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L’incroyable Hulk, la série : Le choix de Lou Ferrigno

Par Thierry Le Peut


Pour traduire à l’écran l'émotion voulue par la production de la série "L'incroyable Hulk", il fallait à Kenneth Johnson un comédien capable d’exprimer sur son visage les mouvements de l’âme de la créature. En somme, un colosse certes, bâti comme le géant de la bande dessinée, mais un colosse vulnérable, capable de toucher un large public.

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Crédits photo : Universal Television - CBS Television - Elephant Films pour l'édition du DVD en France
Richard Kiel fut le premier Hulk

On l’a peu souligné, en tout cas en France, mais Lou Ferrigno n’a pas été le premier choix des producteurs. Le tournage a même commencé avec un autre acteur qui, au contraire de Ferrigno, parfait inconnu à l’époque, avait déjà une expérience de comédien. En effet, il s’agissait de Richard Kiel, l’adversaire de Roger Moore dans plusieurs James Bond. Le monstre au dentier d’acier surnommé Jaws dans "L'espion qui m'aimait" et "Moonraker" (deux films évoqués dans le podcast proposé ci-dessous).

Il reste même dans le pilote une image de Kiel dans le rôle de Hulk. Notamment lorsque le monstre arrache un arbre pour sauver une petite fille tombée dans un lac. Ainsi, est-il filmé en plongée et on ne voit que le sommet de son crâne. Toutefois, c’est bien lui et non Ferrigno, aux dires de Johnson. « Je voulais quelqu’un que j’estimais capable de jouer », expliquait Kenneth Johnson, « et Richard Kiel avait à son actif de très bonnes prestations. Tandis que Lou Ferrigno, bien qu’il parût tout à fait imposant, n’avait jamais réellement joué la comédie. Je pensais que Richard Kiel saurait faire passer toute l’émotion dont nous avions besoin. Après une semaine de tournage avec Kiel, nous avons tous pensé que Lou conviendrait davantage à ce que nous essayions de faire. Tant et si bien que nous sommes revenus sur notre premier choix. »

Lou Ferrigno finalement s'impose

Selon Ferrigno, c’était en fait une question de muscles. Ceux de Richard Kiel n’étant pas assez impressionnants pour incarner de manière convaincante la force de la nature que devait être le monstre. Ainsi, à ce sujet, Ferrigno a confié en 1984 une anecdote amusante au magazine américain Starlog : « Ils avaient engagé Richard Kiel pour jouer Hulk... Et puis, après une semaine et demie de tournage, un réalisateur vint sur le plateau avec son fils. Le gamin dit : ‘Papa, ce n’est pas Hulk.’ Le réalisateur lui dit : ‘Qu’est-ce que tu veux dire ? Regarde-le, il fait sept pieds de haut.’ Mais le gamin répondit : ‘Il n’est pas grand comme dans la bande dessinée. Il ne ressemble pas à Hulk.’ Alors ils ont paniqué. Ils ont décidé de remplacer Kiel et ont commencé à chercher partout quelqu’un de très baraqué. Le type le plus grand et le plus musclé qu’ils pourraient trouver. Ils m’ont supplié de venir tourner un bout d’essai. J’ai dit ‘D’accord, je vais faire une scène’. Je suis arrivé avec le maquillage. Puis, le jour suivant, j’étais au travail - quatre-vingts heures par semaine. »

Un personnage à part entière

Le choix de l’acteur était d’autant plus important que, en accord avec Stan Lee, qui travailla avec lui comme consultant, Johnson tenait à ce que la créature soit au centre de la série. Il tenait à ce qu’elle ne se limite pas à quelques apparitions spectaculaires se résumant à tout casser sur sa route. Mais qu’elle soit comprise au contraire comme un personnage à part entière, au même titre que Banner. « Dès le début, Stan Lee et moi nous sommes efforcés de concevoir un programme où les situations qui s’offrent à Banner concernent aussi Hulk. Evidemment il y a des épisodes que nous appelons de façon générale des ‘survival shows’, dans lesquels nous développons une situation humaine normale et y injectons Hulk. Cela ne pose aucun problème. »

Finalement, ce qui importe, pour le producteur, c’est que la créature ait la capacité d’agir sur les événements. Elle doit pouvoir les orienter dans le sens voulu par la ligne générale de la série. Elle ne doit pas se retreindre à pousser quelques grognements, casser la baraque et disparaître au coin d’une rue, laissant ensuite Banner recoller les morceaux et reprendre l’histoire là où elle était restée. « Quand vous faites un programme dans lequel le héros n’a pas une part active, ce n’est pas aussi satisfaisant que ça le devrait. Peu importe qu’il s’agisse de "L’incroyable Hulk" ou de "Deux cents dollars plus les frais" ou même des Grands Personnages de la Bible. Vous voulez que vos personnages principaux changent quelque chose dans la vie des personnes qu’ils rencontrent. De ce point de vue toutes les séries télévisées, toutes les fictions se ressemblent. Vous voulez que votre héros ait une influence, et cette influence changera selon sa personnalité, selon ce qu’est votre personnage. »

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