Par Christophe Dordain
PREAMBULE
Affirmer avec "L'Homme de Vienne", à propos de Robert Conrad, qu'il est un comédien souvent associé, tout au long de sa carrière, au personnage de l'agent secret ou apparenté peut apparaître comme relevant de l'évidence. En effet, sa filmographie recèle de séries et de téléfilms qui font partie de ce genre télévisuel si particulier et si prisé des téléspectateurs.
Si l'on peut tout de suite penser aux "Mystères de l'Ouest" (pendant lesquels, et au cours de quatre magnifiques saisons devenues cultes à juste titre, Conrad a incarné, avec le brio et le talent qu'on lui connaît, l'agent secret James West), il ne faut pas pour autant délaisser le personnage de Thomas Remington Sloane dans "Sloane, Agent Spécial" (diffusée en 1979 sur le réseau NBC). N'occultons pas également celui de Nick Carter, dans le téléfilm réalisé par Marvin J. Chomsky en 1972, et qui, par bien des aspects, rappelle les jours glorieux de "The Wild Wild West".
Il ne faut pas oublier non plus le téléfilm "Assassin" (réalisé par Sandor Stern en 1986) dans lequel Robert Conrad joue le rôle d'un agent de la CIA reprenant du service afin de détruire un robot programmé pour assassiner des personnalités politiques. Toutefois, avec "L'Homme de Vienne" (programmée sur ABC au cours de la saison 1972/1973 aux Etats-Unis), Robert Conrad enrichit sa galerie personnelle en se coulant dans le personnage de Jake Webster. Ce dernier est le propriétaire d'un bar branché de la capitale autrichienne, Le Jake's Bar.
Dans une atmosphère située à mi-chemin entre "Casablanca" et "Le Troisième Homme", Jake Webster déjoue les intrigues derrière son comptoir. En réalité, ce bar est une façade pour cet ancien agent secret qui travaille de façon ponctuelle pour le compte du gouvernement de l'Oncle Sam. Le contexte de ses aventures est celui de la détente qui est rigueur entre Américains et Soviétiques depuis 1962. Souvent obligé, plus ou moins contre son gré, de suivre les instructions de son supposé supérieur direct, et néanmoins ami, le major Bernard Caldwell, il se heurte régulièrement (non sans un certain plaisir quelque peu pervers) au chef de la police de Vienne : Hoffmann. Celui-ci n'appréciant guère les intrusions répétées de Webster dans de louches affaires.
A travers cette courte série qu'est "L'Homme de Vienne" (imaginée par le duo Eric Bercovici/Jerry Ludwig, produite par A. John Graves pour le compte de la Metro Godlwyn Mayer et ne comptant seulement et malheureusement que huit épisodes), Robert Conrad retrouve un rôle d'ex-agent secret dont il assure une nouvelle fois une savoureuse composition. Rien n'est négligé ici et les atouts-maîtres de ce type de programme sont au rendez-vous : scénarios bien charpentés, jolies filles en détresse, poursuites en voitures et de nombreuses bagarres à la "old school". Aussi, nous vous proposons un retour sur une série qui n'a plus été rediffusée depuis le milieu des années 90. Pourtant elle a singulièrement marqué les téléspectateurs français dans les années 1970.
Petite précision : il est possible depuis bien longtemps de vous procurer l'intégralité de la bande-originale des 8 épisodes de la série dans un CD qui est une véritable pépite : "TV omnibus" Volume one (1962/1976)" sur le site Filmscore Monthly. Un must du genre ! Un pur régal pour qui aime les aventures de Jake Webster !
L'ESPIONNAGE DU GRAND AU PETIT ECRAN
Avant d'aborder le cas particulier de la série "L'Homme de Vienne", il apparaît judicieux de revenir aux sources de ce programme, c'est-à-dire l'irruption brutale de l'espionnage au cinéma tout d'abord, à la télévision ensuite.
C'est en 1962 que sort sur les écrans le film "James Bond contre Docteur No" qui, réalisé avec des moyens modestes aux studios anglais de Pinewood, et avec un jeune comédien alors quasiment inconnu et âgé de 35 ans, répondant au nom de Sean Connery, rencontre un succès mondial. La Guerre Froide domine les relations internationales, et les romans d'espionnage sont à la mode depuis les années 50 avec leurs héros cyniques qui n'aiment que l'action et les jolies femmes. De nombreuses adaptations voient le jour à l'époque, notamment en Angleterre, et surtout aux États-Unis, où un premier James Bond, "Casino Royale", est adapté pour la télévision, en 1956, avec Barry Nelson dans le rôle principal. Ceci représente une étape importante qui rappelle l'intérêt précoce de la télévision pour ce type de héros.
Remarquons que notre chère France ne demeure pas en reste avec la mise en chantier de la série des "Lemy Caution" avec Eddie Constantine sous la direction de Bernard Borderie, ou celle des "Monocle" signée Georges Lautner avec Paul Meurisse, sans oublier les "Gorille" avec Lino Ventura puis Roger Hanin, et sans délaisser Hubert Bonnisseur de la Bath, alias "O.S.S. 117", dans les films mis en scène par André Hunebelle et interprétés en l'occurrence par Frederick Strafford.
Dans ce cadre, et parallèlement à la flopée d'aventures de l'agent 007 qui va suivre "James Bond contre Dr No", le filon du film d'espionnage va être exploité par des producteurs du monde entier. Aux États-Unis où le mythe de l'espion est en pleine expansion, Daniel Mann et Gordon Douglas réalisent, en 1966, puis en 1967, deux adaptations des aventures de Derek Flint avec un James Coburn impérial en imitation de James Bond pince-sans-rire. Ajoutons dans ce registre, mais le brio en moins, "Matt Helm" incarné par Dean Martin et dirigée par Henry Levin.
