Par Alexandre Duquesne
Avec déjà deux saisons très prenantes au compteur, la saison 3 de "Babylon Berlin" (diffusée notamment par Canal +) était extrêmement attendue. Toutefois, comme vous vous en doutez, on peut être parfois déçu par une saison entière !
Cette troisième saison s’engage sur plusieurs sentiers à la fois, dont certains très escarpés et chaotiques. Tout d’abord, le commissaire Rath, et son assistante Charlotte, seront chargés d’une enquête criminelle sur un plateau de cinéma. En l’occurrence, il s’agira de débusquer un tueur masqué qui sévit sur les plateaux d’un tournage majeur.
Un fil narratif dense
On assiste en supplément à une floraison d’histoires parallèles et de sous-intrigues alimentant constamment le scénario. En majorité étroitement liées aux deux premières saisons, ces histoires imbriquées peuvent malheureusement nous faire perdre le fil narratif de "Babylon Berlin". La plus importante d’entre elles étant sans doute le complot visant à réinstaurer un régime conservateur en Allemagne.
Devant cette profusion de personnages et d’intrigues, Rath et Charlotte doivent parfois se contenter d’apparitions plus rares. Ces absences sont parfois désagréables, sans pour autant être rédhibitoires sur le plan du suspens. En effet, le scénariste a eu le bon goût d’insérer «un flash-forward» (bond en avant dans l’histoire) dès le début de la saison. C’est ainsi que l’on découvre un commissaire Rath au bord du malaise... dans le palais d’une bourse berlinoise en plein krach de 1929 ! C’est l’un des jolis coups scénaristiques de cette saison. En effet, l’on attend impatiemment de connaître la raison de la présence de Rath à cet endroit et à ce moment !
Toujours autant d’extravagance au programme
Fidèle à sa réputation, "Babylon Berlin" nous fait encore cadeau de scènes débordantes d’extravagances. « Ces agréments de fantaisie » germent ici et là, sans crier gare, comme des éruptions cutanées du scénario. Peut être sont elles là pour nous faire oublier les bas-fonds du Berlin d’alors ? Ces scènes emplies de fantaisies représentent le plus souvent d’agréables parenthèses. Ce sont ainsi de véritables bulles d’air qui émergent, dévoilant les penchants les plus délirants du domaine artistique.
Dans cette saison 3, ces scènes font naître aussi de la répulsion ou de la réprobation, ce qui est assez nouveau ! L’esthétisme de ces scènes a encore une fois été particulièrement soigné. Plusieurs d’entre elles semblent empruntées à un passage mythique du film "Eyes Wide Shut" sans devoir rougir de la comparaison.
Les plus exigeants feront peut être la fine bouche sur quelques aspects historiques négligés ou passés sous silence. Cependant, pas besoin d’être fin connaisseur des années 20/30 pour apprécier le travail colossal de reproduction de "Babylon Berlin". d’ailleurs, Très peu d’entorses historiques ont été commises sur les décors, les costumes ou encore les chansons.
J’avais découvert l’acteur allemand Volker Bruch dans la brillantissime mini-série "Generation War" (2013). Son interprétation dans "Babylon Berlin" devrait lui ouvrir les portes d’autres productions internationales plus prestigieuses encore. Quant à Liv Lisa Fries (Charlottes Ritter), elle devrait lui emboîter le pas sans grande difficulté. Ces deux acteurs ont à peine trente ans, autant dire qu’un bel avenir leur tend les bras.
Le final de la saison 3 m’aura donc laissé assez dubitatif sur l’avenir de la série. Gageons que ses producteurs la reconduiront quand même sans sourciller !