Par Christophe Dordain
L'argument principal de la série "Galactica 1980" se présente de la façon suivante. Nous sommes trente ans après les événements de la première série "Galactica". La flotte des fugitifs a finalement atteint sa destination légendaire : la Terre. Mais le commandant Adama découvre que cette planète Terre, en 1980, n’est pas suffisamment avancée technologiquement pour les aider à lutter contre les Cylons. Aussi, en atteignant la Terre, le Galactica a-t-il involontairement exposé la fragile planète à l’attaque des unités Cylons. En effet, celles-ci sont résolues à exterminer toute l’humanité…
UNE NOUVELLE ERE
Officiellement, la série "Galactica 1980" se déroule donc 30 ans après les événements de série originelle. Comme la plupart des comédiens issus de la première série n’étaient pas disponibles au moment du tournage, les interprètes de "Galactica 1980" seront totalement nouveaux à l’exception du Commandeur Adama et de Boomer (maintenant promu colonel en lieu et place du Colonel Tigh).
Un nouvel équipage
En fait, les rôles de Troy (Boxey devenu adulte) et de Dillon avaient été écrits à l’origine pour Starbuck (porté disparu il y a 16 ans) ainsi que pour Apollo (mort au combat). Quant à celui de Xavier, le méchant de service, il était à l’origine écrit pour Baltar (en tant que président du Conseil des Douze). Le Capitaine Troy et le Lieutenant Dillon sont alors les dignes remplaçants d’Apollo et de Starbuck.
Les nouveaux personnages de la série sont tout d'abord le Docteur Zee, un jeune génie de 14 ans qui a inventé le voyage temporel. Ensuite, Xavier, un membre du Conseil de Douze tout aussi potentiellement traitre que l’était Baltar. Enfin, Jamie Hamilton, une jeune journaliste terrienne. Il faut souligner que c'est la première étrangère à monter à bord du Galactica.
Cependant, le résultat scénaristique et visuel fut trop décevant. Le public américain sanctionnant durement le manque de moyens mis en œuvre pour une série de science-fiction, mais aussi la pauvreté des scenarii (cf : ci-dessous les éléments portant sur les difficultés de tournage).
LA PRODUCTION DE LA SERIE
Education et divertissement ne font pas forcément bon ménage
Pourquoi la série "Galactica 1980" va-t-elle finalement connaître un sort télévisuel funeste ? Parce que la case horaire retenue pour la diffusion de la nouvelle série imaginée par Glen A. Larson sera celle du dimanche soir à 19h00. Ce choix va ainsi modifier en profondeur le concept de la série tout comme le contenu des scenarii.
En effet, à la fin des années 70, sous la constante pression des associations de téléspectateurs toujours très puissantes outre-Atlantique, les programmes diffusés le dimanche soir devaient impérativement respecter des règles strictes. Notamment proposer une dimension éducative. Diable ! Cadenassé de la sorte, le producteur Larson se retrouvait-il alors face à une situation bien difficile à gérer. En résumé, comment produire une série de science-fiction qui puisse s’inscrire dans un cadre aussi étroit ?
Jeff Freilich, qui avait fait ses premières armes au poste de producteur sur "L’Incroyable Hulk" , a souvent précisé dans de nombreux entretiens comment Glen A. Larson avait fini par trouver la parade : « il devait y avoir au moins un message éducatif dans chaque acte que comptait un épisode. En l'espèce, quatre en moyenne dans un format classique de 48 minutes. Chaque scénario devait comprendre un point de départ qui soit exploitable dans une perspective éducative. Bien évidemment, cela était difficile à concevoir. Les téléspectateurs souhaitaient voir des choses différentes de ce qu’ils pouvaient découvrir aux infos télévisées par exemple. Ils voulaient s’évader, se distraire, quitter un peu leur vie quotidienne. Mais pas nécessairement assister à une leçon donnée à la télévision. »
Avis confirmé par le créateur de "Galactica 1980" : « Ils nous ont littéralement assommés en prenant cette décision de programmer "Galactica 1980″ le dimanche soir à 19h00 » pestait à l’époque Glen A. Larson. « Ils nous avaient clairement fait comprendre que c’était le seul choix possible et que nous devions impérativement nous y soumettre. »
Il y a avait pourtant du potentiel
Quand on revoit aujourd’hui le téléfilm-pilote en trois parties, "Voyage dans le temps", mis en scène par Sidney Hayers, on constate que Larson avait quand même choisi une ligne scénaristique a priori intéressante : revenus sur la planète Terre, les nouveaux héros que sont Troy et Dillon doivent affronter un renégat, ex-membre du Conseil, qui parvient à voyager dans le temps et à atteindre l’époque de la Seconde Guerre mondiale.