Cette vague d'espionnite aiguë touche inévitablement le petit écran avec le développement de séries bénéficiant de budgets souvent importants telles que "Des Agents Très Spéciaux" (1964/1968), "Les Espions" (1965/1968) et "Les Mystères de l'Ouest" (1965/1969), autant de programmes qui vont mettre le mythe à la mode américaine. Le caractère débridé et parodique remplace l'humour anglais que l'on retrouve quand même dans "Chapeau Melon et Bottes de Cuir" (1961/1969), tirant ces séries américaines vers un style plus "comics" avec une profusion de gadgets parmi les plus fous. Toutefois, malgré l'importance prise par ce phénomène au cours des années 60, un constat est nécessaire quant à l'importance des séries télévisées d'espionnage dans le paysage audiovisuel anglo-saxon, importance qu'il ne faut pas grossir de façon démesurée.
Sur le petit écran, les différentes séries d'espionnage produites dans les années 60 ont, certes, bénéficié d'une immense popularité, c'est une évidence, certaines de ces séries finissant même par décrocher le statut envié de série-culte. Cependant, le genre espionnage n'a pas été aussi bien représenté que le western, les drames médicaux et les programmes policiers sur les différents réseaux américain et anglais. Cela étant, ces séries d'espionnage peuvent revendiquer un certain nombre de réussites notables comme le fait d'avoir donné pour la première fois un rôle majeur à un acteur noir (Bill Cosby dans "Les Espions"), à une femme (Stefanie Powers dans "Annie, Agent Très Spécial") voire à un russe (David McCallum dans "Des Agent Très Spéciaux") et ce moins de trois ans après la crise de Cuba !
Ainsi, au-delà de la période dorée des années 1960, les espions en tous genres ont été, et de loin, dépassés en nombre par les figures plus traditionnelles des cow-boys, des policiers et des détectives privés. Même lorsqu'ils apparaissent, ces espions (ou "agents secrets") sont souvent présentés en tant que combattants internationaux du crime, ce qui est notamment le cas pour la série "L'Homme de Vienne" jouée par Robert Conrad lors de la saison 1972/1973, plutôt qu'en tant que véritables agents agissant de façon clandestine.
C'est pourquoi, on compte peu de programmes relevant typiquement de l'espionnage avec son caractère le plus sérieux et clairement affirmé dans les années 60. La plupart des séries que nous avons pu voir en tant que téléspectateur relevant d'un mélange de plusieurs catégories, fusion typique de la culture américaine pour les deux premiers cas cités : le western ( "Les Mystères de l'Ouest") et la comédie ("Max la Menace"). Quant au fantastique, il n'a pas échappé à la règle et a lui aussi été sollicité dans "Chapeau Melon et Bottes de Cuir". Enfin, pour le cas particulier du "Prisonnier", une production d'origine anglaise, elle a été très rapidement conçue en pensant à une diffusion sur les réseaux américains d'où une adaptation de son format sans pour autant vendre son âme...
Par la suite, dans la décennie suivante, les séries d'espionnages sont plutôt rares, et la plupart de celles qui sont visibles sur le petit écran s'inspirent d'un double courant. Soit le réalisme avec par exemple "Hunter", interprétée par James Franciscus, en 1977, ou encore "Matt Helm" avec Anthony Franciosa lancée deux ans plus tôt. Soit la débauche de moyens dans un style "à la James Bond" avec comme fer de lance "Sloane, Agent Spécial" lancée en 1979 par le producteur Quinn Martin.
Le choix de produire une série telle que "Sloane", avec des spécificités clairement identifiables quant au rôle joué par la gent féminine, les postures adoptées par les méchants de service et les motifs de ces derniers, est révélatrice et en pleine adéquation avec ce qu'est devenu le personnage de 007 à la fin des années 1970. Incarné depuis 1972 par Roger Moore, le héros de Ian Fleming a repris une dimension que l'on pourrait qualifier de coutumière, après la parenthèse George Lazenby dans le sous-estimé "Au Service Secret de sa Majesté" en 1969, même si exagérée par la débauche de moyens mis en œuvre dans la conception de ses aventures. En effet, l'année 1977 et "L'Espion qui m'aimait", réalisé par Lewis Gilbert, ont marqué le retour à l'utilisation du Cinémascope pour illustrer les aventures de l'espion le plus précieux de sa Gracieuse Majesté, tendance confirmée en 1979 pour "Moonraker" toujours mis en scène par Lewis Gilbert.
Ajoutez à ce paramètre technique, l'emploi massif des effets spéciaux conçus par Derek Meddings, de fastueux décors imaginés par Ken Adam, la conception de mobiles à dimension planétaire pour légitimer l'action des adversaires de Bond (Stromberg qui, dans "L'Espion qui m'aimait", veut rebâtir un monde nouveau sous la mer, et Drax qui, dans "Moonraker", poursuit un but similaire mais dans l'espace cette fois), et vous avez un florilège impressionnant de ce qui a inspiré les créateurs de "Sloane, Agent Spécial", Cliff Gould en tête, et qui les a incité à produire une série télévisée de cette ambition.
Par contre, dans le cas de "L'Homme de Vienne", lancée 7 ans plus tôt, et dont Robert Conrad est le grand point commun, c'est vers une autre source du film d'espionnage qu'il faut alors se tourner, une source empreinte de sérieux et de réalisme pour ne pas dire de vérisme, dignement représentée par la série des films mettant en vedette l'agent Harry Palmer joué par Michael Caine ("Ipcress, Danger Immédiat" de Sidney J. Furie en 1965; "Mes Funérailles à Berlin" de Guy Hamilton, en 1966; "Un Cerveau d'Un Milliard de Dollars" de Ken Russell, en 1967). On peut également penser à l'apport du cinéma français avec des réussites telles que "Avec la Peau des Autres" de Jacques Deray en 1966 et "Le Silencieux" de Claude Pinoteau en 1972.
