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La dernière chance de John Llewellyn Moxey avec Michael Cole

Par Christophe Dordain

 

Avec "La dernière chance", il est donc ici question d'un téléfilm diffusé en 1971 dans le cadre du "ABC Movie of the Week". Un téléfilm que la télévision française, en l'espèce l'ORTF, intègrera en 1974 dans cette fausse série télévisée intitulée : "Suspense".

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Crédit photo : Télé 7 Jours.
LE CONTEXTE DE SA PRODUCTION

"La dernière chance" s'inscrit dans un contexte typique de la production cinématographique américaine même s'il est question d'une extension pour le petit écran avec cette production que l'on doit à Aaron Spelling. En effet, au début des années 1970, la surpopulation était en quelque sorte l'épouvantail apocalyptique qui hantait les nuits des producteurs. Aussi, le cinéma, comme souvent reflet des préoccupations, voire des tensions sociales du moment, allait-il emprunter ce chemin. Par exemple avec l'excellent "Soleil vert" (réalisé par Richard Fleisher avec Charlton Heston et Edward G. Robinson) en 1973. On pourra également penser à "L'âge de cristal" de Michael Anderson qui sortira en 1976.

Toutefois, on retiendra une autre production datant de 1972. C'est le film "Population zéro". Ce dernier a été réalisé par Michael Campus avec Oliver Reed et Geraldine Chaplin dans les rôles principaux. Dans "Population zéro", on se confronte à un monde futur où les ressources naturelles ont été sur-consommées. Aussi, une loi interdit-elle la reproduction humaine pendant une période de 30 ans pour essayer d'inverser la tendance. Cependant, un couple tente de braver cet interdit.

Vous en conviendrez, la lecture de l'argument principal de ce film interpelle. En effet, "La dernière chance" fut produit en 1971 pour être ensuite diffusé le 5 octobre de la même année. Aussi, avec le recul, apparait-il désormais comme un précurseur à cette vague de films qui traitera de l'avenir de l'humanité par le biais de la question de la surpopulation et de ses conséquences. En somme, voilà qui confère à ce qui demeure un téléfilm parmi d'autres un intérêt inattendu. On pensait l'oeuvre basique pour ne pas dire quelconque. La voilà désormais bien riche que le téléspectateur lambda l'escomptait.

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Michael Cole et Janet Margolin / Crédit photo : ABC Television.
LE SYNOPSIS DE LA DERNIERE CHANCE

Dans "La dernière chance", l'Amérique tente donc de résoudre son problème de surpopulation (bien que le dénouement se déroule dans une région résolument peu peuplée du pays, près de la frontière canadienne) en limitant les couples à un seul enfant. Si votre enfant meurt, pourvu qu'il ait survécu au moins dix jours, il est considéré comme votre enfant unique. Si vous tombez enceinte après avoir déjà eu un enfant, le gouvernement vous arrête et vous force à avorter !

Étrangement, dans les dialogues de "La dernière chance", on n'utilise pas explicitement le mot « avortement ». Le terme était-il trop controversé pour un téléfilm en 1971 ? En effet, cela peut sembler pour le moins curieux alors que le scénario développe une histoire sur une politique gouvernementale imposant l'élimination des bébés nés illégalement. Comme toujours, aux USA, pas de souci pour imposer des fusillades à tire-larigot. En revanche, dès que l'on s'introduit dans le registre de l'intime, de la sexualité et/ou de sujets qui pourraient susciter l'ire des associations les plus conservatrices, une douce censure s'initie promptement.

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Crédit photo : ABC Television.
FAUT-IL REVOIR LA DERNIERE CHANCE ?

Je confesse bien volontiers que cette question est certainement douloureuse pour les amateurs de téléfilms et de séries des années 70. Parce que seuls les réseaux sociaux type YouTube peuvent venir à leur rescousse. Ou bien un archiviste sacrément doué en ce qui me concerne...

