée de cette ambition.

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Classe et élégance au menu de Sloane, Agent Spécial - Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production
LA PRODUCTION ET LA DIFFUSION

Dans cette perspective, c'est à la fin de l'année 1978 que Peter Allan Fields et Dick Nelson imaginent le personnage de Thomas Remington Sloane. Un agent secret international travaillant pour le compte des Etats-Unis. Sloane fait partie de la U.N.I.T.. Il est amené à combattre les agissement d'une organisation de criminels regroupée sous le sigle K.A.R.T.E.L. Toute ressemblance avec Blofeld et le S.P.E.C.T.R.E., ennemis récurrents de Sean Connery dans les années 1960, n'étant ni fortuite ni involontaire. En effet, Peter Alan Fields et Dick Nelson s'y connaissaient en matière d'espion pour avoir collaboré avec Sam H. Rolfe sur la conception du show "Des Agents Très Spéciaux". Il est donc aisé d'imaginer, même si dans le cas présent nous rentrons dans le domaine des pures spéculations, le but recherché par notre duo.

Avait-il par contre en tête l'idée de dépasser la simple production d'un téléfilm pour déboucher sur la création d'une série de longue durée ? On peut le penser puisque le pilote de "Sloane" avait été conçu pour être présenté lors des "screenings" de printemps. Il s'agit de la période mars-avril qui est propice pour tester de nouveaux concepts auprès des téléspectateurs américains. Avec comme rentabilité acquise, au pire d'avoir conçu un téléfilm sans lendemain, au mieux d'avoir programmé un pilote enregistrant suffisamment d'audience pour susciter une commande d'au moins 13 épisodes de la part des patrons des chaînes. Néanmoins, avec "Sloane", nous avons affaire à un projet qui va transgresser ces règles de base de la production des séries télévisées aux Etats-Unis. Tout d'abord par le fait que le pilote, interprété par Robert Logan, ne sera jamais présenté à la télévision en ce printemps 1979 ! Pourquoi une telle décision de la part de Cliff Gould, et vraisemblablement de la part des responsables du réseau NBC avec à sa tête Fred Silverman ? L'explication la plus logique, et surtout la plus raisonnable compte tenu de la pauvreté des informations disponibles, est le fait que le téléfilm soit plutôt médiocre.

Pour être honnête, on demeure perplexe en visionnant ce pilote mis en scène par Lee H. Katzin. Pourtant, un téléaste aux qualités reconnues. Un réalisateur ayant dirigé parmi les meilleurs des épisodes de la série "Mission Impossible". Ainsi, Katzin s'était-il forgé une spécialité quant à la réalisation de téléfilm-pilote. Une fonction qu'il a, par exemple, assuré avec une maîtrise consommée pour "Cosmos 1999". Cela étant, ce n'est pas tant le scénario, au demeurant honorable, ou la mise en scène du pilote qui font défaut. C'est bien la prestation de Robert Logan qui relève, disons le tout net, de l'insipide. C'est certainement le constat qu'aura fait Fred Silverman en découvrant le pilote en projection privée.

Alors par qui le remplacer afin de permettre au concept de "Sloane" de devenir une série au long cours ? De nombreuses informations, ou plutôt rumeurs, circulent à ce sujet. Certains affirment que les producteurs ont tout d'abord pensé à Charles Bronson. Voila qui apparaît singulièrement contestable, car le comédien est alors âgé de 59 ans et, malgré une forme physique impeccable, le choix de Bronson est de fait peu crédible. Certes, Bronson avait déjà illustré de sa forte présence des séries télévisées (notamment "Man With A Camera" entre 1958 et 1960 où il était le reporter Mike Kovac, "Empire" de 1962 à 1964 ou encore "Les Voyages de Jaimie McPeeters", en 1963, avec le tout jeune Kurt Russell) mais de là à revenir à la télévision ! Il y avait là un grand pas à franchir pour un comédien qui est alors en pleine gloire à la fin des années 1970. Il est par contre exact qu'il fut le premier choix de Stephen J. Cannell pour être Greg Boyington dans "Les Têtes Brûlées". Un rôle qui sera finalement dévolu à Robert Conrad. Il est tout aussi exact qu'on avait pensé à lui pour être Pasquinel dans "Colorado".

