Par Emmanuel Francq
PRESENTATION
Le 2 octobre 2019, LCJ Editions sort un superbe coffret reprenant l'intégrale de la série "L'homme de l'Atlantide". Après la sortie des téléfilms voici un an (11 septembre 2018), les fans de cette série culte auront le choix entre l'intégrale des téléfilms plus la série hebdomadaire ou les 13 épisodes de la série hebdomadaire, disponible un mois plus tard, à partir du 4 novembre 2019.
Que ceux qui possèdent déjà les téléfilms de la série ne s'inquiètent donc pas : il sera possible d'acheter l'intégrale de la série hebdomadaire sans devoir passer par la case « coffret intégrale » (téléfilms + série). Dans les deux cas, l'édition bénéficie d'un remaster HD au format 1.33 : 1 et les images sont réellement splendides avec des couleurs éclatantes. Voici l'occasion de revoir ou de découvrir cette série sous un tout nouveau jour.
Ces éditions comportent deux pistes sonores en Dolby Digital 2.0 : la version française avec l'inoubliable doublage de Pierre Arditi sur Patrick Duffy et Roger Carel sur Monsieur Schubert, ainsi que la piste son en anglais avec sous-titres français. Ceux qui reprochaient à LCJ de proposer des VO sans sous-titres sur d'autres séries « vintage » se voient à présent comblés. Alors évidemment, des voix se font entendre sur le prix trop cher (99€ l'intégrale et 39€ la série) mais nous n'entrerons pas dans ce débat, très contents que cette série emblématique des années 70 sorte enfin en Europe dans une édition de qualité.
LE COFFRET
Dans le détail, le coffret « intégrale », au packaging somptueux, reprendra l'entièreté de la série, soit les 4 téléfilms (sur 4 dvd) et les 13 épisodes de 48' et quelques bonus assez originaux : 5 magnifiques photos tirées de la série, un livret explicatif reprenant les résumés de tous les épisodes et cerise sur le gâteau, une réplique du fameux maillot jaune de Mark Harris.
Pour la série hebdomadaire, les 13 épisodes sont repris sur 5 DVD. S'il n'y a hélas pas de suppléments sur les coulisses de la série, sur « You Tube », vous pouvez voir quelques reportages intéressants, notamment celui du « Mike Douglas Show » où Patrick Duffy fait visiter les différents décors et démontre sa technique de respiration sous l'eau (à condition de comprendre l'anglais sans sous-titres).
Enfin, un superbe livre accompagne avantageusement cette édition de l'intégrale de la série par LCJ Editions.
LA SERIE
Pour ceux qui ne connaissent pas cet acteur et cette série, un petit rappel s'impose :
Patrick Duffy reste essentiellement connu pour son rôle de Bobby Ewing, le gentil frère du méchant JR dans la saga pétrolière des années 80 "Dallas" et la sitcom "Notre belle famille" dans les années 90. Quelques mois avant de commencer cette série, Duffy était la vedette d'une éphémère série de science-fiction intitulée "L'homme qui venait de l'Atlantide" ("Man From Atlantis"), tournée de 1977 à 1978 dans les studios MGM Television où se tournait aussi "L'Age de Cristal" (1978) sur un plateau voisin.
Le postulat de départ était assez simple : un survivant de l'Atlantide aux mains palmées est retrouvé mourant sur une plage et recueilli par une jolie doctoresse qui étudie son comportement. Sous l'eau, Mark Harris (c'est son nom « humain ») est plus rapide qu'un dauphin, capable de descendre à des profondeurs impossibles pour la technologie humaine et de parler. Sur terre, il est doté d'une force physique surhumaine mais s'épuise vite. S'il ne retourne pas dans l'eau au bout de 12 heures, c'est la mort assurée.
Au départ, la chaîne NBC n'est pas emballée par le concept et commande un téléfilm tiré du roman de Richard Woodley. Gros succès d'audience inattendu et NBC commande 3 autres téléfilms rencontrant à nouveau le succès. Face à l'engouement populaire, c'est finalement une série hebdomadaire de 13 épisodes qui voit le jour. Las, les scénarios sont assez tirés par les cheveux et c'est l'annulation. Durant le tournage, Duffy rencontre Leonard Katzman, producteur de "L'Age de Cristal" et "Dallas" qui le prend sous son aile. « C'était mon mentor » expliqua Duffy à la mort de celui qui officia également comme producteur sur "Les Mystères de l'Ouest" (1965-69), avec Robert Conrad (James West) et Ross Martin (Artemus Gordon).
NOTRE AVIS SUR LA SERIE
Si les téléfilms étaient pour la plupart réussis, on ne peut pas en dire autant de la série hebdomadaire. La pauvreté des scénarios et le côté rudimentaire des effets spéciaux ne jouent pas en sa faveur. Jugez plutôt : un sac poubelle gonflé pour simuler une méduse géante; un acteur portant un costume de latex à deux têtes d'hippocampe représentant un « monstre marin »; un faucon en plastique qui prend vie par simple superposition d'image. Toutefois, ces défauts presque dignes des meilleurs nanars des années 70 comme "Piranha 2" ont le mérite de la rendre attachante.
Ensuite, et c'est là qu'elle devient intéressante, plusieurs épisodes nous étonnent par leur imagination délirante. Par exemple, Mark retrouve Roméo et Juliette ("Mark et Juliette") au hasard de cet épisode. Il se découvre aussi un frère jumeau à l'époque western ("Les frères jumeaux"). Le voici prisonnier d'un autre monde (épisode "Le géant"). Ou bien encore, il doit combattre un robot hors de contrôle ("Le robot vivant"). On pourra regretter le cabotinage outrancier de Victor Buono (Monsieur Schubert), meilleur quand il était inquiétant (dans le pilote) que quand il faisait le pitre. Au final, il y a un peu des "Mystères de l'Ouest" tant "L'homme de l'Atlantide" mélange les genres dans un cocktail pas toujours réussi mais au moins, la série ose aller jusqu'au bout de son délire.
Revue de nos jours, "L'homme de l'Atlantide" prêtera certainement à sourire pour les profanes. Pourtant, elle demeure un « must have » pour les fans. D'accord, elle est carrément ridicule par moments et kitsch. Cependant, elle est toujours plaisante à revoir. Car à la fois délicieusement naïve et rêveuse, elle rappelle de loin l'univers des romans de Jules Verne. Voilà donc une série qui aura certainement fait naître des vocations de nageurs (la fameuse nage en ondulée, très mauvaise pour le dos, précisait le très sympathique Patrick Duffy, rencontré au Festival « Séries Mania » en mai 2018), voire d'océanographes...
Au final, nous replongerons volontiers dans cette série mineure mais non dénuée d'intérêt. Notamment par la fraîcheur de son ambiance. Mais aussi par le charisme de son acteur principal. Ce dernier dont on se doit d'applaudir les performances physiques. Toutes réalisées entièrement « live » avec une caméra sous l'eau, sans effets spéciaux, ni images de synthèse à l'époque. Bref, rien que pour cela, la série vaut la peine d'être (re)vue.