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Cobra Kaï : Analyse saison 3

Par Emmanuel Francq


"Cobra Kaï" : une saison 3 à la hauteur des attentes... Après la saga de films "Karaté Kid" dans les années 80, la franchise s’essouffle. Il faudra attendre près de 25 ans pour qu’elle renaisse de ses cendres au format streaming (YouTube puis Netflix). Au final, est-ce une déception ? Pas du tout !

La fin de la 2ème saison nous laissait face à un suspense insoutenable. Qu’allait-il arriver à Johnny ? Et surtout allait-il retrouver un personnage-clé du premier film ? On ne vous dira pas lequel mais c’est une belle surprise ! Même si c’était prévisible. Hélas, la covid-19 est arrivée. Nous voilà dépités : « C’est plié, encore une série sans fin. » Hep hep hep, pas si vite !

Curieusement la 3ème saison semble avoir été tournée dans la foulée de la seconde. En effet, tous les acteurs déambulent « normalement », c’est-à-dire sans masques, ni distanciations sociales, ni gel hydroalcoolique. C’est vrai que quand on voit ça, on se dit : « Eh mais c’est un film de science-fiction ! C’est le passé ça ! » Alors qu’une franchise comme "New York Unité spéciale" s’adapte et intègre les dispositifs de protection dans ses épisodes, rien de tout ça ici. Mais n’allez pas en déduire que la production a mis en danger son casting. Les séries étant souvent tournées et mises en boîte longtemps avant leur diffusion.

Bref, on retrouve donc la série là où elle s’était arrêtée. Pour ceux qui n’ont pas vu les saisons précédentes, les flashbacks sont suffisamment bien faits que pour pouvoir « prendre le train en marche » et comprendre sans grandes difficultés ce qui se passe. Alors que la 2ème saison pêchait par trop d’attention aux adolescents et leurs luttes de rivalité, reléguant Johnny et Daniel au second plan, voire de faire-valoir ; la saison 3 remet le curseur sur nos deux adversaires et saupoudre le tout d’une haute dose de testostérone. On aime cet antagonisme biblique, rappelant la lutte à mort entre les deux frères Caïn et Abel.

Johnny s'en va t'en guerre

On n’est donc pas du tout déçus car tout va très vite dès le premier épisode et s’enchaîne à un rythme infernal. Johnny Lawrence se reprend en mains, confiant en ses capacités et surtout très concerné par le rétablissement d’un proche. Le personnage de Daniel LaRusso nous apparaît également mieux défini, laissant de côté son aspect « dandy agaçant » des 2 saisons précédentes pour laisser place à un père responsable mais dépassé.

La production nous gâte car non seulement, elle fait revenir un personnage très attendu et surtout, elle nous surprend par le retour d’autres auxquels on ne s’attendait pas, également issus des films des années 80. Le plus jouissif arrive quand "Cobra Kaï" ose faire ce que les films n’ont pas fait mais qui couvait dès la saison 2 : faire combattre deux principaux protagonistes (Daniel vs. Kreese) dans une lutte au corps à corps dont on rêvait depuis des lustres. La série se complexifie avec non plus deux clubs de karatéka mais trois où l’ennemi à abattre devient… Cobra Kaï !

Les fantômes du Viêt-Nam

Tout gentil a sa némésis, son double négatif : le méchant. Ici, c’est l’ex-mentor de Johnny : Kreese, présent dès le 1er film en 1984 et créateur du leitmotiv de "Cobra Kaï" : « Pas de pitié ! » La 3ème saison s’intéresse cette fois au passé de John Kreese, petit serveur de resto s’engageant au Vietnam pour devenir un homme (pour rappel, quand Daniel arrive au dojo de "Cobra Kaï" dans le premier film, il voit une photo de Kreese en béret vert et fusil M-16, souvenir de l’expérience vietnamienne).

Membre des forces spéciales, Kreese va donc traverser toute une série d’épreuves. Il rencontre un supérieur militaire, adepte des arts martiaux et animé par le « côté obscur de la Force ». Son influence malsaine va laisser des traces dans sa psyché. Capturés par des Vietcongs, le maître et l’élève vont s’engager dans une lutte à mort. Si ce passé douloureux n’excuse en rien le mal qui habite Kreese depuis lors, il l’explique.

Campé avec prestance et gouaille par Martin Kove (déjà actif en fourbe dans un autre film consacré au conflit américano-vietnamien : "Rambo 2" en 1985), Kreese n’est pas entièrement détestable car il peut faire preuve d’un peu d’humanité, aussi rare soit-elle. Pervers narcissique, il manipule et utilise les jeunes comme les pions d’un jeu d’échecs. Il apparaît encore plus vicieux qu’en 1984, ayant de lourds comptes à régler et entendant bien en sortir vainqueur, coûte que coûte.

Guerre des gangs

Les grincheux vont trouver que cette troisième salve se répète et nous refout une dose de castagne entre gamins, à la seule différence de compliquer encore un peu plus le tout en créant un troisième club de karaté, né du schisme opéré au sein de "Cobra Kaï". On n’a pas eu cette impression même si, invariablement, une série est amenée à se répéter selon le credo « variations sur le même thème ». Car "Cobra Kaï" reste une série fort plaisante à suivre, bien écrite, bien jouée, presque aussi attachante que le premier film. On sent que tous les acteurs s’apprécient et forment une grande famille en coulisses, qu’ils prennent leur pied à tourner la série et ce fun, ils nous le font partager.

Tout comme "Creed" l’a fait récemment pour la saga des films de boxe "Rocky" sur grand écran, "Cobra Kaï" donne incontestablement ses lettres de noblesse à la franchise, ici sur petit écran. La saison 3 se regarde presque en une traite tant l’ensemble se révèle bien structuré. Chaque personnage important a un temps de présence égal à l’écran, ce qui donne une sensation d’équilibre digne du « chi », si important pour Monsieur Myagi. A nouveau, la fin de saison nous laisse KO, face à un cliffhanger insupportable. Ouf, il y aura une 4ème saison. Un excellent spectacle, doublé d’une belle réussite, à voir en famille.

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