Par Christophe Dordain
Irwin Allen est une figure quasi légendaire de la télévision et du cinéma. Surnommé le "Maître des Désastres", le producteur rêvait de spectacles grandioses et inédits. Ce diplômé de journalisme, avant de s'intéresser à la production, fut un patron de presse. Mais aussi un grand producteur de radio.
C'est au cours des années 50 que Allen commence à s'intéresser à la réalisation. Très vite, il montre un talent certain. En effet, Irwin Allen se fait reconnaître par Hollywood en recevant l'Oscar du meilleur documentaire pour sa première réalisation : "The Sea Among Us". Si c'est un documentaire, le film prouve que le réalisateur a le goût de l'aventure, du spectaculaire, du "bigger than Life". D'ailleurs, il l'avait prouvé quelques années auparavant. Notamment en devenant producteur associé pour la RKO sur trois films d'aventures.
En tant que producteur et réalisateur, il n'a pas peur des scénarios les plus démesurés. Ainsi, pour son premier film de fiction, il réalise un film portant l'histoire de l'humanité ! Les projets qui suivront ne manqueront ni ambition ni de culot. On pensera entre autres au "Monde perdu" (1960, avec Michael Rennie) d'après Arthur Conan Doyle, au "Sous-marin de l'Apocalypse" (1961, avec Walter Pidgeon) ou à "Cinq semaines en ballon" (1962) d'après Jules Verne.
La télévision devient ensuite son nouveau terrain de chasse. Le petit écran va alors connaître la démesure arrogante du producteur. Tout commence en 1964 sur ABC Television avec l'imaginaire et la série "Voyage au fond des mers" (1964/1968) interprétée par Richard Basehart et David Hedison.
Puis c'est au tour de l'anticipation avec "Perdus dans l'espace" (1965/1968) interprétée par Guy Williams. Enfin, Irwin Allen conclut avec l'aventure et le fantastique grâce à la série "Au coeur du temps" mettant en vedette Robert Colbert et James Darren. Sans oublier "Au pays des géants", avec Gary Conway et Kurt Kaznar, à la fin des années 60.
Au début des années 70, Irwin Allen repart de plus belle sur les grands écrans. Tout d'abord, avec "L'aventure du Poséïdon", mis en scène par Ronald Neame avec notamment Gene Hackman. Ensuite, ce sera "La tour infernale" de John Guillermin, mettant en vedette les deux super-stars que sont Paul Newman et Steve McQueen. Deux productions majeures qui l'imposent comme un maître du genre. Ainsi, ces deux films vont-ils devenir des références et seront autant d'énormes succès populaires. Voilà pourquoi, le nom d'Irwin Allen est désormais lié au genre film-catastrophe. Un genre pour lequel nous vous proposons ce podcast :
Toutefois, Irwin Allen s'avère finalement être trop enthousiaste à l'idée d'avoir à repousser les limites du grand spectacle. Ainsi, croit-il que le genre peut durer au point de se mettre à produire tout et n'importe quoi. On le retrouve sur tous les tableaux : séries, téléfilms et cinéma. Il y produit des séries B de moins en moins convaincantes à la fin des années 70. En effet, que retenir de "L'Inévitable catastrophe" (1978), "Le dernier secret du Poséidon" (1979) et "Le jour de la fin du monde" (1980) ? Le succès n'est plus au rendez-vous. Les acteurs (plutôt sur le déclin que prestigieux) sont avant tout là pour faire de la figuration. Quant aux scénarios, ils sont de plus en plus absurdes. Ses dernières productions (pour la télévision) sont des ratages complets hormis le téléfilm "Terreur sur le Queen Mary", avec Robert Stack (1975).
Symbole d'une certaine idée de la production cinématographique et télévisuelle, Irwin Allen disparaît le 2 novembre 1991. Il avait alors 75 ans.