Par Emmanuel Francq
Présenté en première mondiale et en compétition officielle au Festival Séries Mania en 2018, "An Ordinary Woman", créée par Evgeny Nikishov, suit le quotidien de Marina, fleuriste et mère de famille. Sous des dehors affables, Marina arrondit ses fins de mois en étant à la tête d'un service d'escort girls. Quand une de ses complices la prévient qu'une de ses « filles » a été étranglée, la maquerelle se rend à l'hôtel et fait disparaître le cadavre dans un matelas...
Plutôt amusante, cette série russe (c'est une bonne idée que de programmer "An Ordinary Woman" car on n'a pas souvent l'occasion d'en voir surtout dans le contexte actuel) souffre d'un manque de moyens qui se voit à l'écran. Ou bien est-ce le reflet d'une Russie pauvre et économiquement sinistrée ? L'image fait très années 70, tout comme l'interprétation et les costumes. Les fantômes du Kremlin sont encore bien présents. L'ensemble baigne encore dans un climat blafard et tristounet. Aussi, si vous êtes déprimé(e)s, passez votre chemin.
Heureusement, l'humour, plutôt noir, relève la sauce. Toutefois, on regrettera que "An Ordinary Woman" ne voit la Russie que sous le seul prisme criminel. Il faut alors comprendre que si vous êtes issus des classes populaires, le seul moyen d'en sortir est de créer un petit business criminel en parallèle. Malgré tout, les personnages sont plutôt bien écrits. Tous les acteurs y apportent une réelle densité. Voilà pourquoi on se surprend à les trouver attachants. Comme quoi, le manque de moyens n'empêche pas une bonne écriture. Quelques longueurs se sont fait quand même sentir çà et mà. Cependant, "An Ordinary Woman" a le potentiel pour vous accrocher durant les 17 épisodes que compte désormais la série à travers ses deux saisons. Ces dernières sont proposées en streaming sur Arte.