En fait, Pour "Sloane", le choix s'était initialement porté sur le comédien Armand Assante. Pourtant, c'est Fred Silverman, le grand patron du réseau NBC, qui finira par imposer Robert Conrad à la production au grand dam de Cliff Gould. Ce dernier redoutait de devoir travailler avec Conrad dont le mauvais caractère et le fort penchant pour la boisson et les jolies filles faisaient alors partie de la légende dorée d'Hollywood. Fred Silverman prendra même la décision d'annuler la série "The Duke", en mai 1979, afin de "libérer" Robert Conrad de ses obligations contractuelles.

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Robert Culp et Robert Conrad / Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production
ET ROBERT CONRAD DEVINT SLOANE

Alors Robert Conrad ? Où en est-il quant à sa carrière au début de cette année 1979 ? Hormis les 6 épisodes de "The Duke", Il a achevé, fin 1978, le premier téléfilm tiré de la série "Les Mystères de l'Ouest", reprenant le personnage qu'il avait dû abandonner dix plus tôt. Ainsi, est-il sollicité par la production de "Sloane" comme le prouve vraisemblablement ces photos d'essai où il arbore une moustache, héritage du téléfilm de Burt Kennedy. Bien qu'il ne soit pas le premier choix des créateurs de la série, Conrad joue le jeu en essayant différents costumes fournis à la production par le couturier Gucci. Mais, il impose également son ami cascadeur, Steve Kelso. Une perspective qui inquiète Cliff Gould qui ne ne veut pas de séquences de bagarres à répétition dans la future série. Ce qui finira pourtant par se produire...

Qui plus est, face au désastreux pilote, les producteurs et Fred Silverman acceptent les prétentions financières de Conrad. En l'occurrence, ils lui versent un million de dollars pour être Thomas Remington Sloane ! Soit le cachet le plus important jamais versé à un comédien de télévision à l'époque ! En plus, voilà que le téléfilm "Les Mystères de l'Ouest", diffusé le 05 mai 1979 sur CBS, enregistre un gros succès d'audience. Il oblige certainement les producteurs à payer le prix fort pour saisir alors l'opportunité de surfer sur ce succès en proposant à Conrad un rôle à l'image de ce qui fît sa gloire dix ans plus tôt. A ce titre, vous pourrez observer que le titre du premier épisode de "Sloane", produit en juillet 1979, s'intitule "Night of The Wizard" (même s'il fut diffusé qu'en 3ème position en octobre 1979). Voilà qui n'est pas sans rappeler les titres des épisodes de "Wild, Wild West". Troublant, non ?

Bref, Conrad accepte de participer à cette nouvelle série bénéficiant de moyens substantiels. Cela étant, ni son charisme, ni sa classe naturelle, ni un générique dans le style de ceux conçus par Maurice Binder pour les James Bond vont s'avérer suffisants pour permettre à "Sloane" d'éviter l'annulation à mi-saison. 12 épisodes seront diffusés entre septembre et décembre 1979. Quant au pilote maudit, il sera finalement programmé en mars 1981. L'art d'accommoder les restes...

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Un commando de charme pour Thomas Remington Sloane / Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production
ANALYSE DE LA SERIE

Les personnages

La série "Sloane, Agent Spécial" est, à l'origine, un produit caractéristique de la fin des années 1970. Le concept de la série s'est adapté à l'ambiance "James Bondienne" de l'époque. Le tout au point de constituer un cas unique dans les annales de la télévision américaine à un moment, où, les héros type "Hunter" ou "Matt Helm", des agents ou espions aux modes d'intervention discrets, bien plus que ceux de l'agent 007, dominaient le marché.

Le personnage central de la série est donc un espion bien éloigné des classiques agents secrets. Pas d'ombre d'idéalisme en lui. Il ne passe pas son temps à raser les murailles ou à se terrer. Pas davantage de haine pour ses adversaires. Ce ne sont pas des ennemis personnels, mais des obstacles à franchir. Quant à ses amours, elles ne sont ni fugitives, ni éternelles. De toutes les façons, les femmes passent leur temps à virevolter autour de lui. Aussi, Sloane les considère-t-il comme des objets de luxe qui méritent qu'on en prenne soin. Enfin, Sloane ne porte pas de gabardine. Il préfère les costumes de bonne coupe avec d'incroyables chemises dont les cols spectaculaires sont autant de reflets de la mode des années 70.