LA CREATION DE L'HOMME DE VIENNE
Comment est né Jake Webster ? L'origine de "L'homme de Vienne" remonte à la décision prise par le réseau ABC, au début des années 1970, de programmer non pas une mais trois séries dans une case horaire identique, le jeudi soir à 22h, intitulée "The Men". Il est ainsi prévu que les épisodes soient diffusés en alternance, soit 8 épisodes par émission, pour un total de 24 sur l'ensemble de la saison 1972/1973.
Vous l'aurez vraisemblablement deviné, ABC souhaite à l'époque concurrencer la chaîne NBC sur un terrain où cette dernière a pris un net avantage, ce terrain est appelé : "Umbrella Series" ou programme rotatif. La démarche n'est pas fondamentalement novatrice en 1972. Déjà, dans les années 1950, le studio Warner avait produit pour le réseau ABC plusieurs séries sous le label "Warner Brothers Presents", et même Walt Disney avait été un précurseur dans ce domaine, en 1954, en lançant "Disneyland" toujours sur ABC. Néanmoins, l'accueil réservé par le public américain n'étant pas à la hauteur des investissement consentis, la démarche tombera vite en désuétude ce qui n'empêchera pas le studio Warner de produire pour la firme ABC des séries aussi populaires que "77 Sunset Strip", "Maverick" avec James Garner et "The Hawaiien Eye" avec Robert Conrad.
En 1968, Universal Television et NBC lancent un nouveau show, "Les Règles du Jeu", dont le format se rapproche par beaucoup de l'esprit du concept du "Umbrella Series". Mettant en scène des journalistes (Jeff Dillion / Anthony Franciosa, reporter à People Magazine; Dan Farrell / Robert Stack, rédacteur en chef de Crime Magazine; Glenn Howard / Gene Barry, propriétaire des éditions Howard), cette série d'un format de 90 minutes (c'était la seule en ce temps là à disposer d'une telle durée, particularité qu'elle partageait avec "Le Virginien" avec James Drury) coûte 400 000 dollars par épisode et sa popularité lui permet de tenir l'antenne pendant trois saisons.
Fort de ce succès d'audience, au cours de la saison 71/72, NBC lance trois nouveaux programmes réunis sous le titre "The NBC Movie Mystery" : "Columbo" avec Peter Falk, "Un Shérif à New York" avec Dennis Weaver et "McMillan" avec Rock Hudson.
LA REACTION DU RESEAU ABC
Face à une telle concurrence, le réseau ABC ne peut demeurer sans réaction et investit dans l'idée d'un nouveau programme rotatif appelé "The Men" et dont le thème musical est composé par Isaac Hayes, le père sonore de "Shaft" sur grand écran. Dans cette perspective, trois équipes de producteurs sont sollicitées, chacune travaillant en parallèle sur ce programme dont le grand point commun est la mise en vedette d'un héros individualiste, et dont les relations avec ses supérieurs sont souvent tendues :
- Pour la première série dont 10 épisodes seront produits plus le pilote mis en scène par William A. Graham et programmé le 26 mars 1972, intitulée "Jigsaw", Stanley Kallis et Harry Tatelman imaginent les exploits de Frank Dain, interprété par James Wainwright, un lieutenant du Service des personnes disparues, agence installée dans la ville de Sacramento en Californie. La particularité de Frank Dain étant son habileté pour trouver des indices, et ainsi favoriser la découverte des personnes recherchées. Il est à noter que le pilote, réalisé par William Graham, fut diffusé en France sous le titre "Un témoin à tout prix", le 24 juin 1989 sur La Cinq.
- Pour la seconde série avec 7 épisodes prévus plus le pilote réalisé par Paul Wendkos diffusé, lui, le 06 mars 1972, on fait appel à Sam H. Rolfe pour concevoir "The Delphi Bureau" (dont le pilote fut diffusé par France 3) qui met en vedette l'agent Glen Garth Gregory, dont le rôle titre est tenu par Laurence Luckinbill. Ce dernier est un enquêteur du Delphi Bureau qui est une agence dépendant directement du Président des Etats-Unis et chargée de la Sécurité Nationale, un ancêtre de l'actuelle N.S.A. (National Security Agency) en somme.
On peut donc observer que le grand point commun de ces deux programmes, auxquels on peut ajouter "L'Homme de Vienne", est le monde de l'espionnage et/ou d'agents ayant des qualités particulières même si le personnage de Frank Dain apparaît comme étant plus conventionnel. A ce titre, on peut rappeler que Sam Rolfe est à l'origine de la série "Des Agents Très Spéciaux", et que Stanley Kallis a longuement oeuvré sur "Mission : Impossible".
Nous arrivons alors et enfin au cas particulier de "L'Homme de Vienne". Comme ses deux consoeurs télévisuelles, cette dernière bénéficie de l'apport de pointures dans les domaines de la production et du scénario. Ainsi, après Sam Rolfe et Stanley Kallis, place au duo formé par Eric Bercovici et par Jerry Ludwig.
