Par Christophe Orzechowski
PRESENTATION DE LA SERIE
"Hercule" est une série télévisée américaine (mais tournée en Nouvelle-Zélande). Elle commence sa diffusion sous la forme de 5 téléfilms unitaires, diffusés en 1994, auxquels feront suite 6 saisons et 111 épisodes. Elle sera diffusée de 1995 à 1999 aux Etats-Unis.
La série "Hercule" a été créée par Christian Williams et Robert Tapert, et produite par Sam Raimi et Bernadette Joyce. Kevin Sorbo (Hercule) et Michael Hurst (Iolas) en sont les acteurs principaux.

Quand la mythologie revient à la télévision dans un traitement bon enfant
Hercule, un héros justicier au grand cœur
Tout comme son titre l’indique, "Hercule" adapte sur le petit écran les personnages mythologiques d’Hercule, le dieu de la force, et son compagnon d’aventures Iolas. Mais la série offre à voir une adaptation très libre des personnages, et de leurs aventures.
Ne pas chercher la vérité historique
Dans la Grèce antique représentée dans la série, le spectateur se doit par exemple d’accepter la convention tacite de faire parler tous les personnages dans un anglais contemporain (en VO). Il s’agit de proposer un spectacle léger et divertissant, même si plusieurs moments dramatiques marquent le destin d’Hercule dans la série. Ainsi, la fidélité historique n’est vraiment pas de mise, et les références mythologiques se téléscopent dans cette Grèce antique de pacotille ainsi mise en scène. Il s’agit de s’amuser avec les mythes, plutôt que d’en montrer une représentation fidèle, avec la bienveillance complice des téléspectateurs.
Le personnage d’Hercule, tel que présenté dans la série, est un « bon samaritain ». Il est l’exemple même du héros justicier, allant de village en village pour aider les plus faibles, ceux qui ne peuvent se défendre eux-mêmes. Le personnage est doté de toutes les qualités possible pour un héros de ce type : généreux, doux, aimable, serviable, altruiste, fort, puissant et courageux.
Hercule, le parfait héros d’aventures
Un héros qui, au fil des nombreux épisodes que comporte la série, aura à affronter, comme l’annonce l’introduction du générique de début, des dieux, des rois tyranniques et des monstres cruels. Pour accomplir ses actions héroïques, et faire ainsi la preuve de sa grande bravoure, Hercule sera accompagné de nombreux compagnons d’aventures, comme Salmoneus, personnage débonnaire un peu lâche, mais possédant un bon fond, mais aussi Iolas, un courageux combattant, qui connaît de nombreuses ruses de chasseur – allusion, ici à l’un des running-gags de la série concernant ce personnage. Au cours de ses aventures, Hercule devra également échapper aux nombreux pièges tendus par Héra, l’épouse de Zeus, qui lui voue une haine farouche, et qui sera l’un des principaux antagonistes de la série.
Petit détail amusant, au passage, quand on finit par le remarquer, mais qui témoigne de la légèreté avec lequel le mythe est abordé dans la série : Hercule est un personnage qui jouit d’une certaine réputation. Que tout le monde le connaît de nom, dont tout le monde a entendu parler au moins une fois, suite à ses nombreux exploits. Mais, à chaque fois qu’il se présente dans un nouveau village, personne ne le reconnaît immédiatement, mais personne ne semble l’avoir, en réalité, déjà rencontré ou vu !

Un divertissement léger, populaire et un véritable succès en syndication
Téléfilms en série
Le projet de série "Hercule" commence en 1994, par la diffusion de plusieurs téléfilms mettant en scène le personnage, dans le cadre d’une démarche de production appelée « Action Pack », pour la syndication. Il s’agissait de produire des téléfilms d’action-aventures mettant en scène différents personnages, qui pourraient, si le succès au rendez-vous, donner lieu à d’éventuelles séries par la suite.
Pour incarner le rôle-titre d’Hercule, c’est le comédien Kevin Sorbo qui est choisi, et qui incarne très bien le personnage, nous le rendant très vite attachant. A ses côtés, afin de jouer le tout-puissant Zeus, c’est Anthony Quinn que l’on retrouve, acteur renommé, au nom prestigieux, dont la présence aidera à attirer les téléspectateurs. Ces téléfilms trouvant leur public, et étant même d’inattendus succès, une série va ensuite être mise en chantier, pour capitaliser sur ce succès.
Que ce soit dans les téléfilms ou la série leur faisant suite, les scénaristes et producteurs parviennent à proposer un spectacle assez divertissant, aux effets spéciaux qui tiennent la route, et ne vieilliront pas forcément trop mal d’ailleurs. Ils sont certes assez voyants, en tant qu’effets spéciaux produits par informatique, mais pas désagréables à l’œil.

