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Westworld : Analyse saison 3

Par Alexa Bouhelier-Ruelle


"Westworld" est probablement une des séries parmi les plus complexes sur petit écran aujourd’hui. Totalement obsédée par les narrations non linéaires, la symbolique, les références constantes à la littérature et la philosophie. La série est de retour pour une troisième saison. Elle a été créée par Jonathan Nolan et Lisa Joy. Tous deux bien décidés à nous perdre dans les méandres d’une architecture narrative complexe. Le tout avec un programme multipliant les mystères ainsi que de fascinantes questions existentielles.

C'est quoi cette série ?
A Westworld, un parc d'attractions dernier cri. Les visiteurs paient des fortunes pour revivre le frisson de la conquête de l'Ouest. Dolores, Teddy et bien d'autres sont des androïdes à apparence humaine. Ils ont été créés pour donner l'illusion et offrir du dépaysement aux clients. Pour ces derniers, Westworld est l'occasion de laisser libre-cours à leurs fantasmes. 

Saison 3 - 8 épisodes - Avec Evan Rachel Wood, Thandie Newton, Tessa Thompson

La seconde saison était arrivée à une conclusion plutôt claire dans le cadre de laquelle la plupart des personnages avaient été soit tués ou quittaient le jeu pour une terre promise. Dès la sortie de la bande-annonce pour cette troisième saison, les fans s’attendaient à un changement d’ambiance et surement de ton. "Westworld" continue donc à jongler entre de multiples personnages. Tout en y ajoutant des nouveaux pour remplacer les manquants. La saison 3 commence, comme le présageait la bande-annonce, avec un nouveau départ. Bref, une nouvelle série qui incorpore les forces de ses deux premières saisons.

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Aaron Paul et Evan Rachel Wood - Copyright HBO
Le déterminisme 2.0

Après un prologue qui mène Dolores à tuer les hommes dont son personnage a été la victime dans le parc, très vite elle s’associe avec Caleb. Or, ce dernier est un ex-militaire qui a du mal à s’adapter à la vie civile et à l’algorithme qui semble déterminer la vie de chacun. On connait le Jesse Pinkman d’Aaron Paul par cœur. Comment l’acteur arrive à incarner un personnage pleins de remords, d’angoisse et de colère ? Ici, se rajoute l’aliénation. Caleb apparait instantanément plus intéressant que tous les humains que l’on a pu croiser avant. Pourtant, alors que j’écris cette phrase, il est difficile de me rappeler qui des humains est en réalité une machine.

Maeve, de son côté, choisit un chemin bien différent de celui de Dolores. Voilà pourquoi ses interactions avec quelques caméos des saisons précédentes apparaissent même comiques. Dans une série aussi sérieuse, il est toujours surprenant de trouver des éléments relevant de la comédie. Voilà aussi pourquoi, cette saison il faudra compter sur Luke Hemsworth, qui incarne Stubbs (l’ancien chef de la sécurité du parc).

Pour cette troisième saison, "Westworld" s’attaque au déterminisme. En l'occurrence, la notion selon laquelle l’intégralité de notre société contemporaine est déterminée par des algorithmes guidant nos choix. De ce que l’on regarde et écoute à comment un crime est résolu. Voire même l’avancement des recherches dans le domaine de la santé. Ces algorithmes deviennent en quelques sortes des prophéties (est-ce que votre chanson la plus écoutée sur Apple Music ou Spotify est réellement votre chanson préférée ou seulement celle qui revient le plus en shuffle ?)

Cette question du déterminisme est au centre même de cette troisième saison. Tout tourne autour d’une culture entièrement basée sur des données. Tout comme les hôtes du parc, la vie de chaque humain se retrouve déterminée par un programme.

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Vincent Cassel - Copyright HBO
Bienvenue dans le futur

En même temps magnifique et horrible, le monde dans lequel évolue les humains de "Westworld" est fascinant. C'est pourquoi, il permet aussi à la série de basculer dans la science-fiction. Une science qui était auparavant dissimulée dans le jeu derrière des univers différents comme le grand Ouest Américain ou le Japon des Samouraïs.

"Westworld" rentre, avec cette troisième saison, dans l’esthétique de la science-fiction à proprement parlé. Aussi, HBO n’a-t-il pas lésiné sur les moyens. Questionnant la nature de notre réalité et bien d’autres choses, cette nouvelle saison remplace une boite de puzzle avec une autre, beaucoup plus grande. Chacune des scènes peut être maintenant une simulation. Ainsi, chacun des personnages peut se révéler être un robot ou remplacer par un robot à un certain moment, voire transformer en robot.

En effet, à part pour les adaptations, chaque scénario est fondamentalement fictionnel, mais les meilleurs arrivent en général à offrir des éléments crédible pour créer l’impression du réel. Cependant, "Westworld" n’a pas besoin de cela pour arriver à nous faire réfléchir et créer des retournements de situation surprenants. Si vous avez ici, non l’estomac, mais le cerveau bien accroché, cette troisième saison de "Westworld" est faite pour vous. A l'évidence, les fans se retrouveront tout à fait dans ce nouvel univers. Quant aux autres, il serait temps de se mettre à jour.

En définitive, pour ce qui est d’une narration en poupées russes, cette troisième saison revient aux bases. Somme toute, n’essayant plus de doubler son audience à chaque épisode, les créateurs nous invitent à jouer avec eux et non plus contre eux.

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Rédaction