- Le premier cité débute sa carrière sur l'anthologie "The Chrysler Theatre", en 1959, puis signe de 1 épisode des "Agents Très Spéciaux" en 1965, et deux autres pour "Les Espions" l'année suivante. En septembre 1968, c'est le grand lancement sur le réseau CBS de la série conçue par Leonard Freeman, "Hawai Police d'Etat", avec Jack Lord, dans le cadre de laquelle s'initie la collaboration entre Eric Bercovici et Jerry Ludwig. Bercovici écrit son premier script pour les enquêtes de McGarrett en 1970 ("The Second Shot" / "Attentat sur commande", diffusé le 30 septembre 1970) tandis que Jerry Ludwig, lui, conçoit l'épisode "Time And Memories" /" Souvenirs au présent" diffusé le 07 octobre 1970. "The Ransom" / "La rançon" est officiellement leur première contribution commune que le grand public découvre le 21 octobre 1970 au cours de la troisième saison de la série. 8 autres épisodes seront écrits en commun au cours de cette même saison ainsi que deux derniers pour la saison IV. Par la suite, Bercovici s'attelle à la production de "L'Homme de Vienne", puis, au cours des années 70, il lance "Shogun" avec Richard Chamberlain, et "La Loi selon McClain" avec James Arness en 1981.
- Le second, Jerry Ludwig, est crédité de 4 épisodes pour "Les Espions" en 1965 avant sa significative contribution pour "Hawaii Police d'Etat" et "L'Homme de Vienne". Bien plus tard, il demeurera très actif dans les années 80 avec 14 épisodes de la série "McGyver" (interprétée par Richard Dean Anderson) ainsi que 16 enquêtes pour la série "Arabesque" 'mettant en vedette Angela Lansbury). Dans le cas particulier de "L'Homme de Vienne", et compte tenu du parcours de ses deux créateurs, nous avons affaire à un classique de l'univers de l'espionnage, en l'occurrence un agent basé à l'étranger, dans une ville à mi-chemin entre l'Est et l'Ouest avec, comme toile de fond, les possibles tensions internationales, même si, pour "L'Homme de Vienne", les méchants ne sont pas forcément russes, détente oblige. En effet, Jake Webster est souvent sollicité pour combattre des malfrats internationaux dont les actes peuvent mettre en péril les intérêts de plusieurs pays dont souvent ceux des Etats-Unis.
A l'origine, Eric Bercovici et Jerry Ludwig écrivent un concept d'aventures localisant le héros dans le cadre de la ville de Munich. Roy Scheider est pressenti pour jouer l'agent Jake Webster dans le pilote qui s'intitule : "Assignment : Munich" / "Un Dangereux Rendez-Vous", et Richard Basehart est le major Barney Caldwell son supérieur direct.
Le pilote, dont le producteur exécutif est Robert H. Justman (disparu en 2008, Robert H. Justman est bien connu des trekkies pour avoir occupé des fonctions analogues sur 58 épisodes de "Star Trek" entre 1966 et 1968), est tourné au cours de l'été 1971 pour une diffusion au cours des "screenings" de printemps le 30 avril 1974 (en France, le 27 février 1977 à 17h25 sur TF1), ces "screenings" ou projections-tests permettant de mesurer le potentiel de nouvelle séries à diffuser au cours de la rentrée suivante. Toutefois, en mars 1972, Roy Scheider obtient l'Oscar du meilleur acteur pour "French Connection" de William Friedkin, film qu'il a tourné entretemps, et s'engager pour une série de longue durée devenait inenvisageable. Face au refus du comédien fraîchement oscarisé, Bercovici et Ludwig se tournent vers un spécialiste de ce type de rôle en la personne de Robert Conrad. Ce dernier s'engage pour la série, entraînant dans son sillage le chef cascadeur Tom Huff, avec lequel il avait collaboré à l'époque des "Mystères de l'Ouest". On peut également noter la présence de Dick Cangey dans l'épisode "La Vengeance du Mercenaire".
Pourquoi ce tournage est-il délocalisé de Munich à Vienne pour "L'Homme de Vienne" ? Un faisceau de trois raisons explique cette décision :
- Tout d'abord, la ville de Munich doit accueillir les épreuves des Jeux Olympiques, et envisager la mise en boîte d'épisodes de séries dans une ville en pleine effervescence sportive relève de la gageure. Qui plus est, et on ne le savait pas encore au début du tournage, Munich allait être le théâtre d'une attaque terroriste les 5 et 6 septembre 1972 ce qu'a notamment raconté Steven Spielberg dans le film "Munich". Avec le recul, le choix de délocaliser la production de la série à Vienne aura été salutaire.
- Ensuite, la ville de Vienne est bien plus photogénique et attractive que Münich, et le pool de téléastes convoqué pour illustrer les aventures de Webster à Vienne, parmi lesquels Paul Krasny, Bruce Kessler et Alexander Singer, ont réussi à tirer le meilleur parti des décors naturels donnant ainsi à "L'Homme de Vienne" un cachet indéniable.
- Enfin, l'histoire même de la capitale autrichienne se prête mieux aux enquêtes menées par Jake Webster. Rappelons que dans le pilote Jake Webster doit retrouver un trésor caché par d'anciens nazis. Choisir comme toile de fond la ville qui fut en son temps le berceau du nazisme relève d'une profonde cohérence scénaristique. Tandis que dans la série, Jake Webster est confronté à des adversaires de nature variable : agents communistes, mercenaires, criminels de haut vol, etc. Vienne, à l'image de l'Autriche, ayant connu une quadruple occupation de la part des alliés (américain, soviétique, anglais et français) jusqu'en 1955 est une ville à mi-chemin entre l'Est et l'Ouest dont le climat cosmopolite et l'atmosphère typique de la détente dans les relations internationales conviennent bien mieux aux enquêtes de Webster.