C’est donc une orientation qui n’est pas sans rappeler celle de la série des années 60, "Au coeur du temps" produite par Irwin Allen, qui intéressait Larson avant tout. Cependant, le choix de cette maudite case horaire va imposer des scénarii orientés vers un public plutôt enfantin. Une dimension irritante dont témoigne des épisodes tels que "Les Super Scouts", dirigé par Sigmund Neufeld Jr, et "Baseball", réalisé par Barry Crane.
Une production lancée dans l’urgence
C’est en décembre 1979 qu’est tourné l’épisode-pilote qui exigera quatre semaines de travail intensif. Initialement, le lancement du nouveau programme était prévu pour septembre 1980. Soudain, les responsables de ABC exigeaient que la série soit prête pour une diffusion hebdomadaire dès le mois de janvier. Ainsi, à une évolution contestable du concept s’ajouta une pression énorme.
Situation qu’a confirmée Kevin McCord dans différentes interviews : « à la fin des années 70, la façon de produire des séries avait considérablement évolué. Jadis, vous obteniez des chaînes une commande ferme pour 13 épisodes, parfois 26, pour une première saison. Là, ABC exigeait 10 épisodes tout au plus (situation analogue par exemple à celle de la série "Timide et sans complexe", créée par Stephen J. Cannell et diffusée au début de cette même année 1980). Qui plus est, "Galactica 1980" allait affronter une terrible concurrence avec le magazine "60 Minutes", un des fleurons des programmes du réseau CBS. »
Un calendrier trop lourd
Larson devra de même anticiper un autre aspect crucial pour une série de science-fiction : le coût de production de chaque épisode. En ayant choisi de revenir sur Terre, le célèbre producteur espérait ne pas connaître le même sort qu’à l’époque de "Galactica" en 1978. Toutefois, l’urgence imposée par le réseau ABC obligera les producteurs à tourner plusieurs épisodes en même temps.
Un choix qui apparaît finalement bien contestable avec le recul. A ce sujet, Larson déclara la chose suivante : « ce qui a rendu le projet finalement trop coûteux est que la direction d’ABC nous a donné trop peu de temps, à peine quelques semaines, pour préparer l’arrivée sur l’antenne de cette nouvelle série. Ceci nous a obligé à dépenser plus d’argent que prévu afin d’être prêts en temps et en heure. Par exemple, il m’arrivait d’être présent au studio le dimanche après-midi pour du travail de montage sonore. C’est une chose que l’on ne fait jamais habituellement, car cela coûte cher, bien trop cher. »
Le temps était donc à la précipitation avec des cadences infernales de 8 à 9 jours de tournage pour un épisode, à raison de 12, voire 16 heures de travail par jour. Et comme Larson tenait absolument à ce que "Galactica 1980" ait le même aspect visuel que son illustre prédécesseur, les budgets avaient ainsi une furieuse tendance à s’envoler de façon bien périlleuse !