Solidement mis en scène par un John Llewellyn Moxey plutôt inspiré, "La dernière chance" dépeint avec efficacité et pertinence un monde contemporain version années 70. Le tout avec ses modes, ses véhicules et ses lieux, auxquels s'ajoute une société où la procréation est interdite. Aussi, n'a-t-on pas l'impression que l'histoire se déroule dans le futur, ce qui favorise la production d'un téléfilm dont les moyens sont nécessairement limités.

Le seul aspect un tant soit peu futuriste abordé dans le téléfilm est celui de la suppression de la couverture santé à l'âge de 65 ans. Que penserait un français en 2025 d'une telle mesure ? Un autre aspect futuriste est la présence constante et intrusive des forces de police dont le comportement indique que les Etats-Unis seraient peut-être devenus un régime quasiment dictatorial. Compte tenu de ce qui se passe dans ce pays depuis quelques temps, voilà qui interpelle forcément. En résumé, cela donne à "La dernière chance" un aspect presque prémonitoire et inquiétant à la fois.

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Edward Asner / Crédit photo : ABC Television.
CONCLUSION

"La dernière chance" s'avère être finalement une divine surprise. Il n'est pas tant un film dystopique ou une prédiction d'un avenir probable qu'une illustration d'un argument bien écrit par Peter S. Fisher (le créateur de la série "Arabesque" avec Angela Lansbury"). Il faut souligner le fait que ce téléfilm aura été produit à un moment où la question du droit à l'avortement était un sujet brûlant aux États-Unis tout comme en France ceci dit en passant.

Un regret quand même, car "La dernière chance" s'achève par une course-poursuite en voitures faisant alors basculer cette production dans un registre digne du "Fugitif" ou bien de "L'immortel", avec un Edward Asner traquant le jeune couple comme jadis le lieutenant Gerard poursuivait Richard Kimble. Peut-être fallait-il sacrifier à cette sorte d'afféterie typique du petit écran pour contenter le téléspectateur moyen. En tout cas, cela n'apporte rien de plus à la justesse du propos développé ici. L'ultime image du couple, enfin sauvé et s'approchant de la frontière canadienne, est bien plus forte. Par ailleurs, elle fait aussi furieusement penser au destin des jeunes ayant fuit la conscription pendant la guerre du Viêtnam...

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Van Heflin / Crédit photo : ABC Television.
DISTRIBUTION

Michael Cole (Allen Miller), Van Heflin (Sénateur Quincy George), Harry Guardino (Howard Drumm), Janet Margolin (Karen Miller), Edward Asner (Barstow), Kent Smith (Gus Iverson), Michael Larrain (Sandy), Philip Bourneuf (Docteur Tyler), James A. Watson Jr. (Sergent O'Connell), Barbara Babcock (Shelley Drumm), Ivor Francis (Docteur Young), Victor Izay (Silverman), Frank Baxter (John).

FICHE TECHNIQUE

Réalisation : John Llewellyn Moxey
Diffusion USA : 5 octobre 1971 sur ABC
Diffusion France : le 26 avril 1974 sur la 1ère chaine de l'ORTF - Rediffusion le 25 août 1979 sur TF1
Producteur : William Allyn
Producteur exécutif : Aaron Spelling
Musique : Laurence Rosenthal
Directeur de la photographie : Archie R. Dalzell
Montage : Art Seid
Montage du son : Gene Eliot
Ingénieur du son : Tommy Thompson
Directeur artistique : Paul Sylos
Décors : Ken Swartz
Construction des décors : Jesse Stone
Accessoires : Jerry McFarland
Costumes : Vou Lee Giokaris, Robert Harris Sr.
Maquillage : Howard Smit
Coiffures : Pat Whiffing
Responsable de la production : Norman Henry
Assistant à la réalisation : Wesley Barry
Casting : Bert Remsen
Montage de la musique : Rocky Moriana
Supervision du script : Helen Parker
Production : Aaron Spelling Productions (1971)

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