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We are who we are : Retour sur la série

Par Fantine Descard

Luca Guadagnino ("Call me by Your Name", "Suspiria") se lance dans le monde de la série en réalisant et en scriptant "We Are Who We Are", produite pour HBO. Avec ce drame moderne, le réalisateur italien nous fait vivre l'histoire d'une jeunesse plutôt particulière à travers deux étoiles montantes : Jack Dylan Grazer et Jordan Kristine Seamón.

"We Are Who We Are" nous plonge dans l'amitié entre deux adolescents américains vivant sur une base militaire américaine en Italie. Fraser Wilson (Jack-Dylan Grazer), qui vient d'y emménager avec ses mères toutes les deux militaires rencontre Caitlin / Harper Poythress (Jordan Kristine Seamón). Avec eux nous parcourons les étapes inévitables de l'adolescence : relations familiales, sexualité, amour, amitiés, aspirations futures...

La signature atmosphérique de Guadagnino

Même si ce n'est que sa première série, Luca Guadagnino ne se laisse pas impressionner. Avec "We Are Who We Are", le réalisateur nous plonge à nouveau dans une atmosphère sereine, calme et paisible, comme il sait si bien le faire. Par son style de filmographie, extrêmement naturel et intime, Guadagnino nous permet d'être au plus proche des relations qui se tissent et se défont dans cet espace où le temps semble être en suspens. La collaboration avec Devonté Hynes sur la musique s'accorde harmonieusement avec l'ambiance presque vintage qui émane de certains personnages et de la culture italienne, omniprésente dans la série. Avec des titres d'artistes comme Prince et David Bowie, Hynes stylise une société moderne qui nous charme et nous envoûte de plus belle à chaque instant.

Les localisations jouent aussi un grand rôle dans l'atmosphère apportée par ce projet. Guadagnino nous emmène principalement dans une base militaire, mais aussi sur les côtes italiennes et dans ses villages. Nous voyageons aux côtés de Fraser, qui découvre et nous fait découvrir l'environnement italien qui lui est aussi inconnu qu'à nous. C'est cette perpétuelle atmosphère pittoresque et nostalgique qui nous transporte et nous aspire malgré nous au sein d'un cadre auquel on s'attache et que l'on regrette dès que les cinquante minutes sont écoulées.

Une série réconfortante

Avec cette nouvelle opportunité de transmettre un message à son public, Luca Guadagnino ne recule pas et plonge au cœur de thèmes inévitables dans notre monde de plus en plus ouvert à la discussion. La sexualité et la recherche d'identité sont sûrement les sujets les plus récurrents dans cette saison. Fraser qui arbore des ongles peints et des cheveux teints en blond se retrouve très vite mis à l'écart des autres garçons de la base. Caitlin / Harper cherche à comprendre ses désirs et ses inconforts quotidiens.

Ensemble, ils se tirent vers le haut et s'entraident à travers cette phase de passage à l'âge adulte. Ces adolescents sont aussi à la recherche de leur futur. Faut-il suivre ses parents et rejoindre l'armée ? Ou bien chasser ses passions et fuir la normalité instaurée ? On suit alors leur croissance personnelle qui s'entremêle à leurs relations familiales, amoureuses et amicales, parfois difficiles.

Des performances prometteuses

Avec ce casting peu connu, Guadagnino a visé juste ! Jack Dylan Grazer (que vous avez pu voir dans "Ça", dans le rôle d'Eddie) et Jordan Kristine Seamón délivrent des performances profondes et touchantes, qui rendent leurs personnages très attachants dès le départ. Les deux jeunes acteurs apportent une authenticité émouvante à la série grâce à une alchimie qui transperce l'écran. Ils sont aussi accompagnés par Chloë Sevigny et Alice Braga (mères de Fraser) et Kid Cudi et Faith Alabi (parents de Caitlin/Harper) qui dépeignent parfaitement la relation parents-enfants, avec ses bons et ses mauvais côtés.

Luca Guadagnino propose une première série profondément réaliste sur les aléas de l'adolescence. Dans ce cadre italien majestueux, il nous emmène au plus près des relations humaines, qui nous manquent tant en ce moment. Et par l'enchantement d'une caresse sentimentale, "We Are Who We Are" nous laisse avec le simple désir d'aimer et d'être aimé.