L'agent Sloane est également un homme épris de tous les raffinements de l'existence. Il roule dans une superbe voiture, dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle n'est pas très discrète. Sloane ne discute jamais de politique, car ce qu'il défend est clair pour tout le monde. Cela ne s'est jamais démenti tout au long des 12 épisodes : les États-Unis. Sloane est également un surhomme. Il en a les qualités physiques. Néanmoins, il bénéficie du concours des gadgets que lui fournit Kelly dans le premier acte de chaque épisode. Une montre pouvant enregistrer les conversations. Une bague équipée d'un rayon laser, etc. Autant d'éléments dont le spectateur sait qu'ils lui sauveront la mise le moment voulu.

Dans le cadre de ses missions, Sloane est secondé par Torque. Celui-ci est un géant de deux mètres. Initialement ennemi de Sloane dans le pilote, et tué à la fin de ce dernier, il est, dans la série hebdomadaire, son équipier. Il est muni d'une main métallique faisant office de poste émetteur ou permettant d'ouvrir les portes, c'est selon. Au début de chaque mission, Sloane rencontre le directeur de cette agence secrète appelée UNIT dont les murs sont discrètement installés dans un magasin basé à Los Angeles. Une officine répondant au nom de "The Toy Boutique". Enfin, il peut s'appuyer sur le concours de EFFIE, un ordinateur ultra-sophistiqué, dont la voix féminine (bien sûr) lui procure les données nécessaires au bon accomplissement de sa mission.

Les ennemis de Sloane

Les ennemis de Thomas Remington Sloane se confondent dans un même groupe : la catégorie des fous classiques. Ce sont des génies du mal visant à dominer le monde. Ainsi, dans cette série, il n'apparaît donc pas de dimension politique telle qu'on l'apercevait dans les James Bond des années 60. Ici donc, pas de communistes soviétiques ou chinois. Tous ont un grand point commun. Ils mettent en œuvre un projet apocalyptique qui doit servir les intérêts de l'organisation tapie dans l'ombre pour le compte de laquelle il travaillent le plus souvent. J'ai nommé KARTEL.

Ainsi, Manfred Baranoff dans l'épisode "La Potion Magique" veut-il créer une race de surhommes. Jonathan Cambro dans "L'Ultimatum" conçoit-il un puissant virus capable d'annihiler le monde entier. Lady Bug contrôle-t-elle des insectes génétiquement modifiés pouvant détruire des récoltes et tuer des humains dans "Les Sauterelles", etc. Observons également à ce titre que le méchant peut être aussi une femme.

Les ennemis de Sloane ont en outre quelques perversions à leur actif. Baranoff a tout du dément à l'ego surdimensionné. Lady Bug vit entourée d'une kyrielle de gardes "bodybuildés" qui agrémente sa vie privée. Morgan Lancaster, dans l'épisode "Dans Le Triangle Maudit", s'affiche tout simplement comme étant le descendant de l'illustre pirate ! Rien que cela !

Les femmes

Les femmes jouent un rôle important dans les différents épisodes. Elles incarnent à merveille l'inconstance. Elles sont de purs objets de plaisir pour ceux qui ont su les conquérir en les comblant. Voilà pourquoi le beau sexe est souvent la source de trahisons dans cette série, puisque toutes finissent par abandonner l'être aimé du moment pour se donner à Sloane. Dans bien des cas, les méchants de service ont exigé de leur environnement féminin qu'il séduise Sloane. Ceci afin de le faire tomber dans le piège qu'ils lui préparent. Cependant, le charme déployé par l'agent secret américain parvient à les faire changer de bord.

La galerie des actrices présente dans la série est particulièrement significative du moment où elle fut tournée (en l'occurrence de juin à octobre 1979). Jo-Ann Harris, Laura Johnson, Morgan Fairchild et Pat Klous, pour ne citer qu'elles, incarnent, à leur façon, l'éternel féminin tel que l'on concevait à la télévision américaine à cette époque. Sloane change de femme à chaque aventure. La bataille a bel et bien lieu entre le Bien et le Mal. Les femmes n'y sont que des intermédiaires plus ou moins fidèles, plus ou moins voluptueux.

