Par Christophe Orzechowski
"Andromeda" est donc une série de Science-Fiction (de type space-opera) canadienne. Elle compte un ensemble de 5 saisons et 110 épisodes. Tous ont été diffusée de 2000 à 2005 sur Global Television Network au canada, et en syndication aux Etats-Unis. "Andromeda" prend naissance lorsque Majel Barrett Roddenberry, veuve de Gene Roddenberry, décide d’utiliser les notes et travaux de son défunt époux pour tenter de les transformer en séries de Science-Fiction.
L'homme d'une seule série
Gene Roddenberry est en effet bien connu de tous les amateurs de Science-Fiction, puisqu’il a tout simplement créé "Star Trek", donnant vie à l’une des séries, et à travers elle l’un des univers les plus populaires et iconiques de la S-F, lui survivant d’ailleurs bien après sa mort. Malheureusement, et même si "Star Trek" est une œuvre phare, elle n’aura été que son seul fait d’armes. En effet, Gene Roddenberry, qui fourmillait d’idées, avait bien d’autres projets en tête, qui, pour la plupart, n’auront donné lieu qu’à des téléfilms sans qu’une suite sous forme de série ne leur soit donné.
Il s'agit dans le cas présent de téléfilms tels que "Genesis II" (mis en scène par John Llewellyn Moxey) ou "Planète Terre" (réalisé par Marc Daniels et diffusé le 23 avril 1974 sur ABC Television), dont on peut trouver des traces ici et là sur Internet, que ce soit des extraits ou même l’intégralité. Des projets malheureusement peu enthousiasmants et passionnants, prenant place sur une Terre avant survécu à une apocalypse. Des productions ayant très mal vieilli, et qui ne peuvent susciter qu’un ennui poli si l’on y jetait un œil curieux. On notera que dans ces deux projets, un personnage s’appelait Dylan Hunt, le futur capitaine dans "Andromeda". Devant les refus successifs rencontrés face à ces projets, Gene Roddenberry finira par jeter l’éponge.
Les origines de la série
Parmi les notes retrouvées de Roddenberry, Majel découvre, entre autres, un projet autour d’un vaisseau doué d’une intelligence artificielle, et une autre mettant en scène un héros du passé, projeté dans le futur, qui tentera de rebâtir toute une civilisation après son effondrement. Majel va avoir l’idée d’associer ces idées afin d’en tirer… quelque chose. Une série pouvant être produite, et vendue en syndication.
Pour concrétiser le projet de série "Andromeda", tirée des écrits de Gene Roddenberry, on fait appel à Robert Hewitt Wolfe, un nom familier des fans de Star Trek. Il fut notamment l’un des principaux scénaristes et producteurs exécutifs de "Star Trek : Deep Space Nine", troisième série "Star Trek", produite et diffusée de 1993 à 1998. Celui-ci va développer tout un univers de S-F, dans lequel prennent place différentes races extra-terrestres en plus des simples humains, ainsi que différents concepts.
Le concept de la série
Ainsi, chaque épisode s’ouvre sur une citation, fictive, proche d’une certaine philosophie orientale. Le héros principal, Dylan Hunt, sera le capitaine de l’Andromeda, vaisseau du Commonwealth, en lutte contre plusieurs résistances à travers l’univers. Si l’on saisit mal, au début de la série, ce qu’est précisément ce qu’est ce « Commonwealth », on comprend qu’il s’agit d’une Fédération de planètes unies, de trois galaxies différentes. Un concept proche de "Star Trek" donc. Et comme les deux œuvres ont le même créateur, on excusera la similitude des deux concepts.
L'intrigue de la série est la suivante : à la suite d’un phénomène spatio-temporel dû à un trou noir, le capitaine Dylan Hunt se retrouve dans une sorte d’animation suspendue. Lorsqu’il est secouru, 300 ans se sont écoulés, et le Commonwealth a quasiment disparu. Dylan Hunt se donne pour mission, avec un nouvel équipage, de le restaurer, et ainsi d’apporter une certaine stabilité à la galaxie.
En plus de cette intrigue plutôt politique, la série va reprendre et développer tout un ensemble de concepts de S-F. Certains concepts se révélant particulièrement… audacieux, comme par exemple un trou noir doté d’une conscience féminine et capable d’être amoureux. Certains épisodes se contenteront en revanche d’exploiter des tropes assez classiques du genre, ne surprenant pas vraiment les téléspectateurs.
Une production difficile
Au cours de la saison 2, à la suite d’un conflit avec le principal interprète de la série, Kevin Sorbo – célèbre pour avoir été "Hercule", dans la série éponyme – dont la présence aura probablement contribué au relatif succès de la série, Robert Hewitt Wolfe quittera la série. Wolfe témoignera par la suite que son départ était dû au fait que Kevin Sorbo aurait souhaité que les épisodes soient davantage centrés sur son personnage. Remplacé par Bob Engels en tant que showrunner, son départ entraîne une amélioration notable de celle-ci.
Pour le reste, "Andromeda" est une sympathique série de S-F, sans être exceptionnelle. Proche sur certains points de "Farscape" (lancée un an avant "Andromeda", en 1999) avec son équipage hétéroclite de personnages rebelles, appartenant pour chacun à une espèce différente, correspondant à des archétypes (le grand costaud, le génie en informatique… ), elle ne se révèle jamais, malheureusement, exceptionnelle. Malgré tout, elle se regarde souvent sans déplaisir.
Produite en grande partie par une équipe canadienne, elle en possède malheureusement les qualités et les défauts. De façon générale, en effet, les productions canadiennes se caractérisent par un certain savoir-faire, une volonté de proposer un divertissement honnête, de bonne facture, sans forcément chercher à bouleverser les codes du genre ou à faire évoluer le genre.
Conclusion
Ayant duré tout de même 5 saisons, et ayant été accompagnée, au moment de sa diffusion, d’une dizaine de romans, on peut considérer qu’elle aura su trouver son public malgré tout. D’autant plus que si "Andromeda" s’inscrit dans un tout autre univers que celui de "Star Trek", elle retrouve parfois certains accents « trekkiens », proposant des intrigues offrant matière à réflexion, tout comme aurait pu le faire "Star Trek", et que Roddenberry n’aurait pas reniés.
