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V : Une série créée par Kenneth Johnson

Par Thierry Le Peut

 

Partout où sont passés les lézards de "V", la mini-série de Kenneth Johnson aura été accueillie avec un enthousiasme qui s'est traduit en termes d'audience dans les années 80. Au point que la novélisation des téléfilms, écrite par A.C. Crispin, a précédé en France leur programmation. Débarqués en librairie en août 1985, les extraterrestres au sang vert n'ont pris possession de la 2ème chaîne française qu'un mois plus tard. C'était le lundi en prime time (ce qui en dit long sur la confiance que les programmateurs français plaçaient dans la série).

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Crédits photo : NBC Television - Warner Bros. Television
Une création de Kenneth Johnson

Conçue par Kenneth Johnson qui avait oeuvré précédemment sur "L'Homme qui valait trois milliards" et "Super Jaimie" (c'est lui qui développa le personnage de Jaimie Sommers, déclinaison féminine de Steve Austin), avant d'adapter au format télé "L'Incroyable Hulk" des Marvel Comics, la mini-série "V" devait au départ ressembler à ce que serait en 1987 "Amerika". Il s'agit d'une production de la chaîne ABC avec Kris Kristofferson et Robert Urich. Dans celle-ci, la caméra explorait une Amérique passée sous le joug soviétique durant les années quatre-vingt-dix. Mais la chaîne NBC suggéra à Johnson d'en faire un programme de science-fiction, ce qu'il fit. De ce reformatage du scénario original naquit "V".

Un solide succès

Une série que NBC diffusa pour la première fois les 1er et 2 mai 1983 à 20 h, dans une période essentielle pour les programmateurs. En effet, les scores d'audience réalisés alors conditionnaient les futurs tarifs publicitaires des chaînes. Dix millions de téléspectateurs assistèrent à l'arrivée des extraterrestres sur la Terre. Puis, aux premières passes d'armes entre les lézards belliqueux et la Résistance. Un succès qui encouragea la chaîne à commander une suite. Ce d'autant que la première mini-série se terminait sur une fin ouverte. Elle laissait clairement entendre que la lutte ne faisait que commencer.

Malheureusement, Kenneth Johnson entra en conflit avec la production quant à l'orientation à donner à la suite. Cette dernière fut finalement confiée à deux autres producteurs (Robert Singer et Daniel H. Blatt). De surcroît, s'y ajouta une nouvelle équipe de scénaristes (ce sont eux qui développeront les deux autres téléfilms diffusés en 1984 ainsi que la série de 19 épisodes diffusée, elle, de octobre 1984 à mars 1985 sur NBC).

Le soin apporté par Kenneth Johnson au parallèle entre les Visiteurs et la mise en place du régime nazi dans les deux téléfilms originaux, la piste du conflit interplanétaire ouverte à la fin de la mini-série, ainsi que le côté « science-fiction adulte » tant souhaité par le géniteur du programme furent plus ou moins délaissés au profit d'une action plus spectaculaire et de personnages plus caricaturaux.

Avec "V : The Final Battle", mini-série de trois téléfilms diffusés entre le 6 et le 8 mai 1984 sur NBC, le combat farouche d'une poignée de Résistants déterminés contre l'envahisseur extraterrestre prend déjà des allures de bande dessinée explosive, même s'il se laisse regarder sans déplaisir (disons même avec un franc plaisir).

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Crédits photo : NBC Television - Warner Bros. Television
Les téléfilms se muent en une série

Avec le lancement dès la rentrée suivante d'une série régulière, la bande dessinée prend définitivement le pas sur l'exploration individuelle et politique des conséquences de l'invasion. Diana, principale figure du camp des Visiteurs, devient une Alexis interstellaire, au jeu aussi outré que son homologue de "Dynasty" (à la même époque sur ABC, le mercredi soir).

Les histoires, quoique dotées d'éléments intéressants (les scénaristes explorent en particulier la nature politique et sociale des extraterrestres), manquent d'ambition. Quant aux effets spéciaux, ils ne sont que des recyclages des téléfilms. Aussi, hésite-t-on entre le rire et le dépit en voyant Donovan revivre la poursuite du premier téléfilm dans un épisode, ou le bébé visiteur du segment « Le parrain »... Pour conclure, la série est annulée au bout de dix-neuf épisodes, le vingtième script n'étant même pas tourné : il fournira par la suite de quoi alimenter le désir des fans et le discours critique sur l'orientation qu'aurait pu prendre la série.

Une suite tardive

S'il avait toujours été question d'une suite (Marc Singer, alias Mike Donovan, le Résistant numéro un, était partant), il aura fallu attendre 2010 pour qu'il y ait enfin du concret afin de redonner un peu d'espoir aux adeptes dépités. Eux qui se consolaient en regardant les téléfilms et les dix-neuf épisodes de la série. En effet, le remake de la série "V": les visiteurs arriva sur nos écrans cette année-là. L'intrigue conçue à l'époque nous rappela un peu celle d'"X-Files". La série de Chris Carter dont le célèbre générique en a fait frissonner plus d'un. En effet, puisqu'il est question d'extraterrestres.

Dans "V", le remake, la population mondiale est d'abord inquiète. Puis, littéralement fascinée par l'arrivée inopinée de "visiteurs" venus du ciel. L’agent Erica Evans (Elizabeth Mitchell, que les 12 millions de téléspectateurs de "Lost" connaissaient davantage sous le nom de Juliet) découvre un secret caché sous la peau de chaque extraterrestre. Un secret qui risque de menacer la vie de ses proches et plus particulièrement de son fils qui est tombé immédiatement sous le charme d'une charmante alien. 22 épisodes furent produits avant l'annonce officielle de l'annulation de la série, le 13 mai 2011...

POUR EN SAVOIR PLUS :

LE DOSSIER CONSACRE A LA SERIE V ET AUX TROIS TELEFILMS

V, LA SERIE - GUIDE DES EPISODES DE LA SAISON I

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