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Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production

Les mécanismes narratifs

Les épisodes de la série "Sloane, Agent Spécial" sont essentiellement basés sur une trame identique présentant sensiblement des éléments similaires :

1)Le générique

Conçu par Dan Perri (ce dernier avait collaboré avec Steven Spielberg pour la conception du générique de "Rencontres du 3ème Type" en 1977), celui-ci doit beaucoup au travail fourni par Maurice Binder dans les James Bond. Toutefois, nous sommes à la télévision américaine donc pas d'images de femmes pratiquement nues. Tourné à la manière d'un vidéo-clip, ce générique permet simplement d'apercevoir des morceaux de corps de beautés sculpturales. Le tout en présentant le nom des différents comédiens. L'ensemble étant pulsé par un thème musical réjouissant signé Patrick Williams.

2)La séquence d'ouverture

Elle se passe le plus souvent dans un pays étranger. Elle permet d'avoir une première idée de la menace qui va peser sur le monde. Une menace qui légitime l'intervention conjointe de Sloane et de Torque. La séquence d'ouverture est d'une durée moyenne de 4 à 5 minutes qui culmine généralement avec une séquence de poursuite et/ou de bagarre. Cette séquence est donc liée à l'aventure principale que Sloane entreprendra suite à son classique entretien avec le Directeur de l'Agence dont il dépend.

3)La mission

L'épisode à proprement parler débute généralement avec un événement dramatique. Il est exécuté parfois par le vilain lui-même. Un fait qui amènera à une situation de crise auprès des autorités internationales. Ensuite Sloane rencontre son supérieur tout en échangeant quelques paroles avec Kelly. Le plus souvent en lui empruntant un gadget qui sera salvateur par la suite. En ce qui concerne la rencontre avec le méchant, elle intervient très tôt dans chaque épisode. Parfois avant la fin du premier acte qui dure en moyenne 11 minutes sur les 48 que compte chaque aventure. Cette rencontre a lieu dans un contexte social luxueux (hôtels de prestige, villas fastueuses, etc.).

4)Les séquences d'action

D'abord, pas d'action en dehors d'un cadre (dicté par le scénario) qui ne soit résolument exotique. C'est-à-dire qui sorte le spectateur, plutôt homme-moyen, de son style de vie et de ses moyens d'existence. Il faut à ce héros des hôtels de grand luxe à proximité d'une plage pour millionnaires ou bien la plus prestigieuse des stations de ski (ce qui est le cas dans le téléfilm-pilote ceci dit en passant). Quant à la façon de les agencer, les producteurs et réalisateurs de la série ont pu compter sur les capacités physiques bien au-dessus de la moyenne de Robert Conrad. Toutefois, une limite s'imposait à lui. Le souvenir de l'accident survenu le 23 janvier 1968 sur le tournage d'un épisode des "Mystères de l'Ouest". Un drame qui aurait pu lui coûter la vie. Aussi, un œil attentif peut-il observer que le comédien se fait doubler par Steve Kelso pour les scènes vraiment les plus dangereuses. Cela étant, Conrad aura apporté aux scènes d'affrontements avec ses différents adversaires son goût pour le karaté et les bagarres plus que correctement chorégraphiées. Il se permet également, à l'occasion, de prendre la poudre d'escampette accroché à un hélicoptère (épisode "Dans le triangle du Diable"). Histoire de montrer qu'il avait toujours de beaux restes en 1979. Qui en douterait ?

Terminons en constatant que, si chaque épisode est construit autour de 4 actes d'une durée moyenne de 11 minutes, pour une fois, dans une production Quinn Martin, les titres : Acte I, Acte II, etc. qui sont autant de marques de fabrique des séries qu'il a produites, n'apparaissent pas dans "Sloane". Il est vrai que Quinn Martin avait totalement délégué à Cliff Gould et à Philip Saltzman le contrôle de la série.

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Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production
LES PRODUCTEURS

Ils ont collectivement oeuvré pour la création de ce programme, voici une présentation des principaux producteurs de la série :

Cliff Gould

Il est le créateur de "Sloane". Très actif dès années 1960 jusqu'à la fin des années 1980, on luit doit de nombreux scripts pour des show tels que "Rawhide" (1959), "Mannix" (1967) ou, bien plus tard, "Les Deux font la Paire" (1983). Cliff Gould a par ailleurs supervisé l'ensemble des scénarios de "Sam Cade" avec Glenn Ford (série diffusée par CBS lors de la saison 1971/1972). En tant que producteur, il a travaillé sur "Les Rues de San Francisco" (1972). Il a également tenté de donner à Mike Connors une nouvelle série en tant que vedette avec "O'Hanian" (1976). Enfin, pour être complet, il a collaboré avec David Soul sur la série western, "The Yellow Rose" (1983).

