Par Thierry Le Peut
Héritière de toutes ces séries tout en se distinguant par son thème, "CHiPs" est une série télévisée qui est bien mieux connue dans nos contrées. Pourtant, la diffusion de la série fut erratique pour le moins à ses débuts. Ensuite, c'est La Cinq et TF1 qui la populariseront auprès du public français à la fin des années 80. Policiers en uniforme, Jon Baker et Frank Poncherello travaillent donc pour la patrouille des autoroutes californienne, la California Highway Patrol, dont les initiales forment le titre de la série.
PRESENTATION DU CONCEPT
Une fois de plus, c'est un ancien policier qui est à l'origine de ce concept original, héritier également d'une autre "Highway Patrol" diffusée entre 1955 et 1959, avec Broderick Crawford dans le rôle du Capitaine Dan Matthews. « J'en avais assez des séries policières violentes », déclarait le créateur-producteur Rick Rosner. « Je suis encore député-shérif de réserve à Los Angeles et je peux vous dire que 95 % des policiers ne se servent jamais de leurs armes en quarante ans de carrière. »
Les deux policiers de la série sont donc avant tout des hommes et leurs aventures mettent en scène des gens ordinaires impliqués dans des situations dramatiques : accidents de la route, délits de fuite, verbalisations sont le lot quotidien des patrouilleurs de "CHiPs", dont les meilleures armes sont la patience et la diplomatie. Armés, Jon et Ponch auront très peu d'occasions de sortir leur arme au cours des 139 épisodes de la série. Mais, ils passeront une grande partie de leur temps à plaisanter sur leurs engins vrombissants, entre deux interventions.
UN SOLIDE TANDEM
Série policière assez unique, "CHiPs" vaut aussi par son tandem vedette, même s'il régnait paraît-il sur le plateau une certaine mésentente qui finit par causer le départ de Larry Wilcox, alias Jon Baker, à la fin de la cinquième saison. Autour de Jon et Ponch, la série développe une galerie de personnages parfois pittoresques, comme l'enveloppé Grossie flanqué du filiforme Baricza, le sergent Getraer ou le mécano du Central, Harlan, un petit bonhomme frisé.
Au fil des saisons, certains visages en remplaceront d'autres, et les femmes feront leur apparition au Central, d'abord Sindy Cahill puis Bonnie Clark. Le thème musical, composé par John Parker (auteur du thème de "Cannon" et de partitions pour "Dallas"), connaîtra lui aussi une certaine renommée, souvent repris ces dernières décennies sur les compilations de génériques télé.
UN CONCEPT CHANGEANT
Comme "Starsky et Hutch", "CHiPs" verra son concept évoluer au fil des saisons. Alors que les premiers épisodes développent plusieurs petites histoires reliées de manière plus ou moins lâche, très vite les scénaristes doteront chaque épisode d'une intrigue principale entrecoupée d'interventions plus ou moins dramatiques ou comiques.
Dans l'un des épisodes, Jon et Ponch verbalisent Broderick Crawford, la vedette de "Highway Patrol", rendant ainsi hommage à la série inspiratrice. Dans un autre, les deux policiers ont maille à partir avec l'impressionnant Rosey Grier dans le rôle d'un géant contrarié qui s'acharne à désosser sa vieille voiture sur la bande d'arrêt d'urgence d'une autoroute, ou portent secours à un gamin menacé d'électrocution.
Plusieurs épisodes reprennent aussi le thème de l'accident monumental, prétexte à décrire le travail des experts en quête de la vérité et le mérite des sauveteurs qui risquent chaque jour leur vie pour sauver celle des autres ou réparer les erreurs d'automobilistes irresponsables. Avec le temps, les scenarii s'intéresseront aussi à des histoires plus criminelles, pas toujours du meilleur cru, mais qui montrent une volonté de varier les intrigues, à la longue répétitives.
UNE SERIE REALISTE ?
L'un des atouts majeurs du programme reste l'abondance des extérieurs. En effet, une grande partie des scènes se déroulent sur le réseau routier de Los Angeles ou sur le parking du CHP Central. De surcroît, les prises de vues sont réalisées à l'aide de caméras spéciales fixées sur les motos. Comme "Adam-12", "CHiPs" se veut donc réaliste, tant dans la description du travail des policiers que dans le matériel utilisé. Ainsi, le Central de la série est-il le véritable quartier général de la Patrouille des Autoroutes, et celles-ci, bien sûr, sont aussi les vraies !
Le défaut de la formule, cependant, sera vite d'utiliser les histoires comme prétextes à des scènes spectaculaires, qu'il s'agisse de carambolages monstres ou de cascades périlleuses. A l'instar des deux flics de "Starsky et Hutch", Jon et Ponch sont tenus de passer un certain temps sur leur moto dans chaque épisode, au détriment parfois de la crédibilité des histoires. Le réalisme des débuts fera ainsi place à un sensationnalisme parfois très éloigné des bonnes intentions de départ, même si les nombreux morceaux de bravoure de la série sont l'un de ses charmes.
CONCLUSION
Diffusée pour la première fois le dimanche après-midi sur Antenne 2 en septembre 1983 (mais pour huit épisodes seulement), la série sera ensuite reprise par la Cinq puis diffusée intégralement sur TF1 en 1988, cinq jours sur sept.
Programme d'un type particulier, elle n'est guère retenue par la critique. Jacques Baudou en dit quelques mots dans son livre "Les séries télévisées américaines", notant simplement qu'elle obtint en 1977 « un franc succès public, sans véritablement mériter cet enthousiasme ». Mais, elle ne figure pas dans le "Guide Totem des Séries télé" de Christophe Petit et Martin Winckler, chez Larousse. C'est dire...