Par Martin Thiebot
Adaptation du roman éponyme (rebaptisé en 2020) d’Agatha Christie, "Ils étaient 10" est diffusée sur M6 à partir du 17 août. La série est également disponible sur Salto. Sélectionnée au Festival Séries Mania, elle a été réalisée par Pascal Laugier ("Martyrs", "Ghostland"). On avait donc des raisons d’espérer une fiction de qualité. Hélas ! Le résultat n’est pas à la hauteur de nos attentes.
L’histoire de "Ils étaient dix", vous la connaissez sans doute déjà. Dix inconnus sont réunis sur une île. Chacun pour un motif différent. Cependant, ils découvrent rapidement la véritable raison de leur présence. En effet, ils ont tous commis un crime. Aussi vont-ils devoir, à tour de rôle, en payer le prix fort. Les scénaristes ont toutefois quelque peu innové puisque l’action se déroule à notre époque, dans ce qui est censé être un hôtel de luxe sur une île tropicale. Deux personnages ont par ailleurs été ajoutés : deux policiers qui mènent une enquête sur ces mystérieuses disparitions.
Commençons par les quelques points positifs. D’abord, une photographie soignée et de bonnes idées de mise en scène donnent une image plutôt agréable. Ensuite, la série nous offre quelques belles prestations d’acteurs, d’actrices surtout. Matilda Lutz et Manon Azem rendent le tout un peu moins indigeste, mais ne parviennent malheureusement pas à sauver l’ensemble. Par contraste, l'interprétation de Guillaume de Tonquédec n’est qu’un mauvais copier-coller de son rôle de Renaud Lepic dans "Fais pas ci, fais pas ça".
Car, le principal défaut de "Ils étaient dix", c’est son scénario. Les dialogues tombent à plat, les personnages sont caricaturaux et le suspense est quasiment absent dans cette série télé. Chaque disparition étant précédée d’un flashback, le nom du prochain mort est connu de longues minutes à l’avance. Reste le côté ludique du slasher : essayer de deviner au fur et à mesure de l’avancement de l’intrigue qui peut bien être le tueur. Des détails grossiers nous mettent néanmoins aisément sur la voie, rendant la révélation finale attendue, a minima peu surprenante.
Paradoxalement, alors même que certaines situations sont excessivement dramatiques, l’ensemble de la série "Ils étaient dix" reste beaucoup trop sage, manque de violence. Excepté lors d’un final légèrement plus haletant qui nous dévoile la complexité de trois des protagonistes, l’absence de réelle tension et d’effusions de sang peine à captiver le téléspectateur.
"Ils étaient dix" n’apporte donc rien aux adaptations déjà réalisées. On conseillera plutôt à ceux qui seraient attirés par l’histoire de visionner l’excellente série britannique "And Then There Were None" ("Agatha Christie : Dix Petits Nègres" en version française), qui a le mérite d’être à la fois très fidèle au roman et terriblement oppressante.