Par Christophe Dordain
En 1900, en Afrique du Sud, au Transvaal, les aventures trépidantes d'un jeune médecin. Voici Jacques Cervin, qui se retrouve mêlé à un sanglant conflit opposant les Britanniques aux Afrikaners...
LA PRODUCTION
Nous sommes à la fin des années 70. Pour la première fois, le personnage de Jacques Cervin va faire son apparition. C'est donc le vendredi 12 octobre à 20h35 sur Antenne 2. Cette dernière a un impérieux besoin d'un poids lourd télévisuel qui soit capable de prendre la succession de "L'île aux trente cercueils" (avec Claude Jade et Jean-Paul Zehnacker). Un feuilleton qu'avait diffusé la même chaîne depuis le 21 septembre 1979.
Pour ce faire, Antenne 2 avait sollicité la société de production Télécip. Et de lui commander un nouveau programme, "Pour tout l'or du Transvaal", qui s'appuierait sur des événements historiques assez peu connus à l'époque (du moins du public français). En l'occurrence l'affrontement entre les britanniques et les Boers (des colons implantés sur place, pour la conquête de l'Afrique du Sud). Ainsi, l'action du feuilleton se place-t-elle en 1900, dans la région du Transvaal plus précisément, où un jeune médecin, Jacques Cervin, prend possession d'une mine d'or et se retrouve mêlé à la seconde Guerre des Boers. Car un sanglant conflit, opposant les Britanniques aux Afrikaners (des fermiers d'origine hollandaise) a éclaté.
Pour la réalisation de "Pour tout l'or du Transvaal" Télécip fait appel à un spécialiste du genre, Claude Boissol. Ce dernier avait déjà tourné en 1977 en Afrique du Sud, "Les diamants du Président" (une série en 6 épisodes relatant les aventures de Michel Lancier, un ancien mercenaire impliqué dans un trafic de diamants lié à un complot politique, quelque part en Afrique, avec Michel Constantin dans le rôle principal).
Co-produit avec Karat Films, la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) et South African Broadcasting Corporation (SABC), "Pour tout l'or du Transvaal" bénéficiera de décors majestueux et d'une interprétation de qualité dominée par un Yves Rénier. Le sympathique comédien trouvant en l'espèce une alternative intéressante à son autre image télévisuelle qu'était celle du "Commissaire Moulin" depuis 1976. De plus, Rénier et Boissol avaient déjà travaillé ensemble dix ans plus tôt pour la série "Les Globe-Trotters".
LE REALISATEUR : CLAUDE BOISSOL
Né le 15 juin 1920 à Paris, il débute au cinéma comme assistant de Maurice Labro, Jacques Becker et Yves Allégret. C'est en 1955 qu'il signe sa première réalisation, "Toute la ville accuse", qui connaît un certain succès public et critique. Il dirige par la suite cinq autres films jusqu'en 1961. Mais Claude Boissol doit faire face à la montée en puissance de la Nouvelle Vague qui rejette le cinéma académique qu'il illustre à sa façon.
Il se tourne alors vers la télévision pour y devenir un metteur en scène incontournable : "Les globe-trotters" avec Yves Rénier et Edward Meeks en 1966; "Pour tout l'or du Transvaal" toujours avec Yves Rénier en 1978; "Aux frontières du possible" (en 1971 pour la saison I, puis en 1974 pour la saison II) avec Pierre Vaneck et Elga Andersen (il dirige les épisodes en collaboration avec Victor Vicas); "Commissaire Moulin" encore avec Yves Rénier (4 épisodes tournés entre 1980 et 1982), etc. Une bien impressionnante carrière, n'est-ce pas ?
A PROPOS D'YVES RENIER
Yves Rénier naît à Berne en Suisse d'un père français et d'une mère anglaise. Il débute sa carrière cinématographique en 61 dans "Le Comte de Monte-Cristo". Après cette première expérience, sa carrière ne démarre pas en flèche. Il enchaîne péniblement quatre films dont un de Jean-Pierre Mocky. Toutefois, c'est la petite lucarne magique, alors en plein essor, et qui demande beaucoup de nouveaux programmes, qui va lui permettre d'accéder à une véritable notoriété.