Un tournage chaotique
D’après Kevin McCord, cette organisation pour le moins chaotique était notamment perceptible lors du tournage de la seconde partie de l’épisode "Les Cylons arrivent". Celui-ci étant mis en scène par Barry Crane en février 1980 : « nous avions vraisemblablement 40 à 50 figurants, en plus de l’équipe, présents sur le plateau. Vers midi, ce jour-là, une des producteurs associés est donc venu voir Barry Crane avec un feuillet comprenant 8 pages de dialogue. L’ordre fut alors donné d’être présent à 16h00 sur le plateau 25 afin que le matériel filmé puisse être monté ultérieurement. Bref, il a fallu abandonner tout le monde alors que l’on avait mobilisé le plateau où se trouvaient les décors d’un Boeing 747 (souvent utilisés pour la série de films que le studio Universal avait produit entre 1970 et 1979). Cette façon de réaliser les épisodes étaient vraiment inhabituelles. » Toutefois, l’une des grandes satisfactions de McCord aura été celle de pouvoir tourner avec le vétéran qu’était Lorne Greene.
Conclusion
Une anecdote finale qui résume bien la pagaille, avouons-le, qui régnait dans la production de la série. Kevin McCord et Barry Van Dyke n’auront finalement tourné que 9 épisodes sur les 10. Le dernier, intitulé "Le retour de Starbuck", dirigé par Ron Satlof, n’avait que pour seul but de sauver une série à la dérive en s’appuyant sur le retour d’un héros récurrent de la première époque. Mais il était bien trop tard…
DISTRIBUTION DES ROLES
Lorne Greene (Commandant Adama).
Kent McCord (Capitaine Troy).
Barry Van Dyke (Lieutenant Dillon).
Robyn Douglas (Jamie Hamilton).
Robbie Rist (Docteur Zee / Episode-Pilote).
Patrick Stuart (Docteur Zee / série).
Herbert Jefferson, Jr. (Colonel Boomer).
Fred Holliday (Monsieur Brooks).
FICHE TECHNIQUE
Créée par : Glen A. Larson
Producteur exécutif : Glen A. Larson
Producteurs : Jeff Freilich, Frank Lupo, Dean J. Zanetos
Co-producteurs : Gary Winter, Ben Kadish, David M. Garber
Producteurs associés : Tim King, David G. Phinney
Supervision de la production : David J. O’Connell
Responsables de l'équipe de production : Harker Wade, John C. Chulay, Charles E. Walker
Musique : Stu Philips, John Andrew Tartaglia
Directeurs de la photographie : Frank Beascoechea, Ben Colman, Mario DiLeo
Directeurs artistiques : Sherman Loudermilk, David L. Snyder, Fred Tuch, Bill Taliaferro, Bill Camden
Décors : Morris Hoffman, Jennifer Polito, Leslie McCarthy-Frankenheimer
Supervision des costumes : Mark Peterson
Costumes : Jean-Pierre Dorléac, Al Lehman
Distribution des rôles : Phil Benjamin, Mark Malis
Supervision des effets spéciaux : William H. Schirmer, Peter Anderson
Coordinations des effets spéciaux : Greg C. Jensen Sr
Effets visuels spéciaux : David M. Garber, Wayne Smith, Alan G. Markowitz, David Stipes
Coordination des cascades : Bob Bravler
Cascadeurs : Hubie Kerns, Jr, Richard Epper, Jack Gil, Charlie Picerni, Brett A. Jones, David LeBell
Montage : Michael Berman, Buford F. Hayes, David Howe, John J. Dumas, John Elias, Bill Parker
Montage de la musique : Herbert D. Woods, Ted Roberts
Prise de son : James F. Rogers, Earl Crain Jr, Barney Cabral, James F. Rogers
Effets sonores : Samuel Reynolds, Dick Wahrman
Montage des effets sonores : Samuel Reynolds, Dick Wahrman
Assistants-réalisateurs : Gary Grillo, Bob Bender, Patrick A. Duffy, Dick Erickson, Phil Cook, Charles Watson Sanford, Bob Bender, Ray Gomez, David L. Beanes, Ryan Gordon, Doug Metzer, Louis Race
Production : Glen A. Larson Productions / Universal Television (1980)