"The Men" est lancée à partir du 21 septembre 1972 et c'est à "Jigsaw" qu'échoit l'honneur d'ouvrir le bal, "L'Homme de Vienne" prenant le relais le 28 septembre et "The Delphi Bureau" emboîtant le pas dès le 05 octobre. La case horaire retenue est celle du jeudi soir de 21h00 à 22h00 ce qui permet à "The Men" de succéder à "La Nouvelle Equipe", produite par Aaron Spelling, et qui entrait dans sa cinquième et dernière année, et avant "Owen Marshall, Counselor at Law" dont Arthur Hill et Lee Majors sont les interprètes principaux. En face, la concurrence est rude avec le "CBS Thursday Night Movies" diffusé de 21h00 à 23h00 et, sur NBC, l'indétrônable "Homme de Fer" programmée dès 21h00. Toutefois, même si des trois séries proposées dans le programme "The Men" par le réseau ABC, c'est "L'Homme de Vienne" qui enregistre les taux d'écoute les plus satisfaisants, cela n'est pas suffisant pour sauver l'ensemble du projet.
ANALYSE DE LA SERIE
Le personnage de Jake Webster
Jake Webster dans "L'Homme de Vienne" est le prototype d'un "ex" des services secrets qui continue de proposer ses bons offices, souvent contre son gré, à son supérieur, et néanmoins ami, le Major Caldwell. Par exemple, dans l'épisode "La Dernière Cible", Caldwell sollicite les bons offices de Webster afin qu'il l'aide à retrouver un truand évadé, Floyd Macklin. Face aux réticences de Webster, Caldwell se soit de lui rappeler avec fermeté que Webster travaille pour lui.
Un autre exemple nous provient de l'épisode "Attaque par la Dame", alors que Webster refuse, dans un premier temps, la proposition d'embaûche de Aline Masterson, responsable du transport des oeuvres d'art pour le compte du Manhattan Museeum de New York, c'est Caldwell en personne qui vient le relancer dans son bar en lui rappelant qu'Aline Masterson est une citoyenne américaine et, par voie de conséquence, que le gouvernement de l'Oncle Sam doit lui porter assistance afin de retrouver la couronne royale de Bosnie dérobée lors de son transport en fourgon blindé à Vienne. Webster finit par accepter, mais la suite des événements prouve qu'il a eu bien tort...
Cependant, et en retour, Webster sait qu'il peut utiliser les compétences de Caldwell afin d'obtenir des informations. Ainsi, dans l'épisode "Double Jeu", notre héros demande à Caldwell de partir à la recherche d'un ami disparu en mission dans le sud des Balkans. En contrepartie, Webster accepte de l'aider afin de superviser l'organisation d'une conférence internationale devant se tenir à Vienne.
On peut aussi observer que Jake Webster a sillonné l'Europe depuis plusieurs années. En effet, dans le même épisode "Double Jeu", précédemment cité, on nous montre un Jake Webster en pleine action en Albanie cinq ans plus tôt, soit en 1967 si l'on tient compte de la chronologie de la série. Dans cette épisode mené de main de maître par Paul Krasny, sur un solide scénario de Gene L. Coon, on apprend que Jake, et un vieux compagnon d'armes, Charley Stokes, qui fut un peu le mentor de Webster, et qui lui a donc appris toutes les ficelles du métier, devaient faire exploser une usine chimique située du mauvais côté du Rideau de Fer.
Quant à son attitude tout au long des 8 épisodes que compte la série "L'Homme de Vienne", elle est aux antipodes de celle de Thomas Remington Sloane dans "Sloane, Agent Spécial" que jouera Conrad dans cette production Quinn Martin datant de 1979, puisque Jake Webster se doit de demeurer discret, s'appuyant sur un réseau d'indicateurs dont certains ont une moralité plus que douteuse. Un exemple typique de l'attitude de Webster nous est donné dans "La Dernière Cible". Webster contacte un passeur de cigarettes en contrebande à destination de la Hongrie l'informant de la présence de patrouilles en échange de renseignements, car il sait que ce passeur a déjà travaillé pour Macklin par le passé. Il propose alors au contrebandier de contacter le fugitif en lui faisant croire que Webster pourra l'aider à quitter le pays.
Non content d'être à la limite de la légalité au cours de ses enquêtes, Jake Webster est même capable de la pire des goujateries quand les circonstances l'y obligent. Par exemple dans "Attaque par la Dame", alors que la séduisante Aline Masterson tente de le manipuler pour l'obliger à l'aider à retrouver la fameuse couronne de Bosnie, Webster lui envoie un cinglant : "J'espère que vous êtes plus douée au lit que pour faire de l'esprit !". Vous conviendrez que l'on a vu plus élégant dans les relations à entretenir avec la gent féminine, et vous admettrez aussi qu'on est bien loin de l'esprit qui prévaut alors dans les aventures de l'agent 007 avec le suave Roger Moore...
Cela étant, prenez le même Webster et confrontez le à Annalisa Nichols dans l'épisode "Annalisa", dirigé par Paul Krasny, et notre héros se présente sous un jour bien plus avantageux. Bien que l'on comprenne tout de suite qu'Annalisa et Webster ont une liaison par le passé (liaison dont Webster a gardé un bien mauvais souvenir du fait de son brutal épilogue) Jake accepte de lui venir en aide mais, comme dans le cadre de ses relations avec Caldwell, c'est parce que le méchant de service s'en mêle, en l'occurrence Karafatma, que Webster se décide à intervenir.
Donc il ne faudrait pas rester sur une impression négative. Wesbter nous est présenté comme un homme d'une droiture certaine. Le sens du devoir et la fidélité font partie intégrante de ses valeurs premières. Ainsi, dans l'épisode "Double Jeu", accepte-t-il d'aider Charley Stokes et Elsa Compani à faire défection. Dans "Le Mystérieux Rayon Vert", mis en scène par Alexander Singer, il tient absolument à retrouver le meurtrier du peintre Harry Warfield. On remarque au cours de cet épisode l'éclectisme des relations de Webster qui s'étendent du milieu des faussaires à celui des vrais artistes !