Une grande vedette du petit écran
Tout d'abord, avec le feuilleton "Belphégor" (imaginé par Claude Barma, et diffusé du 06 au 27 mars 1965 sur la 2ème chaîne de l'ORTF) dont l'impact auprès du grand public de l'époque est considérable. Fort de ce succès, Yves Rénier est ensuite associé à Edward Meeks pour un nouveau feuilleton : "Les globe-trotters" (dont les 39 épisodes sont diffusés à partir du 16 octobre 1966 sur la 1ère chaîne de l'ORTF). Après cette décennie prolifique, Yves Rénier s'essaiera même à la chanson dans les années 70-80.
Cependant, c'est véritablement son personnage du "Commissaire Moulin" qui lui offre une notoriété incomparable. Créée en 1976 par Paul Andréota et Claude Boissol, la série télévisée fut tout d'abord interrompue en 1982, puis reprise en 1989 (par Yves Rénier lui-même et Georges Moréas, auteur de romans policiers). La série accueillit notamment de nombreuses vedettes-invitées telles que Johnny Hallyday et Véronique Jeannot. L'acteur y écrit une dizaine de scénarios et se lance dans la réalisation. La série a pris fin en 2006.
Entre grand et petit écran
Yves Rénier alterne en parallèle quelques rôles au cinéma, notamment avec Bertrand Blier en 90, Jean-Marie Poiré en 95 ou encore Jean-Jacques Beineix en 2000 ("Mortel transfert"). N'oublions pas également son apport éminent dans le doublage. Il s'est notamment illustré en interprétant la doublure française de Burt Reynolds, Chuck Norris, Paul Hogan, Tommy Lee Jones ou encore le personnage de "Rick Hunter" (Fred Dryer), peut-être sa prestation la plus emblématique dans ce domaine précis.
En 2005, Yves Rénier apparaît également dans le feuilleton estival "Dolmen", aux côtés d'Ingrid Chauvin, qu'il retrouve l'année suivante pour un téléfilm, "Le monsieur d'en face". En 2007, c'est dans le film "Trois amis", de Michel Boujenah qu'Yves Rénier renoue avec le cinéma, accompagné de Kad Merad et Mathilde Seigner. On peut le voir également dans "Beur sur la ville" de Djamel Bensalah en 2011.
Réalisateur de téléfilms de prestige tels que "Flic tout simplement" (2015) et "Je voulais juste rentrer chez moi" (2017), son travail de cinéaste a été reconnu et primé pour le téléfilm "Jacqueline Sauvage : c'était lui ou moi" en 2018. Yves Renier s'en est allé le 23 avril 2021 à l'âge de 78 ans.
Ses principaux rôles à la télévision :
1964 : "Les cinq dernières minutes", saison 5, épisode 2 : "45 tours et puis s'en vont" de Claude Loursais.
1965 : "Belphégor ou le Fantôme du Louvre", feuilleton en 4 épisodes de Claude Barma pour la 2è chaîne de l'ORTF.
1966 : "Les Illusions perdues", téléfilm en quatre épisodes, de Maurice Cazeneuve.
1966-1968 : "Les globe-trotters", série de Claude Boissol et Jacques Pinoteau, 3 saisons pour un total de 39 épisodes pour la 1è chaîne de l'ORTF.
1971 : "Prière pour Éléna", d'Abder Isker.
1976-1982 : "Commissaire Moulin", une série de Paul Andréota pour TF1.
1979 : "Pour tout l'or du Transvaal", feuilleton en 6 épisodes de Claude Boissol pour Antenne 2.
1986 : "Marie Pervenche", saison 2, épisode 1 : "Le jour de gloire n'est pas prêt d'arriver" de Paul Andréota.
1989-2005 : "Commissaire Moulin", série de Paul Andréota, 51 épisodes pour TF1.
1994 : "Aventures dans le Grand Nord", série, épisode 1, "L'Honneur des grandes neiges" de Gilles Carle.
2005 : "Dolmen" de Didier Albert et Eric Summer, saga de l'été en 6 épisodes pour TF1.