Le ton de ces téléfilms peut passer d’un registre sérieux, à un registre plus léger, selon les scènes. Dans celui intitulé "Hercule et les Amazones", un sous-texte sociétal se fait même jour : sous couvert de mettre en scène les Amazones, ce peuple de femmes guerrières, l’aventure se permet alors d’aborder le féminisme et les relations hommes-femmes. Ces cinq téléfilms doivent être considérés comme des sortes d’épisodes-pilotes, pour une série qui en reprendra les mêmes ingrédients, avec la plupart des mêmes interprètes, à l’exception d’Anthony Quinn, le personnage de Zeus sera interprété par d’autres acteurs lorsqu’il apparaîtra.
Si, en réalité, "Hercule" n’est pas une série si exceptionnelle que cela, elle fait partie de ces séries divertissantes dont le public, qui l’a découverte et suivie à l’époque, garde en général un bon souvenir. A condition d’accepter le ton particulier de la série, certains passages et épisodes frôlant tout de même le ridicule le plus total (comme pour l’épisode où Hercule se retrouve transformé, le temps d’un épisode… en animal), elle se montre encore très agréable à visionner.
Certains épisodes feront d’ailleurs preuve d’une grande inventivité, et d’un grand second degré, la série n’ayant pas peur de se moquer d’elle-même, et de faire preuve grande auto-dérision, en tournant en ridicule les personnes grâce auxquelles elle existe. Deux épisodes spéciaux verront les acteurs intervenant fréquemment dans la série, jouer les rôles des producteurs de celles-ci, en les parodiant et en s’en moquant gentiment, par exemple. La série saura redoubler d’ingéniosité, afin de pallier les blessures et problèmes de santé de son interprète principal, quand ils se présenteront.
Un succès au long cours
Lors de sa première diffusion, en tout cas, "Hercule" va très vite connaître un grand succès. Un succès tout de même amplement mérité, pour une série qui aura tout de même été capable de détrôner "Alerte à Malibu" de la 1ère place des séries diffusées en syndication et qui sera diffusée dans plus de 70 pays. Grâce à des scénaristes, réalisateurs et producteurs investis, à un Kevin Sorbo très soucieux de servir au mieux la série, et un rôle qu’il aura beaucoup aimé incarner, et à des lieux de tournage offrant un dépaysement garanti aux spectateurs. En effet, la série était tournée en Nouvelle-Zélande, tout comme le sera également des années plus tard la saga du "Seigneur des Anneaux".
Concernant la diffusion française, la série sera très bien diffusée sur TF1, dans une case-horaire assez pertinente pour ce type de programme. Elle sera en effet diffusée le samedi après midi vers 16h, en alternance avec la série dérivée Xena la Guerrière, constituant un rendez-vous régulier pour les téléspectateurs français. TF1 proposera d’ailleurs, dans cette case-horaire, quasiment l’intégralité des différentes saisons et épisodes constituant la série.

"Hercule", une série à l’origine d’un univers étendu et de nombreuses imitations
Signe d’un succès certain, la série engendrera plusieurs spin-offs, productions dérivées capitalisant sur le succès de la première, dont une série avec cette fois des personnages féminins forts : "Xena, la guerrière". Les personnages des deux séries, à savoir Hercule, Iolas, Xena et Gabrielle se croiseront à plusieurs reprises, s’invitant dans la série de l’un ou de l’autre à l’occasion. Les personnages partageront même une longue aventure commune, puisqu’on les retrouvera également dans un film d’animation les mettant tous en scène.
Xena vs Hercule
Mais "Xena, la guerrière" ne se contentera pas d’être juste une version féminisée des aventures d’"Hercule". Par la nature même de son héroïne, apparue tout d’abord en antagoniste dans "Hercule", elle se montrera souvent plus sombre et légèrement plus adulte. Xena est en effet une âme sombre, une ancienne cheffe de guerre responsable de pillages et de morts, dont le chemin vers la rédemption sera long et périlleux. Arès, le dieu de la guerre en sera éperdument amoureux, et n’aura de cesse de vouloir la faire replonger, intervenant dans son existence pour refaire d’elle la reine des batailles.
"Xena, la guerrière" se caractérisera par son ton parfois plus adulte et plus sombre, mais aussi, à d’autres moments, par une folie débridée allant encore plus loin que celle d’"Hercule" (les scénaristes se permettront, par exemple, un épisode « comédie musicale », ainsi qu’un « épisode-reportage », en dépit de toute logique) par le sous-texte lesbien de nombreux passages, concernant la relation entre Xena et sa compagne d’aventures Gabrielle. Les fans, aimant voir plus qu’une simple amitié entre les deux jeunes femmes, scruteront les moindres répliques ou gestes de tendresse donnant à imaginer une véritable relation entre elles.
Par la force des choses, "Xena, la guerrière" connaîtra un succès plus grand encore, plus notable. Kevin Sorbo sera d’ailleurs jaloux de ce succès, et accusera à l’époque les producteurs de mieux promouvoir "Xena, la guerrière". Cela est peut-être vrai, mais il y avait aussi une autre réalité que Kevin Sorbo aura du mal à admettre : la série dérivée était tout simplement meilleure, surpassant l’originale en de nombreux points.
Les deux séries, en tout cas, joueront beaucoup de la notion d’univers partagé. Ainsi, de savoureux personnages récurrents apparaîtront dans une série comme dans l’autre, pour le plus grand plaisir des fans. Bruce Campbell, l’éternel Ash de la saga "Evil Dead", incarnera le « Prince des Voleurs » auto-proclamé Autolycus, s’amusant comme un petit fou avec ce personnage fourbe, voleur et menteur, pas foncièrement méchant, mais très cupide. La jolie Alexandra Tydings jouera la pétillante et taquine déesse Aphrodite, n’étant pas en reste pour s’amuser des « simples mortels ».