En définitive, Jake Webster dans la série "L'Homme de Vienne" navigue en eaux troubles bien loin des fastes bondiennes. Dans le cadre de ses missions, Webster s'appuie sur le Major Caldwell qui rappelons-le, même si cela n'est pas clairement explicité dans les épisodes, représente les Services Secrets américains à Vienne, d'ailleurs son bureau est situé dans l'ambassade. Or, cette aide lui est singulièrement précieuse car Webster se heurte souvent à l'inspecteur Hoffmann de la police métropolitaine de Vienne. Ce dernier n'appréciant pas du tout le comportement d'outsider de Webster, et tente dès que possible de le mettre en état d'arrestation ou, pour le moins, de le freiner dans ses différentes entreprises d'investigation.
A ce titre, il faut saluer l'interprétation de Anton Driffing dont l'aspect hautain et le caractère systématiquement soupçonneux produisent un excellent effet d'opposition avec le tempérament impulsif et fonceur de Webster. Un autre bon exemple de cette dualité explosive nous vient de l'épisode "Le Mystérieux Rayon Vert" au moment du suicide apparent de Harry Warfield. La discussion qu'entame alors Hoffmann et Webster à ce sujet est d'une efficacité redoutable. Peiné par la mort brutale de son ami, Webster se heurte à un Hoffmann méthodique et se contentant de la simple énumération des faits ce qui a le don, on s'en doute, de plonger Webster dans une colère noire quoique contrôlée.
Une autre manifestation de l'animosité entre Webster et Hoffman nous est montrée au cours de l'épisode "La Dernière Cible" quand le chef de la police de Vienne n'hésite pas à procéder à l'arrestation de notre héros alors qu'ils poursuivent un but identique : arrêter ce malfrat notoire qu'est Floyd Macklin. Décidément, Hoffman n'apprécie pas du tout les manières d'outsider de Webster. Mais plus que tout, il sait pertinemment que Webster se paie souvent sa tête !
Les ennemis de Webster
Alors que "L"Homme de Vienne" a pour cadre historique la période de la détente entre les américains et la soviétiques, et dont la conférence d'Helsinki marquera l'apogée en 1975, les ennemis de Webster sont rarement issus du monde communiste, sauf dans le cas de l'épisode "Double Jeu" où Wesbster doit affronter Elsa Compani, la grande responsable des services de sécurité en Albanie.
Pour le plus grand bien de la série, et afin d'éviter un schéma scénaristique trop répétitif (et donc rébarbatif en ne présentant que des trop classiques agents communistes à combattre), les scénaristes de "L'Homme de Vienne" ont choisi de confronter Webster à une panoplie soigneusement choisie d'opposants à la fois variés et bien définis. Voici un florilège des ennemis de Webster parmi lesquels on trouve :
- des voleurs internationaux en costumes de bonne coupe, ou se présentant comme des collectionneurs d'art, avec, en tête de liste, Joby Baker alias Russel dans l'épisode "Attaque par la Dame", et Walter Slezak (Harry Tandler) dans "Le Mystérieux Rayon Vert";
- des truands notoires et dangereux (Leslie Nielsen qui joue Floyd Macklin dans l'épisode "La Dernière Cible" et qui n'hésite pas à kidnapper la ravissante Belinda J. Montgomery après lui avoir balancé en plein visage la réplique suivante qui la paralyse : "Un seul cri. Un seul geste malheureux et je vous descends !";
- citons également le cas particulier de Victor Buono qui incarne Karafatma dans "Annalisa". En effet, Robert Conrad et Victor Buono avaient déjà croisé le fer à deux reprises dans la série "Les Mystères de l'Ouest" au cours de la seconde saison ("La Nuit des Excentriques" diffusé le 16 septembre 1966 sur CBS et "La Nuit de la Pierre Philosophale" diffusé le 13 janvier 1967 sur CBS).
Revoir ces deux comédiens dans des postures similaires, quelques années plus tard, constitue un véritable régal pour le téléphile. Mis en scène par Bruce Kessler, la première rencontre entre Webster et Karafatma est un grand moment de télévision au cours duquel Victor Buono retrouve presque les accents du Comte Manzeppi... (Notons enfin que Robert Conrad et Victor Buono se retrouveront face à face une ultime fois dans le second téléfilm de réunion des "Mystères de l'Ouest" en 1980).
- Pour parachever cette belle galerie de sales gueules du petit écran, ajoutons des mercenaires en fin de parcours (Joseph Campanella dans "La Vengeance du Mercenaire"), histoire de rappeler que la décolonisation est en voie d'achèvement en Afrique dans les années 70, et que bon nombre des ces chiens de guerre n'ont plus guère d'utilité.
Les principaux mécanismes narratifs
Les épisodes de la série "L'homme de Vienne" sont structurés selon au moins trois axes précis et récurrents :
- Le générique : dans un style typique des années 70, il présente les images stéréotypées, relevant des habituels clichés touristiques, de la ville de Vienne en alternance avec des plans de Robert Conrad au volant de sa Corvette jaune, un bolide très utile pour les nombreuses poursuites en voitures qui jalonnent les épisodes de "L'Homme de Vienne". L'ensemble est soutenu par une excellente partition musicale signée Dave Grusin (le compositeur attitré des films de Sydney Pollack dans les années 1970 notamment).