2006 : "Le Monsieur d'en face", téléfilm d'Alain Robillard
LES PRODUCTEURS
Roland Gritti
Roland Gritti était dans les années 60 et 70 notamment une figure incontournable de la production télévisuelle française. C’est notamment lui qui avait produit (dans le cadre d’un accord entre la firme Télécip et la société Gaumont) "Les nouvelles aventures de Vidocq" avec Claude Brasseur en 1971. Parmi les autres séries et feuilletons auxquels il a collaborés, indépendamment de "Pour tout l'or du Transvaal", on peut citer au début des années 60, "L’inspecteur Leclerc", une sorte d’anti-Maigret et d’anti-Bourrel, avec Philippe Nicaud (qui nous a quittés en avril 2009); "Chateauvallon", dans les années 80, avec Chantal Nobel et Raymond Pellegrin. Il a également été le scénariste du téléfilm "Les feux de la Saint-Jean" avec Virgile Bayle, sur une mise en scène de François Luciani, téléfilm qui a été diffusé le 25 mai 1996 sur France 3.
Au cinéma, il a été le producteur du dessin animé de science-fiction, "Les maîtres du temps", réalisé par René Laloux et sorti en salles le 24 mars 1982. Enfin, n'oublions pas que Roland Gritti fut également, et peut-être surtout, un artisan majeur dans le succès de la série-culte "Les brigades du tigre" (1974/1983).
Etienne Laroche
Si ce feuilleton doit beaucoup à la société de production Télécip, elle en doit encore plus à Etienne Laroche. Pourtant son nom est rarement nommé dans les génériques de séries et/ou de feuilletons. Il a produit en 1960, "Les années folles", et en 1976, "Les diamants du Président" (une série de 6 épisodes de 55 minutes interprétée par Michel Constantin et diffusée en 1977 sur Antenne 2). Pour Télécip, il a produit deux longs métrages : "Vos gueules les mouettes" de Robert Dhéry, et "Les maîtres du temps" de René Laloux, un superbe dessin animé inspiré par l'oeuvre de Moebius.
DISTRIBUTION
Yves Rénier (Jacques Cernin)
Ursula Monn (Mary Lawson)
Bernard Dimey (Paintendre)
Jocelyne Boisseau (Marguerite)
Albert Medina (Suares)
Manfred Seipold (Meeker)
Marc Cassot (Villebois-Mareuil)
Jan Bruyns (Abraham)
Graham Armitage (Paxton)
Ryno Hattingh (Jacob)
Brian O'Shaughnessy (Browels)
Hugues Rouse (Sir Henry)
Patrick Mynhardt (Hasenfeld)
Sandra Prinsloo (Mme Hasenfeld)
FICHE TECHNIQUE
"Pour tout l'or du Transvaal" compte 6 épisodes de 55 minutes. Ils ont été co-produits par Télécip-A2 (France), Karat Films (Allemagne), SABC (Afrique du Sud) et la RTBF (Belgique). Il faut alors souligner que le feuilleton fut diffusé en France (pour la première fois) à partir du 12 octobre jusqu'au 16 novembre 1979. En effet, c'était sur Antenne 2. Le vendredi soir à 20h35 (juste avant l'émission "Apostrophes" présentée par Bernard Pivot).
Réalisation : Claude Boissol
Scénario : Pierre Nivollet, Jean-Claude Camredon
Adaptation et dialogues : Pierre Nivollet
Direction générale de la production : Etienne Laroche
Producteur délégué : Roland Gritti
Musique : Pierre Bachelet
Chanson : Lucky Blondo
Directeur de la photographie : Hans Kühle
Chef décorateur : John Rosewarne
Scripte : Anne-Marie Garcia
Assistants-réalisateurs : Valérie Lorsac, Barry Van Bilson
Opérateur-caméra : Jean Bénézech
Assistant à la caméra : Wolfgang Riesner
Montage : Jane Darraix
Assistante au montage : Olivia Mare
Mixage : Pierre Vuillemin
Costumes : Robyn Smith
Maquillage : George Fast
Ensemblière : Petra Delfs
Effets spéciaux : Paul Ballenger
Production : Antenne 2 / Karat Films / Radio Télévision Belge Francophone (RTBF) / South African Broadcasting Corporation (SABC) / Télécip (1979)