Séries dérivées
Une autre série dérivée, "Hercule contre Arès", plutôt destinée à un jeune public, sera diffusée de 1998 à 1999, et explorera, 50 épisodes durant, les jeunes années d’Hercule, avec un casting nécessairement rajeuni, qu’on aurait tout aussi bien pu se retrouver dans un teen-drama, cette catégorie de séries tournant autour des joies et déconvenues d’adolescents. En France, la série sera acquise par France 2, qui la diffusera dans une case jeunesse.
En plus de ces déclinaisons de la série-mère étendant son univers, "Hercule", toujours lors de la décennie 90, va être suivie d’un ensemble de séries d’aventures qui en reprendront les mêmes ingrédients : une Fantasy débridée et irréaliste, des monstres, de la magie, des actrices sexys, de l’action virevoltante. Des « Hercules-like », tentant de copier maladroitement l’originale.
Ainsi, de 1996 à 1998, sera proposée "Sinbad", reprenant le célèbre personnage de l’imaginaire oriental. Ensuite, de 1997 à 1999, seront programmées "Les Nouvelles Aventures de Robin des Bois", avec deux acteurs qui se succèderont dans le rôle-titre d’ailleurs. Enfin, de 1997 à 1998, apparaîtra dans une série lui étant consacré le plus célèbre des barbares de la Fantasy, "Conan", dans une série éponyme.
En résumé, des productions d’un intérêt très variable, qui feront l’erreur de croire que les éléments qu’elles empruntaient à "Hercule" étaient à eux seuls la source de son succès, qu’elles ne parviendront jamais véritablement à égaler. Des séries qui souffriront des mêmes défauts pour la plupart d’entre elles : des scénarios de faible qualité, assez médiocres la plupart du temps, et des acteurs peu talentueux pour leur distribution régulière.

Conclusion : Hercule ou l’héritage d’une certaine époque
La diffusion d'"Hercule" s’achève en 1999. Elle fait partie de ces séries qui se terminèrent suite à une renégociation de contrat qui n’aboutira pas à un résultat satisfaisant (en l’occurrence ici pour son acteur principal, Kevin Sorbo) et non pas suite à de mauvaises audiences (même si celles-ci commençaient tout de même à décliner quelque peu). Les relations entre Kevin Sorbo et certains producteurs s’étaient quelque peu dégradées au fil du temps, ce qui bien évidemment n’arrangea rien.
La saison six, la dernière, est en quelque sorte une saison « bonus », constituée de huit épisodes seulement. Elle se conclut sur une dernière histoire qui résout certaines intrigues et acte la réconciliation entre Hercule et ses parents, Zeus et Héra. Le dernier épisode de la série, est malheureusement, un épisode peu marquant, et manque d’ampleur. La série tire donc sa révérence sans grand éclat et sans moments de bravoure particuliers.
Malgré tout, "Hercule" aura su montrer que la télévision des années 1990, dans les niches de la syndication, avait également de la place pour des séries très divertissantes et bien produites, uniquement destinées à offrir un spectacle léger et amusant, sans volonté de modifier le medium ou de le tirer vers le haut.