Quinn Martin

Quinn Martin, disparu en septembre 1987, est considéré à juste titre comme l'un des producteurs parmi les plus prolifiques de toute l'histoire de la télévision américaine. Il a commencé son itinéraire à la fin des années 1950 en tant que scénariste pour le "Jane Wyman Show" (diffusé sur CBS du 28 août 1956 au 25 juin 1957). Puis, toujours avec la même fonction, sur l'anthologie "Desilu Playhouse" (diffusée sur CBS du 13 octobre 1958 au 10 juin 1960). Envie d'en savoir plus sur l'immense carrière de Quinn Martin ? Voici un large portrait.

Philip Saltzman

Une figure bien connue des amateurs de série et un collaborateur régulier de Quinn Martin. Il a commencé sa longue activité en écrivant des scripts pour "Intrigues à Hawaï" (1959) où il fît la rencontre d'un Robert Conrad alors débutant. Il a de même contribué aux séries "Le Fugitif" et "Stoney Burke". A ce titre, certains affirment que c'est lui qui aurait glisser le nom de Conrad aux producteurs de "Sloane" pour remplacer Robert Logan en 1979. Il fut également producteur de plusieurs séries à succès dont "Barnaby Jones" et "Sur la piste du crime.". Il a également produit, en partenariat avec Walter Grauman, "Brigade Criminelle" avec Dennis Cole et Howard Duff. Une série diffusée du 12 septembre 1966 au 31 janvier 1969 sur ABC.

Gerald Sanford

De nombreux scénarios pour les productions Quinn Martin : "Cannon", "Twelve O'Clock High" et "Barnaby Jones". Toutefois, sa contribution la plus importante concerne l'anthologie de Rod Serling, "Night Gallery" (diffusée du 15 septembre 1971 au 12 août 1973 sur NBC). Pour celle-ci, il écrivit pas moins de 30 épisodes. Par la suite, il a retrouvé William Conrad pour "L'homme à l'orchidée" (1980).

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Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production
LES COMEDIENS

Robert Conrad (voix française : Jacques Thébault)

Décédé le 08 Février 2020, Robert Conrad, de son vrai nom Conrad Robert Falk, est né le 01 mars 1935 à Chicago. Il habitait dans un quartier pauvre où il apprit très tôt à se battre pour survivre. Ceci l'amène tout naturellement vers la boxe. Il monte sur les rings dès l'âge de 16 ans. Il participe ainsi à une dizaine de combats qui lui apportent un lot de blessures l'empêchant de continuer la pratique du noble art. Consultez nos archives afin de lire un dossier complet consacré à ce grand comédien. Lui qui fut le héros de plusieurs séries télévisées très largement diffusées en France : Robert Conrad.

Dan O'Herlihy (voix française : Pierre Trabaud)

Décédé le 17 février 2005, Dan O'Herlihy fut étudiant en architecture en Irlande. Puis, il embrassa une carrière théâtrale dans de nombreuses pièces produites au Gate Theater. A partir de 1946, O'Herlihy se tourne vers le cinéma. Ses premières prestations sont des plus intéressantes. Suffisamment en tous cas pour attirer l'attention d'Orson Welles. Ce dernier l'engage pour l'adaptation au grand écran de "Macbeth", en 1948. En 1952, son talent est reconnu par l'Académie des Oscars. Il obtient une nomination pour "Robinson Crusoé" de Luis Bunuel. Parmi ses autres interprétations les plus remarquables, on peut retenir, "Mc Arthur" de Joseph Sargent (1977) et "Robocop" de Paul Verhoeven (1987).

Pour le petit écran hormis son rôle dans "Sloane", il est apparu aux côtés de Kurt Russell dans "Les Voyages de Jaimie McPheeters". Une série produite par Robert Thompson, Robert Sparks et Don Ingalls. Elle sera  diffusée du 15 septembre 1963 au 15 mars 1964 sur CBS (et programmée en France dès le 26 mai 1969 sur la 1ère chaîne de l'ORTF). Précisons enfin qu'il a participé à "Colditz" (28 épisodes diffusés sur BBC 1 entre le 19 octobre 1972 et le 25 janvier 1973 pour la première saison (16 épisodes). Puis, du 7 janvier au 01 avril 1974 pour la seconde saison (12 épisodes). Il est à noter que cette série aura connu un grand succès en France lors de sa diffusion sur TF1 en 1972 (et au cours de sa rediffusion en 1983).