- La séquence d'ouverture : Avec ou sans Webster présent à l'image, elle permet de cerner ce qui sera le noeud de l'intrigue : l'évasion de Floyd Macklin dans "La Dernière Cible", le vol d'une couronne royale dans "Attaque par la Dame", l'assassinat d'un proche de Webster dans "Le Mystérieux Rayon Vert", etc.
Au cours de ces séquences d'ouverture, le sens du rythme imposé par les metteurs en scène ayant oeuvré sur la série fait souvent merveille. Un exemple pertinent est la séquence d'ouverture de l'épisode "La Dernière Cible" dont le déroulement n'est pas sans rappeler la scène de l'évasion d'Alain Delon dans "Le Clan des Sicilienes", mis en scène par Henri Verneuil en 1969.
Floyd Macklin est un truand d'origine américaine qui est parvenu à se compromettre dans une série de mauvais coups en Europe. Purgant une peine d'emprisonnement de 20 années par le biais de l'action déterminante du major Caldwell, il parvient, au cours d'un transport cellulaire, à s'échapper en utilisant une perceuse qui lui permet de dévisser les boulons métalliques du sol du fourgon, et de se glisser en dessous du camion blindé alors que ce dernier est à l'arrêt à un feu rouge. Le tout est adroitement mis en images par un Paul Krasny en grande forme en moins de 5 minutes !
- Les séquences d'action : Elles sont supervisés par Tom Huff qui avait déjà travaillé avec Robert Conrad pendant de nombreuses saisons à l'époque de la série "Les Mystères de l'Ouest". Toutefois, étant donné que le tournage avait lieu en Europe, on a fait également appel aux bons services de Gerry Crampton, cascadeur d'origine anglaise, qui a utilisé des artistes-cascadeurs basés à Londres ainsi qu'à Vienne, et dont les spectateurs ont pu apprécier les prouesses dans nombres d'épisodes de séries britanniques. Par exemple, cela donne lieu à une belle bagarre entre Robert Conrad et Gerry Crampton, digne du bon vieux temps des "Mystères de l'Ouest", dans le bar de Wesbter au cours de l'épisode "Le Mystérieux Rayon Vert".
Les scènes d'action de "L'homme de Vienne" se caractérisent ainsi par un sens évident de l'efficacité : bagarres rapides et soigneusement chorégraphiées où Robert Conrad peut apporter toute sa crédibilité de boxeur et de cascadeur, poursuites en voitures dans un style qui rappelle celles de "Bullitt" et de "French Connection", courses à pieds, etc.
Pour conclure
Bref, à sa façon, "L'Homme de Vienne" est une série bien ancrée dans les années 70. A la fois, par le choix de modes d'action que l'on pouvait retrouver dans les films d'espionnage plus sérieux, hors du contexte bondien. On peut notamment penser à "Scorpio" de Michael Winner avec Alain Delon et Burt Lancaster, en 1972, ou à la série des Harry Palmer initiée dès le film "Ipcress Danger Immédiat", anti James Bond par excellence, interprétée par Michael Caine, et mise en en scène par Sidney J. Furie.
Elle l'est aussi par son souci d'authenticité et par sa volonté de mettre en exergue les difficultés rencontrées par un agent spécial à un moment, où, la détente est à l'ordre du jour entre Américains et Soviétiques (à ce titre, l'épisode "Double Jeu" est exemplaire). Il reste, au final, une série que les programmateurs feraient bien de nous permettre de redécouvrir, aussi bien pour les éminentes qualités de son acteur principal, Robert Conrad, que pour sa valeur quasi documentaire. En fait, une édition en DVD serait parfaite... Elephant Films au secours !
LES PRODUCTEURS
C'est le duo Eric Bercovici / Jerry Ludwig qui est le maître d'oeuvre de la série "L'Homme de Vienne". Voici un bref aperçu de leurs portraits respectifs.
Eric Bercovici
Scénariste de formation, il a écrit nombre de scripts, avec son compère Jerry Ludwig, pour des séries telles que "Les Espions" avec Robert Culp et Bill Cosby, et "Mission : Impossible". Il a par ailleurs écrit de nombreux scripts, avec son compère Jerry Ludwig, pour la série "Hawaii Police d'Etat" avec Jack Lord au cours de la saison III (1970/1971). Il est également le responsable de l'adaptation des romans de James Clavell, "Shogun", avec Richard Chamberlain, en 1979, et de "Noble House", avec Pierce Brosnan, en 1988.
En tant que scénariste, il a retrouvé Robert Conrad pour un téléfilm intitulé "Le Cinquième Missile", en 1986, téléfilm également interprété par David Soul ainsi que par Sam Waterston. On lui doit également "La Loi selon McClain", une série policière avec James Arness qui fut diffusée du 20 novembre 1981 au 24 août 1982 sur NBC, et qui été programmée en France au cours de l'été 1989 sur FR3.
Jerry Ludwig
Une longue carrière que celle de Jerrold L. Ludwig de son nom complet. Parmi ses plus grands succès, on peut retenir, "MacGyver" au cours de laquelle il fut producteur exécutif de la première saison en 1985/86, ou encore "Arabesque", série pour laquelle il occupa un poste similaire au cours de la saison 12. On lui doit de même plusieurs dizaines de scripts pour des séries telles que "Columbo", "Police Story" (1973), "Hawaii Police d'Etat" (1971), "Mission : Impossible" (1966), "Les Espions" (1965), "Le Virginien" (1962), etc.
A. John Graves
Producteur exécutif de "L'homme de Vienne", il est né en 1928 à Poterville en Californie. Musicien de formation, il finit par travailler pour le réseau NBC en tant que superviseur de la programmation pour des séries telles que "L'Homme de Fer" ou "Des Agents Très Spéciaux". En 1970, il devient producteur exécutif de la série "The Courtship of Eddie"s Father" avec Bill Bixby. Après son travail sur "L'Homme de Vienne", en 1972, il se tourne alors vers le cinéma et collabore avec le cinéaste australien Peter Weir pour "Picnic at Hanging Rock" (1974).