Ji-Tu Cumbuka (voix française : Sady Rebbot)

Comme beaucoup d'autres comédiens noirs-américains, il aura profité de la reconnaissance des talents de Bill Cosby et de Sidney Poitier pour entamer une carrière intéressante dès 1967. Au cinéma, on l'a aperçu dans "Mandingo" (en 1975) et "Brewster's Millions" (en 1988, aux côtés de Richard Pryor). Pour la télévision, on peut retenir des participations à plus de 50 épisodes de séries. Notamment entre 1968 (dans "Opération Vol" avec Robert Wagner) et 1993 (dans "Walker, Texas Ranger" avec Chuck Norris).

Ji Tu Cumbuka a tenu un rôle majeur dans le téléfilm de prestige "Racines", en 1977 avant d'être engagé pour "Sloane". Initialement éliminé par l'agent de U.N.I.T. dans le pilote de la série, il réapparut dans les épisodes avec Robert Conrad. Cette fois dans une fonction un peu comparable à celle d'un Ross Martin du temps passé. Cependant, en moins développée. Il faut bien le reconnaître. Si Ross Martin était le roi du maquillage dans "Les Mystères de l'Ouest", Ji-Tu Cumbuka est plus un roitelet du bricolage dans "Sloane".

Ji Tu Cumbuka est décédé le 04 juillet 2017 à Atlanta. Il avait 77 ans.

Robert Logan (voix française : Philippe Ogouz)

Né le 29 mai 1941 à Brooklyn, Robert Logan est décédé le 6 mai 2024. Logan se destinait tout d'abord à une carrière sportive. Toutefois, une blessure mît un terme à cette perspective. Il jouait au base-ball à un niveau honorable lorsqu'il fut repéré par un agent de la Warner. Sa première participation pour une série télévisée remonte à "77 Sunset Strip". Un show produit par William T. Orr et Roy Huggins, consacré aux exploits de détectives privés. Robert Logan y incarnera J.R. Hale de 1961 à 1963. Ensuite, il devient Jericho Star dans la série "Daniel Boone" au cours de la saison 1964/1965. Cependant, son plus grand succès demeure "Les Nouvelles Aventures des Robinson Suisses" (1975).

Michele Carey (voix française : Béatrice Delfe)

Une trentaine d'apparitions dans des épisodes de série pour Michelle Carey. Le tout de novembre 1964 dans "Des Agents Trés Spéciaux" à janvier 1982 dans "L'Homme qui Tombe à Pic". Depuis, la carrière de l'actrice avait connu une éclipse définitive jusqu'à l'annonce de sa disparition le 21 novembre 2018.

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Ji Tu Cumbuka est Torque / Copyright : NBC Television - Quinn Martin Production
FICHE TECHNIQUE

Création : Cliff Gould
Producteur : Gerald Sanford
Producteur exécutif : Philip Saltzman
Co-producteur : Matthew N. Hermann
Directeurs de la photographie : Bradley B. Six, Roland Ozzie Smith
Supervision du montage : Richard Brockway
Supervision des scénarios : Peter Allan Fields
Supervision des scripts : Jack V. Fogerty
Thème musical : Patrick Williams
Musique : Les Hooper, Don Bagley, Bill Byers, Tom Scott
Supervision musicale : John Elizade
Responsable de la production : Charles R. Scott, Jr
1er assistants du metteur en scène : Ramiro G. Jalona, William B. Martin
2ème assistant du metteur en scène : Stan Foster
Montage : Richard Greer, Donald Hoskinson, James Gross
Directeurs artistiques : Norman Newberry, George B. Chan
Supervision du casting : Tom Palmer
Supervision de la post-production : Don Hall
Décorateur de plateau : Ralph Nelson
Effets spéciaux : Lambert Powell, Wayne Beauchamp, John Colles, Chuck Dolan, Walter Dion
Coordination des cascades : Steve Kelso
Cascades : Marneen Fields, Gregory J. Barnett, Ashley Huston, Steve Kelso, Sherry Peterson, Tony Epper, Hubie Kerns, Jr, Dick Durock, George Dickerson
Générique : Dan Perri
Véhicules fournis par : The Ford Motor Company
Filmé en : Panavision
Une production Woodruff en association avec Quinn Martin Production pour NBC Television (1979)

 

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