LES COMEDIENS
Robert Conrad
Décédé le 08 Février 2020, Robert Conrad, de son vrai nom Conrad Robert Falk, était né le 01 mars 1935 dans un quartier pauvre de Chicago où il apprend très tôt à se battre pour survivre. Ceci l'amène tout naturellement vers la boxe et il monte sur les rings dès l'âge de 16 ans. Il participe ainsi à une dizaine de combats qui lui apportent un lot de blessures l'empêchant de continuer la pratique du noble art.
A partir de 1954, Robert Conrad décide de se lancer dans la comédie. Pendant plus de trente années, il a illustré de sa magique présence de très nombreux shows sans oublier une vingtaine de téléfilms. Parmi ses nombreux titres de gloire au petit écran, citons les séries suivantes : "The Hawaien Eye" (1959/1963), "Les Mystères de l'Ouest" (1965/1969), "The D.A." (1971), "Les Têtes Brûlées" (1976/1978), "Colorado" (1978), "The Duke" (1979), "Sloane, Agent Spécial" (1979), "High Mountain Rangers" (1988), "Jesse Hawkes" (1989) et "High Sierra, Search and Rescue" (1994/1995). Une carrière impressionnante, non ? Pour en savoir plus, consultez le large portrait que nous lui avons consacré : Robert Conrad
Charles Cioffi
Il interprète le major Bernard Caldwell dans "L'Homme de Vienne", le supérieur de Jake Webster. Charles Cioffi a participé à de nombreuses séries en tant que vedette invitée. On le crédite de plus de 60 épisodes en tant que guest-star entre 1971 et 2002. Parmi ses prestations les plus notables, on peut retenir le rôle du supérieur de "Kojak" dans la nouvelle série tournée à partir de 1989. Il fut aussi le lieutenant Matt Reardon dans la série policière "Get Christie Love" en 1974, et dont seul le pilote a été diffusé en France sous le titre "Danger pour une Beauté Noire" (diffusé le 02 juin 1977 à 20h35 sur Antenne 2). Il a également incarné un policier dans le téléfilm de Corey Allen : "Enlèvement par Procuration" diffusé le 24 Septembre 1980 sur Antenne 2.
Parmi d'autres prestations que l'on peut signaler, citons "The Practice", "X-Files", "Lois et Clark", "La Force du Destin", "Equalizer", "Simon et Simon", "L'Agence Tous Risques", "Lou Grant", "Matt Helm", "Hawaii Police d'Etat", mais aussi des films tels que "Les Nuits Rouges de Harlem" et "Klute".
Charles Cioffi semble avoir cessé toute activité professionnelle depuis 2008.
Anton Driffing
Anton Driffing, qui incarne Hoffmann le chef de la police de Vienne, et qui n'apprécie guère les interventions de Webster, a illustré de sa forte présence de nombreux films où il était très souvent un officier allemand voire nazi : par exemple "Les Héros de Télémark" d'Anthony Mann, en 1965, "Quand Les Aigles Attaquent" de Brian G. Hutton, en 1968 ou "L'Aigle s'est Envolé" de John Sturges, en 1978. Bref, un destin singulier pour un comédien qui avait quitté son pays à destination du Canada, à la fin des années 1930, au moment de l'avènement du nazisme... Sa dernière prestation, avant sa disparition, en 1989, fut celle d'un avocat dans "Les Prédateurs de La Nuit" (1988), un film de Jess Franco.
FICHE TECHNIQUE
Créée par : Eric Bercovici & Jerry Ludwig
Producteur : A. John Graves
Producteurs associés : George M. Lehr, Frank Baur
Producteurs exécutifs : Paul R. Picard (pilote), Robert H. Justman
Co-producteurs exécutifs : Jerry Ludwig, Eric Bercovici
Directeurs de la photographie : Michael Marszalek (pilote), Petrus Schloemp
Supervision du montage : Albert P. Wilson
Montage : William B. Gullick (pilote)
Supervision du script : Lucie Lichtig (pilote), Trudi Von Trotha
Thème musical de "The Men" : Isaac Hayes
Thème de la série "L'Homme de Vienne" : Dave Grusin
Musique : George Romanis (pilote), John Parker, Dave Grusin
Supervision musicale : Harry V. Zdjewiski
Son : Klaus Hoffmann (pilote)
Supervision de la production : Fred Wallach (pilote)
Directeurs artistiques : Otto Pischinger (pilote), Wolfgang Witzeman
Directeur de la production : Peter J. Herald
Assistants-réalisateurs : Robert Furch (pilote), Ted Sturgis (épisodes, 1, 2, 3, 4, 6, 7,), John O' Connor (épisodes 5 et 8)
Supervision de la distribution artistique : Gary Schaffer
Coiffures : Lilly Zangere
Costumes pour hommes : Josef Wanke, John Soura
Costumes pour femmes : Sylvia Liggett, Emmi Minnich
Maquillage : Ladislaus Valicek
Régisseurs d'extérieurs : Laci Von Ronay (pilote), Gunter Zulau
Coordination des cascades : Tom Huff, Gerry Crampton (pilote + série)
Cascadeurs : Romo Garrara, Dick Cangey, Frank Baur
Filmé en : Metrocolor
Tournée à : Vienne (entièrement en extérieurs), Autriche
Une production MGM Télévision (1972) pour ABC Television avec le soutien de la compagnie aérienne Pan Am